Vendredi 15 novembre, journée d’affrontements à Turin, 200 étudiants ont manifesté pour le « No Meloni day » sous le slogan « Contre le gouvernement de la guerre, des coupes et des réformes universitaires ». Une partie des manifestants a franchi un cordon policier sur la piazza Castello, ils ont été repoussés alors qu’ils tentaient d’atteindre la préfecture. Plusieurs véhicules de police ont été attaqués par des manifestants munis de mâts de drapeau, ils ont mis le feu à une effigie du ministre de l’éducation, Giuseppe Valditara. Les protestataires ont jeté sur la police un engin rudimentaire contenant un gaz urticant qui a provoqué une intoxication au chlore. 15 agents ont été emportés et soignés aux urgences. En signe de soutien au peuple palestinien et dénoncer la politique de soutien à Israël, les manifestants ont arraché le drapeau italien du Musée National du Cinema pour le remplacer par le drapeau palestinien.

Des manifestations se sont déroulées dans une trentaine de villes italiennes, Bologne, Milan, Rome, Gènes, Pise, … A Bologne, les étudiants ont brûlé le texte de la loi scolaire promue par le ministre Valditara, des pancartes et des slogans visaient également Georgia Meloni et le ministre de l’Intérieur Piantedosi. À Milan, des photos de la Première ministre ont été badigeonnées de peinture rouge. Le cortège a défilé lançant des slogans tels que « Contre l’école des patrons, cent mille occupations » et  » Siamo Toutti Antifascisti ». Les drapeaux palestiniens étaient présents pour dénoncer le soutien et la complicité du gouvernement italien avec l’état d’israëlien. Les manifestants ont recouvert de peinture rouge la façade d’un supermarché Carrefour, un geste visant à boycotter la chaîne et Israël. Ils sont ensuite arrivés devant le consulat américain, ont déployé un grand drapeau palestinien et organisé un flashmob.

Ils avaient versé un colorant rouge dans la fontaine située devant le palais de Buckingham, cinq militants du groupe « Animal Rebellion »,  groupe antispéciste qui prône l’action directe non violente pour obtenir l’abolition de l’utilisation des animaux non humains dans les cirques et leur libération, ont été condamnés vendredi 18 octobre par la justice britannique à de la prison ferme pour l’un d’entre eux et à des peines de prison avec sursis pour les autres. ils ont été condamnés pour avoir causé pour plus de 7.000 livres (environ 8.500 euros) de dégâts au Mémorial de la Reine Victoria en août 2021. les militants voulaient “créer l’impression d’un bain de sang” en déversant un colorant dans l’eau et en tâchant de rouge les parois en marbre de cette imposante fontaine. Il avait fallu plus de deux jours pour nettoyer ce monument classé. Les cinq militants ont été condamnés à 18 mois de prison, quatre condamnés bénéficient d’un sursis, trois d’entre eux devront en plus s’acquitter d’une amende dont le montant n’est pas connu.

En février à Rome sur la Piazza Del Popolo, des faits similaires avaient eu lieu, des activistes du même collectif  « Animal Rebellion  » avaient recouvert de peinture le lion de la fontaine pour dénoncer l’exploitation des animaux dans les cirques, ils avaient déployé une banderole où on pouvait lire « Les animaux dans les cirques, ça suffit”. Deux militants avaient été interpellés par les carabiniers italiens, Ils encourent jusqu’à 40.000 euros d’amende.

Samedi 19 octobre, une manifestation contre le premier G7 de La Défense à Naples vire à l’affrontement avec la police. Le cortège d’activistes, d’étudiants, de collectifs et de centres sociaux a soudainement dévié du chemin autorisé par le commissariat, le cortège a tenté de percer le cordon de sécurité mais a été repoussé par la police. Un millier d’entre eux a traversé le cœur historique de Naples en criant : « Il n’y a pas de zones rouges. Reprenons nos routes. Nous enfreignons toutes les interdictions », bien déterminé à briser le cordon des forces de l’ordre et à se rapprocher le plus possible du Palais Royal où le G7 de la Défense était en cours. Sous une pluie battante, les manifestants ont allumé des fumigènes et des pétards qu’ils ont lancés vers les forces de l’ordre. La police a repoussé le groupe à coups de matraques et eut recours aux gaz lacrymogènes qui a rendu l’air irrespirable et déclenché la fuite des nombreuses personnes. On dénombre 3 blessés légers au sein des forces de l’ordre.

