Hier, les autorités turques ont mené une vaste opération visant la KCK (Kurdistan Communities Union – branche urbaine présumée du PKK) dans onze provinces, dont Ankara, Eskisehir, Aydin, Hakkari, Addana, Izmir, Siirt et Diyarbakir. Une descente a, entre autre, été effectuée au siège du KESK (Confederation of Public Sector Trade Unions) à Ankara vers 6h du matin. Un peu plus tôt, c’est la section de Egitim-Sen (un syndicat de professeurs de gauche) de Diyarbakir qui a été visitée par la police. Au total, les autorités ont arrêté 71 personnes, parmi lesquelles de nombreuses figures syndicales haut placé du pays. Toutes ont été accusées d’être membre de la KCK. Les autorités ont également saisi une énorme quantité de documents.

Opération au siège du KESK

Opération au siège du KESK

Samedi, plusieurs attaques ont eu lieu contre des bâtiments des autorités turques dans l’est du pays. Il semblerait qu’elles aient toutes été coordonnées par les guérilleros du PKK? Un bureau d’enregistrement des immatriculations a été la cible d’armes de longue portée samedi matin dans la province de Bitlis. Les hommes de la sécurité sur place ont immédiatement ouvert le feu et un incendie s’set déclenché au cours de la fusillade. Le trafic a dû être interrompu. Dans la province de Tunceli, des guérilleros ont pris d’assaut les tours de guet d’un poste de gendarmerie. Les forces de sécurité les ont pris pour cible, les forçant à battre en retraite avant d’avoir pu pénétrer dans le bâtiment. Vers 16h, un autre poste de police a également été attaqué dans la même province. Aucune de ces trois attaques n’a fait de victime et les hélicoptères de l’armée ainsi que les unités spéciales ont été envoyées sur place.

Par ailleurs, dès vendredi, l’armée turque avait déclenché une vaste offensive aérienne dans la région des Monts Qandil, dans le nord de l’Irak. Des jets de la force aérienne ont bombardé les repaires suspectés des guérilleros. Sur son site internet, l’armée a déclaré que dimanche, ses avions de guerre avaient bombardé neuf abris et caves en représailles au décès de neuf soldats à la frontière turco-irakienne mardi. Ces trois jours de raids aériens auraient fait plus de trente victimes dans les rangs de la guérilla.

Raid aérien de l’armée turque

Au sol, les forces de sécurité se sont retrouvées face à un groupe de guérilleros hier soir vers 22h dans la province de Hakkari (sud-est). La fusillade qui a opposé les deux camps a fait un mort et trois blessés parmi les soldats. Les opérations au sol se poursuivent toujours dans la région. C’est au cours d’une de celles-ci que les forces de sécurité ont découvert cinquante kilos d’explosifs à 5h30 ce matin. Après avoir localisé un groupe de guérilleros dans la région de Uzuntarla (province de Tunceli), elles ont découvert une série de bombes le long de la route. Les brigades de déminage ont été appelées sur place. Elles y ont désamorcé plus de cinquante kilos d’explosifs placés à trois endroits à environ deux mètres du bord de la route. Les bombes avaient été préparées pour pouvoir être déclenchées soit à distance, soit manuellement.

Raid aérien de l'armée turque

Ce matin à 5h, des guérilleros du PKK ont pris d’assaut les postes frontières militaires situés dans la sous-préfecture de Yüksekova (province de Hakkari) dans le sud-est du pays. Selon les sources de sécurité locale, les guérilleros seraient entrés en Turquie à partir de leurs bases installées dans le nord de l’Irak. La première attaque à l’arme lourde a fait huit morts et seize blessés du côté de l’armée. L’offensive s’est poursuivie plusieurs heures alors que les autorités envoyaient des troupes au sol et des hélicoptères de combat pour traquer les guérilleros. D’après certaines sources sur place, dix d’entre eux seraient décédés au combat. Mais ce bilan ne semble pas définitif dans la mesure où la chasse à l’homme continue toujours.

Hélicoptères de l’armée turque

Hélicoptères de l'armée turque

Le maire BDP (Peace and Democracy Party) de la ville de Van, Bekir Kaya, ainsi que deux autres membres de ce même parti ont été arrêtés hier dans le cadre de l’enquête en cours contre la KCK (Kurdistan Communities Union) accusée d’être la branche urbaine du PKK. Cette arrestation porte à 33 le nombre de maries membres du parti pro-kurde derrière les barreaux. Les deux autres arrêtés sont le président provincial du BDP de Van et un ancien maire. Tous trois sont accusés d’être membres du organisation terroriste.

D’après une chaîne de télévision publique turque, les troupes kurdes auraient tués trois membres présumés du PKK ce lundi. L’affrontement se serait déroulé à proximité de la ville de Cukurca, dans la province de Hakkari, tôt ce matin.

