Des milliers de manifestants sont descendus hier dans les rues d’Athènes et de Thessalonique pour exprimer leur colère contre de nouvelles mesures d’austérités (réduction de pensions et augmentation de taxes) imposées à la Grèce par ses créanciers de l’UE et du FMI. La grève du mercredi a coupé le trafic maritime pour une deuxième journée alors que des douzaines de vols devaient être annulés. A Athènes, la police a utilisé des gaz lacrymogènes contre des manifestants qui jetaient des cocktails Molotov et qui tiraient des feux d’artifices.

Les affrontements hier mercredi à Athènes

Les affrontements hier mercredi à Athènes

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Le 10 mars 2010, le militant anarchiste et membre de Lutte Révolutionnaire, Lambros Foundas, était abattu par la police à Dafni pendant l’expropriation d’un véhicule nécessaire à une action de son organisation. En hommage, les résidences des policiers Efthimis Efthimiadis, via Kiprou 20 à Agios Pavlos et Ilias Hadjis via Papanastasiou 17 à Sikies, Thessalonique, ont été attaquées à l’aube du 9 mars par l’organisation Action Anarchiste.

Lambros Foundas

Lambros Foundas

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Le siège du parti néonazi Aube Dorée à subi de gros dégâts suite à une attaque à la barre de fer, vendredi matin, à Athènes. L’attaque s’est déroulée en pleine heure de pointe sur la grande avenue où l’immeuble d’Aube Dorée fait face à l’Ecole de police. Faute d’avoir pu forcer l’entrée blindée du siège du parti, les assaillants ont endommagé la librairie-boutique d’Aube Dorée, au rez-de-chaussée, aspergeant aussi la façade de peinture rouge. La police, rapidement arrivée sur les lieux, a interpellé onze personnes mais les a finalement relâchées.

La librairie des fascistes après l'attaque

La librairie des fascistes après l’attaque

Des agriculteurs, venus principalement de l’île de Crète, se sont affrontés hier mercredi avec les forces de l’ordre lors d’une manifestation contre l’augmentation des cotisations sociales et de l’imposition de leurs revenus. Environ un millier d’agriculteurs s’étaient rassemblés tôt manifester devant le ministère de l’Agriculture protégé par d’importantes forces policières. Les incidents ont commencé quand des hauts responsables du ministère ont refusé de rencontrer une délégation des manifestants. Certains agriculteurs ont brisé avec leurs bâtons les vitres de deux fourgonnettes de la police, déclenchant les affrontements. Les agriculteurs réclament le retrait de nouvelles mesures de rigueur, votées l’année dernière par le gouvernement de gauche, sous la pression des créanciers, UE et FMI. Ces mesures comprennent une réforme de la sécurité sociale et de l’imposition.

Les incidents hier à Athènes

Les incidents hier à Athènes

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Des militants antifas se sont affrontés hier avec des policiers et des fascistes au palais de justice à Athènes, lors du procès contre le parti Aube Dorée poursuivi pour plusieurs crimes (y compris le meurtre en septembre 2013 du rappeur Pavlos Fyssa) faisant de lui une organisation criminelle. Parmi les éléments à charge, un concert de 2005 où étaient présents de nombreux dirigeants d’Aube Dorée, à l’occasion duquel était brandi un drapeau hitlérien et appelé à l’extermination des Juifs (voir ici la vidéo).

À 8h30 du matin donc, environ 50 antifascistes sont venus d’une station de métro à proximité du palais de justice, mais les policiers ont refusé de les laisser entrer, bien qu’il reste encore quelques sièges dans la salle d’audience. Entre 15 et 20 militants antifa étaient à l’intérieur du bâtiment, et quand les policiers ont laissé un groupe de fascistes. Les affrontements ont alors commencés, les policiers anti-émeute s’alliant aux fascistes pour repousser les antifas hors de la salle.

Les affrontements au Palais de justice d'Athènes

Les affrontements au Palais de justice d’Athènes

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Hier samedi 21 janvier, plusieurs centaines de personnes ont participé à une rassemblement et une marche de solidarité avec les membres de Lutte Révolutionnaire. Avant la marche, des prises de parole ont eu lieu au point de concentration, à Monastiraki, où des extraits d’un texte de Pola Roupa ont été lu. Les manifestants ont emprunté l’itinéraire Athena-Stage-Constitution-Propylées. Pendant le parcours, des tracts ont été distribués et lancés, des slogans ont été scandés et peints sur les murs, des affiches ont été collées, etc.

Les manifestants solidaires, hier à Athènes

Les manifestants solidaires, hier à Athènes

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Suite à l’arrestation de Pola Roupa (et de Constantina Athanasopoulos), elle et Nikos Maziotis ont été entendus au procès d’appel de Lutte Révolutionnaire. Il s’agit du procès d’appel de la « première période » de Lutte Révolutionnaire, qui s’étendait de 2003 à 2012. Nikos et Pola étaient assis côte à côte dans le tribunal et ont lu un manifeste dans lequels ils déclarent que « les arrestations ne gêneraient pas l’organisation dans sa guerre contre le capitalisme et l’establishment« . Pola a fait une déclaration supplémentaire concernant l’emprisonnement de son fils (dont Nikos est le père) dans laquelle elle s’adressait aux agents de la police antiterroriste: « peu importe le nombre d’années. Je sortirai d’ici et je vous arracherai le coeur pour avoir emprisonné mon fils dans un hopital psychiatrique alors qu’il était en parfaite bonne santé« . Nikos de son côté à déclaré que « ces arrestations ne veulent rien dire. Nous poursuivrons par d’autres moyens et nous finirons par sortir« .

