Depuis le coup d’Etat militaire de juillet 2013, la répression n’a pas cessé en Egypte: au moins 60.000 prisonniers politiques ont été incarcérés depuis 2013, plus de 2 800 disparitions forcées entre juillet 2013 et juin 2016, et au moins 44 cas de morts sous la torture entre août 2013 et décembre 2016. Bien au-delà des islamistes, la répression vise des militants de la gauche révolutionnaire, des défenseurs des droits humains ou encore personnes LGBTI ou assimilées comme telles.

Or, dans ce contexte, les exportations françaises d’armes vers Le Caire ne se sont, elles, jamais aussi bien portées. Certains de ces équipements sont amenés à servir à la répression en Egypte avec notamment les dispositifs de surveillance de l’Internet. Nexa Technologies – successeur d’Amesys, qui fait l’objet depuis six ans d’une information judiciaire après la plainte déposée par la FIDH et la LDH pour «complicité d’actes de torture en Libye» – a vendu un système d’interception des communications au régime. Ercom a elle aussi vendu une technologie de surveillance massive à l’Egypte et le groupe Thales serait actuellement en train de développer le système de surveillance de la nouvelle capitale voulue par Abdel Fattah al-Sissi. Onpeut aussi s’inquiéter de l’impact et de l’usage par le régime du système de cartes d’identité biométriques fournies par Idemia (ex-OT Morpho).

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La sureté de l’état a très récemment fait l’acquisition d’un nouveau logiciel capable de filtrer et d’analyser le trafic internet. Cette tâche était auparavant dévolue aux agents mais le logiciel sera capable de l’effectuer de manière automatisée et à plus grande échelle. Le logiciel sera également capable d’examiner le deep web et le dark web. La police fédérale pourra également en faire usage.

Le siège de la Sûreté de l’État

Le siège de la Sûreté de l'État

Des sas équipés d’un système de reconnaissance faciale sont désormais déployés dans les aéroports parisiens. Le durcissement des contrôles aux frontières avait provoqué à l’été 2017 une situation chaotique dans les aéroports français, en pleine saison touristique, avec de longues files d’attente. Le déploiement du systèmes Parafe (Passage Automatisé Rapide aux Frontières Extérieures), mais aussi de 300 policiers supplémentaires à Roissy et Orly, devrait fluidifier les contrôles tout en les maintenant au plus haut niveau.

Ces nouveaux sas, dans lesquels le visage du passager est scanné afin d’être comparé à la photo de son passeport, permettent un contrôle plus rapide que les précédents « Parafe » à contrôle digital: 10 à 15 secondes, contre 30 à 45 pour le contrôle des empreintes. De plus, 45% des passagers des aéroports parisiens sont éligibles à ce système de reconnaissance faciale -les ressortissants majeurs des pays de l’Union européenne, de Norvège, de Suisse ou encore du Liechtenstein-, alors que seuls 10% peuvent emprunter les sas de reconnaissance digitale. Quinze sas sont désormais opérationnels à Orly et 21 à Roissy. Il y en aura 95 à la fin de l’année.

Le système Parafe à Orly

Le système Parafe à Orly

Depuis quelques semaines, la préfecture de Paris teste un nouveau véhicule d’écoute (un monospace noir Volkswagen, à vitres teintées) classé secret défense. Ce véhicule utilise la technologie des « IMSI Catcher » qui simule une fausse antenne relais à laquelle les téléphones mobiles vont se connecter. Il serait capable d’intercepter les appels téléphonique, de lire les sms et le contenu des agendas électroniques ; des blocs notes ; des répertoires téléphoniques ; des contenus des mails et l’historique internet, dans un rayon de un kilomètre. Le véhicule est également capable de capter simultanément plusieurs conversations téléphoniques et de transmettre sur les téléphones portables de policiers.

