L’invasion turque qui a commencé hier à Jarabulus révèle l’objectif turc d’empêcher les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) de libérer plus de territoires à la frontière et de compliquer l’unification des cantons du Rojava. Les QSD ont parcouru 7 kilomètres au nord du front de Manbij en 24 heures et 7 autres kilomètres les séparent de Jarabulus. Une ligne de front s’est donc dessinée entre les combattants FSA et QSD. L’enjeu est énorme puisque les territoires qui seront pris par l’armée turque seront très probablement extrêmement difficiles à reprendre par la suite. Impossible de savoir si la course qui se joue à présent débouchera sur des affrontements entre les QSD et les groupes FSA soutenus par la Turquie (edit: Des combats auraient déjà eu lieu avec les Forces du Conseil Militaire de Jarabulus affiliées au QSD). Le PYD à déjà annoncé qu’il ne laissera pas faire. Les USA soutiennent l’opération turque. La ville de Jarabulus est « tombée » en quelques heures aux mains de l’armée turque et de la FSA, aucune vidéo, aucun usage d’explosif, aucune mine laissée derrière les djihadistes. La « libération » de Jarabulus par l’armée turque semble s’être faite sans aucune résistance de la part de Daesh.

Le champs de bataille complexe de Jarabulus

Le champs de bataille complexe de Jarabulus

À quelques kilomètres de Kobané, sur la rive occidentale de l’Euphrate, la ville de Jarabulus est aujourd’hui occupée par Daesh, après avoir été successivement occupée par l’Armée Syrienne Libre (FSA) et par le Front al-Nusra. La ville de Jarabulus est le principal point de passage djihadiste entre la Turquie et là Syrie, Erdogan a d’ailleurs toujours posé cette ville comme la frontière à ne pas franchir pour les YPG. La récente avancée des Forces Démocratiques Syriennes (QSD) à Manbij laisse Jarabulus comme une prochaine cible évidente (et apparemment fragile) dans la lutte contre Daesh. Ce 24 août, l’armée turque est massivement rentrée en Syrie avec 25 chars d’assaut dans une opération visant à rendre Jarabulus à la FSA, et surtout à la rendre imprenable pour les Forces Démocratiques. L’opération d’aujourd’hui est organisée conjointement par la coalition internationale (USA), l’armée turque et les groupes FSA soutenus par les deux précédents. Notons d’ailleurs le communiqué turc qui ne parle pas de Daesh mais de « groupes terroristes », l’opération a été baptisée « Boucliers de l’Euphrate ».

Edit: Des témoins dans les villes alentours affirment que l’opération n’est qu’un changement de drapeau, aucun civil ne fuyant la ville, aucune résistance de la part de Daesh,…

Edit 2: Sur la carte jointe on peut percevoir les enjeux que représente Jarabulus: la prise de Manbij a sérieusement rallonger la distance séparant Raqqa de la Turquie. La prise de Jarabulus par les QSD aurait été un sérieux coup porté à Daesh.

La route des aides djihadistes allant de Jarabulus à Al-Bab et de Al-Bab à Raqqa

La route des aides djihadistes allant de Jarabulus à Al-Bab et de Al-Bab à Raqqa

Un accord de cessez-le-feu a été conclu mardi entre le régime syrien et les forces kurdes après une semaine de combats meurtriers à Hassaka (voire notre article) sous les auspices des responsables militaires russes. L’accord prévoit que les forces du régime et les miliciens kurdes du YPG (Unités de protection du peuple kurde) se retirent de la ville et laissent le contrôle d’Hassaka aux Assayish (forces de sécurité du Rojava) et à la police gouvernementale.

Les Kurdes contrôlent aujourd’hui 90 % de cette ville tandis que les forces gouvernementales n’occupent que le centre où se trouvent les bâtiments gouvernementaux. Un échange de dépouilles, blessés et otages devrait également avoir lieu ainsi que l’ouverture de toutes les routes fermées par les combats. Dans lma ville, la situation est redevenue calme: des habitants s’étaient rendus au marché central pour faire des courses tandis que d’autres revenaient chez eux avec leur valises.

