La Cour Suprème d’Hambourg vient de condamner Mehmet Demir a trois ans de prison pour appartenance à une organisation terroriste, le PKK, et d’en avoir été un ‘cadre supérieur’. L’accusation est basée sur le fait que Mehmet a co-organisé le Newroz (« Nouvel an kurde ») ainsi qu’un évenement culturel en 2013. Le président du conseil de la cour a déclaré: « le pouvoir judiciaire doit s’accorder avec les décisions prévues par le pouvoir politique, […] le PKK est une organisation terroriste qui commet des meurtres à l’étrangers en lien avec ses objectifs« . Toutefois il a également reconnu que la répression du peuple kurde en Turquie, le soutien turc à ISIS et l’exécution à Paris par le MIT (renseignements turcs) de trois militantes Kurdes en 2013 étaient des vérités bien connues. Cette condamnation est encore une fois faite via la loi 129b, régulièrement utilisée pour condamner les mouvements révolutionnaires turcs et kurdes en Allemagne.

A Dortmund cette fois, Bedrettin Kavak, un militant kurde de 57 ans originaire de Batman qui a déjà purgé 22 années de prison en Turquie -dont plusieurs années dans la prison de Diyarbakir où la torture est régulière- a été arrêté il y a 4 jours, également accusé d’être membre du PKK. Il a de gros problèmes de santé, a fait une attaque cardiaque il y a deux ans et a besoin d’assistance médicale.

Enfin, Ahmet Çelik, ancien cadre de YEK-KOM (Fédération des associations kurdes d’Allemagne) est également détenu depuis le 16 juillet sous les mêmes accusations.

Manifestation pour Mehmet Demir.

Manifestation pour Mehmet Demir.

Après l’échec à former un nouveau gouvernement de coalition, le président turc, Erdogan, a approuvé, vendredi 28 août, la composition d’un gouvernement transitoire présenté par son premier ministre pour gérer le pays jusqu’aux élections législatives anticipées du 1er novembre. Pour la première fois de l’histoire du pays, deux membres du HDP feront partie du gouvernement. Erdogan et son gouvernement ont ouvertement accusé le HDP d’être le bras politique du PKK.

Les combats se poursuivent entre les forces de sécurité et les guérilleros du PKK. 60 policiers et militaires ont déjà été tués tandis que l’armée affirme avoir tué des centaines de membres du PKK, notamment lors des bombardements au Kurdistan syrien et irakien. Trois civils dont un garçon de sept ans ont été tués hier jeudi lors des heurts dans la ville kurde de Cizre. Trois soldats et quatre autres civils ont par ailleurs été blessés à Cizre. D’autres combats ont eu lieu, notamment dans la ville de Yüksekova. Hier également des combattantes du TIKKO ont attaqué contre une base militaire à Geyiksuyu dans la région du Dersim.

Au Kurdistan turc, 98 zones sont déclarées Zones de Sécurité Spéciale. Ces zones ciblent les zones où l’insoumission du peuple kurde est le plus notable. Dans ces zones, où la loi martiale est appliquée avec ordre de tirer à vue pour la police et l’armée, le nombre de morts civils s’agrandit chaque jour depuis l’application de cette loi.

La semaine dernière, les renseignements suédois annonçaient dans la presse que 300 personnes de nationalité suédoise combattaient en ce moment aux cotés des YPG/YPJ dans la partie syrienne du Kurdistan. Suite au débat médiatique provoqué par cette annonce, le PYD (Parti de l’Union Démocratique, duquel dépendent les YPG/YPJ) a confirmé les chiffres, annonçant que plus de 500 Européens combattaient dans les brigades internationales intégrées aux YPG/YPJ, les ‘Lions du Rojava’. Ces chiffres ne tiennent probablement pas comptent des combattants de l’IFB (Brigade Internationale de Libération) qui regroupent les militants communistes et anarchistes étrangers. Le PYD a communiqué qu’il encourageait d’abord les militants qui le contactaient à aider à la reconstruction, et qu’il ne faisait pas campagne pour recruter des combattants.

