La journée de mobilisation d’hier samedi était la deuxième de la semaine, après celle de jeudi. A Paris, les manifestants en tête d’un pré-cortège, essentiellement composé de personnes vêtues de noir et cagoulées ainsi que de gilets jaunes, ont brisé des vitrines sur le trajet du cortège reliant la place de la Nation à celle de la République. Des projectiles ont été lancés en direction des forces de l’ordre qui ont tiré du gaz lacrymogène. Des pavés ont été descellés ; une agence bancaire HSBC et plusieurs magasins ont été saccagés. Au cours des heurts qui ont éclaté au niveau de l’avenue Daumesnil, dans le 12e arrondissement de la capitale, certains manifestants criaient « LBD », en référence aux tirs de lanceurs de balle de défense responsables de graves blessures lors de précédentes manifestations.

L'agence HSBC, avenue Daumesnil, attaquée hier par les manifestants

 

Vendredi 10 janvier à Albi, plusieurs dizaines de manifestants en lutte contre la réforme des retraites ont fait un barrage filtrant à la sortie d’un centre de tri postal. Un jeune syndicaliste de 20 ans a été interpellé et placé en garde à vue pendant 4 heures pour « obstruction de la voie publique ». Dès l’interpellation, une cinquantaine de militants solidaires ont manifesté devant le commissariat jusqu’à la libération du militant. Celui-ci a refusé de signer le procès verbal et de donner son ADN.

 

Rassemblement de soutien à Albi au militant interpellé.

Mercredi 8 janvier, la cour d’appel de Toulouse a confirmé le non-lieu en faveur du gendarme qui a tué Rémi Fraisse à l’aide d’une grenade offensive au barrage de Sivens en 2014. Les magistrats de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse ont donc suivi les conclusions des juges d’instruction qui avaient rendu, en janvier 2018, une ordonnance de non-lieu en faveur du militaire, tout comme l’avis de l’avocat général qui avait demandé la confirmation de cette décision, au mois d’octobre dernier.

La confirmation de ce non-lieu ferme la porte à tout futur procès, la procédure en restant donc au stade de l’instruction écrite et secrète. La reconstitution ainsi que l’audition du préfet, demandées par l’avocat de la famille, n’auront ainsi jamais lieu. En parallèle de l’appel sur l’ordonnance de non-lieu, la famille du militant décédé avait entamé une première procédure devant la cours constitutionnelle dénonçant une «justice d’exception» pour les gendarmes, qui relèvent d’une juridiction spécialisée en matière militaire. La cours de cassation avait cependant balayé ces arguments (voir notre article). La famille du militant va désormais tenter un appel devant le Cour européenne des droits de l’Homme.

Manifestation hommage à Rémi Fraisse.

Manifestation en hommage à Rémi Fraisse.

Dossier(s): France - Autres sujets Tags:

Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé à Paris, ce jeudi 9 janvier, contre la réforme des retraites. Il y a eu des dizaines de blessés, essentiellement aux abords de la place Saint-Augustin dans le 8e arrondissement, où était censé se disperser le cortège vers 17 heures. Vers 16h30, les forces de l’ordre ont répondu à des jets de projectiles par des charges et des tirs de gaz lacrymogène. Plusieurs vitrines de commerces et Abribus ont été brisés. Des dizaines de milliers de manifestants ont aussi défilé en province. À Amiens, les manifestants étaient entre 5.000 et 10.000 selon les syndicats. Dans le cortège, plusieurs entreprises privées du département étaient présentes comme Dunlop, Bonduelle et Stelia. Des gaz lacrymogènes ont été tirés pour empêcher les manifestants d’avancer. Un envahissement des voies a eu lieu en gare de Bordeaux en fin de cortège dans l’après-midi. Quatre interpellations ont eu lieu sur l’ensemble de la manifestation. A Rouen, un homme a été blessé à coups de matraque dans la manifestation, les policiers ayant chargé dans le cortège, dans la rue Jeanne d’Arc. A Toulouse, des affrontements ont éclaté un peu avant 17h, à hauteur de Jean Jaurès. Plusieurs manifestants ont été interpellés.

Les affrontement de ce jeudi à Paris

 

Du 9 au 20 décembre 2019, le tribunal de Narbonne jugeait 31 Gilets Jaunes pour le saccage incendiaire d’un péage à Narbonne la nuit du 1er au 2 décembre 2018 (voir notre article). À cette occasion les locaux de la gendarmerie et ceux de la société Vinci avaient été incendiés et pillés par une foule de 200 personnes. Le jugement a été rendu le 7 janvier. Sur les 31 personnes qui ont comparu devant le tribunal, 21 ont été condamnées à une peine de prison ferme et trois d’entre elles ont fait l’objet d’une demande d’incarcération immédiate, deux autres ont été maintenues en prison (soit deux mandats de dépôt, deux maintiens en détention et un mandat d’arrêt). Kevin, 29 ans, a écopé de la peine la plus lourde, c’est-à-dire cinq ans de prison car il aurait ayant été le conducteur de l’engin qui a servi à projeter un véhicule en feu sur la barrière de péage, ce qu’il nie. Les avocats des autres 48 parties civiles, en majorité des gendarmes qui avaient évacué les locaux face à la foule, avaient demandé des réparations solidaires de quelque 700 000 euros. Les jugements sur les dommages et intérêts ont été renvoyés au 12 mai.