Pour rappel et résumé: (voir également notre page spéciale) l’organisation a été active dès 2003. Alors qu’elle comptait une vingtaine d’actions révolutionnaires (contre des banques, tribunaux, ministères, etc…) le combattant Lambros Foundas est abattu le 10 mars 2010 lors d’une fusillade entre la police et l’organisation à Dafni. Un mois plus tard, des perquisitions font suite à la mort de Lambros et font 6 arrestations. Parmi eux, trois militants revendiquent leur appartenance à l’organisation Lutte Révolutionnaire: Nikos Maziotis, Pola Roupa et Costas Gournas. Après 18 mois de détention, le chaos bureaucratique qui règne en Grèce (où les grèves d’avocats font suites à celles de fonctionnaires,…) a raison de leur enfermement, et malgré le niveau des actions de l’organisation, les trois sont relâchés dans l’attente de leur procès car la durée de détention dépasse la limite légale. C’était en 2012, c’est à cette époque que l’interview « Il n’y a d’autre fin que la révolution » était enregistrée par une délégation du Secours Rouge International. Durant les semaines qui les séparent de leurs procès, Nikos et Pola organisent conférences et meetings et créent l’agitation autour de l’affaire. Et finalement, le 15 juin 2012, ils disparaissent dans la nature avant la clôture du procès qui déboucherait immanquablement sur des condamnations à des très longues peines. Ils ont été condamnés en leur absence à 50 années de prison. C’est de ce procès dont un énième appel commençait ce mardi 17 janvier à l’occasion de l’arrestation de Pola. Suite à leur passage à la clandestinité, Lutte Révolutionnaire reprend ses activités et attaque le 10 avril 2014 la Banque de Grèce à l’aide d’une voiture piégée remplie d’explosifs. L’attaque fait d’énormes dégâts et aucun blessé. Le 16 juillet 2014, Nikos est arrêté au hasard d’un contrôle d’identité qui évolue en fusillade en plein quartier touristique. Il est gravement blessé et laissé à l’agonie de longues minutes sur le trottoir. Il est immédiatement emprisonné et reprend aussitôt son activité politique en initiant un immense mouvement de prisonniers contre la réforme des prisons en Grèce qui vise le mouvement révolutionnaire. Le mouvement débouche sur une grève de la faim en mars 2015, et cette grève aboutit à une victoire: les prisons spéciales pour prisonniers politiques (type c) sont abolies et les autres revendications sont toutes au moins partiellement approuvées. En février 2016, Pola Roupa, toujours clandestine, détourne un hélicoptère afin de tenter de faire évader Nikos et les autres prisonniers politiques emprisonnés à Korydallos. La tentative échoue car le pilote de l’hélico (ancien policier) était armé, ce qui n’a pas empêché une fusillade en plein vol. Enfin, le 5 janvier, Pola est arrêtée avec une autre combattante de l’organisation.

Au minimum deux procès sont donc à prévoir: le procès d’appel de la première période qui a commencé ce mardi, ainsi que le procès du détournement de l’hélico. D’autres procès suivront probablement, comme celui de l’attaque de la Banque de Grèce et tous les procès d’appel.

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Pola Roupa et Constantina Athanasopoulos, combattantes de Lutte Révolutionnaire arrêtées ce 5 janvier ont été toutes deux hospitalisées ce dimanche. Avec Nikos Maziotis (déjà incarcéré) elles sont immédiatement entrées en grève de la soif pour réclamer la libération de Lambros Viktoras, le fils de 6 ans de Pola et Nikos, arrêté également le 5 janvier et détenu depuis. Pola et Constantina subissent actuellement des tests pour estimer leur état de santé. Pour la troisième journée consécutive, les prisonniers de Koridallos se sont révoltés en solidarité.

Mise à jour 19h20: Il semblerait que le procureur ait ordonné la libération de Lambros Viktoras peu avant 19h avec exécution immédiate, il sera confié à sa grand-mère. L’information doit être confirmée

Mise à jour 22h: L’enfant a effectivement été confié « temporairement » (pour une durée de 6 mois renouvelable) à sa grand-mère. Il a pu quitter l’hopital. Pola, Constantina et Nikos ont mis fin à leur grève de la soif et de la faim.