Entre 1936 et 1939, 500 militants suédois avaient rejoint les Brigades Internationales pour prêter main forte au camps révolutionnaire dans la guerre civile espagnole. 160 d’entre-eux sont morts au combat, les survivants ont été persécutés à leur retour en Suède.

Notes sur le Kurdistan

Combattants internationaux des YPG.

Combattants internationaux des YPG.

Onze douaniers et leur chauffeur ont été capturé par le PKK dans la région de Van au poste frontalier de Kapikoy, qui sépare la Turquie de l’Iran. Dans un autre incident, un soldat turc a été tué et trois autres ont été blessés dans des affrontements dans la région de Diyarbakir. Les combattants du PKK ont attaqué à la roquette et aux armes de longue portée une unité de l’armée qui gardait un barrage hydroélectrique dans le district de Kulp, près de Diyarbakir. En réponse, l’armée a mené une opération aérienne. De nombreux autres incidents armés ont été signalés.

Un tribunal turc a décidé dimanche d’incarcérer cinq maires de villes à majorité kurde du sud-est du pays, accusés d’avoir essayé de « détruire l’unité » nationale en appelant à l’autonomie de la région. Parmi les maires placés en détention provisoire en attente de leur jugement se trouvent les co-maires de Sur, un district de la ville de Diyarbakir, Seyid Narin et Fatma Sik Barut. La maire de la ville de Silvan (région de Diyarbakir), Yuksel Bodakci, est également détenue. Dans la région d’Hakkari (frontalière avec l’Irak et l’Iran), ce sont les co-maires de la ville, Dilek Hatipoglu et Nurullah Ciftci, qui ont été mis en détention. Le responsable local du HDP, Ismail Sihat Kaya, a également été arrêté à Hakkari.

Les maires détenus ont tous été élus sur les listes du Parti pour la paix et la démocratie (BDP), proche du HDP, qui a réalisé une percée historique lors des législatives du 7 juin en obtenant 13% des voix.La justice turque reproche à ces maires d’avoir essayé de « détruire l’unité de l’Etat et l’intégrité du pays ». Aucune date de procès n’a encore été annoncée. Enfin, les détenu-e-s du TKP/ML ont débuté une grève de la faim de 3 jours, dans toutes les prisons de Turquie, pour protester contre les massacres au Kurdistan turc et contre les opérations contre les groupes révolutionnaires perpétrés par l’armée et l’AKP.

Combattants du PKK

Combattants du PKK

Tandis que la guérilla continue à embraser le Kurdistan Nord, l’armée turque a lancé mercredi une intervention terrestre dans le nord de l’Irak vers un camp du PKK. Deux brigades de bérets bleus, les unités commandos de montagne de l’armée turque, tentent de prendre le contrôle du camp du PKK à Haftanin, tout proche de la frontière. Des accrochages ont immédiatement éclaté. Les hélicoptères de transport Sikorsky turcs, au nombre de huit apparemment, ont alors été contraints de suspendre leurs rotations, pendant que des hélicoptères Cobra d’attaque bombardaient la zone. Des chasseurs bombardiers, des drones et des tanks, depuis la Turquie, interviendraient en renfort de l’opération. Le but de cette intervention, la première depuis 2011, serait de rejoindre le quartier général du PKK sur le mont Kandil, mais celui-ci aurait été partiellement évacué depuis les bombardements des dernières semaines.

Commandos de montagne de l’armée turque

Commandos de montagne de l’armée turque

Les actions de la guérilla du PKK se poursuivent. La plus importante d’entre elles aujourd’hui a eu lieu dans la province de Siirt: un IED a explosé au passage d’une patrouille militaire dans une zone rurale du district de Pervar, tuant huit soldats turcs et en blessant plusieurs autres. Mais d’autres embuscades, tirs de harcèlements, et résistance armée aux opérations de contre-guérilla ont eu lieu dans tout le Kurdistan. Cinq autres soldats des forces armées turques ont perdu la vie ce mercredi lors des affrontements à Lice et à Hani.

