Comme nous vous l’annoncions il y a quelques jours, les YPG/YPJ (Unités de Protection du Peuple/des Femmes, milices progressistes kurdes en Syrie) et la coalition qu’ils mènent, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) ont franchit le fleuve Euphrate, pénétrant ainsi dans la province d’Alep, avec pour objectif probable la ville de Jarabulus (et le rattachement de la province de Afrin au reste du Rojava), occupée par les islamistes et protégées par les troupes turques. Cette traversée s’est faite par la libération du barrage de Tichrin.

A 12 kilomètres au nord-ouest de ce barrage, la ville kurde de Manbij attend avec impatience les YPG et manifeste depuis samedi contre l’Etat Islamique qui administre actuellement la ville par la force. Cette nouvelle opération militaire kurde a semé la panique dans les rangs de Daesh qui a dans un premier temps fait venir des troupes de sa capitale, Raqqah. Il semble à présent que les combattants réactionnaires soient en fuite vers Alep. Désespérés, les islamistes ont procédé avec la barbarie qu’on leur connaît en arrêtant de nombreux militants et en kidnappant des femmes.

La libération de Manbij devrait avoir lieu dans les prochaines heures ou prochains jours.

Manifestation à Manbij

Le maire de la ville kurde de Van (400.000 habitants) a été condamné lundi à quinze ans de prison pour appartenance au PKK, sur fond de violents affrontements entre l’armée et les insurgés kurdes. Bekir Kaya, 38 ans, avocat de formation et co-maire depuis 2009, a été reconnu coupable par un tribunal de sa ville de « complicité et appartenance à une organisation terroriste ». Membre du HDP, Bekir Kaya, avait déjà été emprisonné pendant dix mois de 2012 à 2013 dans une précédente procédure visant les ramifications du PKK dans sa ville. Ce verdict intervient alors que le Kurdistan se trouve depuis plusieurs mois en état de quasi-guerre civile.

Bekir Kaya

Les « Faucons pour la Libération du Kurdistan » (TAK), un groupe séparatiste kurde indépendant du PKK ont mené une action de représaille contre l’agression turque au Nord-Kurdistan en attaquant l’aéroport Sabiha Gökçen d’Istanbul, le second de la ville. L’action consistait en une attaque au mortier contre les pistes d’atterrissage. Cinq avions ont été endommagés par l’obus, selon le communiqué de l’organisation qui félicitait également la résistance des populations civiles face à l’occupation militaire turque.

Une vitre endommagée par l'explosion.

La Confédération des syndicats progressistes (DISK), la Confédération des syndicats de fonctionnaires (KESK) et l’Union des ingénieurs et des architectes turcs (TMMOB) ont tenu une conférence de presse mardi pour protester contre le couvre-feu dans la province de Batman. Après la conférence, des militants et sympathisants des syndicats, du HDP et du DBP se sont réunis au parc Atatürk pour protester contre le couvre-feu. La foule est ensuite partie en manifestation et les affrontements ont commencés avec la police – jets de pierres contre gaz lacrymogène. Une personne a été blessée et sept autres arrêtées.

Les affrontements à Batman

Les YPG/YPJ, et l’alliance des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) ont traversé le fleuve Euphrate en libérant le barrage de Tichrin (province d’Alep) ce samedi 26 décembre soir, précédemment occupé par l’Etat Islamique. Ce point stratégique coupe une nouvelle fois les approvisionnements turcs à la capitale de Daesh, Raqqa. Cette victoire fait suite à la libération de al-Howl, à l’est de la Syrie, qui avait permis aux forces kurdes de Syrie de restaurer un passage entre le mont Shengal et le Rojava.

La libération de Tichrin pourrait signifier une nouvelle étape vers l’unification du canton d’Afrin aux autres cantons du Rojava (Kobané et Cizré), l’un des objectifs primordiaux des milices kurdes progressistes en Syrie. La réalisation de cet objectif a jusqu’à présent été empêchée par l’état turc qui a militarisé sa frontière sur la centaine de kilomètres qui sépare Afrin de Kobané, et particulièrement dans le village de Jarabulus (ville frontalière de la Turquie, juste à l’ouest de l’Euphrate) et multiplié les intimidations armées à Kobané et Tal Abyad (Gîre Spi) pour saboter le projet kurde en Syrie.


Les YPG/QSD arrachent le barrage de Tichrin à Daesh.
Rojava: Les YPG/QSD traversent l’Euphrate

Cela fait maintenant une semaine que l’armée turque mène une vaste opération au kurdistan insurgé. D’après l’armée turque, plus d’une centaine d’activistes ont été tués ces derniers jours. Les combats se déroulent dans plusieurs villes, notamment Cizre, Silopi ou encore Diyarbakir. Dans ces villes, l’armée a imposé un couvre-feu.
C’est d’ailleurs pour dénoncer ce couvre-feu que des milliers de personnes sont descendues ce mardi dans les rues de Diyarbakir. Les manifestants se sont heurtés à un barrage de police. Des heurts ont alors éclaté.

Les forces de sécurités prennent d'assaut une barricade à Diyarbakir

Rassemblés devant le portail de la sous-préfecture à Draguignan (Var), hier après-midi, près de 200 manifestants sont venus exiger la fin des massacres, des opérations militaires et de la répression politique contre les Kurdes en Turquie et en Syrie, malgré l’interdiction de manifester décidée par la préfecture la veille dans le cadre de l’état d’urgence. Les policiers interviennent et, dans la confusion générale, des premiers coups de poings sont échangés. Les policiers font usage de leurs matraques et de leur gaz lacrymogène. Un coup de flash-ball est même tiré. Il essuie quelques jets de projectiles. Il y aura huit interpellation, dont cinq personnes placées en garde à vue. Et parmi les blessés, le commissaire de police ressort de la mêlée le visage ensanglanté. Le maire (SE) de Draguignan a annoncé qu’il se porterait partie civile contre les organisateurs de la manifestation.

Les incidents de Draguignan

Les forces de sécurité turques ont tué 54 personnes qu’elles affirment être des membres du PKK lors de trois jours d’opérations d’envergure à Cizre et Silopi, deux districts de la province de Sirnak en insurrection ouverte. Une opération conjointe militaro-policière d’une ampleur inédite lancée en début de semaine mobilise environ 10.000 militaires et policiers et de nombreux chars. Dans les villes, de jeunes manifestants ont transformé des quartiers entiers en zone de guerre en érigeant des barricades et en creusant des tranchées.

Militaires turcs à Cizre

De violents affrontements ont opposé lundi la police à des manifestants kurdes qui dénonçaient le couvre-feu prolongé imposé dans un quartier de Diyarbakir. Les manifestants, dont plusieurs députés du HDP, ont tenté dans la matinée d’entrer dans le district de Sur, théâtre depuis le début du mois de violents affrontements entre les forces de sécurité et des jeunes partisans du PKK. Leur cortège a été repoussé par la police avec des grenades lacrymogènes et des canons à eau. Au moins deux jeunes manifestants ont été tuées par balle de guerre. Une quarantaine d’autres manifestants ont été arrêtées. Les autorités turques ont imposé le 2 décembre un couvre-feu dans le district de Sur, quelques heures après la mort par balles, dans des circonstances qui n’ont toujours pas été éclaircies, du célèbre avocat Tahir Elçi.

Affrontements à Diarbakir