Par ailleurs, la puissance d’écoute du véhicule implique des risques importants pour la santé des personnes se trouvant à proximité. L’utilisation des « Ismi Catcher » a été rendue légale pour une loi faites sur mesure en juillet 2015. Cependant ils étaient utilisés bien avant cette loi. Une application Android existe pour tenter de se prémunir de ces engins et de détecter leur présence. Voir pour cela l’article que nous avions rédigé en avril 2015.

Fonctionnement d’un IMSI Catcher

Fonctionnement d'un IMSI Catcher

La Chine développe de nouvelles armes portables laser, capables d’atteindre une cible à un kilomètre de distance, ou à travers un mur ou une fenêtre. Le ZKZM-500 cause une brulure et une douleur insoutenable et peut même incendier une personne si elle porte des vêtements inflammables, elle est portant classifiée comme une arme « non-léthale » et échappe ainsi à certaines réglementations contre les armes laser, autre échappée légale, le fait que le rayon soit invisible à l’œil nu et donc insensibles aux réglementations internationales interdisant les armes qui causent une cécité définitive. L’arme peut également déclencher une explosion dans un réservoir de carburants. L’arme pèse trois kilos (comme une AK-47) et peut être montée sur des voitures, bateaux et avions. L’arme est à présent prête pour la production de masse et sera donnée dans un premier temps aux unités anti-terroristes de la police chinoise. ZKZM, la société productrice de l’arme (propriété de l’Institut de Xian) est à la recherche d’un partenariat avec une entreprise qui détient une licence de fabrication d’armes afin de produire l’engin pour environ 15.000$ pièce.

Les armes seront fournies avec des batteries au lithium (comme dans les smartphones) leur permettant de tirer 1000 fois deux secondes. Même si l’arme causera une douleur très importante et une cicatrice permanente, un seul tir ne suffira pas à tuer une cible, mais plusieurs tirs au même endroit troueront le corps de la cible comme un scalpel. Les scientifiques responsables de ce projet trouvent qu’il serait inhumain de développer des lasers plus puissants que ceux là, à la place ils proposent plusieurs champs d’actions: comme immobiliser un preneur d’otages à travers un mur (sans pouvoir viser donc), ou comme incendier les banderoles de manifestants à distance, « les leaders des manifestations pourraient également être visés en incendiant leurs vêtements ou leur perruque afin de leur faire perdre le rythme de leur intervention ou leur pouvoir de persuasion ».

Les armes laser ont fait d’immenses progrès ces dernières années. Des armes similaires présentées aux USA en 2009 étaient incapables de passer les vêtements des cibles, demandaient d’énormes quantités d’énergie, étaient lourdes et difficile à manipuler, elles devaient fusionner plusieurs rayons laser émettaient sur des fréquences qui les rendaient visibles à l’œil nu.

ZKZM-500

ZKZM-500

L’entreprise américaine PepperBall a récemment annoncé qu’elle venait d’obtenir un contrat d’une valeur de 650.000 dollars pour livrer à l’US Army des armes non-létales. Le VKS tire des projectiles de la même nature que ceux utilisés pour le paintball. Sauf que, à la place de la peinture, ces cartouches contiennent de la nonivamide [ou vanillylamide de l’acide pélargonique – PAVA], c’est à dire une substance naturellement présente dans les piments. Une fois qu’ils ont été tirés, ces projectiles dégagent un « nuage débilitant » qui affecte les yeux et le système respiratoire. D’une portée d’environ 50 mètres, ce VKS a la même ergonomie qu’une carabine M4 ou qu’un fusil M16. En outre, il peut tirer jusqu’à 180 cartouches.

Un VKS

Un VKS

Des drones espions déguisés en faux pigeons surveillent les citoyens chinois. Ces oiseaux bioniques ont été conçus par des chercheurs de l’université polytechnique du Nord-Ouest de Xi’an, qui avaient déjà travaillé sur la création d’avions de combat furtifs utilisés par les forces aériennes chinoises. Chaque drone est équipé d’une balise GPS, d’une caméra haute définition, d’un système de pilotage à distance et d’une liaison satellite. Un petit moteur électrique permet également à ces faux oiseaux de battre des ailes. Extrêmement silencieux, ils ne peuvent pas non plus être repérés par l’oreille humaine.

