Le 30 octobre, seize militants présumés du DHKP-C ont été interpellés au cours de perquisitions menées par la police antiterroriste turque dans une association de quartier et dans plusieurs domiciles. Elle leur reproche d’avoir participé l’an dernier aux manifestations contre le FMI et la Banque Mondiale. Douze d’entre elles ont été incarcérées pour appartenance au DHKP-C. Le 3 novembre, 18 étudiants de la Fédération de la jeunesse ont été raflés par la police à Istanbul et à Kocaeli pour leur appartenance au DHKP-C. Plusieurs ordinateurs, des CD-Roms, des DVD, des affiches et des pancartes auraient été saisis. Deux jours plus tard, une grande manifestation estudiantine a eu lieu. Les étudiants dénonçaient le Haut-Conseil à l’Education, institution créée en 1981 et mettant sous tutelle de l’armée les écoles supérieures et les universités, et exigeaient son abrogation ainsi que la gratuité de l’enseignement. A la fin du rassemblement, la police anti-émeute est intervenue violemment pour disperser la foule. Onze membres de la Fédération de la jeunesse ont été battus devant les caméras de télévision et les badauds avant d’être embarqués. L’un d’entre eux, grièvement blessé, a du être emmené aux soins intensifs. En moins d’une semaine, ce sont donc plus de 40 militants associatifs qui ont été arbitrairement arrêtés dans le cadre d’opérations visant le DHKP-C.

Le groupe armé kurde ‘Les faucons de la liberté du Kurdistan’ (TAK) ont revendiqué ce jeudi la responsabilité de l’explosion-suicide de dimanche dernier à Istanbul. Lundi, le PKK avait nié toute implication dans l’action, ce dont les autorités n’avaient pas tenu compte. Par ailleurs, le porte-parole des TAK a également ajouté que tant que des actions violentes viseraient la population kurde, les TAK poursuivraient la lutte par ce types d’actions visant les autorités et les forces de l’ordre.

Explosion-suicide à Istanbul

Explosion-suicide à Istanbul

Dimanche soir, une violente explosion visant des policiers anti-émeute a eu lieu dans le centre d’Istanbul, faisant 32 blessés. Cette date correspondant à la date de la fin du cessez-le-feu annoncé par le PKK, celui-ci a directement été accusé par les autorités d’en être responsable. Dans un communiqué paru ce lundi, la direction du Parti a affirmé n’avoir aucune implication dans cette attaque. Il y est ajouté que la trêve décrétée le 13 août dernier est prolongée jusqu’au mois de juin 2011.

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Le 6 juillet 2001, Ismail Karaman (photo), militant recherché du mouvement marxiste anatolien DHKP-C âgé de 24 ans, est abattu en plein jour dans le quartier stambouliote d’Avcilar par les policiers de la section antiterroriste de la Sûreté. Le lendemain, la Direction de la Sûreté affirma dans un communiqué qu’Ismail Karaman était membre d’une unité combattante du DHKP-C et qu’il avait été tué au cours d’une confrontation armée. Les policiers personnellement impliqués dans l’assassinat d’Ismail Karaman prétendirent qu’il avait tiré cinq coups de feu dans leur direction, ce que dément le rapport de l’Institut médicolégal démontrant que les balles qui traversèrent le corps d’Ismail avaient été tirées dans son dos et à courte distance. Par ailleurs, peu avant, de nombreux militants arrêtés avaient entendu les policiers dire qu’Ismail Karaman serait exécuté pour venger la mort de trois des leurs.

Le 25 octobre dernier, la 5e Cour d’assises de Bakirköy a acquitté les deux policiers inculpés d’homicide, concluant qu’ils avaient « agi dans les limites légales de l’autodéfense ». Les demandes d’enquête introduites par la partie civile ont été systématiquement rejetées par la Cour. A la sortie du tribunal, l’avocat de la famille Karaman et président de la section stambouliote de l’Association des juristes progressistes, a déclaré : « Ce verdict a une nouvelle fois fait tomber le masque démocratique du gouvernement AKP. (…) Il s’agit d’un crime de plus dont les auteurs ont pu bénéficier des largesses et de la bienveillance de Dame justice.»

Ismail Karaman

Ismail Karaman

Le procès de 151 personnes accusées d’entretenir des relations avec le PKK a commencé hier à Diyarbakir. Parmi la quantité de suspects, 103 sont maintenus en détention depuis leur arrestation il y a plus d’un an et demi. Une douzaine de maires élus, membres du BDP (Parti de la Paix et de la Démocratie) se trouvent sur le banc des accusés dans un tribunal qui a du être agrandi vu leur nombre. Les charges retenues sont l’adhésion à un groupe armé illégal, la diffusion de sa propagande, la perturbation de l’intégrité territoriale de la Turquie et la tenue de meetings publics illégaux. L’accusation réclame des peines allant de quinze ans de prison à la perpétuité. La police de Diyarbakir a pris des mesures sécuritaires exceptionnelles pour encadrer le procès, déployant plus de 2.000 officiers. Hier déjà, des centaines de manifestants s’étaient rassemblés à l’extérieur du tribunal. A l’entame des débats, les accusés ont unanimement demandé que leurs avocats respectifs puissent s’exprimer en kurde, estiment que c’est un droit naturel que de pouvoir se défendre dans sa langue maternelle. L’audience a d’emblée été ajournée pour examiner la question.

