Des heurts ont éclaté lors de la manifestation des « gilets jaunes ce mercredi 8 mai à Toulon. Plus de 2000 personnes ont défilé et la situation s’est tendue en arrivant dans le quartier du Mourillon. Un groupe de manifestants masqués a voulu quitter le parcours officiel et s’est faufilé dans les petites rues. C’est là que les affrontements ont éclaté avec les forces de l’ordre. Un pavé a été jeté sur les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogène. Une personne a été interpellée pour jet de projectile.

La manifestation de toulon

La manifestation de toulon

Lundi 6 mai, Thomas, un Gilet Jaune incarcéré à Fleury-Mérogis, a revendiqué dans une lettre « un usage juste de la violence ». Il est en prison depuis février, accusé d’avoir participé à des dégradations sur des voiture de luxe et de police ainsi que d’avoir lancé des projectiles sur la police durant l’acte XIII du mouvement (voir notre article).

Dans sa lettre, il rappelle les nombreux emprisonnements de Gilets Jaunes ainsi que les nombreuses brutalités et mutilations policières subies par ses camarades. Il admet également que « dans certaines situations, le conflit est nécessaire ». Il assume une partie des actes qui lui sont reprochés en étant pleinement conscient que cela lui vaudra de rester plus longtemps en prison.

Il conclut, en parlant du mouvement Gilet Jaune que « Ni la matraque, ni la prison ne semble arrêter ce mouvement. Je suis de tout cœur avec ceux qui continuent. »

Le restaurant de luxe Le Fouquet’s en train de bruler durant l’acte XIII des Gilets Jaunes

Le restaurant de luxe Le Fouquet's en train de bruler durant l'acte XIII des Gilets Jaunes

Lundi 6 mai, quatre Gilets Jaunes ont été condamnés à deux ans de prison (dont 12 mois avec sursis) pour avoir incendier la barrière d’un péage dans la nuit le 15 décembre 2018 à Narbonne. Trois d’entre eux étaient jugés pour «détérioration ou dégradation du bien d’autrui par un moyen dangereux». Le quatrième comparaissait pour complicité, suspecté d’avoir fourni l’essence de sa moto pour l’incendie.

Le juge leur a signifié une interdiction de manifestation et de port d’arme pendant trois ans. Il les a en outre condamné à payer solidairement 288.000 euros à Vinci Autoroutes la et a ordonné leur maintien en détention.

Les quatre Gilets Jaunes avaient été arrêtés mi-février et devaient être alors jugés en comparution immédiate. Mais trois d’entre eux avaient demandé un délai pour préparer leur défense. Les quatre militants avaient alors été placés en détention provisoire en attendant leur procès.

L’incendie avait eu lieu le 15 décembre lors de l’acte VII des «gilets jaunes». Cet incendie était intervenu deux semaines après un autre feu plus important qui avait endommagé la même barrière de péage ainsi que des locaux de Vinci Autoroutes et ceux du peloton autoroutier de la gendarmerie. Au total 14 personnes avaient été arrêtées en janvier suite à ce premier incendie (voir notre article).

La préfecture de Haute-Loire, à Puy-en-Velay, incendiée par les Gilets Jaunes (archive)

La préfecture de Haute-Loire, à Puy-en-Velay, incendiée par les Gilets Jaunes (archive)

Jeudi, des policiers anti-émeutes ont utilisé leurs boucliers pour repousser des dizaines de femmes, des mères et épouses de prisonniers en grève de la faim, qui tentaient de se regrouper dans un parc à Diyarbakir, grande ville de la région majoritairement kurde du pays. C’est Leyla Güven, la députée du parti démocratique des Peuples (HDP), qui a entamé cette grève de la faim le 8 novembre 2018 afin de mettre un terme au régime d’isolement imposé à Abdullah Öcalan et à la répression brutale dans les prisons. Des centaines de prisonniers politiques l’ont depuis rejoint dans sa grève de la faim.

L’intervention policière à Diyarbakir

L'intervention policière à Diyarbakir

Une nouvelle grève a eu lieu à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) et les étudiants sont encore sortis dans la rue pour manifester leur colère. Le collectif de ces étudiants réclame le paiement de leurs bourses d’études, la résolution de leur problème de logement, le règlement de la question de la prise en charge médicale, entre autres. Les étudiants ont jeté des pierres et les forces de l’ordre ont fait usage de grenades lacrymogènes. Certain étudiants sont restés pendants 7 mois sans percevoir leurs bourses.

Les affrontements de jeudi à l’UCAD

Les affrontements de jeudi à l'UCAD

Voici quelques nouvelles de la répressions en France dans le cadre du mouvement des Gilets Jaunes et du 1er mai. Samedi 4 mai, se tenait l’acte XXV des Gilets Jaunes. On signale notamment des affrontements à La-Roche-sur-Yon qui ont fait 5 blessés et une dizaines d’arrestations ainsi que des affrontements à Toulouse affrontements qui ont mené à 6 arrestations.

