Au moins 35 personnes ont été tuées et des centaines d’autres blessées lors d’une attaque à la bombe qui a eu lieu en fin de matinée à Ankara. Des centaines de manifestants -notamment du HDP- y étaient rassemblés et s’apprêtaient à manifester pour un cessez-le-feu avant les élections du 1er novembre prochain. Le PKK s’était déjà dit d’accord pour poser les armes. Mais comme l’attentat de Suruç -qui visait également la gauche turque et kurde- avait suffit à Ankara pour déclarer la guerre au PKK, cette nouvelle attaque soulève encore plus d’inquiétudes… Pour rajouter à l’horreur, la police turque ne s’est pas privée d’attaquer la manifestation à coups d’autopompes et de gaz lacrymogènes. On ne sait pas à l’heure actuelle qui a posé la bombe, mais il semblerait que ce soit un attentat suicide dont sont coutumiers les membres de l’Etat Islamique que le PKK combat en Syrie et à Shengal.

Une vidéo de l’explosion qui survient à quelques dizaines de mètres des manifestants en train de danser.

Un nouveau carnage contre la gauche turque et kurde à Ankara.

Le préfet de Bismil a à nouveau déclaré le couvre-feu dans quatre quartiers de la ville : Ulutürk (renommé Rojava par la population), Dumlupınar, Fırat et Tekel. La police a mitraillé peu après dans la ville une voiture occupée par quatre jeunes Kurdes qu’elle affirme d’être des combattants au PKK. Les corps de ces jeunes ont été emmenés à l’Hôpital d’Etat de Bismil en attendant les autopsies dans un état méconnaissable. Deux d’entre eux étaient déchiquetés par un grand nombre de balles, et les têtes des deux autres jeunes avaient été arrachées de leurs corps. Les dépouilles étaient dans un tel état que les victimes n’ont pas encore pu être identifiés.

Par ailleurs, les autorités turques affirment avoir anéanti hier mercredi un groupe de dix combattants du PKK qui tentaient de s’infiltrer dans la région frontalière d’Aktutun dans la province d’Hakkari. De leur côté, les combattants kurdes ont attaqué un poste de contrôle de la gendarmerie dans la commune Baskale de Van: sept soldats et un milicien anti-guérilla ont été blessés.

Le lieu de la fusillade à Bismil

Le Gouvernement Régional Kurde (KRG), cette région autonome irakienne pratiquement indépendante est dirigée par la famille Barzani qui détient le pétrole irakien et l’exporte massivement vers la Turquie, entre autres. Il y a quelques semaines, deux jeunes opposants au régime de Barzani avait été arrêté et torturé par le Parastin, les services secrets du KRG, pour avoir défendus le PKK sur Facebook (voir notre article). Nous apprenons aujourd’hui qu’une autre personne a été arrêtée le 4 août dernier pour avoir partagé une photo d’Abdullah Öcalan, le leader du PKK, sur internet. Esa Barzani (qui est un parent éloigné du président kurde irakien Massoud Barzani), est détenu sans être inculpé après que les agents du Parastin l’aient enlevé à son domicile.

A Sulaimani, de nombreux travailleurs du secteur public, infirmiers, enseignants et fonctionnaires manifestent ce jeudi soir devant un hotel 5-étoiles où se tient aujourd’hui une réunion des 5 partis légaux du Kurdistan Irakien. Le but de cette réunion est de reconduire à nouveau le président Massoud Barzani, de plus en plus impopulaire. Malgré la très juteuse rente pétrolière, voilà trois mois que les travailleurs du service public n’ont pas touché leur salaire, ils accusent la famille Barzani de se servir avant tout le monde. Les médias officiels du KDP (le parti de Barzani) accusent les manifestants de déstabiliser le quasi-état kurde alors que l’Etat Islamique n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres de là… Des manifestants ont caillassé les nombreux policiers qui gardaient l’hôtel. Les travailleurs du service public se sont mis en grève pour une semaine.

Affrontements à Sulaimani.

Haci Lokman Birlik, 24 ans, membre du YDG-H, avait été blessé lors d’un affrontement avec les forces de sécurité turques. Les membres des forces spéciales l’ont achevé d’un balle et trainé sa dépouille attachée à l’arrière d’un véhicule dans les rues de Şırnak. Haci Lokman Birlik était le beau-frère de Leyla Birlik, une élue HDP de la ville. Par ailleurs, l’aviation turque a mené dans la nuit de samedi à dimanche 17 raids aériens contre des positions du PKK dans différents endroits du Kurdistan, dans l’est de la Turquie et le nord de l’Irak.

