La répression des étudiants pro-palestiniens a mis en lumière la politique sécuritaire des universités américaines. L’une des plus grandes universités publiques du pays, l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign (UIUC), poursuit actuellement des manifestants dans des campements en utilisant des preuves issues de logiciels d’espionnages. Sa police, le département de police de l’Université de l’Illinois (UIPD) disposait d’un budget total de 13,5 millions de dollars pour l’exercice 2022-2023. 2 300 caméras sont actuellement installées sur le campus. L’université a récemment obtenu une subvention fédérale de près d’un million de dollars pour la création d’un « centre de lutte contre la criminalité en temps réel » qui permet de visionner les caméras de surveillance, d’effectuer des recherches dans les bases de données et d’utiliser des lecteurs de plaques d’immatriculation. L’UIPD a envoyé des photos d’un étudiant manifestant au Centre de renseignement et de lutte contre le terrorisme de la police d’État de l’Illinois, qui les a analysées par un logiciel de reconnaissance faciale.

Depuis au moins 2021, l’Université de l’Illinois a conclu un contrat avec Cellebrite, l’entreprise israélienne  de technologies de surveillance. L’université a renouvelé son contrat en novembre 2024, pour l’utilisation des logiciels Digital Collector et Inspector (un outil qui recherche l’historique Internet, les téléchargements, les localisations, les recherches récentes, etc.) pour 17 464,40 $. Ce renouvellement de contrat intervient après plus d’un an de génocide à Gaza et est en opposition directe aux préoccupations des étudiants, qui tentent d’obtenir depuis 2020, en vain, un référendum sur le boycott académique d’Israël. L’université est donc une cliente fidèle d’une entreprise complice des violations des droits humains en Palestine et ailleurs. Cellebrite a récemment vendu pour 54 millions de dollars d’outils à l’ICE, qui peuvent être utilisés pour la répression migratoire de Trump.

Ce mardi 1er avril, le ministère de la justice a ordonné aux procureurs de demander la peine de mort contre Luigi Mangione. Arrêté le 9 décembre, il est accusé d’avoir exécuté cinq jours plus tôt, en lui tirant dans la tête en pleine rue à New York, le directeur général d’UnitedHealthcare, premier assureur santé privé du pays, Brian Thompson. La ministre , Pam Bondi, a déclaré avec insistance que « ce meurtre était un acte de violence politique ». L’avocate de Luigi, Karen Friedman Agnifilo, a, elle aussi, qualifié de « politique » la « décision » du gouvernement américain d’appeler à « exécuter Luigi [Mangione] », qui bénéficie depuis son arrestation, d’un mouvement de soutien sur les réseaux sociaux et lors de ses comparutions où des dizaines de personnes l’accompagnent pour dénoncer les « injustices » de l’assurance santé privée. Ils accusent les assurances santé de privilégier leurs profits au détriment des soins et de refuser des remboursements ou de faire traîner les procédures en longueur. Une politique santé qui met à mal beaucoup de personnes qui éprouvent des difficultés financières pour se soigner ou suivre des traitements médicaux onéreux. 


Le Service de police du Nunavik (SPN) souhaite s’équiper d’une nouvelle technologie de capteurs biométriques afin de surveiller les signes vitaux des personnes incarcérées dans une cellule. Le porte-parole du SPN a exposé que ces capteurs doivent aider à faire la différence entre quelqu’un qui est endormi et quelqu’un inconscient suite à un problème de surdose (cinq personnes sont mortes d’une intoxication à l’alcool dans les cellules des postes de police du Nunavik depuis 2017). Mais l’usage de cette technologie est susceptible de s’élargir avec le monitoring H24 en temps réel d’une population carcérale.

