Le Maroc mène des opérations ciblées au moyen de drones armés contre le Front Polisario. En avril 2021, l’armée marocaine avait déjà utilisé contre les Sahraouis trois drones militaires de type Harfang, conçu par Israël et produits par Cassidian (Airbus Group). En septembre dernier, le Maroc avait fait l’acquisition de quatre drones SeaGuardian de dernière génération en provenance des États-Unis, qui se sont ajoutés aux 4 Predators de la génération précédente et aux 14 drones d’origine israélienne.  Cette année, le Maroc a acquis 13 drones de type Bayraktar TB-2 auprès de la compagnie turque Baykar. Ce type de drone est utilisé massivement par l’armée turque contre les Kurdes. C’est ce vendredi que la livraison des premiers Bayraktar TB2 a débuté. Les équipages militaires marocains ont terminé leur formation en Turquie il y a quelques semaines.

Le Maroc va en outre se lancer dans la fabrication de drones kamikazes, des appareils relativement simples à construire dont l’efficacité a été prouvée lors du conflit au Nogorno-Karabakh. Le lancement de ce projet intervient après plusieurs mois de négociations menées entre le Maroc et le groupe israélien Aerospace Industries (IAI), implanté au Maroc à travers sa filiale Bluebird Aero Systems, spécialisée dans la fabrication de drones.

Depuis une dizaine d’années, Rabat musèle la presse, en multipliant les procès et les amendes, ce qui a souvent eu pour conséquence d’assécher financièrement des médias. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés, sous un prétexte ou sous un autre (au moyen d’affaires liées à leur vie privée par exemple). Pour ce faire, les autorités marocaines utilisent le logiciel espion Pegasus. Celui-ci n’est commercialisé qu’auprès d’États ou d’agences gouvernementales, avec l’aval du gouvernement israélien, par la société NSO (voir notre article). Pegasus pénètre dans les smartphones et a ensuite accès à tout : contacts, photos, mots de passe. Il peut lire les emails, suivre les conversations, même sur les messageries chiffrées, géolocaliser l’appareil, et activer micros et caméras pour transformer le smartphone en mouchard.

Les numéros de dizaines de journalistes et de militants des droits de l’homme marocains ont été sélectionnés pour un éventuel ciblage par le logiciel Pegasus. Une sélection de numéros qui ne concerne pas que des journalistes, mais bien 10 000 numéros, essentiellement marocains, algériens et français. Le Security Lab d’Amnesty International a analysé les iPhone des cinq journalistes français qui ont accepté cet examen. Tous leurs téléphones étaient infectés par Pegasus. Il s’agit de l’ancienne chroniqueuse judiciaire du Canard enchaîné ; le directeur de la radio TSF Jazz qui mène depuis trois ans des actions au Maroc, en faveur notamment des prostituées ; la journaliste de Mediapart qui enquête sur les violences sexuelles et qui a aussi enquêté sur le patron des services secrets de Rabat ; une journaliste du Monde et le fondateur du journal Mediapart qui avait a exprimé publiquement son soutien au Hirak marocain et aux prisonniers du Rif.

Le siège de NSO Group

Le commandant de la gendarmerie du Front Polisario a été tué par une frappe de drone marocaine au Sahara occidental dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 avril. Addah Al-Bendir était en mission militaire dans la zone libérée de Rouss Irni, à Tifariti, une localité située dans le nord du territoire libéré et sous contrôle du Polisario. Né en 1956, il avait rejoint le Polisario en 1978. Il a été tué peu après une attaque des combattants du Polisario dans la zone de Bir Lehlou contre le mur qui sépare les deux camps sur plus d’un millier de kilomètres. Ces derniers mois, pour la première fois depuis des décennies, des accrochages armés opposent l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS) aux forces marocaines. L’ALPS revendique quotidiennement des attaques visant les positions des forces d’occupation marocaines le long du mur.

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags: ,

Malgré l’interdiction annoncée dimanche par les autorités locales de Rabat, les enseignant·es contractuel·les en grève ont investi, mardi, la rue de la capitale, dans le cadre d’une manifestation massive à laquelle plusieurs sections locales de la Confédération démocratique du travail (CDT) ont pris part. Faisant appel à la force publique, les autorités de Rabat sont intervenues pour disperser les manifestant·es et en arrêter 19. Selon la CDT, leur sort reste inconnu. Ces arrestations interviennent après des convocations de mauvaise foi d’enseignant·es ainsi que des prélèvements sur les salaires des enseignant·es grévistes.

Manifestation des enseignant·es malgré l'interdiction

Dossier(s): Afrique Tags: , ,

La militante sahraouie Ouaara Sid Brahim Khaya a été passée à tabac, le 31 janvier dernier, par les forces de l’occupant marocain qui ont assiégé son domicile à Boujdour. Elle ne peut plus se tenir debout en raison des coups de poing et des coups de pieds qu’elle a dû subir. La police marocaine interdit toute visite à son domicile, réprime et offense ses camarades venus s’enquérir de son état de santé. Sa soeur Zineb M’barek Babi a elle aussi été passée à tabac.

