Six combattants des YPG avaient été envoyés au Kurdistan-Nord (Turquie) pour y recevoir un traitement approprié. Selon un communiqué publié par le commandement YPG, leurs camarades ont cessé de répondre et ont disparu, ils auraient été remis au front al-Nosra à travers le checkpoint Bab Al-Hawa, à Idlib.

Les YPG demandent à la Turquie de s’expliquer.

N’oubliez pas de consulter notre dossier ‘Notes sur le Kurdistan’ pour mieux comprendre la situation dans la région.

Le point rouge représente la position approximative du checkpoint.

La police turque attaque la ville de Silopi, ville turque très proches des frontières syrienne et irakienne, avec du matériel militaire depuis 4h ce matin. La police a utilisé des tanks, a tiré au hasard dans la foule, a installé des snipers sur les toits et a raflé plusieurs maisons. On rapporte que des personnes ont été arrêtées et torturées. Ce qui se passe en ce moment serait d’une violence insensée : la police aurait incendié un immeuble en empêchant ses habitants de fuir, au moins trois personnes ont été tuées par des tirs de snipers ou de revolvers. Des dizaines de personnes ont été blessées et les combats se poursuivent à l’heure actuelle.

Cette opération viserait une fois de plus les jeunes militants du PKK (le YDG-H), le but de la police semble être d’arrêter plusieurs militants. L’attaque quasi-militaire serait due au fait que la police s’attendait à de la résistance de la part de la population. Effectivement, la population a résisté.

Il y a 3 jours, le 4 août, le PKK avait attaqué la caserne de cette ville au lance-roquette en réponse à l’agression militaire contre les zones de guérilla du PKK en Turquie et en irak.

Plus d’informations cette après-midi.

Un blindé de la police turque à Silopi.

Quatres combattants étrangers des YPG avaient été arrêtés en Irak alors qu’ils rentraient vers leurs pays respectifs (Deux Etats-Uniens, un Russe, et un quatrième non confirmé). Ils ont fini par être libérés après 23 jours de détention. Robert Alleva et Michael Fonda (les deux américains) ont confirmé que les 4 avaient été enfermés dans la même cellule que des membres de l’Etat Islamique, malgré qu’ils aient répété à plusieurs reprises aux officiels du PDK (Parti Démocrate du Kurdistan, parti de droite au pouvoir au Kurdistan irakien) qu’ils étaient membres des YPG. Il n’y a pas besoin de préciser les risques qu’ont encouru les quatre en étant enfermé dans la même cellule que des islamistes. Cet emprisonnement est probablement un nouveau mouvement du PDK pour écarter les Kurdes progressistes syriens et turcs du Kurdistan irakien.

Robert Alleva et Michael Fonda

Robert Alleva et Michael Fonda

Rappel : Voir nos notes sur le Kurdistan pour mieux comprendre la géographie et les organisations dans la région.

Turquie et Irak
Alors que le PKK n’a pas communiqué le nombre de guérilleros tués lors des nombreuses frappes aériennes qui se sont poursuivies ces derniers jours au-dessus des régions turque et irakienne du Kurdistan, le gouvernement turc a annoncé que plus de 260 guérilleros avaient été tués. Ces chiffres doivent être relativisés puisque le gouvernement turc veut se montrer très efficace. Ce 1er aout matin, à Zergelê (village des monts Kandil, en Irak), 10 civils ont perdu la vie ainsi qu’au moins un militant du PKK. Suite à ce massacre, le KRG (Gouvernement Régional du Kurdistan irakien) a à nouveau demandé au PKK de quitter l’Irak, en prétendant que si les frappes turques font des morts parmi les civils, c’est à cause de la présence de la guérilla. Les relations froides entre le PKK et le PDK (Parti Démocrate, libéraux au pouvoir au Kurdistan irakien) se sont à nouveau tendue ce vendredi 31 juillet après qu’un groupe de la HPG (Force de Protection du Peuple) ait saboté -du coté turc- le pipeline amenant le pétrole du Kurdistan irakien en Turquie. En réponse aux nombreux bombardements (qui en plus de tuer et mutiler déclenchent des feux de forêt), la HPG a déclaré qu’au moins 14 soldats et deux policiers turcs avaient été abattus lors d’affrontements ces 3 derniers jours. En plus de cela, des véhicules blindés, hélicoptères et autres équipements militaires ont été cloués au sol par sabotages ou coups de mortier. Enfin, les nombreux vols de reconnaissance et de drones se poursuivent, les cortèges funéraires des combattants morts en luttant contre l’Etat Islamique sont bloqués aux frontières entre la Syrie, la Turquie et l’Irak, et la répression contre le HDP se poursuit. Un seul exemple parmi les dizaines de cas, une enquête a été ouverte contre le chef du HDP pour incitations à la violence et troubles à l’ordre public, lors de manifestations pro-kurdes qui ont eu lieu à l’automne dernier. Ces accusations pourraient lui valoir 24 années de prison. Dernier détail à mentionner sur les dernières nouvelles de l’agression turque contre le Kurdistan, l’ONU soutien l’attaque de la Turquie.

