À Bruxelles, une conférence de presse du KNK (Congrès National Kurde) à la place du Luxembourg à appelé à la reprise des négociations, tout en réaffirment que les Kurdes ne se laisseraient pas faire contre l’agression turque, rappelant que la trêve que Erdogan accuse le PKK d’avoir brisé n’avait même pas être reconnue par l’AKP.

Toujours à Bruxelles, l’OTAN se réunissait à l’appel de la Turquie, elle a confirmé qu’elle soutiendrait son allié contre le PKK. L’OTAN affirme que les frontières de la Turquie et les frontières de l’OTAN sont menacées. Sans aucune surprise, l’OTAN, les USA et l’UE soutiendront la Turquie dans l’agression contre le Kurdistan.

Conférence de presse du KNK

Conférence de presse du KNK

EDIT 2h50 : La zone convenue entre les USA et la Turquie correspond à priori à la ligne de Mare (voir notre précédent article), c’est à dire une zone de 60km entre Mare et Kobané qui est effectivement partiellement toujours sous le contrôle des islamistes (c’est la dernière zone du Rojava où ils persistent). L’accord prévoit de confier la zone à des ‘insurgés modérés’. Si la Turquie venait à occuper cette zone, cela compromettrait gravement le projet du Rojava.

En pointillé, la Ligne de Mare.

Les Etats-Unis et la Turquie vont passer un accord pour « combattre l’Etat Islamique » dans le nord de la Syrie. Etant donné qu’il ne reste plus de bases de l’Etat Islamique dans le nord de la Syrie (excepté entre Mare et Kobané qui n’étaient pas des cibles de la Turquie lors des trois attaques faites sur le sol syrien, voir notre précédent article), ces déclarations font penser à un soutien américain aux opérations contre le PKK et les YPG. L’accord est encore flou, mais la coopération entre la Turquie et les USA a déjà commencé dans la région il a quelques jours lorsque l’armée turque a autorisé les avions américains à utiliser la base militaire de Diyarbakir. Le gouvernement turc s’est également entretenu au téléphones avec de nombreux dirigeants pour obtenir leur soutien contre le PKK, à la veille d’un sommet extraordinaire de l’OTAN qui a lieu ce mardi à Bruxelles.

D’autre part, la répression se poursuit en Turquie: les autorités veulent interdire à Abdullah Öcalan de recevoir des visites d’élus politiques du HDP tant que ceux-ci n’auront pas « cesser de soutenir le terrorisme ». Le gouvernement turc a également communiqué que 1050 personnes avaient été arrêtées dans les opérations ‘antiterroristes’, impossible de savoir quelle est la part de révolutionnaires et de réactionnaires parmi les prisonniers, mais le nombre d’islamistes semble extrêmement minoritaire.

Enfin, du coté syrien de la frontière, le Conseil Militaire Syriaque (MFS, milice syriaque au Rojava combattant aux cotés des YPG) a publié un communiqué dans lequel il prévient la Turquie et l’OTAN qu’une attaque contre le Rojava entraînera des représailles de toutes les milices arabes, syriaques et kurdes.

Les YPG et les YPJ

En pointillé, la Ligne de Mare.
Les YPG et les YPJ

Un stand sera installé près de la Gare Centrale de Bruxelles ces 28 et 29 janvier, à l’initiative d’AvEG-KON, la Confédération des Immigrés Opprimés de Belgique. Le stand sera installé de 14h à 18h. Une conférence de presse aura lieu le 28 à 16h.

Lire l’appel.

EDIT : Une autre conférence de presse, appelée par le KNK (Congrès National du Kurdistan) aura lieu à 11h à la Place du Luxembourg.

Immense drapeau YPG accroché lors de la libération de Kobané en janvier 2015.

L’armée turque poursuit sa très large offensive faisant suite à l’attentat qui a fait 32 morts parmi de jeunes révolutionnaires turcs à Suruç, il y a une semaine.

