Le puissant syndicat COB (Central Obrera Boliviana), pourtant proche du gouvernement bolivien, a appelé à une grève de 72 heures mercredi avec barrages routiers et manifestations. La COB refuse un décret qui fait fermer une usine de textile de l’Etat employant 800 personnes, et des lois modifiant le fonctionnement des entreprises publiques et les droits à la pension des fonctionnaires. Vendredi, les manifestations ont donné lieu à de violents affrontements, faisant plusieurs blessés. Les manifestations les plus violentes ont eu lieu à Quillacollo, près de Cochabamba, à 400 km à l’est de La Paz, où les travailleurs ont lancé des pierres, des bâtons et des pétards sur les policiers, qui ont répondu avec des gaz lacrymogènes. La police a nié l’utilisation d’armes à feu, mais un dirigeant syndical a déclaré aux journalistes qu’il y avait deux manifestants blessés par balles, dont un grièvement. Plus de 100 travailleurs ont été arrêtés à Cochabamba.

Affrontements vendredi en Bolivie

Affrontements vendredi en Bolivie

Après 61 jours de grève de la faim (voir notre article) , Jafar Azim Zadeh, militant ouvrier condamné à 6 ans de prison et détenu à la prison Evin de Téhéran pour son activité syndicale, a été libéré hier, 30 juin. Il ne s’agit encore que d’une libération provisoire.

Jafar Azimzadeh et Esmail Abdi

Jafar Azimzadeh et Esmail Abdi

Le chauffeur qui avait foncé sur un barrage filtrant blessant deux syndicalistes CGT à Vitrolles a été relaxé par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Le chauffeur poids lourds (récidiviste car déjà condamné à 12 mois de prison avec sursis pour blessures involontaires sous l’emprise d’un état alcoolique) avait délibérément foncé sur des syndicalistes d’un barrage filtrant, blessant deux d’entre eux dont un sérieusement, avant de tenter un délit de fuite. Lors du procès la présidente du tribunal l’avait bien ménagé, ne cachant pas son hostilité au mouvement social, plaignant à plusieurs reprises ce « chauffeur qui se lève tôt pour aller travailler ». La présidente du tribunal a motivé la double relaxe des chefs de violences volontaires avec arme par destination et de blessures involontaires « par l’état de nécessité et de contrainte morale » dans lesquels se trouvait le prévenu au moment des faits.

Une des militantes CGT blessée à Vitrolle

Une des militantes CGT blessée à Vitrolle

Des dizaines de militants CGT et antifascistes ont mené une spectaculaire opération, hier matin, à Lille. Ils ont entièrement paralysé le rond-point des Postes et les 12 rues et boulevards attenants pendant plusieurs heures, au moyen de dix barricades de pneus enflammés. La circulation a été bloquée jusque sur l’autoroute A25. Toute cette partie de la ville était couverte de fumée, le panache étant visible à plusieurs kilomètres à la ronde.

Peu après 8 h, les forces de différents services de police ont violemment chargé, usant de gaz lacrymogène et blessant plusieurs personnes. Neuf personnes sont interpellées, âgées de 15 à 45 ans. Ils sont poursuivis, selon les cas, pour refus de se disperser, entrave à la circulation, et dégradations. Les pompiers mettront ensuite une heure à éteindre les sinistres, refroidir et déblayer les carcasses de pneus

Dans l’après-midi, un cortège rassemblant environ 1.500 personnes, dont une centaine de syndicalistes belges, a défilé dans les rues de Lille. À l’issue de la manifestation, 450 personnes ont décidé de se rendre au commissariat pour réclamer la libération de neuf personnes interpellées dans la matinée. Vers 19 h 30, la police a chargé ces manifestants, usant une nouvelle fois de gaz lacrymogènes et arrêtant trois ou quatre personnes.

A Lille hier matin

A Lille hier matin

Patrice Matence, secrétaire de la CGT 46, a été auditionné hier au commissariat de Cahors pour des faits de «dégradations volontaires en réunion», le 19 mai dernier lors des mobilisations contre la loi Travail. L’enquête en cours fait suite aux plaintes déposées par la chambre de commerce et le PS, victime, lui aussi, de tags sur la vitrine de sa permanence. Hier, Patrice Matence était soutenu par son syndicat, mais aussi par la Confédération paysanne. Soit une cinquantaine de membres le temps de cette convocation. La troisième en quelques jours pour les mêmes faits. Avant la convocation de Patrice Matence, Jean-Louis, membre du collectif Nuit debout, et Francis, militant de la CGT, avaient été convoqués au commissariat.