Syrie
Les YPG ont à nouveau demandé au dans un communiqué public que cessent les vols de reconnaissance turcs au-dessus du Rojava. Notons que la Turquie a ouvert sa frontière à des islamistes du Front Al-Nosra qui n’auront pas survécut longtemps au Rojava. Tandis qu’un groupe de ‘modérés’, probablement envoyé par la force d’intervention USA-Turquie s’est lui fait arrêté par les islamistes. La Turquie semble avoir du mal à mener ses actions en Syrie, jusqu’à maintenant.

Une bonne nouvelle avec ça : la ville d’Hassaké, a été déclarée libérée d’EI par les YPG après plusieurs semaines de combats. Avant que les islamistes n’attaquent Hassaké, la ville était partagée entre les YPG et l’armée syrienne arabe (environ moitié-moitié). La ville est à présent très majoritairement sous contrôle des YPG et du MFS (Conseil Militaire Syriaque, pro-YPG) et à l’armée syrienne arabe. Les trois groupes et leurs forces conjointes devraient rapidement se réunir pour re-discuter du contrôle de la huitième ville de Syrie.

Hassaké est débarassée des islamistes.

Hassaké est débarassée des islamistes.

Les violences poursuivent leur ascension entre le PKK et l’armée turque. Ces lundi et mardi, la HPG (guérilla du PKK) a répliqué aux attaques de l’armée turque à de nombreux endroits, dédiant chaque attaque à l’un des combattants abattus ces derniers jours. Entre autres actions de ces 27-28 juillet : le commandant de la garnison du district de Malazgirt a été abattu, un bataillon turc a été attaqué au mortier à Hakkari, trois positions de l’armée turque ont été attaquées à Şırnak (au moins un soldat turc a été tué), un pont a été détruit dans le district d’Amed (Diyarbakir), des routes bloquées à Bazid. Pour cette dernière action, l’armée turc a déployé une colonne de véhicules blindés pour débloquer, un des véhicule a été détruit alors que les soldats étaient à l’intérieur. En plus, de nombreux tirs de mortiers et d’obusiers, des vols de reconnaissances d’avions, de drones et d’hélicoptères Sikorsky, des mouvements de troupes, des livraisons de matériel du coté turc. Les zones de guérilla en Irak ont été bombardées à plusieurs reprises. Le gouvernement fédéral irakien a finalement publié un communiqué en condamnant la violation de sa souveraineté territoriale et les bombardements contre le PKK.

A Amed (Diyarbakir), plusieurs manifestations ont eu lieu contre l’agression militaire turque et l’isolation d’Abdullah Öcalan. La police a attaqué les manifestants avec gaz lacrymogènes et autopompes tandis que les manifestants ont répliqué par des pierres et des grenades assourdissantes, ainsi qu’en creusant des tranchées pour géner la police. Plusieurs coups de feu ont eu lieu dans la manifestation.

Enfin, à la frontière entre la Turquie et le Rojava, des soldats turcs ont ouvert le feu sur une famille qui venait de passer la frontière en se dirigeant vers Kobané. La famille a traversé à Akçakale vers le village de Yapse, à 5km à l’ouest de Tal Abyad (Gîre Spi). Un membre de la HPG qui est accouru en entendant les coups de feu et un enfant de 6 ans ont été blessés et transportés dans un hôpital de Kobané.

Des blindés détruits par le PKK à Lice.

Des blindés détruits par le PKK à Lice.

L’armée turque poursuit sa très large offensive faisant suite à l’attentat qui a fait 32 morts parmi de jeunes révolutionnaires turcs à Suruç, il y a une semaine.

