Les États-Unis ont annoncé jeudi désigner quatre mouvements antifascistes et/ou anarchistes en Allemagne, Italie et en Grèce comme étant des “organisations terroristes”, dans le cadre de l’offensive menée par le président Donald Trump contre la mouvance antifa. Cela vise “Antifa Ost” en Allemagne, la FAI/FRI italienne et deux groupes révolutionnaires de Grèce : la Justice Prolétarienne Armée et Autodéfense de classe révolutionnaire. Ces forces seront considérées comme “organisations terroristes étrangères, à compter du 20 novembre”, selon un communiqué du secrétaire d’État américain Marco Rubio. Selon Washington, ces groupes adhèrent “à des idéologies anarchistes ou marxistes révolutionnaires, notamment l’anti-américanisme, l’anticapitalisme et l’antichrétienté, qu’ils utilisent pour inciter et justifier des agressions violentes aux États-Unis et à l’étranger”. La désignation comme “organisation terroriste étrangère” rend les membres du groupe inéligibles à entrer aux États-Unis, gèle tous les actifs qu’ils pourraient y détenir et interdit de leur fournir un soutien matériel.

Dans un geste à portée symbolique, Donald Trump a instauré aux États-Unis une « Semaine de l’Anticommunisme », présentée comme un hommage aux victimes des « régimes totalitaires » et comme une mise en garde contre les idéologies de gauche. Signée le 7 novembre, mais couvrant la période du 2 au 8 novembre, cette proclamation présidentielle revêt avant tout une dimension politique. Donald Trump affirme que cette lutte idéologique demeure d’actualité : « De nouvelles voix répètent aujourd’hui de vieux mensonges, les enveloppant dans le langage de la « justice sociale » et du « socialisme démocratique » », a-t-il déclaré.

Tarek Bazrouk est un Palestinien de 20 ans originaire de New York qui était en détention provisoire depuis plusieurs mois (voir notre article). Le 28 octobre dernier, il a été condamné à 17 mois de prison fédérale, assortis de trois ans de mise à l’épreuve, suite à des accusations fédérales liées à des manifestations en faveur de la Palestine. Selon la défense, le temps déjà passé en détention pourrait ramener la peine effective à environ 11 mois. Ses avocats ont demandé son transfert vers la prison de Fort Dix (New Jersey), afin qu’il puisse rester proche de sa famille et bénéficier d’un suivi psychiatrique adapté. Le parquet fédéral avait réclamé une peine de 36 mois, mais cette demande a été rejetée après une forte mobilisation des soutiens venus en nombre assister à l’audience au tribunal fédéral de Pearl Street, à New York.

Le 7 novembre, Joseph « Shine White » Stewart a été transféré à la prison centrale de Raleigh, probablement à l’unité médicale. Il est en grève de la faim depuis plus de 30 jours (voir notre article). Il a indiqué qu’il ne s’alimenterait pas tant qu’il n’aura pas la confirmation de son transfert hors de la région Ouest. Une manifestation de soutien à Shine et à tous les détenus victimes de traitements inhumains de la part du Département correctionnel de Caroline du Nord est organisée le 14 novembre prochain. Le rassemblement débutera à 16h30 devant le bâtiment Randall, situé au 831 W Morgan St., à Raleigh, en Caroline du Nord. Ce bâtiment abrite la Division des prisons, la branche du Département correctionnel de Caroline du Nord qui contrôle directement le quotidien de Shine White et de plus de trente mille autres personnes incarcérées.

Le 15 octobre, le bureau du procureur général des États-Unis a inculpé Daniel Sanchez, un artiste de Dallas, pour avoir transporté « une boîte contenant de nombreux documents Antifa ». Bien qu’il était à distance d’une manifestation, il a été arrêté deux jours plus tard. Les autorités lui reprochent uniquement d’avoir déplacé une boîte contenant des documents et tracts politiques — en réalité, de simples fanzines et brochures. La situation est particulièrement grave pour Daniel Sanchez, titulaire d’une carte verte, dont le statut de résident permanent légal le rend vulnérable à des poursuites fédérales et à une possible expulsion. Le gouvernement a d’ailleurs exploité cette position : l’agence ICE a publié sur ses réseaux sociaux son statut migratoire, sa photo et ses informations personnelles. Les publications de l’ICE confirment que l’objet de l’inculpation n’est qu’une boîte de documents politiques, criminalisée pour son contenu. Sous l’administration Trump, ce type de procédure laisse entendre que la simple possession d’écrits politiques pourrait exposer à des poursuites fédérales et à l’expulsion.

En 2016, Jessica Reznicek a participé à des actions pour empêcher la construction du Dakota Access Pipeline en démantelant des équipements de construction et des vannes du pipeline. En 2021, elle a été condamnée à 8 ans de prison avec une aggravation pour « terrorisme ». En 2022, une cour d’appel a confirmé sa condamnation (voir notre article). Fin octobre 2025, elle est sortie de prison fédérale et purge ses deux dernières années de détention dans un centre de semi-liberté à Des Moines.