Lors de la réunion du Conseil des ministres italien de mercredi, le gouvernement Meloni a approuvé un nouveau décret-loi concernant les migrations. Cette loi, connue sous le nom de « Decreto flussi » (décret sur les flux), introduit, entre autres des dispositions permettant aux autorités d’inspecter les téléphones portables des demandeuses et demandeurs d’asile.

L’objectif de cette inspection serait de vérifier la véracité des informations que ces personnes fournissent. Les autorités ne seraient ainsi autorisées à accéder qu’à des données spécifiques liées à l’identification ou à la détermination de l’origine des demandeurs d’asile. On ignore cependant comment un tel tri sera fait dans la pratique. Quoi qu’il en soit l’accès aux contenus des communications présents sur les appareils sera interdit. En outre, toute inspection doit être autorisée au préalable par les autorités judiciaires compétentes.

Parmi les autres mesures du décret-loi, on peut citer : L’obligation de fournir les empreintes digitales pour les étrangers qui demandent des visas nationaux (ce qui n’est prévu aujourd’hui que pour les visas Schengen), la suppression de l’obligation pour les consulats de notifier formellement le rejet des demandes de visa,  l’obligation d’effectuer des contrôles avant la délivrance du visa ou, s’il a déjà été délivré, après la délivrance du visa, pour les citoyens du Bangladesh, du Pakistan et du Sri Lanka où les irrégularités auraient été plus importantes. En pratique la délivrance des visas de travail pour les ressortissant·es de ces pays sera suspendue afin de permettre des vérifications efficaces en Italie. Notons que la liste de ces pays pourrait être étendues par un décret du ministère des affaires étrangères.

Présentation du décret loi sur les flux par le gouvernement italien (octobre 2024)

Présentation du décret loi sur les flux par le gouvernement italien (octobre 2024)

Il y a quelques jours, la préfecture de Rome a décidé d’interdire la manifestation nationale pour la Palestine convoquée à Rome le 5 octobre. La question avait été débattue lors du Comité national pour l’ordre public et la sécurité présidé par le ministre de l’intérieur Piantedosi. Le gouvernement italien a désiré interdire cette manifestation en raison de son caractère politique qui affirmait toute la légitimité de la résistance palestinienne et de l’offensive du 7 octobre. Les mouvements qui préparent cette manifestation continuent, à ce jour (lundi 30 septembre) de la préparer ce qui semble annoncer une tentative de la maintenir malgré la répression. Une répression qui pourrait s’intensifier au vu de la nouvelles lois anti-mouvements sociaux récemment votée (voir notre article).

Interdiction de la manifestation nationale pour la Palestine

Interdiction de la manifestation nationale pour la Palestine

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Les députés italiens ont approuvé le 18 septembre un « paquet sécurité ». Ce projet de loi, qui doit encore être voté au Sénat en deuxième lecture, comporte une mesure surnommée « règle anti-gandhi ».  Actuellement, en Italie, bloquer une route en faisant barrage de son corps est passible d’une amende. Si ce projet de loi est entériné, la peine pourra aller jusqu’à un mois de prison. Et si plusieurs personnes se réunissent pour bloquer une voie routière ou ferrée, les faits seront passibles de 6 mois à 2 ans de prison. Les militants écologistes sont clairement visés (notament les militants No-TAV) parce que la loi spécifie que sont concernés les blocages avec son “corps” pour éviter d’interférer avec d’autres blocages fréquents en Italie, comme celles des chauffeurs de taxi ou des transporteurs routiers.

Dans ce projet de loi, s’opposer à une infrastructure stratégique est considéré comme un facteur aggravant en cas de menace, de violence ou de résistance face à un représentant de l’État. Sont notamment concernés les projets du pont entre la Sicile et le reste de la péninsule, ainsi que les projets de ligne à très grande vitesse. Le projet de loi comporte aussi des mesures « anti-terroritstes » et contre les révoltes en prison (y compris, là aussi, contre les résistances passives), il prévoit la fin du renvoi automatique des peines de prisons pour les femmes enceintes et les jeunes mères, et l’interdiction de vente des cartes SIM aux sans-papiers.

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Claudio Lavazza a été libéré le 7 septembre aprés avoir purgé sa condamnation après presque 28 ans de prison entre l’Espagne et la France (voir notre article). Claudio a pris part au combat révolutionnaire armé à la fin des annés 70 en Italie dans les rangs des Proletari Armati per il Comunismo. En cavale depuis le début des années 80, il se rapproche des idées anarchistes. Il sera arrêté seulement en 1996, en Espagne, à la suite d’un braquage qui finit par un échange de tirs avec la police (deux policiers trouveront la mort). En ce qui concerne la France (où il avait été transféré en juillet 2018), Claudio était accusé d’avoir participé au braquage du 4 juillet 1986 à Saint-Nazaire (88 milions de francs sousrtrait de la Banque de France).