Devant le commissariat de Cahors, hier.

Devant le commissariat de Cahors, hier.

Le président de la FGTB anversoise, Bruno Verlaeckt, a été interpellé ce vendredi matin lors du démantèlement par la police d’un piquet de grève posté le long de la Scheldelaan. Plusieurs barrages avaient été mis en place sur des axes routiers importants menant au port. La police a arrêté Bruno Verlaeckt et un autre syndicaliste pour « entraves au trafic » et « trouble de l’ordre public ».

L’intervention de la police à Anvers

EDIT:
Bruno Verlaeckt a été libéré en début d’après-midi.

La répression a tourné au bain de sang dimanche, lorsque la police a dispersé des manifestants bloquant une route dans l’Etat d’Oaxaca (sud du Mexique). Les tirs contre les manifestants (enseignants, étudiants et parents d’élèves) qui bloquaient la route à Nochixtlán depuis une semaine ont fait six morts et plus d’une centaine de blessés. Huit membres de la police prétendent avoir été blessés par balle. Ailleurs dans la région, deux autres personnes, dont un journaliste, ont été tuées dans le cadre des blocages maintenus par les enseignants.

Dimanche, les autorités affirmaient que des tireurs «extérieurs» avaient visé aussi bien la police que la population. Mais, plusieurs agences ont publié des clichés montrant des policiers visant la foule à l’aide de fusils automatiques et d’armes de poing. Le gouvernement a d’abord tenté de contester l’authenticité de ces images, avant de soutenir qu’elles avaient été prises après les tirs meurtriers. Depuis que les professeurs sont entrés en résistance le 15 mai, des communautés entières se sont rangées à leurs côtés. Le syndicat CNTE, qui domine dans les Etats pauvres du sud, les parents d’élèves et les étudiants insurgés contre le gouvernement combattent la réforme éducative qu’ils dénoncent comme une tentative de dissolution du syndicat et de privatisation de l’éducation.

A Nochixtlán, au Nord-Ouest d’Oaxaca City, au Mexique, dimanche.

A Nochixtlán, au Nord-Ouest d'Oaxaca City, au Mexique, dimanche.

Deux jours après la manifestation nationale contre la loi Travail à Paris, un jeune docker du Havre (Seine-Maritime), âgé de 26 ans, était jugé en comparution immédiate, jeudi devant la 23e chambre du tribunal correctionnel de Paris. Il lui est reproché d’avoir jeté des projectiles sur les forces de l’ordre, et d’avoir résisté lors de son interpellation. Son interpellation a eu lieu pendant que le groupe de manifestants, où il se trouvait, était chargé et gazé par les forces de l’ordre. Ces derniers rejoignaient alors les bus. Il a été malmené à son arrestation (T-shirt déchiré, éraflures, plaies, hématomes) et placé 48 heures de garde à vue. L’audience a finalement été reportée au mercredi 27 juillet 2016, le mis en cause a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se rendre à Paris et de quitter le territoire national. Le parquet avait demandé une détention provisoire dans l’attente de son procès !

Les dockers à Paris

Les dockers à Paris

Au moins une personne a été grièvement blessée ce vendredi à Katougouma, localité minière située à 20 kilomètres du centre-ville de Boké, où les travailleurs d’une société sous-traitante étaient en grève. Les grévistes qui réclament de meilleures conditions de vie et de travail de la part de leur employeur, ont été dispersés de force par les services de sécurité. Il y a eu des affrontements au cours desquels les forces de l’ordre ont fait usage de matraques et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants. Au moins deux personnes ont été interpellées.

Une image de la grève

Une image de la grève

Nous avions expliqué le 12 juin que 5.000 enseignants grévistes sénégalais étaient menacés de licenciement par le gouvernement (voir notre article). Un accord entre les enseignants et le gouvernement a finalement été trouvé lundi lors d’une réunion avec le ministre de l’Éducation nationale. Non seulement il n’est plus question de licenciement mais les montants ponctionnés sur les salaires d’avril et de mai seront restitués avant la fin du mois de juin. Ces ponctions avaient frappé tous les enseignants, grévistes comme non-grévistes.

La grève des enseignants au Sénégal

La grève des enseignants au Sénégal