Cette nuit, l’armée turque a fait feu contre les troupes des YPG au Rojava, du coté syrien de la frontière. D’abord vers 22h (heure locale), un tank a tiré des obus à sept reprises, dans le village de Zormikhar à l’ouest de Kobané. Vers 23h, un véhicule militaire des YPG a été visé par des des tirs nourris dans le village de Til Findire, entre Kobané et Tal Abyad. Une heure plus tard (nous vous l’annoncions dans notre direct) les YPG publiaient un communiqué dénonçant les deux attaques. Les YPG ont également déclaré qu’une attaque de tank avait déjà eu lieu le 24 juillet à 4h30 du matin, blessant 4 combattants FSA (Armée Syrienne Libre) à Zormikhar. Lors de cette première attaque, les YPG avaient laissé le ‘bénéfice du doute’ à l’armée turque. Il apparaît clairement à présent que les attaques n’étaient -sans surprises- pas accidentelles. Les YPG ont averti que si l’armée turque recommençait, il y aurait des représailles. L’armée turque a nié cette attaque.

Au même moment, l’armée turque bombardait les zones de guérilla du PKK en Turquie et en Irak. Massoud Barzani, président (de droite) du Kurdistan irakien avait été fortement critiqué pour s’être abstenu de critiquer l’offensive turque, il a publié un message dans la soirée qui ne fait que confirmer à demi-mots un soutien aux opérations turques : « Nous avons vu une attitude positive dans les initiatives du gouvernement turc, malheureusement certaines parties sont trop arrogantes ». Des milliers de Kurdes irakiens se sont rendus hier à Kandil pour former une chaine humaine autour d’une zone de guérilla (photo). L’armée turque a perpétré toutes ces attaques en prétendant une offensive générale contre Kurdes et Islamistes. Il est pourtant clair que l’Etat Islamique n’est frappé que de façon très marginale par les bombardements (des comptes Twitter officiels d’islamistes hilares félicitent l’AKP de ne frapper que des campements vides de l’EI). Selon des chiffres officieux, parmi les 810 personnes arrêtées lors des deux jours de raffles, 24 étaient des islamistes, et plus de la moitié d’entre eux ont déjà été relâchés.

Suites à tous ces affrontements, plusieurs députés AKP annoncent qu’ils veulent frapper d’illégalité le HDP, le Parti Démocratique des Peuples, qui est un front large reprenant de nombreuses organisations révolutionnaires. La Turquie a également convoqué un sommet extraordinaire de l’OTAN (dont elle est la deuxième armée) ce mardi, probablement pour mieux intensifier ses attaques contre les partis kurdes. La Maison Blanche a déjà fait part de son soutien à la Turquie dans les frappes contre le PKK.

Une bonne nouvelle quand même, les YPG/YPJ et les Brigades Burkan-al-Firat (Volcans de l’Euphrate) viennent d’annoncer la libération de la ville de Sarrin, grosse ville auparavant occupée par l’EI au nord de Raqqa. Ils annoncent également de grosses progressions la nuit dernière à Hassaké où de nombreuses armes ont été saisies aux islamistes.

Des milliers de Kurdes irakiens marchent vers Kandil pour former une chaine humaine autour de la guérilla.

Des milliers de Kurdes irakiens marchent vers Kandil pour former une chaine humaine autour de la guérilla.

Edit à 00h25 : Les YPG viennent de confirmer que l’armée turque a bombardé des zones sous le contrôle des YPG/YPJ et de la FSA vers 22h (heure locale), dans le canton de Kobané. Il y a plusieurs blessés.

Alors que le gouvernement régional du Kurdistan irakien s’est bien maladroitement abstenu (voir notre précédent article) de condamner les bombardements contre les positions du PKK au Kurdistan du Sud, une quatrième esquade de F-16 turcs se sont envolés ce dimanche soir vers 20h (heure locale) de la base militaire de Diyarbakir (Amed) pour frapper à nouveaux les zones de guérilla en Irak.