A Istanbul, la police a tué pendant la nuit de mardi à mercredi un jeune manifestant kurde. Les affrontements avaient éclaté lorsqu’un groupe a tenté d’organiser une manifestation interdite dans le district d’Esenler, sur la rive européenne d’Istanbul. A Istanbul toujours, une explosion a retenti à proximité du palais ottoman de Dolmabahçe où se trouvent les bureaux du Premier ministre. Il y a aussi eu des échanges de coups de feu. Un policier a été blessé. Deux hommes ont été arrêtés très peu de temps après l’assaut, ils seraient membres du DHKP-C.

La police turque boucle le palais ottoman de Dolmabahçe

La police turque boucle le palais ottoman de Dolmabahçe

Mise à jour (jeudi 20/8): La police antiterroriste stambouliote a mené une vaste opération ce matin à l’aube contre le DHKP-C Plusieurs personnes ont été arrêtées dans les descentes de police effectuées à Sariyer et Baltalimani, deux districts de la rive européenne de la ville. Le DHKP-C a revendiqué l’attaque contre des policiers en faction devant le palais de Dolmabahçe.

Chaque jour, les affrontements entre la guérilla kurde du PKK et les forces de sécurité turques se poursuivent. Au moins 32 soldats et policiers turcs ont été abattus dans des actions de représailles ou dans des attaques de casernes menées par le HPG et le YJA Star. De nombreuses actions de sabotages visent également les infrastructures industrielles dans la région, que le gouvernement turc utilise pour augmenter sa présence dans les régions kurdes. A titre d’exemple, une antenne GSM a été détruite à Celal ce 17 août. La police attaque également des villages kurdes, se préoccupant peu de faire feu en direction des guérilleros ou des civils. A Silvan, à Varto, à Tatvan, plusieurs civils ont été abattus. Plusieurs autres villages sont bombardés par des mortiers turcs, faisant de nombreux blessés.

A Varto, l’une des villes kurdes qui s’est insurgée contre le gouvernement turc et a déclaré l’auto-gestion, la révolte a été mattée dans le sang après deux jours d’émeutes. Le KCK -organe politique commun au PKK et aux partis alliés- a appelé les villes kurdes à ne plus reconnaître le gouvernement central et à « embrasser l’autogestion en réponse aux attaques », et a appelé le peuple turc a en faire autant. Comme nous vous le disions hier, c’est à présent la ville de Cizre qui s’est insurgée et a remballé les militaires turcs dans leurs casernes (voir ici).

Insurrection à Cizre

Insurrection à Cizre

Après avoir mené les premiers soulèvements dans le Kurdistan du Nord dans les années 1990, la ville -et le district- de Cizre (province de Şırnak) s’est à nouveau insurgée et l’Assemblée de la ville a déclaré «l’auto-gouvernance» en réponse à la politique de guerre du gouvernement AKP. Les jeunes ont creusé des tranchées et érigé des barricades dans les quartiers de Nur, Yafes, Cudi, Sur et Konak et en dix autres zones. C’est à Varto, dans la province de Mus, après des accrochages sévères ces derniers jours, et un couvre-feu imposé des deux côtés, les insurgés ont réussi à se barricader dans le centre-ville, creusant des tranchées pour prévenir l’entrée de véhicules militaires. Toute la journée, des patrouilles du PKK, armées de fusils mitrailleurs et de lance-roquettes ont circulé dans le centre-ville. Un tir des forces de sécurité turques a tué quatre habitants de la ville.

