Entre juillet et août, toutes les mesures de contrôle judiciaire qui restaient à la charge de huit inculpés et inculpées de l’opération Scripta Scelera déclenchée le 8 août 2023 contre le bimensuel anarchiste Bezmotivny ont été révoquées. Le procureur Manotti, de la Direction anti-mafia et antiterrorisme du district de Gênes, avait demandé dix mesures de détention préventive pour dix prévenus et obtenu, de la part du Juge des libertés, neuf mesures de contrôle judiciaire : les arrestations domiciliaires avec toutes les restrictions pour quatre d’entre eux et l’interdiction de sortie de la commune de résidence, avec interdictions de sortir de chez soi la nuit, pour cinq autres (pour l’un d’entre eux, cette mesure a déjà pris fin le 29 mars, car sa durée maximale avait été atteinte). De plus, pendant cette procédure, il y a eu plusieurs durcissements de ces mesures, ainsi que, récemment, des atténuations.

Avec une ordonnance du 10 juillet, le juge d’instruction du tribunal de Gênes a levé de l’obligation de pointer chez les policiers, pour trois inculpés et ensuite, début août, l’obligation de pointer pour une autre inculpée, a été levée aussi. Ces quatre mesures avaient été imposées par le juge en mai, en remplacement des précédentes. Les 22 et 23 août, le juge du tribunal de Massa, a ordonne la levée de l’interdiction de sortir de la commune de résidence, assortie à l’obligation de pointer tous les jours, pour les quatre derniers inculpés encore soumis à des mesures de contrôle judiciaire (les quatre inculpé.e.s dans le procès en cours à Massa). La prochaine audience du procès est fixée pour mardi 8 octobre, au tribunal de Massa.

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Leonardo Bertulazzi, un ancien responsable des Brigades rouges, a été arrêté jeudi 29 août en Argentine, où il vivait. Cette arrestation fait suite à la révocation de son statut de réfugié par le gouvernement argentin de Javier Milei et aux demandes répétées d’extradition de l’Italie. Le septuagénaire, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international pour homicide, attentat et séquestration, aurait appartenu à la section génoise « 28 Mars » des Brigades rouges. En fuite depuis 1980, Bertulazzi a été reconnu coupable d’avoir participé à l’enlèvement de l’ingénieur naval Piero Costa à Gênes en janvier 1977. Costa, membre d’une des plus riches familles d’armateurs génois, avait été libéré après le payement d’une rançon de 1,5 milliards de lires qui a servi à financer la guérilla. Une partie de cette rançon aurait été utilisée, selon les enquêteurs italiens, pour acheter l’appartement à Rome où Aldo Moro avait été retenu prisonnier avant son exécution. En 1987, Bertulazzi est condamné par contumace à une peine cumulée de vingt-sept ans de réclusion pour association subversive et appartenance à une bande armée. En 2022, il avait déjà été arrêté à Buenos Aires, avant d’être libéré quelques mois plus tard. La première ministre Meloni s’est félicitée pour cette arrestation.

Leonardo Bertulazzi, ex-membre des Brigades rouges

Leonardo Bertulazzi, ex-membre des Brigades rouges

La canicule a empiré les conditions déjà inhumaines dans les prisons italiennes (surpopulation, manque d’eau et d’hygiène, insalubrité) causant plusieurs suicides ainsi que des morts suspectes (officiellement aussi des suicides). Face à cette situation, des émeutes ont éclaté dans plusieurs prisons (Sollicciano à Florence, Viterbo, Turin, Trieste,…). La répression de ces émeutes a fait plusieurs blessés. Par ailleurs, une personne, Ernesto Mari est morte dans la prison de Trieste au cours d’une révolte qui y a éclaté le jeudi 4 juillet. Les autorités prétendent qu’il s’agirait d’une overdose.

Revolte dans la prison de Sollicciano à Florence

Revolte dans la prison de Sollicciano à Florence

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La militante antifasciste italienne Ilaria, sous procès et menacée de prison en Hongrie car accusée d’avoir attaqué des néo-nazis, sera bientôt libre grâce à l’immunité obtenue en étant élue eurodéputée. Ilaria était assignée à résidence à Budapest après de longs mois en détention, a obtenu plus de 160.000 voix lors des européennes en Italie et siègera désormais au Parlement européen.  “L’antifascisme n’est pas qu’une valeur humaine ou une vision politique, c’est aussi une communauté de résistance et de solidarité. Nous avons démontré que la solidarité n’est pas un mot vide de sens mais quelque chose de concret et de tangible. Une puissance qui, stimulée par la foi et la volonté, peut réellement améliorer le monde”, a-t-elle réagi. “Alors que la droite radicale progresse à travers toute l’Europe, il devient nécessaire de se battre pour changer radicalement les choses. Moi, je suis prête à faire ma part”.L’enseignante était la candidate d’un petit parti, Alleanza Verdi e Sinistra (Alliance des Verts et de la gauche), qui a obtenu près de 6,7% des voix. Elle a obtenu 127.137 voix de préférence, un score inimaginable pour une nouvelle candidate, largement supérieur, par exemple, à celui de l’ancien président du Parlement européen et actuel ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani. Une fois officiellement proclamée députée, son avocat nous demandera aux juges hongrois sa libération. La législation européenne prévoit “l’exemption de toute forme de détention et la suspension des poursuites pénales” pour les parlementaires.