Cette nuit, l’armée turque a fait feu contre les troupes des YPG au Rojava, du coté syrien de la frontière. D’abord vers 22h (heure locale), un tank a tiré des obus à sept reprises, dans le village de Zormikhar à l’ouest de Kobané. Vers 23h, un véhicule militaire des YPG a été visé par des des tirs nourris dans le village de Til Findire, entre Kobané et Tal Abyad. Une heure plus tard (nous vous l’annoncions dans notre direct) les YPG publiaient un communiqué dénonçant les deux attaques. Les YPG ont également déclaré qu’une attaque de tank avait déjà eu lieu le 24 juillet à 4h30 du matin, blessant 4 combattants FSA (Armée Syrienne Libre) à Zormikhar. Lors de cette première attaque, les YPG avaient laissé le ‘bénéfice du doute’ à l’armée turque. Il apparaît clairement à présent que les attaques n’étaient -sans surprises- pas accidentelles. Les YPG ont averti que si l’armée turque recommençait, il y aurait des représailles. L’armée turque a nié cette attaque.

Au même moment, l’armée turque bombardait les zones de guérilla du PKK en Turquie et en Irak. Massoud Barzani, président (de droite) du Kurdistan irakien avait été fortement critiqué pour s’être abstenu de critiquer l’offensive turque, il a publié un message dans la soirée qui ne fait que confirmer à demi-mots un soutien aux opérations turques : « Nous avons vu une attitude positive dans les initiatives du gouvernement turc, malheureusement certaines parties sont trop arrogantes ». Des milliers de Kurdes irakiens se sont rendus hier à Kandil pour former une chaine humaine autour d’une zone de guérilla (photo). L’armée turque a perpétré toutes ces attaques en prétendant une offensive générale contre Kurdes et Islamistes. Il est pourtant clair que l’Etat Islamique n’est frappé que de façon très marginale par les bombardements (des comptes Twitter officiels d’islamistes hilares félicitent l’AKP de ne frapper que des campements vides de l’EI). Selon des chiffres officieux, parmi les 810 personnes arrêtées lors des deux jours de raffles, 24 étaient des islamistes, et plus de la moitié d’entre eux ont déjà été relâchés.

Suites à tous ces affrontements, plusieurs députés AKP annoncent qu’ils veulent frapper d’illégalité le HDP, le Parti Démocratique des Peuples, qui est un front large reprenant de nombreuses organisations révolutionnaires. La Turquie a également convoqué un sommet extraordinaire de l’OTAN (dont elle est la deuxième armée) ce mardi, probablement pour mieux intensifier ses attaques contre les partis kurdes. La Maison Blanche a déjà fait part de son soutien à la Turquie dans les frappes contre le PKK.

Une bonne nouvelle quand même, les YPG/YPJ et les Brigades Burkan-al-Firat (Volcans de l’Euphrate) viennent d’annoncer la libération de la ville de Sarrin, grosse ville auparavant occupée par l’EI au nord de Raqqa. Ils annoncent également de grosses progressions la nuit dernière à Hassaké où de nombreuses armes ont été saisies aux islamistes.

Des milliers de Kurdes irakiens marchent vers Kandil pour former une chaine humaine autour de la guérilla.

Des milliers de Kurdes irakiens marchent vers Kandil pour former une chaine humaine autour de la guérilla.

Suite aux bombardements de l’armée turque contre le PKK à Dohuk et à Kandil (voir notre précédent article),qui ont coûté la vie à Şervan Varto (un commandant du PKK) et blessé trois civils, le président du Kurdistan Autonome irakien, Massoud Barzani (du parti libéral PDK) a téléphoné au premier ministre turc sans lui reprocher quoi que ce soit. Les communiqués des deux gouvernements diffèrent : le communiqué turc déclare « Mr. Barzani exprime sa solidarité avec la Turquie, notant que les opérations contre […] le PKK sont justifiées » et qu’il « contribuerait à toute initiative contre le terrorisme ».

Suite à ces déclarations, des centaines de personnes ont manifesté dans les grandes villes du Sud-Kurdistan contre l’état turc et contre le PDK. A Erbil, la police a empêché les manifestants d’accéder au Consulat turc, à Kelar les manifestants ont scandé des slogans contre le PDK (le parti de Barzani). Enfin, une marche a lieu de Silêmanî à Kandil (zone de guérilla du PKK).

Du coté syrien, la police du PDK a de nouveau empêché un cortège funéraire de passer la frontière entre le Rojava et le Kurdistan Autonome irakien, au checkpoint de Sêmalka. 13 combattants des YPG/YPJ morts au combat doivent passer par là pour être enterrés en Turquie. Le PDK a précisé qu’il refusait le passage du cortège sur demande de la Turquie. Des manifestations ont eu lieu dans l’est du Rojava pour protester contre ce nouvel acte d’allégeance à la Turquie.

Enfin, du coté turc, Abdullah Özdal, 21 ans, est mort hier soir après avoir été blessé par balle par la police suite à une manifestation contre les frappes aériennes.