Les bâtiments incendiés

Bad Citizen, une application contre la répression policière en France, vient d’être créée et mise à disposition pour smartphones. Il s’agit d’un guide de poche qui résume ce qu’il faut savoir quand on se retrouve aux mains de la police et de la justice, des réponses simples à l’essentiel des questions juridiques les plus courantes. Il s’agit d’une réponse au renforcement de la répression policière et juridique ces dernière années. Cette application permet d’en savoir plus sur les cadres légaux régissant la répression même si la police et la justice ne les respectent pas toujours. Elle a été conçue et réalisée par des personnes impliquées depuis plusieurs années dans des collectifs contre les violences policières dans les quartiers, de soutien juridique auprès de manifestant·es ou de soutien des blessé·es par les armes de la police. Bad Citizen est gratuite, accessible depuis le Google Playstore, en téléchargement direct et bientôt sur l’Applestore.

Contact : badcitizen@riseup.net //

Plus d’infos ici.

Bad Citizen

Bad Citizen

Dossier(s): France - Autres sujets Tags:

En grève depuis plus d’un mois contre la réforme des retraites, les différentes organisations syndicales de cheminot·e·s organisent un concert de soutien jeudi 9 janvier à partir de 16H (20 avenue de Lyon 31500 Toulouse). Au programme restauration chaude, buvette et plusieurs groupes de musique.

Par ailleurs, le syndicat Sud Rail Midi Pyrénées a mis en place une caisse de grève en ligne pour soutenir les cheminot·e·s grévistes (voir ici).

 

Des manifestations ont eu lieu ce samedi 4 janvier partout en France pour demander le retrait de la réforme des retraites, à l’appel des unions départementales CGT, FO, Solidaires et FSU.  A Paris, après l’arrivée du cortège sur la place de la Bastille, des projectiles ont été lancés sur les forces de l’ordre, qui ont répliqué avec des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont ensuite repris leur route, en direction de la place de la République où des grenades lacrymogènes ont à nouveau été tirées. Les manifestants ont une nouvelle fois repris leur route en direction de la gare de l’Est. Là, des manifestants vêtus d’un gilet jaune ont tenté de forcer le portail pour entrer dans le hall de la gare, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre. Des gendarmes mobiles barraient les accès de la gare, tandis que des manifestants jetaient des projectiles et déplaçaient des barrières de chantier. Des grenades lacrymogènes ont à nouveau été tirées. Les personnes massées devant la grille – environ une centaine – ont par la suite été encerclées par des CRS. Alors que la manifestation était terminée, des manifestants sont entrés dans la gare de du Nord peu après 17h. Comme pour l’épisode de la gare de l’Est, les forces de l’ordre sont rapidement intervenues, comme le montrent des vidéos postées sur les réseaux sociaux. Dans les rues alentours, quelques poubelles ont été renversées, et d’autres mises à feu. Des grenades lacrymogènes ont été tirées par les forces de l’ordre.

Des manifestations ont eu lieu dans d’autres villes (Marseille, Rouen, Le Havre, Rennes, Caen, Nimes, Strasbourg, etc.). A Toulouse, plusieurs dizaines de « gilets jaunes » sont entrés dans la gare Matabiau et certains ont bloqué des rails en soutien aux cheminots grévistes. Des opérations « péages gratuits » ont eu lieu samedi matin dans plusieurs villes : Vinci Autoroutes a fait état de manifestations au péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, mais aussi à Perpignan, Nîmes, Béziers et Carcassonne.La grève dans les transports, SNCF et RATP, est entrée ce samedi dans son deuxième mois, une durée inégalée qui a dépassé le précédent record de 28 jours consécutifs, établi en 1986-87. Une intersyndicale CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU demande le retrait de la réforme des retraites, qui prévoit la fusion des 42 régimes existants en un seul, universel et par points. Une prochaine manifestation est prévu le 9 janvier, ainsi qu’une autre, deux jours plus tard, le samedi 11 janvier.

Manifestants de la RATP à Paris hier samedi

Vendredi 3 janvier, un Gilet Jaune, placé en détention provisoire à la prison de Villeneuve-lès-Maguelone depuis le 25 novembre 2019, a été condamné à trente mois de prison, dont six avec sursis et mise à l’épreuve. Il sera donc emprisonné deux ans au total. Sur la base d’une déclaration anonyme, le tribunal de grande instance de Montpellier l’a jugé coupable de destruction de biens par moyen dangereux, en l’occurrence d’avoir brûlé une voiture de police municipale lors de l’acte 43 des gilets jaunes, le 7 septembre 2019. Cette voiture avait été incendié à l’aide d’un fumigène qui avait pu être introduit dans la voiture par une fenêtre brisée par des jets de pierres de manifestant·es. Une vingtaine de personnes étaient présentes à l’audience pour soutenir le prisonnier. Elles ont été évacuées après avoir exprimé leur colère suite à l’annonce de la condamnation, après avoir été menacées par le juge de poursuite pour outrage.

Plus d’infos ici.

Voiture de police municipale incendiée le 7 septembre à Montpellier lors de l'acte 43 des gilets jaunes

 

Le format de la carte d’identité française va changer d’ici 2021. Elle devra se conformer aux standards européens et ainsi être réduite au format d’une carte de crédit (comme le nouveau permis de conduire). Si la France change son format afin de se conformer à la réglementation européenne adoptée le 20 juin dernier, c’est également l’occasion d’améliorer la sécurité des nouvelles cartes. Il faudra ainsi fournir une photographie et deux empreintes digitales, lesquelles seront stockées sur « une puce sans contact » intégrée à la carte. Les démarches en ligne devraient notamment être facilitées du fait de cette fameuse puce. Cette puce permettra également de renforcer la sécurité aux frontières, notamment car il sera bien plus difficile de falsifier une carte.

Cartes d'identité françaises