En 2001, une équipe dirigée par des universitaires du Boston College, aux Etats-Unis, a décidé de faire témoigner des anciens de l’IRA. Pendant cinq ans, vingt-six d’entre eux acceptent de raconter leur histoire, avec une condition absolue : les entretiens ne doivent être dévoilés qu’après leur mort. Parlant librement, ces hommes et femmes expliquent dans ces enregistrements comment ils ont combattu. S’ils se sentaient aussi libres de s’exprimer, c’est parce que leur intervieweur était Anthony McIntyre, lui-même un ancien de l’IRA, qui a passé dix-huit ans en prison avant de devenir universitaire.
Dans le seul témoignage qui ait été diffusé jusqu’à présent, Brendan Hughes, héros des grèves de la faim des prisonniers républicains des années ’80, décédé en 2008, attribue à Gerry Adams la direction de la branche de l’IRA chargée d’exécuter secrètement ceux qu’elle estimait être des traîtres. Les enquêteurs chargés du dossier Jean McConville (abattue en 1972 parce qu’elle était soupçonnée – à tort – de donner des informations aux services britanniques) ont lancé plusieurs procédures judiciaires pour saisir deux autres enregistrements qu’elle soupçonne contenir des informations sur l’affaire. Après un refus initial, le Boston College a accepté d’en remettre un premier à la justice américaine. Anthony McIntyre et Ed Moloney, le directeur du projet, ont fait appel, suspendant le transfert des cassettes aux autorités nord-irlandaises.