Le 30 juin dernier, la famille d’un prisonnier basque détenu à la prison de Villefranche-sur-Saône s’est vue refuser le parloir. Un de ses membres avait fait sonner trois fois le portique de sécurité, alors même qu’il n’avait sur lui aucun objet prohibé. La famille a dû rebrousser chemin et rentrer chez elle, à 800 kilomètres de Villefranche. Pour contester ce refus, le soir-même, le prisonnier et deux de ses co-détenus ont refusé de rentrer de la promenade. Mécontents, les gardiens ont frappé les trois prisonniers, leur ont craché au visage, les ont insultés et menacé d’extradition vers l’Espagne. Les violences ont été constatée par un médecin.

Vendredi 29 juin en matinée, de l’huile a été répandue sur la chaussée en plusieurs endroits avenue Albert et rue de la Jonction, à Forest, dans le but de perturber le fonctionnement de la prison. Trois banderoles ont été déployées par dessus les taches. On pouvait y lire, entre autres : « Matons = Bourreaux Nous voulons vivre! » et « Nos passions pour la liberté sont plus fortes que vos barreaux! ». Le nettoyage des lieux a nécessité plusieurs heures.

La procureur du roi de Marche-en-Famenne a indiqué qu’un dossier était à l’information au parquet à la suite de la découverte lundi matin de cinq bombes artisanales, sur des grues sur le chantier de la future prison de Marche-en-Famenne. A ce stade, la mise du dossier à l’instruction n’a pas été jugée nécessaire. « Des devoirs d’enquête vont être dirigés afin de vérifier si des engins de la sorte ont déjà retrouvés ailleurs, les engins vont aussi être analysés afin de déterminer quelle aurait été la conséquence en cas d’explosion, ou encore si ceux-ci auraient pu être actionnés à distance ou bien si l’explosion aurait été provoquée lors de la mise en marche des grues », a déclaré la procureur du roi. Les « bombes artisanales », confectionnées à l’aide de bouteilles, ont été trouvées près des boîtiers électriques.

Le 1 juin 2011 à Séville, le CPDT (Coordinadora para la Prevencion y Denuncia de la Tortura – un réseau de 44 associations qui luttent pour la dénonciation de la torture) a publié son huitième rapport annuel sur la torture dans l’état espagnol, une analyse des différents cas de tortures perpétrés par des agents de police et des fonctionnaires publics dans divers contextes allant des manifestations aux prisons en passant par les commissariats. Le rapport comprend des renseignements sur 280 cas d’attaques et de mauvais traitements subis par 853 personnes, le plus grand nombre de victimes enregistrées depuis la publication du premier rapport du CPDT en 2005. De plus, il souligne que ce chiffre est loin d’être exhaustif, et ce pour plusieurs raisons: ce sont les affaires rassemblées par les 44 associations membres du réseau, or il en existe de nombreuses autres indépendantes, certaines affaires ont été écartées du rapport à la demande des victimes, certaines affaires souffraient d’un manque de renseignements, ou ceux-ci n’ont pas pu être totalement confirmés, et enfin, une quantité significative de cas impliquant une violence policière ou d’agents pénitentiaires ne sont jamais signalés. Pour illustrer ce dernier élément, le CPDT donne un exemple concret: la police catalane est violemment intervenue l’an dernier lors d’une manifestation à Barcelone et suite à cette intervention, les services médicaux ont officiellement déclaré avoir pris en charge 120 personnes. Les médias ont rapporté que quelques 200 personnes avaient été blessées. Seules 56 plaintes ont été déposées. Le CPDT affirme que cela est dû au manque de confiance des gens dans les éventuelles enquêtes menées par les autorités et à leur crainte des représailles policières lors d’événements postérieurs.

Dans le rapport, l’analyse de la situation personnelle des victimes est divisées en six catégories: les prisonniers au secret, les participants à des mobilisations sociales, les immigrés, les prisonniers, les mineurs et les ‘autres’. 77 cas concernent cette dernière catégorie, suivie par les manifestants (75), les immigrés (74), les prisonniers (64), les mineurs (13) et les prisonniers au secret (6). 100 affaires concernant 289 victimes impliquent la police nationale. Les forces de police locale et les services pénitenciers sont tous les deux concernés par 64 affaires impliquant respectivement 141 et 71 personnes. Les forces de police des régions autonomes sont visées par 36 cas impliquant 338 personnes, les plaintes visant le Garde Nationale sont au nombre de 15 impliquant 18 personnes et quatre affaires touchant 13 victimes visent les centres de détention pour mineurs.