Vendredi dernier, la police avait procédé à l’interpellation de 25 membres du Parti de la Paix et de la Démocratie (BDP, pro-kurde) les accusant de ‘lancer des cocktails Molotovs et de favoriser de telles actions’ et de ‘recruter du personnel pour une organisation terroriste’, à savoir le PKK. Huit d’entre eux, dont le dirigeant d’une section provinciale, ont été arrêtés et emprisonnés ce jeudi. Les 17 autres ont été libérés, mais 12 sont dans l’attente d’un jugement.

Alors que le PKK a annoncé hier sa décision de prolonger son cessez-le-feu jusqu’à la fin du mois d’octobre, le gouvernement turc a procédé à 25 arrestations peu après la conférence de presse organisée dans le nord de l’Irak par le PKK pour informer les autorités de sa décision.

Ce vendredi soir, 25 membres du Parti de la Paix et de la Démocratie pro-kurde, dont le dirigeant de la section de la province de Sanliurfa (sud-est), ont été arrêtés. Ils sont accusés de soutenir la guérilla et d’encourager les manifestants à lancer des cocktails Molotov. Au cours de ces opérations, la police a également saisi des ordinateurs et des documents.

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Durant une conférence de presse organisée hier dans les montagnes du nord de l’Irak, un commandant supérieur du PKK a annoncé le prolongement du cessez-le-feu actuel jusqu’à la fin du mois d’octobre. Lors de cette annonce, il a également poussé le gouvernement turc à satisfaire les conditions pour un cessez-le-feu permanent. Les Kurdes appellent à l’arrêt des opérations militaires, à la libération des politiciens kurdes emprisonnés, au rabaissement du seuil électoral de 10% pour la représentation parlementaire et la mise en place d’un dialogue global pour trouver une solution à la question kurde. C’est la troisième fois que le PKK prend la décision de prolonger son cessez-le-feu, mais le gouvernement n’a encore pris aucune mesure sérieuse pour répondre à ses exigences. Pire, la Turquie a renforcé ses efforts diplomatiques avec l’Irak et les Etats-Unis pour raviver l’action trilatérale initiée le 12 avril dernier contre le PKK, que ces trois pays (entres autres) ont mis sur liste noire et qualifiée d’organisation terroriste.

Selahattin Demiras est le co-président du principal parti légal défendant les droits des kurdes en Turquie, le Parti de la paix et de la Démocratie. En 2006, en tant que dirigeant d’une des sections de l’Association des Droits de l’Homme, il prend la parole au micro de Roj TV. Au cours de sa déclaration, il affirme qu’Ocalan, dirigeant emprisonné du PKK, pourrait jouer un rôle dans la résolution de la question kurde. Immédiatement, il est accusé de faire l’apologie d’une organisation terroriste et l’affaire est portée devant le tribunal de Diyarbakir. Le jugement est tombé aujourd’hui. Demirtas écope d’une peine de dix mois avec un sursis de cinq ans. Cette affaire a été jugée malgré le fait que Demirtas soit actuellement député au parlement (et aurait donc du bénéficier d’une certaine immunité) parce que la Cour Suprême a estimé qu’elle était en lien avec le terrorisme.

Ce vendredi, des membres de Tayad ont entrepris de rallier à pied la ville d’Ankara en partant d’Istanbul. Cette marche avait pour but de protester contre les conditions de détention dans les prisons turques, d’exiger la libération des prisonniers gravement malade et la suppression du régime d’isolation qui est appliqué aux détenus. Le groupe de marcheurs a distribué des tracts aux habitants de villages qu’ils ont traversé. Durant toute la route, ils ont été encadré par la police.

Dans la journée de samedi, à proximité de Bolu, ils ont été attaqué par un groupe d’une cinquante de jeunes personnes qui leur ont lancé des pierres et des bouteilles en verre. Plus tard, elles ont été rejointes par des artisans qui s’en sont pris aux militants avec des outils, tels que des tourne-vis. Un avocat présent dans le groupe de marcheurs a déclaré à la presse que la police n’avait eu de cesse de provoquer les villageois durant toute la marche en leur disant que le groupe était composé de membres du PKK et qu’ils portaient le corps d’un des leurs pour un enterrement. La police n’a, à aucun moment, tenté de disperser les assaillants. Finalement, les militants de Tayad ont continué leur chemin, toujours sous surveillance policière.