Le mercredi 1er mai, une militante espagnole enceinte qui manifestait à Paris en portant une protection ventrale a été arrêtée au motif qu’elle représenterait « menace pour l’ordre public ». Sa protection ventrale a été qualifiée d’arme par destination par la police qui l’a placé en garde à vue. La militante portait également une pancarte en carton attachée par des ficelles. Ces ficelles ont été considérées comme des frondes.

Elle a été relaxée jeudi soir mais transférée à sa sortie de garde à vue vers un centre de rétention administrative et menacée d’expulsion vers l’Espagne et d’interdiction d’entrer sur le territoire français pendant deux ans. Plus d’infos ici.

Enfin, le 29 avril trois Gilets Jaunes passaient au tribunal pour avoir scandé “Castaner assassin” lors de l’inauguration par le ministre d’un commissariat à Besançon le 13 mars. Les Gilets Jaunes étaient plus d’une centaine pour soutenir leurs camarades au Tribunal, en chantant “on est là !” devant ses portes et forçant l’entrée pour assister à la délibération. Les trois Gilets Jaunes ont écopé de 2 mois de prison avec sursis. Plus d’infos ici.

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Arrestations de Gilets jaunes à Bordeaux (archive)

Lundi 29 avril, un Gilet Jaune de Montpellier a été condamné à trois ans de prison. Il était accusé de dégradation lors de six manifestations de gilets jaunes (entre le 16 février et le 23 mars) et de rebellion (lors d’une arrestation ratée le 16 mars). Il aurait été reconnu à cause de sa présence récurrente sur les images des caméras de surveillance. Il portait, en effet, le même matériel (dont des gants rouges) lors des six manifestations au cours desquelles il aurait participé à des attaques de grandes enseignes et de panneaux publicitaires.

Le 16 mars, une première tentative d’arrestation, par un policier en civil sans brassard, échoue grâce à l’intervention d’autres manifestant·e·s. Il est cependant arrêté le 23 mars, après une filature. Le tribunal l’a relaxé pour la rébellion du 16 mars, et pour la dégradation d’une banque mais l’a reconnu coupable pour le reste et condamné à trois ans de prison avec mandat de dépôt et à verser des dommages et intérêts à l’agence propriétaires des panneaux publicitaires. À l’extérieur du tribunal, un rassemblement de soutien était présent.

Les gilets jaunes à Paris (archive)

A Paris, entre 40.000 et 80.000 personnes ont manifesté pour le premier mai. Des heurts ont opposés manifestants et forces de l’ordre. En tout, 15.306 contrôles préventifs avaient été réalisés dans la capitale. Les forces de l’ordre ont essuyés des jets de projectiles et ont lancés des grenades de désencerclement et des lacrymogènes sur quelques centaines de militants anticapitalistes sur le boulevard du Montparnasse. Au moins un manifestant a été blessé à la tête. Les forces de l’ordre ont peiné à disperser les manifestants place d’Italie.

Policiers et gendarmes ont procédé à 380 interpellations dont 330 à Paris, et celles-ci ont donné lieu à 250 gardes à vue dont 210 à dans la capitale. Outre les blessés légers qui semblent nombreux, un CRS a été blessé par un pavé et souffre d’un traumatisme crânien et un manifestant a été touché à la mâchoire par un tir de LBD.

Premier mai à Paris

Premier mai à Paris

Au moins 60 manifestants palestiniens ont été blessés vendredi après-midi lors d’affrontements avec des soldats israéliens dans l’est de la bande de Gaza, près de la frontière. Les affrontements ont eu lieu dans le cadre du rassemblement hebdomadaire de la « Grande Marche du Retour », qui a débuté fin mars 2018. Sur les 60 manifestants qui ont été hospitalisés, 19 enfants, un ambulancier paramédical et un journaliste photo. Au moins 25 d’entre eux ont été blessés par des balles. Dans le même temps, des dizaines de personnes ont souffert de suffocation après avoir inhalé des gaz lacrymogènes massivement tirés par les soldats israéliens.

Manifestants à Gaza (archives)

Pour faire entendre leur voix, les enseignants contractuels ont lancé début mars un mouvement de grève accompagné d’importantes manifestations pour réclamer le statut de fonctionnaire au sein du ministère de l‘Éducation. Une réunion avec le ministère de tutelle censée aboutir à des solutions a été finalement annulée. Au total, ils sont 55.000 enseignants recrutés en 2016 sur la base de contrats à durée déterminée à demander une sécurisation de leur emploi en obtenant le statut de fonctionnaire. Ils étaient nombreux à être venus camper dans le centre-ville de Rabat près du Parlement marocain, pour faire entendre leur revendication. La manifestation a été dispersée par la police à coups de canon à eau.

La police attaque le sit-in des enseignants

La police attaque le sit-in des enseignants