Nikos Maziotis, Pola Roupa, Constantina Athanasopoulos

Nikos Maziotis, Pola Roupa, Constantina Athanasopoulos

Solidarité avec Pola et Constantina

Solidarité avec Pola et Constantina

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Constantina Athanasopoulos, la femme de 25 ans qui a été arrêtée lors de la même opération que celle qui visait Pola Roupa, a publié une déclaration sur Indymedia. Elle y revendique son appartenance à l’organisation Lutte Révolutionnaire et elle déclare qu’elle est immédiatement entrée en grève de la faim et de la soif aux côtés de Nikos et Pola pour réclamer la libération de leur enfant, Lambros Viktoras. A 6 ans, il est surnommé par certains médias mainstream « le plus jeune prisonnier politique du monde », il a été détenu au siège de la police antiterroriste d’Athènes et serait à présent confiné dans une aile pour enfants d’un hopital psychiatrique. Pola, Nikos et Constantina sont donc tous trois en grève de la soif pour qu’il soit confié à la famille de Pola. Nikos et Pola (désormais tous deux enfermés à Koridallos) ont formellement fait cette demande dans une lettre ouverte.

De nombreuses actions solidaires ont été menées: il faut d’abord noter que la question de l’enfermement de Lambros Viktoras scandalise bien au-delà du milieu anarchiste grec. Le 6 janvier, les vitrines d’un bureau de Syriza ont été brisées en solidarité avec Constantina et Pola. Ce 7 janvier à l’aube, des anarchistes ont occupé d’autres bureaux de Syriza dans l’intention de les détruire, mais ont décidé de se limiter à de la « décoration interne » (sic) car des personnes endormies ne pouvaient pas être évacuées. A Kavala, de nombreux graffitis ont fleuri sur les murs. Dans la journée de ce samedi, des cocktails molotov ont été lancés à Exarchia sur des véhicules de la brigade de répression du banditisme, sans faire de blessés.

A Bruxelles, une soirée de solidarité aura lieu ce mercredi 11 dès 19h au Sacco-Vanzetti, 54 Chaussée de Forest. Plus d’infos ici.

Vidéo de l’arrestation de Pola:

Solidarité à Zurich

Solidarité à Zurich

L'arrestation de Pola Roupa

L’arrestation de Pola Roupa

Nikos Maziotis et Pola Roupa (qui a été arrêtée ce matin) se sont mis en grève de la faim et de la soif pour réclamer que leur fils de 6 ans -qui a été arrêtée ce matin en même temps que Pola et trois autres personnes- soit confiée à la famille de Pola. Les déclarations de Pola et Nikos ont été traduites sur les réseaux sociaux (merci au traducteur).

Déclaration de Pola
Je suis et je serai jusqu’à ma mort l’ennemi sans repentance du système. Ils mettent maintenant l’enfant au milieu de cette guerre et l’utilisent en représailles pour se venger plus encore de moi. Ils ont enlevé mon enfant et je ne sais pas où il se trouve depuis ce matin où ils nous ont arrêtés. Nous sommes en guerre. C’est un fait. Cependant le fait faire la guerre à mon enfant en refusant de me l’ammener, que je le voie et en refusant de le confier immédiatement à ma famille et en menaçant de le confier à un organisme constitue le fait le plus méprisable de cette guerre. Ceux qui se trouvent dans les mécanismes étatiques sont des ordures car ils combattent un enfant de 6 ans. Et je veux dire que je commence immédiatement une grève de la faim et de la soif dans le but que l’enfant soit confié à ma mère et ma soeur. En ce qui me concerne je reste leur ennemi jusqu’à ma mort et ils ne me feront jamais plier. Vive la révolution.

Déclaration de Nikos

Après l’arrestation de Pola Roupa, la juge pour enfant Nikoulou a refusé de confier la garde de notre fils de 6 ans aux proches de Pola, leur interdisant même de le voir, et sans porter connaissance à notre avocat du lieu où il se trouve.
L’état a en substance enlevé notre fils, il se venge de nous pour les choix de lutte que nous avons fait, ceux de la lutte armée. Les infâmes organes de l’état, les sbires des créanciers, du mémorandum légal et constitutionnel, s’en prennent à un enfant de 6 ans pour se venger de nous, parce que nous avons choisi la lutte armée, parce que nous ne sommes pas restés pour nous jeter nous même en prison, parce que nous sommes entrés en clandestinité et parce nous nous sommes attaqués à cette annexe de la banque centrale européenne, la banque nationale de Grèce ainsi qu’au bureau du représentant permanent du FMI.
Les pratiques de la juge Nikolou sont similaires à celles d’époques anciennes comme l’étaient à l’époque les Paidoupoleis* de la reine Fredérika pour les enfants des partisans lors de la guerre civile. Notre fils est l’enfant de deux révolutionnaires et il est très fier de ses parents. Aucun chantage ne nous fera plier. Nos choix, nous les défendons à l’aide de nos propres vies.
A partir d’aujourd’hui je commence une grève de la faim et de la soif avec ma compagnon, avec pour revendication que notre fils soit confié à sa famille.
La révolution armée de ceux d’en bas est la seule solution.
* Les « παιδουπόλεις της Φρειδερίκης » étaient des organismes créés par la reine Frederika en 1947 et où furent emmenés de nombreux enfants de partisans entre autres.

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