Le Soudan est en proie depuis le 19 décembre à un mouvement de contestation déclenché par la hausse du prix du pain (voir notre article). Les protestations se sont vite transformées en un mouvement contre le régime d’Omar el-Béchir qui s’est emparé du pouvoir par un coup d’Etat en 1989. Au moins 19 personnes ont été tuées depuis le début de la contestation, selon les autorités. Amnesty International a fait état de la mort de 37 manifestants.

Dimanche, des manifestants antigouvernementaux se sont rassemblés dans des quartiers du centre-ville de Khartoum au lendemain d’un appel à une marche en direction du palais présidentiel, lancé par une association. Mais la police anti-émeute est rapidement intervenue et a dispersé les manifestants à coups de gaz lacrymogènes. Dimanche, des manifestations ont également eu lieu dans la ville de Madani (centre) et à Atbara (nord).

Un rassemblement aura lieu devant l’ambassade du Soudan à Bruxelles (124 avenue franklin Roosevelt) ce mercredi 9 janvier à 14H00.

Gaz lacrymogènes dans le centre de Karthoum

Gaz lacrymogènes dans le centre de Karthoum

Depuis le 19 décembre, le pouvoir du général Omar el-Béchir est confronté à une vague de manifestations, parfois meurtrières, à travers le pays contre surtout le triplement du prix du pain en plein marasme économique (voir notre article). Les forces anti-émeutes ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants à Omdourman, ville jumelle de Khartoum, située sur la rive occidentale du Nil, à Port Soudan, Madani et Atbara, ville de l’est du pays où a débuté le mouvement de contestation. Policiers et officiers des services de sécurité ont été déployés dans plusieurs secteurs de la capitale.

Les groupes d’opposition, dont le parti communiste avaient appelé à poursuivre les manifestations. En représailles, une dizaine de grandes figures de l’opposition ont été arrêtés, ainsi des dirigeants du Parti du Congrès, du Parti communiste, du Parti baathiste et du Parti nassérien. L’Association des écrivains soudanais a pour sa part fait état de l’arrestation mardi du poète Mohamed Taha. Jeudi, les autorités ont indiqué que 19 personnes, dont deux membres des forces de sécurité, avaient été tuées, et plus de 200 blessées depuis le début de la contestation.

Mokhtar al-Khatib

Mokhtar al-Khatib

Au Soudan, les manifestations ont débuté ce 19 décembre et se sont poursuivies le 21 décembre dans plusieurs villes du pays et dans la capitale, Khartoum. La population proteste contre la hausse du prix du pain annoncée le 18 décembre par le gouvernement. Au total, huit manifestants ont été tués lors d’affrontements avec les forces de l’ordre.

Dans les rues, les mots d’ordre appellent à la chute du régime d’Omar el-Béchir, le président au pouvoir depuis 1989. Plusieurs sièges du Congrès National, le parti du chef d’Etat, ont été mis à feu. L’état d’urgence a été déclaré dans quatre villes de province et le 21 décembre, l’armée a été déployée à Oumdourman, ville-jumelle de Khartoum. Plusieurs sources indiquent également qu’Internet aurait été coupé. Ce mouvement intervient dans un contexte économique catastrophique avec une inflation qui frôle les 70% et aussi des pénuries de pain et d’essence. En janvier dernier déjà, les Soudanais étaient descendus dans la rue pour protester contre la hausse des prix des denrées alimentaires. Les manifestations avaient alors été rapidement matées par les autorités soudanaises (voir notre article).

Immeuble incendié à l’occasion des dernières manifestations à Khartoum

Immeuble incendié à l'occasion des dernières manifestations à Khartoum

La police soudanaise a tiré des gaz lacrymogènes, matraqué des manifestants et procédé à plusieurs arrestations lors d’une manifestation contre la hausse des coûts de la vie à Khartoum. De manifestants s’étaient rassemblés devant le palais présidentiel pour protester contre la hausse des prix des produits de base. Pressé par le FMI, le Soudan a dévalué sa monnaie à 18 livres soudanaises pour un dollar contre un taux de 6,7 livres en 2017. Il a réduit également ses subventions aux produits de base, entraînant un doublement des prix du pain.

Les affrontements de Khartoum

Les affrontements de Khartoum

Des protestations ont eu lieu fin novembre début décembre au Soudan après que les subventions de carburant ont été abolies et que les prix des denrées alimentaires et des médicaments ont fortement haussé (voir notre article). Le gouvernement a réagi en réprimant les manifestations et en procédant à une vague d’arrestations. Sous les arrêtés figurent entre autres des membres du Parti communiste du Soudan (SCP), comme Masoud Mohammed Alhassan ou Sidig Yousif, tous deux membres du comité central. Les autorités leur ont refusé la visite des familles pour leurs fournir les médicaments dont ils ont besoin. Fin décembre, 17 personnes ont été libérées, dont Masoud Mohammed Alhassan. 42 activistes sont toujours incarcérés, plusieurs d’entre eux en isolement cellulaire. Sidig Yousif, qui souffre de problèmes de santé, demeure en prison à l’heure actuelle.