La police de Las Vegas a arrêté un homme soupçonné d’avoir attaqué un centre de service Tesla plus tôt ce mois-ci avec des cocktails Molotov, qu’il aurait utilisés pour incendier plusieurs véhicules. Paul Hyon Kim, 36 ans, détenu au centre de détention du comté de Clark, fait face à de multiples chefs d’accusation, notamment d’incendie criminel et de destruction ou de dégradation de biens immobiliers ou personnels. Près de 20 showrooms et bornes de recharge Tesla ont été la cible d’incendies volontaires (voir nos articles). Hier était d’ailleurs une journée internationale d’action contre Elon Musk . Des rassemblements ont eu lieu devant quelque 200 concessions Tesla des Etats-Unis et d’Europe.

EDIT (31 mars) : Les attaques contre Tesla se poursuivrent. La borne de rechargement Tesla de Saint-Chamond, a été incendiée. Un tag signe l’action:  « Campagne anti-Tesla, borne to burn » (en savoir plus).

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Les autorités ont révoqué plus de 300 visas étudiants en guise de sanction pour activisme pro-palestinien. Le secrétaire d’État Marco Rubio a confirmé ces chiffres lors d’une conférence de presse. Le cas le plus récent concerne Rumeysa Ozturk, boursière turque à l’Université Tufts, arrêtée par l’ICE ( United States Immigration and Customs Enforcement ) après avoir co-écrit une tribune pro-palestinienne pour le journal de son université (article ici ). Le Département de la Sécurité intérieure affirme qu’elle a « soutenu le Hamas », sans fournir aucune preuve, ni l’inculper. Une autre arrestation avait déjà eu lieu le 9 mars, Mahmoud Khalil, un des responsables des manifestations étudiantes sur le campus de l’université Columbia à quant à lui été arrêté par le Department of Homeland Security (DHS) accusé « de mener des activités liées au Hamas ». (voir article ici ). Tous deux étaient détenteurs de visas permanents. Une fois le visa retiré, le séjour aux États-Unis devient illégal, les autorités ont alors le droit d’expulser ces étudiants.

Une autre étudiante pro-palestinienne arrêtée aux États-Unis. Rumeysa Ozturk, doctorante à Tufts, université privée près de Boston (Massachusetts), syndicaliste et défenseure de la Palestine, a été arrêtée par l’ICE ( United States Immigration and Customs Enforcement ) agence de police douanière et de contrôle des frontières. Ses avocats n’ont pas été informés de son lieu de détention , ni autorisés à la contacter, une procédure opaque, similaire à celle de Mahmoud Khalil, titulaire d’une carte verte, lui aussi visé pour son activisme (lire notre article). L’administration Trump cible les critiques du génocide israélien, les voix pro-palestiniennes sont de plus en plus réduites au silence.

Les républicains de l’État de l’Arkansas veulent interdire aux mineurs d’avoir des coiffures qui ne “correspondent” pas à leur sexe. Ce projet fait partie d’une loi plus large qui interdirait “d’inciter consciemment les jeunes à une transition en termes d’identité de genre”. Toute personne responsable d’un tel “changement”  devrait payer des dommages et intérêts allant de 10.000 à 10 millions de dollars, selon le type de transition envisagé, avancent les défenseurs de cette nouvelle loi.

Les traitements hormonaux pour transition de genre seront punis plus sévèrement, mais, la “transition sociale” fait également partie de ce plan “tout acte par lequel un mineur adopte ou embrasse une identité de genre différente de son sexe biologique”,  y compris “les changements de vêtements, de pronoms, de coiffures et de nom”. Ce projet de loi HB1668, est mieux connu en Arkansas sous le nom de “Loi sur la protection des jeunes vulnérables”. Comme exemple, quiconque ferait à une fille mineure une coupe de cheveux courte “pour homme”, serait en infraction. Selon la loi, des poursuites pourront être intentées jusqu’à vingt ans après les faits.

La proposition doit encore être examinée par la Chambre des représentants de l’État, détenue aux trois quarts par les républicains. Les groupes de défense des droits civiques, les éducateurs et les défenseurs des droits LGBTQIA+ affirment qu’ils continueront à lutter contre ce projet. L’Arkansas est depuis longtemps un État engagé dans la restriction des droits des personnes trans. En 2021, il est devenu le premier État à interdire les soins de réassignation sexuelle pour les mineurs. Cette loi a été annulée par un juge fédéral en 2023. Un recours en appel est actuellement en cours.

