Dans la nuit du 19 au 20 septembre, des personnes se sont introduites dans le siège du « leader mondial des matériaux de construction » Lafarge-Holcim. Elles y ont placé un petit engin explosif en représailles aux impôts que cette société a payé à Daesh entre le printemps 2013 et l’automne 2014 pour que ses cimenteries situées à Jalabiya, près de Manbij, puissent continuer leurs activités. Lafarge-Holcim n’est que l’une des sociétés de la famille Schmidheiny dont la collaboration avec les djihadistes n’est qu’un exemple de barbarie parmi d’autres. Lafarge-Holcim a prétendu que les fonds dégagés devaient servir à « sécuriser le personnel », mais il est apparu clairement que les fonds ont été payés pendant plus d’un an et que le personnel n’a pas été évacué. Ce n’est que récemment que Daesh a été chassé de la région par les QSD. L’action a été revendiquée sur Indymedia Linksunten, le communiqué a été traduit en anglais ici.

Lafarge continue à faire du profit en Syrie, à l’aide de sa cimenterie

Lafarge continue à faire du profit en Syrie, à l'aide de sa cimenterie

La police des Pays-Bas va ficher les habitants soupçonnées de « sympathie » avec le PKK. Elle fera probablement de même avec le DHKP-C turc. La question de savoir si des policiers hollandais sympathisants du régime turc auront l’occasion de donner ces informations à Ankara a &été balayée d’un revers de main par un porte-parole déclarant qu’il avait « toute confiance dans les règles garantissant l’intégrité des agents de police ».

Dans un tout autre registre: le Ministre des Affaires Etrangères hollandais a rencontré le chef du KNC à La Hague ce jeudi. Le KNC (Kurdish National Council) est le parti kurde syrien lié au PDK irakien de Barzani, c’est donc le parti de la droite kurde très minoritaire au Rojava, régulièrement accusé de connivences avec le régime turc et affectionné par les forces de la coalition internationale (« contre Daesh ») qui verrait en lui un groupe « rebelle modéré » s’il n’était pas si minoritaire.

Réunion Pays-Bas et KNC à propos de

Réunion Pays-Bas et KNC à propos de

Les soldats turcs se sont attaqués aux manifestants qui s’étaient rassemblés du côté Rojava de la frontière pour protester contre le mur que la Turquie construit actuellement. Les soldats ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles réelles. Au moins une quarantaine de civils kurdes ont été blessés et au moins un manifestant de 17 ans est décédé d’une blessure par balle infligée par un soldat. Un second manifestant a très probablement été abattu même si la nouvelle n’a pas encore été confirmée. Les manifestants ne se laissent pas faire et lancent des pierres sur les forces turques qui approchent, les affrontements se poursuivent.

La Turquie attaque les manifestants à Kobané

La Turquie attaque les manifestants à Kobané

De hauts cadres militaires turcs ont annoncé que les combattants étrangers qui luttent aux côtés des YPG seraient combattus comme des « terroristes » et que ce qui pourrait leur arriver serait la responsabilité des gouvernements qui les auraient laissé passer en Syrie. Cette déclaration se fait alors que l’armée turque est rentrée en Syrie et qu’une nouvelle brigade (intégrée à l’IFB), la « Bob Crow Brigade » fait la une des journaux au Royaume-Uni en envoyant des messages à Owen Smith (un candidat à la tête du parti travailliste qui propose de « négocier » avec Daesh), lui disant « Tu veux parler à IS ? Dis ça aux martyrs de Manbij ».

Yasin Aktay (un porte-parole d’AKP) a lui déclaré « Il est difficile de comprendre ce qui pourrait les motiver. Ils sont dans l’illusion qu’ils vont aider à créer un petit état kurde séculaire pro-occidental au cœur des terres islamiques. Ces personnes sont soit motivées par la mentalité croisée, soit ce sont des agents secrets occidentaux qui veulent faire progresser le projet du PYD/YPG. Tous ces discours à propos de combattre Daesh ne font aucun sens« . Si le PYD n’est pas inscrit sur les listes antiterroristes européennes, certains pays -comme l’Espagne- ont choisi de considérer que le PYD était la même organisation que le PKK.

La Bob Crow Brigade

Le Conseil Militaire de Jarabulus (= les forces locales affiliées aux QSD) a signé un cessez-le-feu avec la Turquie et ses alliés lors de négociations tenues par la coalition internationale, le cessez-le-feu a pris effet à minuit. Le Conseil Militaire de Jarabulus est retranché derrière la rivière al-Sajur. Il a annoncé qu’il se retirait là pour protéger les populations civiles puisque la Turquie réplique en bombardant celles-ci. Le Conseil a également indiqué que le cessez-le-feu ne signifie pas que l’occupation est acceptée.

Mise à jour à 14h30: Un Ministre turc a nié l’information selon laquelle un cessez-le-feu aurait été négocié « Il est impossible pour Ankara de négocier un cessez-le-feu avec une organisation terroriste« .

Une vidéo montrant un char turc se prenant une roquette le 27 août:

Le Conseil Militaire de Jarabulus

Le Conseil Militaire de Jarabulus

L’opération turque en Syrie se poursuit. Ce 29 août, les troupes islamistes de la FSA soutenues par la Turquie ont repoussé les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) vers Manbij. Plusieurs combattants kurdes ont été capturés par les islamistes, d’autres ont été tués. Des dizaines de civils ont été massacrés dans des bombardements aériens de l’aviation turque, notamment sur le visage de Al-Kusa. Suite à ce bombardement (le 28 août), une équipe de quatre YPG a voulu se rendre sur place pour aider à évacuer les civils, ils ont été pris en embuscade à hauteur du pont de Qereqozax et ont été capturés.

