Cinq manifestants, dont quatre étudiants, ont été tués par balles lundi lors d’une manifestation dans la ville soudanaise d’Al-Obeid (centre), à la veille de la reprise des négociations entre le pouvoir militaire et les chefs de la contestation pour finaliser certains points en suspens de l’accord conclu le 17 juillet.

Le Soudan est en proie à un mouvement de protestation depuis décembre 2018 qui a poussé l’armée à destituer et arrêter le 11 avril le président Omar el-Béchir après 30 ans au pouvoir. Elles se sont poursuivies après la mise à l’écart du chef de l’État et la mise en place d’un Conseil militaire qui a succédé à M. Béchir, pour réclamer un pouvoir civil et de meilleures conditions de vie. Par ailleurs, plusieurs manifestations ont eu lieu depuis samedi à Khartoum pour protester contre les conclusions d’une enquête officielle sur la répression d’un sit-in de manifestants le 3 juin dans la capitale soudanaise qui a fait des dizaines de morts.

Lacrymogènes ce lundi à Al-Obeid

Lacrymogènes ce lundi à Al-Obeid

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à travers le Soudan pour réclamer aux militaires un transfert du pouvoir aux civils. Les forces de l’ordre ont tiré des gaz lacrymogènes sur les protestataires à Khartoum pour les empêcher d’atteindre le palais présidentiel. Au moins sept personnes ont été tuées et plus de 180 autres ont été blessées. En prévision des rassemblements, les paramilitaires des RSF ont été déployés sur plusieurs places de Khartoum, à bord de leurs pick-ups chargés de mitrailleuses.

Dans les villes d’Omdourman, de Port-Soudan, d’Al-obeid, de Madani, de Kassala et de Khasma el-Girbade également, les manifestants ont scandé des slogans révolutionnaires. La mobilisation de dimanche est d’autant plus impressionnante que les autorités bloquent depuis des semaines l’accès à internet, outil stratégique pour rallier dès le début du mouvement de contestation inédit en décembre 2018.

Manifestants ce dimanche à Khartoum

Manifestants ce dimanche à Khartoum

Dimanche 9 juin, les organisations de l’opposition ont appelé à la désobéissance civile et à la grève générale. Des manifestant·e·s ont alors construit de nouvelles barricades à Khartoum, les précédentes ayant été démantelée dans le cadre de la répression subie par le mouvement le 3 juin (voir notre article). Les policiers anti-émeutes sont rapidement intervenus et les ont dispersé avec des tirs de gaz lacrymogènes et des coups de feu en l’air. Plus tard, une fois les policiers partis, les militant·e·s ont à nouveau remonté des barricades.

Au total, la répression du mouvement populaire soudanais a fait entre 118 et 61 morts ainsi que des centaines de blessés, en majorité le3 juin lors de la dispersion du sit-in devant le siège de l’armée à Khartoum.

Barricade au Soudan

Édit 05/06 : Le bilan depuis lundi s’élève désormais à 60 morts selon un bilan d’un comité de médecins.

Depuis le 6 avril, plusieurs dizaines de milliers de manifestant·e·s menaient un sit-in devant le quartier général de l’armée à Khartoum. Initialement mis en place dans le cadre du mouvement de plusieurs mois pour réclamer le départ du président président Omar el-Béchir, destitué cinq jours plus tard par l’armée (voir notre article), le mouvement s’est poursuivi exiger le transfert du pouvoir aux civils. Un conseil militaire a effectivement pris le pouvoir au Soudan prétendant assurer une période de transition.

Lundi 3 juin, l’armée est intervenue contre les manifestant·e·s. L’attaque a fait au moins 35 morts et 116 blessés. L’assaut des militaires était coordonné : des barrages routiers ont été installés par l’armée, qui s’est déployée dans toute la capitale. Au même moment, les sit-in des villes de Damazin, Port-Soudan et Al-Qadarif étaient également dispersés. A Khartoum, des arrestations, des flagellations, des bastonnades ont été filmées dans plusieurs quartiers.

Le président soudanais Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trois décennies, a été destitué jeudi par l’armée. Ce coup fait suite à un mouvement de contestation populaire de plusieurs mois contre le régime d’el-Béchir, qui avait lui-même pris le pouvoir par un coup d’État en 1989. Le service de renseignement au Soudan (NISS) a annoncé la libération de tous les prisonniers politiques dans le pays, a indiqué jeudi l’agence officielle Suna.