Manifestation à Erbil contre le PDK.

Manifestation à Erbil contre le PDK.

320 arrestations avaient eu lieu hier lors d’une énorme opération antiterroriste visant le PKK et des mouvements de la gauche révolutionnaire. La Turquie réitère le même genre d’opérations aujourd’hui en perquisitionnant à nouveau massivement. Comme hier, l’opération se concentre à Istanbul.

Cette nuit, les F-16 et l’artillerie turcs ont bombardé et ouvert le feu contre de nombreuses zones de guérilla tenues par le HPG, ainsi que des villages kurdes affiliés au PKK, à travers le Kurdistan du Nord (Turquie) , le PKK a pu évacuer les villages avant que les bombes n’atteignent leurs objectifs, et il n’y a apparemment pas eu de décès. Quatre habitants ont été blessés, dont un enfant de 11 ans et des forêts ont prit feu, elles continuent à brûler à l’heure actuelle. En plus de cela, l’aviation turque a également attaqué des bases du PKK en Irak, à Dohuk, à 40km de la frontière turque, au moins 4 guérilleros ont perdu la vie. Enfin, des coups de feu ont été échangés à plusieurs endroits entre l’armée turque et la guérilla.

Il y a quelques heures seulement, le PKK avait répondu au gouvernement régional kurde qu’il ne retirerait pas ses guérillas (YPS, les Unités de Protection du Sinjar) d’Irak. Les YPS ont été fondées par le PKK après l’opération de sauvetage des Yézidis poursuivis et persécutés par les islamistes et abandonnés par l’armée officielle du Kurdistan autonome irakien (les Peshmergas). De nombreux Yézidis rejoignent à présent les YPS. Le gouvernement régional kurde n’a pas encore réagit au bombardement de cette nuit.

Enfin, l’offensive turque est également sur internet : de nombreux journaux kurdes sont inaccessibles depuis quelques heures depuis la Turquie, le compte twitter officiel du HPG (@Navendaparastin) a également été suspendu par Twitter.

Un F-16 turc.

Un F-16 turc.

Nous vous annoncions ce matin qu’une énorme opération antiterroriste avait lieu en Turquie. Nous avons à présent plus d’informations : l’identité de la militante du DHKP-C abattue, il s’agit de Günay Özarslan. La police a interdit aux avocats l’accès au lieu du meurtre ainsi qu’à l’autopsie avec l’objectif apparent d’obscurcir les circonstances du meurtre. Les perquisitions visaient principalement le DHKP-C, le PKK, YDG-H et le HDP. L’annonce du gouvernement de perquisitionner également dans les milieux islamistes serait donc surtout un effet d’annonce visant à minimiser la collaboration entre la Turquie et l’Etat Islamique.

L’opération était supportée par 5000 policiers, 2000 unités anti-émeutes, les brigades anti-terroristes et des hélicoptères, répartis dans 26 cantons différents. Il y a eu des centaines d’arrestations. Cette opération fait suite à la fin de la trève entre le PKK et l’état turc, et à l’avancée énorme des YPG/YPJ en Syrie. Récemment, de nombreux bombardements et vols de drones ont eu lieu dans tout le Kurdistan turc, trois policiers tortionnaires ont également été abattus par les mouvements kurdes en réponse au massacre de Suruç.

Günay Özarslan, membre du DHKP-C

Günay Özarslan, membre du DHKP-C

L’état turc a lancé une très vaste opération anti-terroriste à travers le pays, visant majoritairement le PKK. Selon la communication du gouvernement, les centaines de perquisitions visent indistinctement l’extrême-gauche turque et kurde, et l’Etat Islamique, dont les relations avec la Turquie se sont bien refroidies depuis plusieurs jours.

297 personnes ont été arrêtées à travers le pays, impossible de savoir la proportion de révolutionnaires par rapport à celle des islamistes. Un guérillero du DHKP-C a été abattu alors qu’il résistait à son arrestation avec une arme (Correction : c’était en fait une militante du DHKP-C, apparemment désarmée). A Kızıltepe, 15 militants kurdes ont été arrêtés et sont en attente de transfert vers Mardin. Dans les provinces d’Izmir et de Bursa, 16 militants kurdes ont été arrêtés. Des membres du HDP (front large de gauche radicale regroupant de nombreuses branches légales d’organisations clandestines) ont également été arrêtés, ainsi que des journalistes.

5000 policiers ordinaires soutiennent l’opération de la police anti-émeute qui visait 140 adresses à Istanbul et de nombreuses villes du Kurdistan turc.

Quelques images de l’opération.

Quelques images de l'opération.