Le mardi 11 décembre, sur l’ordre des autorités locales, une centaine de personnes, dont des policiers ont détruit le camp de solidarité tenu depuis le 12 octobre par les membres du syndicat de l’hôtel Tharabar Gate, des membres des familles des travailleurs et des sympathisants. Le 13 décembre, une marche syndicale s’est organisée à la suite de cette destruction mais a très vite été dispersée par la police arrêtant 13 personnes dont 7 membres du syndicat.

Le campement avait été établi suite à des manifestations publiques organisées par les syndicats des hôtels de la région de Bagan pour protester contre les licenciements de membres et leaders syndicaux par la direction de l’hôtel Tharabar Gate. Malgré les réunions de conciliation entre les représentants des gouvernements locaux et nationaux et la direction de l’hôtel, ces derniers refusent toujours de réintégrer les syndicalistes.

La police arrête des manifestants de l’hôtel Tharabar Gate (archive)

Ce mardi 11 décembre, six leaders syndicaux ont été condamnés à deux ans et demi de prison avec sursis pour avoir manifesté lors d’un large mouvement de contestations et de grève nationale en 2014 (voir nos articles ici et ici). Quatre travailleurs de l’industrie du vêtement avaient été tués lors des affrontements et une vingtaine d’autres blessés. Le tribunal municipal de Phnom Penh a déclaré les dirigeants syndicaux coupables de quatre actes de violence et de dommages matériels lors de manifestations organisées dans la banlieue de Phnom Penh. Ils ont également été condamné à payer une amende de 35 millions de riels (± 7500 euros) à deux policiers qui auraient été victimes de violences.

Dans un désir d’apaisement, le premier ministre du Cambodge, Hun Sen, avait annoncé qu’il souhaitait améliorer son image auprès des critiques occidentaux par une série de gestes « conciliants » dont la libération sous caution ou à la suite d’une grâce, de prisonniers politiques, dont le chef du parti de l’opposition, Kem Sokha, accusé l’année dernière de trahison et qui est actuellement en résidence surveillée. Le président avait entre autre appelé les tribunaux à accélérer les poursuites contre les six dirigeants syndicaux ou même à retirer les accusations. Cependant, après l’annonce du verdict de mardi, l’un des accusés – Ath Thorn, dirigeant du Syndicat démocratique des travailleurs de l’industrie du vêtement cambodgien – a déclaré qu’il ferait appel, car malgré sa condamnation avec sursis, sa condamnation légale l’empêcherait d’assumer les fonctions de dirigeant syndical pendant toute la durée de la peine.

Pav Sina, un des six syndicalistes condamnés

Pav Sina, un des six syndicalistes condamnés

Esmail Bakhshi, représentant des travailleurs de Haft Tappeh Sugarcane Mill, a été libéré ce mercredi 12 décembre.

Esmail Bakhshi avait été arrêté le 18 novembre avec d’autres syndicalistes et defenseurs des droits civils. Il avait également été torturé durant sa détention (voir notre article). Ali Nejati, l’ancien président du syndicat des ouvriers d’Haft Tappeh, qui avait été arrêté le 29 novembre, reste toujours en prison, ainsi que la défenseuse des droits civils Sepideh Qolian arrêtée également le 18 novembre.

Esmail Bakhshi

Esmail Bakhshi

Dans la nuit du 10 décembre, Reza Shahabi et Hassan Saeidi, leaders syndicaux de la compagnie de Bus de Téhéran (SWTSBC), ainsi que trois défenseurs des droits civils Amir Abbas Azaram Vand, Raham Yeganeh et Keyvan Mohtadi, ont été arrêtés à Téhéran par les forces de sécurité iraniennes. Ils ont été transférés à la prison d’Evin et libérés quelques heures après sans qu’on sache les raisons de ces arrestations. Ces arrestations ce sont faites quelques heures après qu’un travailleur de la compagnie de bus se soit immolé.

En 2012, Reza Shahabi avait été condamné à six ans de prison pour « propagande contre le système » (voir notre article). Il avait été libéré en septembre 2014 pour raisons médicales. Il sera réincarcéré en juillet 2017 pour purger les 17 mois de prison qui lui restaient. Il sera finalement libéré le 13 mars 2018.

Amir Abbas Azaram Vand, Raham Yeganeh, Keyvan Mohtadi (à gauche), Reza Shahabi et Hassan Saeidi (à droite)

Amir Abbas Azaram Vand, Raham Yeganeh, Keyvan Mohtadi (à gauche), Reza Shahabi et Hassan Saeidi (à droite)

Les travailleurs de l’usine sucrière Haft Tapeh (dans la ville de Suse, dans le sud de l’Iran) sont entrés dans leur quatrième semaine de grève pour réclamer le paiement de leurs salaires. Le 18 novembre, 18 militants et leaders syndicaux (voir notre article) avaient été arrêtés dont Esmail Bakhshi, représentant des travailleurs de Haft Tappeh Sugarcane Mill, qui est toujours en prison.