Sa nouvelle adresse : Jessica Reznicek · c/o Fresh Start Women’s Center (Women’s Residential Correctional Facility) · 1917 Hickman Rd · Des Moines, IA 50314

Dans le comté de Washtenaw, situé aux États-Unis, un collectif de personnes s’est attribué la responsabilité de la destruction d’une caméra de surveillance de la marque Flock. Dans leur communiqué de revendication, ils ont également mis en avant une brochure explicative détaillant les caractéristiques de ces caméras ainsi que leur rôle central dans la surveillance numérique et la collecte de données privées (voir ici).

Emprisonné aux Etats-Unis depuis 2001 pour des activités criminelles, Joseph « Shine White » Stewart s’est politisé en détention et il est devenu un militant connu pour son activisme en prison et ses efforts pour organiser et sensibiliser sur les conditions de détention et les droits des prisonniers. Le 7 octobre, il a été transféré de la prison de Foothills à celle de Marion en raison de son militantisme. À son arrivée, il a été maîtrisé, aspergé de gaz lacrymogène, électrocuté au visage avec un taser, et battu par des gardiens, subissant des blessures à l’épaule et aux côtes. Cela vient s’ajouter aux blessures existantes infligées par les gardiens à Foothills, pour lesquelles il a été privé de soins médicaux, en plus de la négligence médicale continue pour ses problèmes de santé chroniques préexistants. En réponse, Shine a entamé une grève de la faim le 11 octobre, s’affaiblit de jour en jour et a été transféré à l’hôpital le 28 octobre. Il exige d’être transféré hors de la juridiction de la directrice régionale de l’Ouest, LaDonna Browning, responsable de cette répression accrue, et de recevoir les soins médicaux appropriés. Il demande aux soutiens d’intensifier leurs appels.

Jakhi McCray est un militant pro-palestinien et abolitionniste de New York et du New Jersey. Il est poursuivi par les autorités fédérales pour avoir prétendument incendié des véhicules de police. Jakhi s’est rendu à la police le lundi 21 juillet 2025. Le lendemain, il a été libéré grâce au paiement d’une caution de 300 000 dollars. Depuis, il est assigné à résidence à son domicile familial dans le New Jersey. À 21 ans, Jakhi est accusé d’un crime passible d’une peine minimale de 5 ans d’emprisonnement et d’une peine maximale de 20 ans. Suite à l’annonce de la grève de la faim de prisonnières pro-palestiniennes au Royaume-Uni (voir notre article), il a publié une déclaration saluant l’initiative.

Je souhaite à ces prisonniers beaucoup de courage et de force dans leur lutte pour leurs revendications. Afin d’attirer l’attention et de témoigner de ma solidarité envers leur action, j’entamerai dans quelques jours un jeûne durant lequel je ne mangerai rien jusqu’à la fin de la grève des prisonniers britanniques. J’ai la chance d’être assigné à résidence, ce qui rendra ce jeûne moins éprouvant que de se laisser mourir de faim dans les geôles de l’État, mais je vois ce jeûne de solidarité comme un excellent moyen de faire connaître davantage le mouvement « Prisonniers pour la Palestine » et d’accroître la pression sur le gouvernement britannique.
Je demande également que tous les dons collectés pour moi durant cette période soient reversés à Shine White, prisonnier et citoyen de New Afrika, qui observe une grève de la faim depuis plusieurs semaines pour protester contre la répression et les violences ciblées dont il est victime au cœur même du système carcéral [voir ici]. J’adresse tout mon soutien à Shine et aux prisonniers britanniques. Nous serons tous libres un jour.

Larry Bushart, sexagénaire, conducteur d’ambulance et ancien policier, n’a rien d’un activiste. Il a simplement posté un meme sur Facebook, dans un groupe rendant hommage à Kirk, montrant une photo de Trump, assorti d’une citation du président: “We have to get over it”(“Il faut tourner la page”). Ce sont les mots qu’il avait employé un an plus tôt, à propos d’une nouvelle tuerie dans une école de l’Iowa. Une citation que l’ancien policier avait accompagnée des mots “This seems relevant today” (“Cela semble pertinent, aujourd’hui”). On était le 21 septembre, Charlie Kirk avait été assassiné 11 jours plus tôt, et une cérémonie d’hommage était organisée au State Farm Stadium de Glendale, en présence de plus de 100.000 personnes, dont l’ensemble de l’administration Trump.

L’homme est arrêté et accusé… d’inciter à la violence de masse, et plus particulièrement dans les écoles. Il a passé cinq semaines en prison, puis a été libéré lorsque cette  accusation a été abandonnées du jour au lendemain. De nombreux états-uniens ont été victimes de pressions pour avoir remis en question le narratif de l’assassinat de Charlie Kirk par l’administration Trump, ou dénoncer les positions d’extrême-droite de Kirk. L’affaire est symptomatique du climat qui règne aux États-Unis. Le vice-président J. D. Vance a appelé les états-uniens à dénoncer tout commentaire ou comportement “problématique” en rapport avec l’assassinat de Charlie Kirk. Larry Bushart a perdu son travail suite à cette affaire.