Le débat s’est élargi après notre dénonciation des positionnements collabo de certains groupes et réseaux « indignés » (lire notre position). Il y a eu de claires (et moins claires) démarcations d’avec la volonté délatrice du noyau espagnol et de certains de leurs partisans belges (notamment dans le legal team, suivre ici le débat). Mais l’attitude du service d’ordre « indigné » protégeant DEXIA contre des manifestants (voir ici la vidéo), puis désignant publiquement ceux qui avaient shooté dans la porte de la banque, a confirmé le Secours rouge dans son choix.

Depuis vendredi, la centaine d’ouvriers de l’usine chimique Ineos à Feluy est en grève pour dénoncer les blocages dans les négociations d’une nouvelle convention collective. Après avoir mis en sécurité l’usine (qui est classée Seveso 2), ils ont donc arrêté le travail et installé un piquet. Mais 46 ouvriers ont vu débarquer la police à leurs domiciles privés pour les réquisitionner au travail, les menaçant de peine de prison en cas de refus. La direction justifie cette mesure par le fait qu’il faut garantir la sécurité de l’usine. Quatre ouvriers par pause, et donc douze par jour, ont été forcé de reprendre le travail, malgré que l’usine ait déjà été sécurisée vendredi. Le reste du personnel a maintenu le piquet ce lundi devant l’usine où ne pénètrent que les ouvriers réquisitionnés, mais les syndicats ont déjà introduit un recours au Conseil d’Etat pour annuler cet ordre de réquisition: ‘Ce sont des mesures tout à fait disproportionnées par rapport au droit de grève qui est un droit inaliénable pour les travailleurs‘.

Une manifestation avait lieu hier après-midi au centre fermé 127bis, à Steenokerzeel. 200 à 300 manifestants s’étaient rassemblés pour la fermeture du centre. Le première enceinte a été cisaillée et les manifestants ont ensuite défoncé un des battants de la porte principale. Il n’y a eu aucun affrontement direct avec la police, les policiers se limitant à « faire masse » derrière la porte défoncée pour empêcher l’entrée des manifestants dans le centre. Aucune arrestation n’a eu lieu lors de la manifestation ni, semble-t-il, par la suite.

Voir le (mini) sujet sur la VRT

Voir le fil de la manif sur indymedia

Mercredi, un groupe ‘d’indignés’ a mené une action de protestation devant et au rez-de-chaussée du siège de Dexia. La police est rapidement intervenue pour empêcher leur entreprise et évacuer le bâtiment après les avoir assis au sol et menotté. L’une des manifestantes a été victime coups porté par un policier en civil alors qu’elle était assise par terre. Blessée, elle a été emmenée à l’hôpital. La vidéo, filmée par un témoin, a rapidement été postée sur YouTube, et vendredi, le policier identifié sur les images a été brièvement interpellé et suspendu de ses fonctions. Un PV pour coups et blessures volontaires a été dressé à son encontre et il a été mis à disposition du parquet.

Tel qu’en lui même, accueillant des positionnements politiques différents, le Secours Rouge n’avait pas à se prononcer sur le mouvement des « indignés ». A titre individuel ou dans le cadre de leurs autres engagements politiques, certains des membres du SR ont gardé une distance critique, d’autres se sont impliqués, en participant notamment à l’occupation du « carré Moscou ».
Avec l’arrivée des « indignés », le SR a veillé à remplir son rôle anti-répression en produisant et en faisant traduire un guide juridique pour préparer les marcheurs étrangers à la réalité répressive belge. De la même manière, nous avons participé à l’atelier sur le thème de la répression. Et c’est là que cela s’est gâté…

Dans la perspective de la manifestation du 15 octobre, un représentant des marcheurs de Madrid a refusé l’idée de limiter les photographes à l’intérieur de la manifestation. Il a justifié cela de trois manières: 1° les images assurent la popularité du mouvement, 2° elles montrent la transparence du mouvement, 3° elles permettent à la police d’identifier les « casseurs ». Ce troisième point était revendiqué et assumé. Pire encore, il était question « comme en Espagne » de se préparer à isoler/dénoncer les « casseurs » en faisant un cercle autour d’eux pour les signaler à la police.