La foule célèbre la chute du régime

La foule célèbre la chute du régime

Des dizaines de camions anti-émeutes ont été mobilisés à Khartoum pour disperser des milliers de manifestants qui étaient ce samedi pour la première fois réunis devant le quartier général de l’armée, 4 mois après le début de la contestation contre Omar el-Béchir. Ses détracteurs étaient bien décidés à s’installer à demeure sur l’une des places de la ville, et faire pression sur l’armée pour qu’elle se désolidarise du régime (comme elle l’avait fait en 1985 en provoquant la chute du régime du président Jaafar al-Nimeiri. Mais les forces de sécurité ont fini par intervenir à coup de gaz lacrymogènes, des dizaines de véhicules anti-émeutes ont été mobilisés.

Les manifestants devant le QG de l’armée, avant l’intervention de la police

Les manifestants devant le QG de l'armée, avant l'intervention de la police

Une foule de manifestants s’est rassemblée à Khartoum dans le quartier de Bahari (nord) en scandant « Liberté, paix et justice », principal slogan de la contestation, mais a rapidement dû faire face aux forces antiémeutes qui ont tiré des gaz lacrymogènes. Un vendeur de fruit soudanais est mort dimanche dans un hôpital de Khartoum après avoir inhalé des gaz lacrymogène tirés par les forces anti-émeutes lors de manifestations. Des rassemblements ont également eu lieu dans d’autres quartiers de la capitale comme Burri, Halfaya, Shambat Alshajara, et Al-Abassiya d’Omdurman. Plusieurs manifestants ont été arrêtés par la police. Selon un bilan officiel, 31 personnes sont mortes lors de ce mouvement de contestation. L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) fait état de 51 morts.

Manifestation à Khartoum

Manifestation à Khartoum

La police soudanaise a dispersé par la force mardi, plusieurs manifestations à Khartoum et à Omdurman, la deuxième ville du pays. Des dizaines d’étudiants de l’université de Khartoum ont été dispersés par des gaz lacrymogènes après s’être rassemblés devant le campus universitaire au centre de Khartoum. Plusieurs manifestants ont été arrêtés par la police. Une autre manifestation menée par des avocats devant la Cour suprême du Soudan, a également été dispersée par la police. Une troisième manifestation organisée par des enseignants devant le ministère soudanais de l’Education a également été dispersée.

La ville d’Omdurman a également été le théâtre de plusieurs manifestations, dont une organisée par des universitaires et des médecins. Depuis le 19 décembre dernier, des manifestations contre la dégradation des conditions de vie ont eu lieu dans plusieurs villes soudanaises, notamment à Khartoum, dont certaines ont été violentes. Les autorités font état de 31 morts, tandis que les organisations de défense des droits de l’homme parlent de 40 morts. Pour leur part, des activistes et des partis de l’opposition avancent le chiffre de 50 morts.

Manifestation à Khartoum

Manifestation à Khartoum

Des milliers de Soudanais sont descendus jeudi dans la rue dans plusieurs villes du pays pour appeler au départ du président Omar el-Béchir, des rassemblements violemment dispersés par la police. Depuis le 19 décembre, le Soudan est secoué par un mouvement de protestation déclenché par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, dans un pays en plein marasme économique (voir cet article, mais aussi ici, ici et ici). Les manifestations, rythmées par le principal slogan « liberté, paix et justice », se sont aussitôt transformées en rassemblements quasi quotidiens contre Béchir arrivé au pouvoir par un coup d’Etat soutenu par les islamistes en 1989.

Jeudi, un manifestant est mort à Omdourman, ville jumelle de la capitale Khartoum. Un autre manifestant blessé lors d’un rassemblement le 13 janvier à Khartoum a succombé, et un troisième est décédé en détention. Les estimations varient entre 40 et 80 manifestants tués depuis le début du mouvement.

Manifestation anti-gouvernmentale au Soudan

Manifestation anti-gouvernmentale au Soudan

Trois personnes ont été tuées mercredi soir dans de nouvelles manifestations antigouvernementales dans la ville soudanaise d’Omdurman, où les forces de l’ordre ont fait usage de gaz lacrymogène. La deuxième ville du pays, qui fait face à la capitale, Khartoum, sur l’autre rive du Nil, a été le théâtre d’émeutes. Le Soudan est en proie depuis le 19 décembre à un mouvement de contestation contre le régime du président Omar al Bachir qui trouve son origine dans une dénonciation de la hausse du coût de la vie (voir notre article).

Des gaz lacrymogènes lors d’une manifestation hier à Omdurman,

Des gaz lacrymogènes lors d'une manifestation hier à Omdurman,