Ces pigeons-robots survoleraient déjà, selon un quotidien de Hong Kong, cinq provinces du pays afin d’y surveiller les citoyens. Les autorités chinoises ont reconnu l’existence du programme tout en minimisant son importance. « Pour l’instant, le champ d’action reste restreint mais nous pensons que ce système a le potentiel pour être utilisé à grande échelle.« , a expliqué une professeure ayant travaillé sur le projet. Ce nouveau système de surveillance vient s’ajouter aux nombreux autres déjà en place dans le pays. D’ici 2020, la Chine désire d’ailleurs installer près de 600 millions de caméras de surveillance sur son territoire.

Le pigeon-robot

Le pigeon-robot

Fin mai 2018 l’entreprise Amazon avait vendu son logiciel de reconnaissance faciale « Rekognition » à la police d’Orlando. Ce logiciel peut identifier les objets, les personnes, le texte, les scènes et les activités, ainsi que détecter tout contenu dit « inapproprié ». Il est ainsi capable de reconnaître un individu parmi des milliers de clichés ou vidéo (voir notre article).

Ce vendredi, un groupe d’employés d’Amazon ont écrit une lettre au chef de l’entreprise Jeff Bezos, pour lui demander d’arrêter de vendre ce type de logiciels à la police. Ces employés estiment que, au vu de la militarisation de la police états-unienne; des attaques contre les militants noirs et les déportations des migrants, il serait dangereux de mettre un tel outil de surveillance entre les mains du gouvernement.

Ces employés espèrent obtenir les mêmes résultats que les employés de Google qui avaient obtenus la fin du partenariat entre leur entreprise et le Pentagone concernant l’amélioration de drones (voir notre article).

caméra vidéosurveillance

caméra vidéosurveillance

Les négociateurs du Parlement européen et des Etats membres ont adopté mardi trois règlements visant à développer le système d’information Schengen (SIS), une base de données policière regroupant plus de 70 millions de signalements introduits par 30 pays européens. Le SIS a été créé en 1995 pour contribuer à maintenir la sécurité intérieure, mais aussi à combattre la criminalité transfrontalière et la migration irrégulière dans l’espace Schengen (26 pays dont 22 membres de l’UE).

De nouvelles ‘alertes’ sur les menaces terroristes et les enfants en danger seront notamment ajoutées dans le SIS. Les règles convenues comprennent également un volet visant à améliorer le retour des migrants en situation irrégulière, avec entre autres adopté une obligation pour les pays d’enregistrer dans le SIS toutes les décisions de retour émises. Des règles renforcées sur la protection des données, notamment davantage de moyens de contrôle pour les autorités de protection des données, sont aussi prévues dans le compromis, qui améliore en outre l’accès au SIS pour Europol et l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. L’accord va désormais devoir être adopté de façon formelle par la commission des libertés civiles, le Parlement dans son ensemble et le Conseil avant de pouvoir entrer en vigueur.

L’espace Schengen aujourdhui (en orange, les futurs membres)

L'espace Schengen aujourdhui (en orange, les futurs membres)

Atelier collectif au Steki (6 Rue Defnet, 1060 Saint-Gilles), avec Secours Rouge, le mardi 19 juin à 20h.

Nous recenserons ensemble les différentes applications de messagerie sécurisée qui existent sur smartphones (celles qui nous semblent valables, au moins) et nous nous les présenterons mutuellement : comme elles fonctionnent, leur usage, les principes sur lesquels elles reposent, leurs forces, leurs faiblesses, …

Ce sera l’occasion d’échanger sur nos pratiques en terme de confidentialité des échanges. Ce sera aussi le moment de nous demander quoi penser de l’idée même d’une messageries sécurisée sur des smartphones, qui sont notoirement peu sûrs. En fin de compte faisons-nous bien de les utiliser ? Si oui, dans quelles conditions, et quelles sont leurs limites ?

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