Barricades et tranchées à Varto

Barricades et tranchées à Varto

Par ailleurs, l’offensive de la guérilla du PKK se poursuit: des actions armées ont eu dans les régions d’Amed (barrage routier, attaque d’une poste de garde, de deux bases militaires), de Siirt (barrages routier), de Mardin (attaque d’un poste de garde), de Bingöl (destruction de tours de télécommunication), de Bitlis (barrages routiers, attaque d’un poste de garde), d’Erzurum (barrages routiers, destruction de tour de télécom) de Hatay (destruction d’un véhicule blindé), dans le Dersim (destruction de tours de télécom), de Xakrkê (attaque d’un poste militaire). L’armée turque a lancé plusieurs opération, notamment dans la région d’Hakkari où elle a essuyé des pertes. A plusieurs reprises, les troupes turques ont effectués des tirs d’artillerie à partir de leurs bases harcelée par la guérilla. Plusieurs civils ont été tués et ces tirs ont provoqué des incendies de forêt.

Des heurts violents ont opposés de jeunes manifestants partisans du PKK (membres de l’YDG-H) pendant plus de trois heures dimanche à l’aube, à Istanbul. Les affrontements ont eu lieu après 23 nouvelles opérations policières, samedi dans la ville, dans les banlieures populaires de Kucukcekmece et Bagcilar. 15 membres présumés du PKK ont été arrêtés. La police a usé de gaz et de canons à eau face aux manifestants qui jetaient pierres et cocktails Molotov..

Les autorités ont décrété le couvre-feu dans le district de Varto, dans la province de Mus, après d’intenses combats entre l’armée (notamment des hélicoptères de combat de type cobra) et les combattants kurdes qui contrôlent les approches de la ville. Les affrontements avaient éclaté dans la nuit après que la ville se soit insurgée. Le quartier général de la police a été attaqué. Des jeunes liés au PKK ont démoli un pont au moyen de bulldozers et creusé des tranchées. L’eau et l’électricité sont coupées dans la ville.

Un soldat turc et trois membres présumés du PKK ont été tués tôt dimanche près de la ville de Kagizman, dans la province de Kars, au cours d’une opération de sécurisation de la zone. Deux soldats turcs ont été blessés dans ces affrontements et l’un d’entre eux a succombé à ses blessures à l’hôpital, tandis que trois militants kurdes ont été tués.

Le théâtre des combats à Kagisman

Le théâtre des combats à Kagisman

La guérilla kurde continue à frapper les forces de sécurité turques. Trois soldats ont été tués et six autres blessés dans l’explosion ce samedi d’un IED sur une route de la province de Bingol, dans la région de Karliova. Les autorités reconnaissent la perte de 39 membres des forces de sécurité depuis le 20 juillet dans des attaques attribuées au PKK. De nombreuses actions de harcèlement (tir de roquette, de sniper) ont lieu contre les forces de sécurité, ainsi que des action de sabotage. Le guérilla revendique la capture de deux soldats le 12 août.

La Turquie multiplie les opérations policières: au moins 84 personnes ont été arrêtées dans plusieurs provinces dont celles d’Istanbul, de Mardin et de Gaziantep (sud-est), ainsi que de Van (est). Un grand nombre d’explosifs, de kalachnikovs et de lance-roquettes ont été saisis au cours de ces opérations. Au total, plus de 2.500 personnes ont été arrêtées, et plus de 600 d’entre elles sont actuellement détenues. Il s’agit en grande majorité de militants kurdes. D’autre part, l’armée turque érige un mur le long de la frontière avec la Syrie. Un épais mur en béton de trois mètres de haut sur 7 kilomètres de long dans la région d’Hatay (sud), et voué à être élargi. En outre, plus de 360 km de tranchées ont été creusés, de la terre amoncelée sur 70 km et 145 km de barbelés ont été renouvelés.

Enfin, un des jeunes blessé du massacre de Suruç est mort à l’unité de soins intensifs de l’hôpital d’Urfa. Cela porte à 33 le nombre des tués à Suruç.

Le chantier de construction du mur à Hatay

Le chantier de construction du mur à Hatay