Pour faire face à une hausse des sabotages ciblant les véhicules Tesla, la firme tente de renforcer la sécurité embarquée du Cybertruck. Le nouvel objectif : rendre les tentatives de destruction aussi désagréables que bruyantes. Sans communiqué officiel, une nouvelle fonctionnalité a récemment été repérée sur la page «produit» du véhicule. Actuellement, le mode sentinelle (Sentry Mode) permet à l’aide de caméras externes, d’enregistrer les comportements suspects, de déclencher une alarme, de faire clignoter les phares et d’envoyer une notification à distance via l’application mobile. Désormais, si une menace est détectée, le Cybertruck pourra diffuser de la musique à volume maximal pour faire fuir le saboteur. Cette nouveauté pourrait exploiter les puissants haut-parleurs extérieurs du véhicule, Tesla ne précise pas quel niveau sonore sera atteint. La totalité du parc automobile devrait par la suite être équipé de cette «arme» inédite. Elon Musk a aussi récemment ordonné l’activation du mode sentinelle sur tous les véhicules exposés dans les magasins de la marque. Certains actes de destruction ont suscité des réactions vives, allant jusqu’à être qualifiés de “terrorisme” par le président américain qui a proféré des menaces à l’encontre des saboteurs ( notre article ici ).

L’université de Columbia va se plier aux exigences de l’administration Trump dans l’espoir de « peut-être » récupérer les centaines de millions de dollars de subventions gelées. Le président avait fait de l’institution une cible critiquant sa gestion du mouvement étudiant pro-palestinien après l’arrestation de Mahmoud Khalil, un des responsables des manifestations étudiantes pro-palestiniennes ( lire notre article ici ). Il lui aura suffi de couper 400 millions de dollars à Columbia pour que l’Université dise oui aux réformes telles que : la création d’une force de sécurité interne, 35 agents spéciaux seront chargés de faire régner l’ordre sur le campus, réforme des règles de manifestation étudiantes avec notamment l’interdiction du port du masque, adoption d’une définition précise de l’antisémitisme. Vient ensuite, la nomination d’un « surveillant » à la tête du département d’études sur le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est et l’Afrique que le gouvernement souhaitait placer sous tutelle académique. Ces concessions sont dénoncées par une partie des professeurs et certaines organisations de défense des libertés académiques. D’autres universités pourraient céder face aux menaces de coupes budgétaires.


Evoquant les militants anti-Tesla, le président Trump a déclaré “J’ai hâte de voir les voyous terroristes prendre 20 ans de prison pour ce qu’ils font à Elon Musk et Tesla. Ils pourraient peut-être purger leur peine dans des prisons du Salvador, qui sont récemment devenues célèbres pour leurs conditions si accueillantes!”, une allusion à une récente expulsion controversée de membres présumés d’un gang vénézuélien vers le Salvador, dont les autorités ont diffusé des images montrant des prisonniers durement traités au cours de leur transfert.

La ministre américaine de la Justice Pam Bondi a annoncé jeudi l’inculpation de trois personnes pour avoir incendié des voitures et des bornes de recharge avec des cocktails Molotov. “Ceci est un avertissement: si vous participez à cette vague de terrorisme intérieur contre les biens de Tesla, le ministère de la Justice vous mettra derrière les barreaux”, a menacé la ministre qui a déclaré que trois suspects encouraient jusqu’à vingt ans de prison. Outre Lucy Nelson, (voir notre article) et Adam Matthew Lansky (voir notre article), la menace vise à Daniel Clarke-Pounder, 24 ans, inculpé suite à l’incendie au cocktails Molotov de bornes de recharge Tesla à North Charleston, en Caroline du Sud. La déclaration de Bondi fait suite au dernier incident au cours duquel cinq véhicules Tesla ont été incendiés mardi matin dans un centre Tesla à Las Vegas (photo).

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