D’abord accusé de ne pas réagir, puis accusé de soutenir l’antiterrorisme turc, Massoud Barzani, président du gouvernement régional kurde irakien, est maintenant accusé d’avoir communiqué les positions des camps du PKK et d’avoir été au courant que les frappes allaient avoir lieu avant qu’elles ne commencent.

Camps du PKK en Irak bombardés par la Turquie, juillet 2015.

Suite aux bombardements de l’armée turque contre le PKK à Dohuk et à Kandil (voir notre précédent article),qui ont coûté la vie à Şervan Varto (un commandant du PKK) et blessé trois civils, le président du Kurdistan Autonome irakien, Massoud Barzani (du parti libéral PDK) a téléphoné au premier ministre turc sans lui reprocher quoi que ce soit. Les communiqués des deux gouvernements diffèrent : le communiqué turc déclare « Mr. Barzani exprime sa solidarité avec la Turquie, notant que les opérations contre […] le PKK sont justifiées » et qu’il « contribuerait à toute initiative contre le terrorisme ».

Suite à ces déclarations, des centaines de personnes ont manifesté dans les grandes villes du Sud-Kurdistan contre l’état turc et contre le PDK. A Erbil, la police a empêché les manifestants d’accéder au Consulat turc, à Kelar les manifestants ont scandé des slogans contre le PDK (le parti de Barzani). Enfin, une marche a lieu de Silêmanî à Kandil (zone de guérilla du PKK).

Du coté syrien, la police du PDK a de nouveau empêché un cortège funéraire de passer la frontière entre le Rojava et le Kurdistan Autonome irakien, au checkpoint de Sêmalka. 13 combattants des YPG/YPJ morts au combat doivent passer par là pour être enterrés en Turquie. Le PDK a précisé qu’il refusait le passage du cortège sur demande de la Turquie. Des manifestations ont eu lieu dans l’est du Rojava pour protester contre ce nouvel acte d’allégeance à la Turquie.

Enfin, du coté turc, Abdullah Özdal, 21 ans, est mort hier soir après avoir été blessé par balle par la police suite à une manifestation contre les frappes aériennes.

Manifestation à Erbil contre le PDK.

Manifestation à Erbil contre le PDK.

La police turque a dispersé ce soir à Istanbul des centaines de manifestants qui dénonçaient le groupe Etat islamique (EI) après l’attentat suicide meurtrier du début de la semaine à Suruç. Les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre un cortège de 500 personnes qui s’étaient rassemblées dans le district de Kadikoöy, sur la rive asiatique de la plus grande ville de Turquie. Les manifestants dénonçaient également la complicité du gouvernement islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002 à Ankara avec l’EI. Des milliers de personnes sont attendues dimanche après-midi à Istanbul pour une « marche pour la paix », à l’appel du principal parti kurde de Turquie.

Reflux des manifestants après une charge de police ce samedi à Istanbul

A Paris, un millier de manifestants se sont rassemblés ce samedi pour dénoncer l’attentat de Suruç et la complicité du gouvernement AKP.

La manifestation de ce samedi à Paris

Reflux des manifestants après une charge de police ce samedi à Istanbul
La manifestation de ce samedi à Paris

320 arrestations avaient eu lieu hier lors d’une énorme opération antiterroriste visant le PKK et des mouvements de la gauche révolutionnaire. La Turquie réitère le même genre d’opérations aujourd’hui en perquisitionnant à nouveau massivement. Comme hier, l’opération se concentre à Istanbul.