 

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags:

Les forces de l’occupation marocaine ont réprimé violemment mercredi une manifestation de militantes sahraouies dans la ville occupée de Laâyoune pour réclamer la liberté et l’indépendance. Les militants qui ont participé à la manifestation ont été frappées à coups de crosse. Plusieurs militantes et militants sahraouis restent brutalement persécutés, comme la famille de l’activiste Sultana Jaya. Cette répression survient alors que les unités du POLISARIO ont attaqué plusieurs bases des fortifications marocaines (le « mur ») au Sahara dans les secteurs de Mahbes, de Hauza, d’Al-Farsia et de Smara.

 

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags:

Plus de 400 artistes et acteurs marocains dénoncent dans un manifeste la répression policière et la diffamation de la part médias proches du pouvoir qui cherchent à faire taire les voix critiques. Sous le titre «Cette ombre est là», le texte pointe «plusieurs cas d’emprisonnement politique, de harcèlements et de répression, parmi lesquels l’arrestation des journalistes Omar Radi et Hajar Raissouni, ainsi que les répressions subies par des mouvements sociaux». La situation a été exacerbée par la pandémie et l’état d’urgence sanitaire, ajoute le manifeste signé entre autres par les écrivains Abdellatif Laâbi et Abdellah Taïa, le cinéaste Faouzi Bensaïdi ou encore la chanteuse Oum. Dans ce contexte, les médias de ‘‘diffamation’’, proches de l’appareil policier de l’Etat, ont joué un rôle important dans cette répression. Le manifeste réclame la «libération de tous les prisonniers politiques et le droit de la population de chercher, discuter, analyser, critiquer (…) sans être diffamé, criminalisé». A la mi-juillet, un groupe de 110 journalistes avait appelé les autorités marocaines à prendre des mesures contre les «médias de diffamation» qui calomnient impunément des «voix critiques».

Un manifestant brandit le portrait d'Hajar-Raissouni (archive)

Le régime marocain a décidé ce dimanche de libérer 5.654 détenus mais en excluant les prisonniers politiques (à l’exception d’islamistes). Les détenus graciés ont officiellement été sélectionnés selon «leur âge, leur état de santé, la durée de leur détention et leur bonne conduite». Il s’est avéré qu’aucun prisonnier politique n’est parmi les 5.654 libérés, notamment les détenus du mouvement du Rif. Même ceux qui ne leur reste qu’un mois à purger. Parmi les 5.654 détenus libérés figurent 50 détenus salafistes, théoriciens et prêcheurs de la Salafiya Jihadiya.

Prison au Maroc

Les attaques contre les journalistes, youtubeurs et internautes se multiplient au Maroc. Dernière affaire en date : l’arrestation d’Omar Radi pour un tweet qui visait les magistrats ayant inculpé les militantEs du Hirak du Rif. « Lahcen Talfi, juge de la cour d’appel, bourreau de nos frères, souvenons-nous bien de lui. Dans beaucoup de régimes, les petits bras comme lui sont revenus supplier après en prétendant « avoir exécuté des ordres ». Ni oubli ni pardon avec ces fonctionnaires sans dignité ! » C’ est pour ces mots que le journaliste Omar Radi sera jugé pour outrage à agent le 5 mars prochain. Il avait été emprisonné le 26 décembre en prévision de son jugement (voir notre article). Le journaliste a été libéré le 31 décembre 2019, à la suite d’une large campagne de mobilisation. Il reste en attente de son jugement. Le journaliste avait couvert de près le mouvement populaire du Rif et ses enjeux politiques et sociaux d’une manière qui ne pouvait que déranger le régime. Il s’est également attaché à dévoiler le système de prédation économique de la monarchie marocaine – notamment sur le territoire du Rif. Ces poursuites font suite aux les peines allant jusqu’à cinq ans de prison pour six journalistes qui avaient couvert ce mouvement.

Omar Radi

 

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags:

Les autorités marocaines ont condamné une personnalité sur YouTube qui avait critiqué le roi et arrêté un journaliste-activiste qui avait défendu des manifestants dans un tweet. Un tribunal de Settat a condamné Mohammed Sekkaki, connu sous le surnom de «Moul Kaskita», à quatre ans de prison pour avoir comparé des Marocains à des ânes et pour avoir critiqué le roi Mohammed VI, dans une vidéo publiée sur YouTube en novembre. Jeudi également, le journaliste et activiste Omar Radi a été arrêté à Casablanca et accusé d’avoir insulté un juge. L’arrestation était apparemment due à un tweet de Radi, il y a six mois, dans lequel il critiquait la décision d’un tribunal marocain de prononcer des peines de prison maximales aux dirigeants des manifestations du Rif, une région du nord. Le tribunal de Casablanca a refusé d’accorder une caution à Radi et a fixé l’audience au 2 janvier. S’il est reconnu coupable, Radi pourrait être condamné à un an de prison et à une amende de 500 euros. On ne sait pas pourquoi Radi a été arrêté si longtemps après le tweet. Radi a fait partie des manifestations du printemps arabe en 2011 au Maroc contre la corruption, les abus de pouvoir et les restrictions à la liberté d’expression.

Mohammed Sekkaki

Dossier(s): Monde arabe et Iran Tags: ,