A hauteur du front d’Afrin (le canton ouest du Rojava qui est isolé des deux autres), les Forces Démocratiques Syriennes ont pris la direction de Al-Bab également (c’est la course vers cette ville qui motive l’agression turque, voir notre article précédent). Trois villages ont été libérés de l’occupation de Daesh: Harbul, Tal Qarah et Hosh. Al-Bab se trouve à 30km du front d’Afrin et à 15km des forces QSD du front de Manbij. Les troupes FSA soutenues par la Turquie essaient donc à la fois de créer une zone tampon de Jarabulus à Marea (ils ont déjà pris ces deux villes), de couper la route du front d’Afrin à l’ouest et de couper la route du front de Manbij en tentant de reprendre cette ville que les QSD ont pris après des semaines de bataille contre Daesh et au prix de nombreuses vies.

Front de Manbij/Jarabulus au 30 août 2016

Front de Manbij/Jarabulus au 30 août 2016

Nous relayons ici le communiqué de soutien écrit par le Bataillon International de Libération au Rojava envers le prisonnier politique palestinien Bilal Kayed.

« La liberté vient en luttant pour elle

les révolutionnaires internationalistes qui combattaient côte à côte lors de la Commune de Paris, hier en Espagne et contre le sionisme en Palestine au côté du peuple palestinien, luttent aujourd’hui au Rojava contre le fascisme de Daesh derrière le slogan « Ensemble jusqu’à la victoire ».
Le Rojava est la Palestine. Ce sont les espoirs de liberté de tous les peuples arabes, kurdes, yézidis, et turkmènes, qui vivent sous l’oppression des fascistes de Daesh.
La victoire appartient à celles et ceux qui luttent pour la liberté et pour l’honneur.
Nous saluons l’appel aux actions de solidarité lancé par le FPLP pour Bilal Kayed et tous les prisonniers révolutionnaires.
Nous saluons les enfants de l’Intifada! Vive la résistance de la Palestine! Vive l’internationalisme!« 

Déclaration de soutien de l’IFB pour Bilal Kayed

Déclaration de soutien de l’IFB pour Bilal Kayed

Un soldat turc a été tué et trois autres blessés dans une attaque à la roquette contre deux chars participant à l’offensive turque dans le nord de la Syrie. Les blindés ont été touchés dans la région de Jarabulus, ville que les troupes de l’Armée Syrienne Libre (FSA) soutenus par la Turquie ont reprises mercredi à Daesh. Il s’agit du premier décès confirmé d’un militaire turc dans le cadre de cette opération sans précédent, déclenchée mercredi, contre les Forces Démocratiques Syriennes (QSD). L’armée turque a bombardé des positions du Conseil Militaire de Jarabulus, affilié aux QSD et composé de groupes locaux mais désigné par la Turquie comme « groupes terroristes kurdes ». Un peu plus tôt samedi, l’armée turque avait envoyé six nouveaux blindés en Syrie par le village de Karkamis, à la frontière turque. Après quatre jours d’opérations, elle dispose désormais de 50 chars et de 380 soldats dans ce pays.

Blindés turcs en route pour Jarablos

Blindés turcs en route pour Jarablos

Au troisième jour de l’opération « Boucliers de l’Euphrate », le véritable affrontement oppose de plus en plus clairement les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) à l’armée turque et à ses alliés. Hier, les YPG/YPJ, la composante kurde et principale des QSD ont annoncé qu’ils se retiraient à l’est de l’Euphrate pour laisser l’administration de Manbij à un pouvoir local, le Conseil Militaire de Manbij qui est affilié aux QSD. Les autres composantes QSD continuent à se déployer le long d’une ligne de front parallèle à la frontière turque, vers l’ouest, vers le canton d’Afrin. Les troupes turques et FSA suivant le même mouvement de l’autre côté de cette ligne.

Le véritable plan turc (mis au points depuis plus d’un an, nous vous en avions parlé en juillet 2015) est de créer une « zone tampon » le long de la frontière turque pour empêcher l’unification du Rojava. Cette zone s’étendrait de Jarabulus à Al-Bab, à travers le nord de la province d’Alep. La Turquie soutient dans l’opération plusieurs groupes de l’Armée Syrienne Libre dont la plupart sont affiliés à la chambre d’opération Fatah Halab (« Conquête d’Alep ») dont la Brigade Sultan Mourad (groupe turkmène qui tire son nom de l’empereur ottoman éponyme), Jahbat al-Sham, Ahrar al-Sham (qui décrivait ce matin à Jarabulus les Talibans comme un « modèle »), Faylaq al-Sham, Nour al-Din al-Zenki (qui s’était fait remarquer en filmant l’égorgement d’un jeune enfant « envoyé par Assad ») et une myriade d’autres groupes salafistes. Le tout est appuyé par les bombardements de la coalition internationale.

Des affrontements ont déjà opposé les troupes FSA aux QSD: des obus ont été tirés sur les QSD et des armes chimiques auraient été utilisées contre des civils kurdes. Il ne semble pas y avoir eu d’échanges de tirs directs jusqu’ici.

Situation à l’ouest de l’Euphrate au 26 août matin

Situation à l'ouest de l'Euphrate au 26 août matin