Un soldat turc et un guérillero ont été tués dans des affrontements dans la province d’Hakkari ce vendredi. Un escadron de soldats patrouillant sur la route reliant les districts de Yüksekova et Esendere a repéré un groupe de guérilleros du PKK en train d’installer un IED le long de la route. Une fusillade s’est déclenchée, entraînant la mort d’un soldat turc et un guérillero. Une opération militaire a été déclenchée dans la région pour tenter de capturer les membres du groupe.

Armée turque

Armée turque

Mercredi 6 juin, des dizaines de milliers de personnes ont participé aux funérailles d’un membre du PKK, tué le 26 mai à Kayseri, brandissant le portrait du combattant et les drapeaux du PKK. Après l’enterrement, des milliers de personnes se sont dirigées vers la maison des parents de ce guérillero, criant des slogans contre le régime. Les policiers sont alors intervenus violemment contre les manifestants, faisant usage de balles réelles. Ozgur Tasan, âgé de 15 ans, a été hospitalisé après avoir été touché par une balle à la poitrine, mais il n’a pas survécu. Le médecin en chef de l’hôpital de Yuksekova a confirmé que le jeune homme a été touché par balle. Deux autres personnes ont été blessées lors de l’attaque des policiers.

La nuit dernière, une brigade de guérilleros du PKK a mené une action dans la province de Diyarbakir (sud-est du pays). Ils ont bloqué une route nationale à proximité de la ville de Lice, forçant trente véhicules à s’arrêter. Ils ont demandé à tous les occupant de sortir de leur voiture, ont pris leurs identités avant de prendre la parole pour exposer les raisons de leur lutte et leurs revendications. Ils ont ensuite libéré le passage après avoir fait trois prisonniers, parmi lesquels un gendarme (les identités des deux autres personnes restent inconnues), pour se retrancher dans les forêts avoisinantes. Les autorités ont déclenché des opérations dans la région pour tenter de retrouver les trois hommes.

Des douzaines d’étudiants, principalement des membres de syndicats de la santé, ont été interpellés hier au cours d’une opération policière menée dans le cadre de l’enquête visant la KCK (Kurdistan Communities Union) accusée d’être la branche urbaine du PKK. La plupart des interpellés, tous d’origine kurde, font partie de la Turkish Medical Association (TTB) et du Health Employees Union (SES), lesquels ont férocement critiqué les récentes politiques de santé publique du gouvernement et ont participé aux dernières manifestations organisées pour dénoncer la privatisation des soins de santé et la violence faite aux membres du personnel soignant. La police a effectué des descentes dans les dortoirs et les maisons des étudiants avant d’en interpeller entre 46 et 90 selon les sources. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué. Un cadre de la TTB a déclaré dans la soirée que les avocats de l’association tentait d’essayer de comprendre les raisons de ces placements en détention, mais qu’ils s’étaient vu refuser tout contact avec les détenus.

Toujours dans le cadre de la même enquête, la police anti-terroriste a organisé une descente à l’hôtel de ville de Van (est de la Turquie) ainsi qu’au domicile du maire de la ville. Dix personnes ont été interpellées, parmi lesquelles le maire. Toutes sont membres du parti pro-kurde BDP (Peace and Democracy Party) et ont été accusées de ‘propagande en faveur d’une organisation terroriste’.

L’affaire KCK (Kurdistan Communities Union – accusée d’être la branche urbaine du PKK) a été déclenchée par les autorités turques en avril 2009, suite au succès du parti BDP (Peace and Democracy Party) aux élections municipales. Depuis lors, ce dernier est la cible d’attaques continuelles visant ses cadres, mais également ses sympathisants ainsi que les étudiants. Près de 8000 membres actifs du BDP se trouvent actuellement derrière les barreaux, parmi lesquels plusieurs députés kurdes ainsi que de nombreux maires, une quarantaine d’avocats, autant de syndicalistes, plus de nonante journalistes, des centaines d’étudiants, des centaines d’enfants,… Ce 31 mai, le parquet de Diyarbakir a demandé la levée de l’immunité parlementaire de huit députés. Tous sont accusés par les autorités d’être membres du KCK. Le 2 juin, le parquet de Malatya a introduit une demande similaire pour deux autres députés qu’il accuse de propagande pour le PKK. Enfin, le 30 mai, le ministère de la justice a autorisé l’ouverture d’une enquête contre 103 avocats pour avoir, le 11 août dernier, quitté une salle d’audience lors duo procès de 152 politiciens kurdes en guise de protestation.

Par ailleurs, la répression contre les étudiants se poursuit à travers toute la Turquie, les administrations universitaires se faisant le relais des policiers lorsque ceux-ci ne sont pas sur place. Au moins 127 étudiants ont été interpellés durant le mois de mai. Parmi eux, des dizaines ont été envoyés en prison. Ils font en général l’objet de lourdes condamnations, dès lors que des objets tels que des affiches, des pancartes, des livres, mais aussi des parapluies, des oeufs (!!!) confisqués lors de descentes organisées à leurs domiciles suite à des écoutes téléphoniques et à des poursuites techniques sont considérés comme des preuves ‘d’appartenance à une organisation terroriste’. Plus de 600 étudiants sont actuellement incarcérés en Turquie.