Enfin, le CPDT signale qu’il y a eu, en 2011, 51 décès en détention, et qu’en une décennie (1 janvier 2011 – 31 décembre 2011), le CPDT a pris connaissance de 772 décès, 65% (465) d’entre eux en prison. Les 51 morts enregistrés en 2011 consistent en 34 morts en prison, sept en détention provisoire de la police nationale, cinq en détention provisoire de forces de police locales, quatre en détention dans un centre pour mineurs et une en détention provisoire de la police d’une région autonome.

Rapport complet du CPDT en espagnol – format pdf

Depuis le 16 juin, la situation est explosive dans les prisons turques. Ce jour-là, un incendie déclenché par les prisonniers dans un pavillon de la prison de Urfa où se trouvaient 18 détenus alors que sa capacité est de xis personnes, a fait treize morts. Les autorités ont affirmé, relayées en cela par les massmédias, que l’incendie s’était déclarée pendant une bagarre entre prisonniers. Or, selon un groupe d’enquête s’étant rendu sur place, il s’agissait d’une protestation contre les mauvaises conditions de détention et les décès ne sont dus qu’à un retard d’intervention des services d’incendies. D’ailleurs, un second incendie s’est déclaré le 18 juin dans la même prison, faisant cette fois quatorze blessés. Le même jour, des incendies ont été déclenché dans les prisons d’Adana et d’Antep, ainsi que dans celle de Osmaniye. Au moins 31 personnes ont été blessées. La surpopulation carcérale en Turquie augmente continuellement et est régulièrement dénoncée par les organismes internationaux chargés du respect des droits de l’homme. Pour le même nombre d’infrastructures, le nombre de détenus est passé de 128.804 en 2011 à 130.617 en 2012. En 2002, année de l’arrivée au pouvoir de l’AKP (lequel a immédiatement déclenché des vagues d’arrestations d’opposants), le nombre de prisonniers en Turquie était d’un peu moins de 60.000.

La Direction générale des établissements pénitentiaires a présenté son rapport d’activités ce jeudi. D’après celui-ci, en 2011, le taux moyen de surpopulation carcérale a atteint 20,2% pour une population moyenne de 10973,5 détenus. La capacité moyenne cumulée des prisons belges est cependant de 9128,8 places. Forest, Anvers et Dinant affichaient chacune un taux moyen de surpopulation supérieur à 60%. D’ici à 2016, le gouvernement a prévu d’augmenter la capacité carcérale de 2500 cellules ainsi que de rénover les prisons les plus anciennes et de construire quatre nouveaux établissements à Beveren, à Termonde, à Marche-en-Famenne et à Leuze-en-Hainaut.

Neuf prisonniers anarchistes sont actuellement en grève de la faim jusqu’à présent, à savoir Spyros Dravilas (depuis le 4 avril), les membres de la conspiration des Cellule de Feu Gerasimos Tsakalos, Panagiotis Argirou et Christos Tsakalos (depuis le 8), Damiano Bolano, Haris Hadjimihelakis et Giorgos Polidoros (depuis le 17), Giorgos Nikolopoulos (depuis le 26), et Theofilos Mavropoulos depuis le 28. Une manifestation de solidarité avec eux a eu lieu le 27 devant la prison Koridallos.

Grèce: Un 9e prisonnier anarchiste en grève de la faim

En 2016 doit ouvrir ses portes le nouveau complexe pénitentiaire de Haren, destiné à remplacer les prisons de Forest, Saint-Gilles et Berkendael. Le centre comptera 1190 places (ce qui ne permet pas d’accueillir le nombre de détenus actuels dans les trois prisons) réparties en plusieurs institutions: certaines réservées aux hommes, d’autres aux femmes, avec des régimes plus ou moins stricts, la structure pour la détention préventive,… Ce complexe fera l’objet d’un partenariat avec un groupe privé, lequel dessinera et construira la prison. Durant 25 ans, et moyennant une indemnité de l’état, il s’occupera de la maintenance et de l’entretien du bâtiment, ainsi que des services aux prévenus (nourriture, mise au travail,…) Quatre consortiums privés ont été présélectionnés. Celui qui décrochera le dossier sera connu après l’été.