Entre juillet et août, toutes les mesures de contrôle judiciaire qui restaient à la charge de huit inculpés et inculpées de l’opération Scripta Scelera déclenchée le 8 août 2023 contre le bimensuel anarchiste Bezmotivny ont été révoquées. Le procureur Manotti, de la Direction anti-mafia et antiterrorisme du district de Gênes, avait demandé dix mesures de détention préventive pour dix prévenus et obtenu, de la part du Juge des libertés, neuf mesures de contrôle judiciaire : les arrestations domiciliaires avec toutes les restrictions pour quatre d’entre eux et l’interdiction de sortie de la commune de résidence, avec interdictions de sortir de chez soi la nuit, pour cinq autres (pour l’un d’entre eux, cette mesure a déjà pris fin le 29 mars, car sa durée maximale avait été atteinte). De plus, pendant cette procédure, il y a eu plusieurs durcissements de ces mesures, ainsi que, récemment, des atténuations.

Avec une ordonnance du 10 juillet, le juge d’instruction du tribunal de Gênes a levé de l’obligation de pointer chez les policiers, pour trois inculpés et ensuite, début août, l’obligation de pointer pour une autre inculpée, a été levée aussi. Ces quatre mesures avaient été imposées par le juge en mai, en remplacement des précédentes. Les 22 et 23 août, le juge du tribunal de Massa, a ordonne la levée de l’interdiction de sortir de la commune de résidence, assortie à l’obligation de pointer tous les jours, pour les quatre derniers inculpés encore soumis à des mesures de contrôle judiciaire (les quatre inculpé.e.s dans le procès en cours à Massa). La prochaine audience du procès est fixée pour mardi 8 octobre, au tribunal de Massa.

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Leonardo Bertulazzi, un ancien responsable des Brigades rouges, a été arrêté jeudi 29 août en Argentine, où il vivait.
Cette arrestation fait suite à la révocation de son statut de réfugié par le gouvernement argentin de Javier Milei et aux demandes répétées d’extradition de l’Italie.
Le septuagénaire, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour homicide, attentat et séquestration, aurait appartenu à la section génoise « 28 Mars » des Brigades rouges. En fuite depuis 1980, Bertulazzi a été reconnu coupable d’avoir participé à l’enlèvement de l’ingénieur naval Piero Costa à Gênes en janvier 1977. Costa, membre d’une des plus riches familles d’armateurs génois, avait été libéré après le payement d’une rançon de 1,5 milliards de lire qui a servi à financer la guérilla. Une partie de cette rançon aurait été utilisée, selon les enquêteurs italiens, pour acheter l’appartement à Rome où Aldo Moro avait été retenu prisonnier avant son exécution.
En 1987, Bertulazzi est condamné par contumace à une peine cumulée de vingt-sept ans de réclusion pour association subversive et appartenance à une bande armée. En 2022, il avait déjà été arrêté à Buenos Aires, avant d’être libéré quelques mois plus tard. La première ministre Meloni s’est félicitée de cette arrestation.
Leonardo Bertulazzi, ex-membre des Brigades rouges

Leonardo Bertulazzi, ex-membre des Brigades rouges

Réseau Libres de lutter – Entraver le DDL 1660, c’est le nom choisi pour la coordination nationale d’organisations de lutte, syndicats de base et groupes militants, qui a débuté en juillet avec des assemblées en ligne et quelques initiatives locales (voir notre article ici). Le moment est critique : cette loi, qui sera votée en septembre, s’attaque à tous les secteurs en lutte, à toutes les formes de lutte les plus incisives et même historiques, comme les piquets de grève, les barrages routiers, les occupations de logements, jusqu’à la « résistance passive » en prison. Cette coordination est le résultat d’une large prise de conscience de la gravité de cette législation de « guerre intérieure », et précisément par rapport aux « guerres extérieures ». C’est pourquoi elle a déjà fixé en septembre un calendrier d’initiatives de combat. En même temps que se poursuivent gréves et protestations locales, en photo un piquet ouvrier mardi matin, 13 août dans la ville de Potenza.
Plus d’information sur la coordination sur le site (en italien) Il pungolorosso