Rassemblement du SCP

Rassemblement du SCP

La police anti-émeute soudanaise a tiré hier mercredi des gaz lacrymogènes et a confisqué des banderoles alors que des manifestants protestaient contre une décision du gouvernement de réduire les subventions au carburant. Les réductions des subventions entraînent une forte augmentation du coût des autres produits, y compris des médicaments. Les manifestations de mercredi sont venues après la fin d’une grève nationale de trois jours appelée par plusieurs groupes d’opposition

Dans le centre-ville de Khartoum, 150 avocats ont protesté devant la cour suprême sous des bannières disait: « Dites non à la corruption, Dites non aux prix élevés, Dites non aux détentions ». La police anti-émeute a confisqué leurs bannières. Les autorités ont déjà arrêté plus d’une douzaine de politiciens de l’opposition et ont également réprimé les journaux critiquant les réductions de subventions. Des tirages entiers de plusieurs quotidiens qui ont rapporté la grève de l’opposition ont été saisis.

Déploiement de la police anti-émeute soudanaise

Déploiement de la police anti-émeute soudanaise

La police soudanaise a fait usage de gaz lacrymogènes sur les participants aux funérailles d’un manifestant tué quand la foule en colère a commencé à sortir du cimetière en scandant des slogans anti-gouvernementaux et en appelant à la révolution. «Le peuple veut la chute du régime», ont-ils scandé, en référence aux 25 ans de présidence d’Omar el-Béchir, qui a pris le pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat soutenu par les islamistes.

Le procès d’un groupe de 35 personnes accusées de violences liées à la contestation provoquée par la hausse des prix des carburants au Soudan s’est ouvert jeudi à Khartoum. Ces accusés font partie des centaines de personnes arrêtées depuis le 23 septembre. Ils sont accusés de destructions et de tapage, qui pourraient leur valoir entre 3 et 7 ans de prison. Le verdict est attendu dimanche.

Mercredi, 48 personnes arrêtées en marge du mouvement de contestation avaient été jugées, et certaines condamnées, Le gouvernement soudanais a fait état de l’arrestation de 700 « criminels » après les manifestations, dont certaines ont tourné au pillage, dénonçant une levée de subventions sur les carburants qui a fait bondir leurs prix de 60%. La répression aurait fait entre 34 (chiffre officiel) et plus de 200 morts. Jeudi, une cinquantaine de femmes et d’enfants ont manifesté pendant plusieurs heures dans le calme devant le siège des services de sécurité à Khartoum (photo) pour réclamer la libération des personnes arrêtées.

manifestation à Khartoum

manifestation à Khartoum

Au moins 29 personnes sont décédées à travers le Soudan dans le cadre du vaste mouvement de protestation qui secoue le pays depuis lundi. La population dénonce la hausse des prix du carburant suite à une récente disposition gouvernementale. Dans plusieurs villes, les manifestants descendent dans les rues, érigent des barricades, brûlent des pneus, bloquent la circulation et sont invariablement violemment réprimés par les forces de l’ordre. Un nouvel appel à la manifestation a été lancé dans la nuit de mercredi à jeudi sous les mots d’ordre ‘Liberté!’ et ‘Le peuple veut la chute du régime’. Les autorités ont déployé les forces anti-émeute dans plusieurs villes, notamment à Khartoum où le mouvement prend une grosse ampleur. En outre, depuis lundi, toutes les connexions internet ont été coupées.

Emeutes à Khartoum

Emeutes à Khartoum

Depuis lundi, de multiples manifestations se déroulent à travers le Soudan, et principalement dans les villes de Khartoum, de Omdurman, de Nyala et de Wad Madani. Elles font suite à la mesure d’austérité gouvernementale entraînant la suspension des subsides pour les produits pétroliers et donc une forte hausse des prix à la pompe. Hier, des manifestants ont incendié le quartier général du parti au pouvoir, le National Congress PArty à Omdurman. Au nord de Khartoum, c’est un poste de police qui a été pris d’assaut après que les manifestants aient bloqué les routes et la circulation. Les forces de sécurité soudanaises sont violemment intervenues pour disperser la foule entraînant des affrontements au cours desquels au moins deux manifestants ont été tués.