Esmail Bakhshi aurait été torturé durant sa garde à vue et transféré dans un hôpital de la sécurité à Ahvaz. Il souffrirait de blessures à la tête et au visage ainsi que d’une hémorragie interne à la suite des tortures qu’il aurait subit. Il aurait depuis été renvoyé à la prison d’Ahvaz. Jeudi 29 novembre, les forces de sécurité ont arrêté à son domicile Ali Nejati, l’ancien président du syndicat des ouvriers d’Haft Tappeh, ainsi que son fils, Peiman Nejati.

Ce lundi 3 décembre, les travailleurs de Haft Tapeh et ceux de l’usine d’acier d’Ahvaz ont manifesté ensemble pour exiger la libération des syndicalistes emprisonnés. Les sidérurgistes du Groupe National d’Acier (GNA) de la ville d’Ahvaz sont en grève depuis début novembre pour réclamer le paiement de quatre mois de salaires impayés et des garanties pour la sécurité de leur emploi.

Esmail Bakhshi

Ali Nejati

Dimanche 18 novembre, Khalil Karimi militant au syndicat libre des travailleurs d’Iran a été condamné à un an de prison par la cours révolutionnaire de Sanandaj. Il est condamné pour propagande contre l’état. Concrètement il lui est reproché d’avoir participé à la journée internationale des travailleurs (le premier mai) et à une campagne contre la peine de mort prononcée contre Ramin Hossein Panahi,un militant du Komala exécuté en septembre (voir notre article).

Khalil Karimi

Khalil Karimi

La grève à la mine de platine de Sibanye, près de Rustenburg, a donné lieu à de nombreuses violences entre les grévistes et le personnel de sécurité, qui a fait usage d’armes à feu. A ces affrontements s’ajoutent ceux entre les grévistes et les jaunes, et des tensions entre les deux syndicats des mineurs, l’Association des mineurs et du syndicat de la construction (Amcu), premier syndicat de les mines de platine, et le Syndicat national des mineurs (NUM, mieux implanté dans les mines d’or). Un mineur du NUM a été touché par six balles et a succombé à ses blessures.

Syndicalistes de l’AMCU

Syndicalistes de l'AMCU

Depuis le début du mois de novembre, les travailleurs de la société Haft Tapeh sont en grève. Le 18 novembre, 18 militants ont été arrêtés et quatre d’entre eux ont été conduits à la prison d’Ahvaz.

Fondée en 1962, Haft Tapeh emploie près de 4.000 personnes.

Depuis la privatisation de la société en février 2016, les employés ont organisé plusieurs manifestations contre les retards accusés dans le règlement de leurs salaires. La contestation s’est intensifiée ces dernières semaines. La grève et les manifestations continuent avec le soutien des habitants de la ville pour réclamer le paiement des salaires impayés et la libération de toutes les personnes arrêtées. Entre temps, l’armée aurait été envoyée à Suse.

Manifestants dans les rues de Suse

Manifestants dans les rues de Suse

Le 15 novembre, Oscar Reina, porte-parole du Syndicat andalou des travailleur (SAT), a été arrêté à Grenade (Andalousie) alors qu’il collait des affiches pour promouvoir la manifestation de la journée nationale de l’Andalousie et le festival contre la répression organisé par le SAT début décembre. Oscar Reina a été arrêté pour délit de diffamation contre la Couronne. Il y aurait actuellement deux recours légaux contre Reina, une à Séville et à l’autre à Madrid. Le porte-parole national de la SAT n’aurait pas comparu devant les tribunaux et aurait été arrêté dans le cadre de cette non-comparution. Il sera relâché quelques heures plus tard.

Le Syndicat andalou des travailleurs est la cible d’une répression importante depuis plusieurs années. Actuellement, plus de quatre cents militants du SAT sont poursuivis en justice et le montant des amendes s’élève à plus de quatre cent mille euros.

Oscar Reina

Ce dimanche 4 novembre, Huber Ballesteros, membre du comité exécutif de la Centrale Unitaire de Travailleurs (CUT), devait quitter la Colombie pour se rendre à Bruxelles , afin de rencontrer des organisations sociales, des syndicats belges, ainsi que des Parlementaires Européens au sujet des avancements des Accords de paix en Colombie. A l’aéroport de Bogota, des agents de la douane l’ont empêché de partir car celui-ci n’aurait pas reçu d’autorisation de la JEP (Justice spéciale pour la paix).

Huber Ballesteros a déjà fait plus de trois ans de prison suite à son travail syndical et social en Colombie. Il était leader syndical lors de la grève nationale organisé par le secteur paysan en 2013 qui revendiquait des conditions de vie décentes pour les paysans colombiens. Il ne sera libéré qu’en 2017.

Les négociations de paix entre le gouvernement colombien et l’ELN sont au point mort depuis que le nouveau président Ivan Duque a présenté des conditions drastiques, tel que la libération de l’ensemble des prisonniers de guerre de l’ELN, pour poursuivre le dialogue. L’interdiction pour Huber Ballesteros de quitter le territoire seraient en lien à son travail dans la mise en œuvre des accords de paix.

Huber Ballesteros

Huber Ballesteros