Les positions gouvernementales fortement réduites à Hassakah

Les positions gouvernementales fortement réduites à Hassakah

À Hasaka, l’une des deux villes du Rojava restée partagée avec le régime d’Assad, les YPG ont lancé tôt ce lundi une opération contre les forces loyalistes qui opèrent dans la ville (les milices NDF). Des tracts ont été distribués et les hauts-parleurs se sont allumés demandant aux milices « de rendre leurs armes ou de se compter pour mort », « à tous les éléments du régime, vous êtes là cible de nos unités ». Au cours de la nuit, les Asayish (forces de sécurité du Rojava) ont pris le contrôle de Ghwairan, un quartier arabe du régime. Ils s’apprêtent à présent à prendre le contrôle de Nashwa, au sud-est de la ville, où se trouve un complexe sécuritaire du régime.

Bataille de Hasaka

Bataille de Hasaka

Dans certains quartiers de Qamishlo et à Hassakah, des milices loyalistes du régime d’Assad gardent le contrôle. Une nouvelle escalade des tensions à Hassakah entre les Asayish (forces de sécurité des YPG) et les NDF (National Defence Forces, milices pro-Assad) ont conduit à des bombardements aériens sur des zones civiles ainsi que sur les batiments des Asayish de la part du régime qui a tué six civils et deux officiers kurdes. Le commandement YPG a promis de réagir à l’agression. Des sources confirmées affirment que ce sont les avions de la coalition qui ont éloigné ceux du régime.

Bombardements du régime à Hassakah

Bombardements du régime à Hassakah

Les Forces Démocratiques Syriennes ont achevé aujourd’hui samedi la libération de Manbij un peu plus de deux mois après avoir lancé leur offensive contre cette localité stratégique. Toute résistance organisée du Daesh a cessé et les combattants des QSD ratissent le centre-ville à la recherche des derniers djihadistes encore présents dans la ville. Les QSD avaient lancé le 31 mai une offensive visant à reprendre Manbij, qui était alors le principal carrefour d’approvisionnement de l’EI, de la frontière turque vers Raqa, sa capitale de facto en Syrie située plus à l’est.

La position stratégique de Manbij (ici transcrit Minbej)

La position stratégique de Manbij (ici transcrit Minbej)

La bataille de Manbij continue depuis le mois de juin, la progression dans la ville se fait mètre par mètre. L’Etat Islamique tient toujours le centre-ville mais une partie de ses combattants a été isolée et encerclée dans l’est de la ville. 90% de la zone serait à présent libérée, mais cela ne veut pas dire pour autant que la bataille est terminée.

Mise à jour 22h: Selon une source sûre, il ne reste en effet que 5 à 10% de la ville aux mains des islamistes.

Manbij, situation au 5 août

Manbij, situation au 5 août

Eylem Atas à été tuée le 27 juin dernier sur le front de Manbij , elle avait 23 ans et était membres des BÖG, l’une des composantes du Bataillon International de Libération. Eylem était d’origine turque, elle militait depuis des années à Cukurova, Istanbul et Ankara où la police lui avait fait perdre l’usage d’un oeil. Elle à milité pour les droits des Femmes, pour les droits des personnes LGBT, elle a manifesté dans la ville de Cizré rasée par l’armée turque. Son corps est à présent coincé à la frontière (probablement à Kobané), puisque la préfecture de Suruc refuse de la laisser entrer pour qu’elle puisse être enterrée à Cukurova.

Eylam Atas

Eylam Atas

Au moins 44 personnes ont été tuées et 140 blessées hier mercredi dans deux explosions provoquées par un attentat dans la ville de Qamichli, au Rojava. Il s’agit du plus gros attentat jamais perpétré dans la ville de Qamichli. Il a fait état de dégâts très importants et de corps ensevelis sous les décombres. L’attentat a été mené par un kamikaze qui s’est fait exploser à bord d’un gros camion près d’un point de contrôle proche des administrations de la zone autonome kurde dans la ville, dont l’organisme chargé des affaires de Défense. Cette explosion a provoqué celle d’une citerne de gaz. Les hôpitaux débordés par le grand nombre de victimes. Les forces du régime syrien contrôlent l’aéroport et certains quartiers de Qamichli. Le reste de la province fait partie de la zone autonome kurde et est défendue par les YPG et son équivalent féminin, les YPJ.

Le théâtre de l’attentat à Qamichli

Le théâtre de l'attentat à Qamichli