Le dernier texte posté sur Indymedia nous éclaire sur la base politique de cette logique collabo: «L’idée étant de dépasser la question de la mentalité supposée anti-police pour une compréhension effective du droit de chacun, policier et citoyen compris. Éviter dans la mesure du possible les situations critiques. (…) Les policiers sont un ordre, les manifestants un autre, il faut installer un espace intermédiaire. »

Nous pensons que les policiers sont/représentent/défendent un monde, et que nous sommes/représentons/défendons un autre, que ces mondes sont inconciliables, et que l’espace occupé par l’un est forcément un espace conquis sur l’autre. Il ne s’agit pas d’une « mentalité anti-policière », il s’agit d’une analyse politique du rôle de la police dans une société: perpétuer l’ordre existant. Nous refusons de travailler avec des délateurs et ces policiers bénévoles, et nous nous retirons de l’atelier « legal team ».

Toutefois, nous savons qu’au-delà du noyau madrilène-collabo (et de quelques-uns de ces supporters belges), un grand nombre des personnes attachées au mouvement des « indignés », et qui refusent la violence politique, rejettent l’idée de dénoncer les « casseurs ». Et nous voulons croire qu’ils seront en majorité à la manifestation du 15 octobre. Que ceux-là sachent (et les « casseurs »  aussi…) que notre sortie de l’atelier « legal team » des « indignés » ne nous empêchera pas d’être présents pour soutenir tout militant confronté à la répression.

Le Secours Rouge,
Bruxelles, 13 octobre

Ce mercredi 12 octobre, le Secours Rouge vous invite à venir assister à la projection du documentaire ‘Les raisons de la colère’. Celui-ci traite des désordres civils et de leur recrudescence en ce début de 21ème siècle. Des journalistes sont allés à la rencontre de jeunes qui ont pris part à ces révoltes afin d’entendre leur discours et de les laisser partager leurs aspirations et leurs réflexions. Rendez-vous au Dolle Mol, rue des Eperonniers ce 12 octobre à 20h30.

Affiche Cinéclub

Affiche Cinéclub

Un juge d’instruction de Marche en Famenne a pris dans son collimateur un membre de Désobéissance Civile suite à un affichage massif dans les Ardennes. De manière tout à fait inhabituelle, l’activiste n’est pas seulement poursuivi pour l’art. 526. du code pénal (qui concerne la « dégradation » du mobilier urbain par ces affiches), mais aussi pour infraction au décret sur la presse de 1831. Pour rappel, ce Décret stipule que « Quiconque aura méchamment ou publiquement attaqué la force obligatoire des lois, ou provoqué directement à y désobéir, sera puni d’un emprisonnement de six mois à trois ans. Cette disposition ne préjudiciera pas à la liberté de la demande ou de la défense devant les tribunaux ou toutes autres autorités constituées. »

Plusieurs centaines d' »indignés » s’étaient rassemblés hier soir à l’intérieur du parc Elisabeth, à Koekelberg, y dressant des tentes. A 22 heures, la police avait décidé de procéder à leur évacuation, arrêtant 48 d’entre eux. D’autres « indignés » avaient auparavant accepté de quitter le parc dans la soirée, pour se rendre dans les locaux de l’HUB mis à leur disposition par la commune

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La police municipale de Koekelberg a détenu à 11h30 une personne qui n’était pas en possession de ses papiers parmi les 7 qui se trouvaient dans le parc Elisabeth, tous les groupes qui se formaient dans le parc en ont été systématiquement expulsés depuis hier. En application de la décision communale qui interdit la réunion de plus de 5 personnes dans les espaces publics sans autorisation préalable de manifester, décision prise en raison de l’arrivée des « indignés ». Un fort dispositif de police a été vu depuis ce matin dans la zone de la basilique, en face du parc composé de maîtres chiens, police montée, autobus pour détentions massives, etc…