Cette nuit, les F-16 et l’artillerie turcs ont bombardé et ouvert le feu contre de nombreuses zones de guérilla tenues par le HPG, ainsi que des villages kurdes affiliés au PKK, à travers le Kurdistan du Nord (Turquie) , le PKK a pu évacuer les villages avant que les bombes n’atteignent leurs objectifs, et il n’y a apparemment pas eu de décès. Quatre habitants ont été blessés, dont un enfant de 11 ans et des forêts ont prit feu, elles continuent à brûler à l’heure actuelle. En plus de cela, l’aviation turque a également attaqué des bases du PKK en Irak, à Dohuk, à 40km de la frontière turque, au moins 4 guérilleros ont perdu la vie. Enfin, des coups de feu ont été échangés à plusieurs endroits entre l’armée turque et la guérilla.

Il y a quelques heures seulement, le PKK avait répondu au gouvernement régional kurde qu’il ne retirerait pas ses guérillas (YPS, les Unités de Protection du Sinjar) d’Irak. Les YPS ont été fondées par le PKK après l’opération de sauvetage des Yézidis poursuivis et persécutés par les islamistes et abandonnés par l’armée officielle du Kurdistan autonome irakien (les Peshmergas). De nombreux Yézidis rejoignent à présent les YPS. Le gouvernement régional kurde n’a pas encore réagit au bombardement de cette nuit.

Enfin, l’offensive turque est également sur internet : de nombreux journaux kurdes sont inaccessibles depuis quelques heures depuis la Turquie, le compte twitter officiel du HPG (@Navendaparastin) a également été suspendu par Twitter.

Un F-16 turc.

Un F-16 turc.

Nous vous annoncions ce matin qu’une énorme opération antiterroriste avait lieu en Turquie. Nous avons à présent plus d’informations : l’identité de la militante du DHKP-C abattue, il s’agit de Günay Özarslan. La police a interdit aux avocats l’accès au lieu du meurtre ainsi qu’à l’autopsie avec l’objectif apparent d’obscurcir les circonstances du meurtre. Les perquisitions visaient principalement le DHKP-C, le PKK, YDG-H et le HDP. L’annonce du gouvernement de perquisitionner également dans les milieux islamistes serait donc surtout un effet d’annonce visant à minimiser la collaboration entre la Turquie et l’Etat Islamique.

L’opération était supportée par 5000 policiers, 2000 unités anti-émeutes, les brigades anti-terroristes et des hélicoptères, répartis dans 26 cantons différents. Il y a eu des centaines d’arrestations. Cette opération fait suite à la fin de la trève entre le PKK et l’état turc, et à l’avancée énorme des YPG/YPJ en Syrie. Récemment, de nombreux bombardements et vols de drones ont eu lieu dans tout le Kurdistan turc, trois policiers tortionnaires ont également été abattus par les mouvements kurdes en réponse au massacre de Suruç.

Günay Özarslan, membre du DHKP-C

Günay Özarslan, membre du DHKP-C

L’état turc a lancé une très vaste opération anti-terroriste à travers le pays, visant majoritairement le PKK. Selon la communication du gouvernement, les centaines de perquisitions visent indistinctement l’extrême-gauche turque et kurde, et l’Etat Islamique, dont les relations avec la Turquie se sont bien refroidies depuis plusieurs jours.

297 personnes ont été arrêtées à travers le pays, impossible de savoir la proportion de révolutionnaires par rapport à celle des islamistes. Un guérillero du DHKP-C a été abattu alors qu’il résistait à son arrestation avec une arme (Correction : c’était en fait une militante du DHKP-C, apparemment désarmée). A Kızıltepe, 15 militants kurdes ont été arrêtés et sont en attente de transfert vers Mardin. Dans les provinces d’Izmir et de Bursa, 16 militants kurdes ont été arrêtés. Des membres du HDP (front large de gauche radicale regroupant de nombreuses branches légales d’organisations clandestines) ont également été arrêtés, ainsi que des journalistes.

5000 policiers ordinaires soutiennent l’opération de la police anti-émeute qui visait 140 adresses à Istanbul et de nombreuses villes du Kurdistan turc.

Quelques images de l’opération.

Quelques images de l'opération.