Hacı Lokman Birlik

Alors que le président turc, Erdogan, visite Bruxelles pour deux jours, un rassemblement aura lieu à 14h à Bruxelles, Place du Luxembourg. Ce rassemblement a lieu pour protester contre les nombreuses agressions sanglantes opérées contre les mouvements progressistes, révolutionnaires et kurdes à travers la Turquie et jusqu’en Irak et en Syrie depuis que l’AKP -parti d’Erdogan- a perdu sa majorité absolue lors des dernières éléctions, à la faveur de la coalition progressiste et pro-kurde du HDP. Le rassemblement dénoncera également le soutien matériel et financier offert par l’état turc à Daesh (Etat Islamique) ainsi que l’appui des états occidentaux au régime turc.

Lire le communiqué sur Indymedia.

Le rassemblement du 11 septembre.

Le camp qui abritait des réfugiés yézidis (et donc Kurdes) à Nusaybin, dans le district de Mardin, a été transformé en un quartier général militaire. Des dizaines de véhicules blindés et anti-émeutes, ainsi que des bus transportant des troupes d’opération spéciale sont entrées ce vendredi dans le camp. Ce nouveau centre d’opération -qui inquiète forcément les occupants actuels du camp- servira sous peu à servir la guerre que l’état turc livre au PKK.

Le camp de réfugiés yézidis à Nusaybin envahi par l'armée turque.

Bismil est une ville kurde de la province de Diyarbakir. Le gouvernement a déclaré un couvre-feu dans les quartiers de Esentepe, Sentepe, Rojova, Avasin, Tekel et Firat de Bismil le 27 septembre. Après le couvre-feu, un grand nombre de véhicules armés se sont déplacés dans les quartiers et ont stationnés aux intersections. Des tireurs d’élite sont placés aux sommets des minarets des mosquées et sur des toits.

La première nuit Elif Simsek, une fillette de 8 ans, a été assassinée par les forces turques, puis Halil Kurtis (19 ans) a été tué. Agit Yilmaz, âgé de 22 ans, a été blessé par la police et est mort plus tard à l’hôpital. Agit, le père d’un bébé de deux mois, venait de rentrer de son service militaire et était debout devant sa maison quand il a été abattu par la police turque. Le lendemain, un garçon de 9 ans, Berat Guzel a été tué par la police alors qu’il jouait dans un parc a été abattu par la police. Ne sachant pas que les Kurdes du parc les filmaient, on peut voir sur une vidéo la police venir immédiatement près du corps, faire tomber un objet étrange et puis prendre des photos de preuves. Quand les gens se sont rassemblés et ont protesté à la fois la mort et les faux éléments de preuve (probablement une arme) la police a ouvert le feu sur la foule. Mais la foule a refusée de se disperser et a scandée, « Le PKK est le peuple et le peuple est ici ! »

Notes sur le Kurdistan

Affrontements à Bismil

L’état-major des forces armées turques affirme avoir tué vingt deux membres PKK lors des opérations menées à Beytussebap. Sept corps de militants de la guérilla ont été retrouvés lundi dans le district de Beytussebap, une région montagneuse de la province de Sirnak (Sud-est) aux frontières avec la Syrie et l’Irak. Par ailleurs, des membres de la guérilla ont déclenché à distance, lundi matin, un IED au passage d’un convoi militaire dans la province orientale de Bitlis. L’action a été revendiquée par les YJA Star (unités féminines) à la mémoire de Marty Baran Dersim et d’autres combattantes récemment tuées par les militaires turcs. Le convoi composé d’un blindé et d’un minibus venait du Club des Officier à Tatvan et se rendait aux casernements de la Brigade de Sorgun. C’est à proximité du poste de garde de Sorgun que l’IED a explosé. Les YJA Star revendiquent 25 soldats tués et dix blessés, l’armée turque ne reconnaît « que » 20 blessés. Des militants kurdes ont également abattu deux policiers lundi soir dans la ville d’Adana, dans le sud du pays.

Opération anti-PKK

La semaine culturelle kurde a été l’occasion du lancement de la campagne commune du Secours Rouge, d’Alternative Libertaire BXL, de la Sosyalist Kadınlar Birliği, de l’Iranian Youth Committee Belgium et du Belçika Göçmenler Kolektifi de soutien au Bataillon International de Libération combattant au Rojava. Vingt membres de ces différents collectifs se sont relayés pendant quatre jours pour exposer le projet, la situation et les besoin du Bataillon International. 500 tracts ont été diffusés, 250 euros récoltés.

Voir le dossier de cette campagne


Bruxelles/Kurdistan: A la semaine kurde
A la semaine kurde.

Depuis jeudi et jusqu’à dimanche a lieu Place d’Espagne (près de la gare de Bruxelles-Central) la 2e édition de la semaine culturelle kurde.

Dans le « village kurde », le Secours Rouge, Alternative Libertaire BXL, la Sosyalist Kadınlar Birliği, l’Iranian Youth Committee Belgium et le Belçika Göçmenler Kolektifi auront une tente pour vous présenter leur campagne commune de soutien au Bataillon International de Libération combattant au Rojava. Nous serons encore là ce week end de 12H à 20H.


Voir le dossier de cette campagne

Voir le programme de la semaine kurde (concerts, films, etc.)