Des heurts ont eu lieu à Rome entre la police et un cortège des étudiants pro-palestinienne de l’université La Sapienza. Ce bloc faisait partie d’une manifestation plus large organisée par des syndicats et des organisations politiques de gauche. Certains étudiant·es se sont écartés de l’itinéraire autorisé et sont entrés en contact avec un cordon de police en tenue anti-émeute donnant à des affrontements. La police a fait usage de gaz lacrymogènes.

Affrontements entre des étudiants pro-palestiniens et la police à Rome

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La 14 mai à l’aube, à Padoue, la police a perquisitionné les domiciles de plusieurs membres du collectif communiste Levante, en arrêtant trois d’entre eux et en les emmenant au poste de police (ils ont été relachés quelques heures plus tard) En outre, le local ouvrier « Il picchetto » a également été perquisiotnionné, sur la surveillance des unités « celere » (police anti-émeute). Divers matériels, dont des banderoles et des drapeaux, ont été saisis. La raison cet opération policière est l’accusation portée contre les militants de  ce collectif de taguer les murs de la ville. Ce collectif a été ces derniers mois au centre des manifestations de solidarité avec la résistance palestinnenne et il a soutenu, ces derniers jours, les manifestations étudiantes contre la guerre et les accords entre les universités et Israël.

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Le centre social Torre Maura, squat anarchiste occupé depuis 32 ans dans la Via delle Averle, a été évacué par la police aux premières lueurs de l’aube. Le bâtiment, propriété de la municipalité de Rome, avait été occupé par des anarchistes en 1992. L’expulsion a été décidée en préfecture par le comité provincial pour l’ordre et la sécurité publics. L’opération policière a été commentée par le président de la VIe municipalité de Torre : « Cela faisait 32 ans que des anarchistes insurrectionnels occupaient illégalement ces locaux, les utilisant même comme base d’opérations pour leurs activités criminelles, comme l’ont démontré les nombreuses enquêtes menées par les enquêteurs dans le passé. »  Deux personnes seront poursuivies pour occupation et branchement illégaux.

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La cour de Cassation de juillet 2022 avait requalifié le chef d’inculpation de « massacre commun » en « massacre avec la finalité de porter atteinte à la sûreté de l’État », en ce qui concerne la double attaque explosive contre la caserne des élèves des Carabinieri de Fossano, le 2 juin 2006. La Cour d’assises d’appel de Turin devait calculer les peines pour Anna Beniamino et Alfredo Cospito. Pendant la période de la grève de la faim contre le 41-bis et la peine de perpétuité avec période de sûreté illimitée et par la suite, il y a donc eu une série d’audiences au cours desquelles le Parquet a demandé 27 ans et un mois de prison pour Anna et la réclusion à perpétuité pour Alfredo. Suite aux contradictions politiques survenues avec la grève de la faim et le développement du mouvement internationale de solidarité, le 26 juin dernier, la Cour d’assises d’appel a, enfin, établi des peines de 17 ans et 9 mois pour Anna et de 23 ans pour Alfredo. Le Parquet de Turin a encore une fois présenté un pourvoi en cassation contre cette décision dans le but d’essayer d’obtenir les plus lourdes condamnations demandées en 2022. Ce 24 avril, les condamnations à 23 ans et à 17 ans et 9 mois de prison ont été définitivement confirmées.

Le 22 avril, plus de huit mois après l’opération répressive contre Bezmotivny, le juge du tribunal de Massa, a ordonné le remplacement des arrestations domiciliaires, avec toutes les restrictions, par une mesure d’interdiction de sortie de la commune de résidence, accompagnée d’un pointage quotidien au poste de police, pour quatre des anarchistes inculpés. En motivant en peu de mots le remplacement des mesures, le juge affirme que « la possibilité d’agir dans un territoire tout à fait restreint est en effet de nature à permettre un contrôle efficace sur le comportement des inculpés, comte tenu du fait que l’impression et la publication d’un périodique est une activité qui ne saurait être facilement cachée ; d’ailleurs, dans le cas d’une nouvelle violation de cette mesure, par une conduite similaire, des mesures de détention, y compris la détention en prison, seraient sûrement appliquées ». Cette déclaration montre qu’un des objectifs de l’opération était bien d’empêcher toute activité éditoriale : le fait de réaliser des publications est donc considéré comme équivalent à une « violation de la mesure ».  Les prochaines audiences du procès de Massa sont fixées pour les jours 24 mai, 25 juin et 5 juillet. Parmi les autres inculpés quatre sont actuellement soumis à diverses restrictions leur liberté, restrictions finalement levées pour deux autres.

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