Yasin Bulut, 64 ans, membre historique du PKK, a été tué par balle, vendredi matin, dans la ville de Sulaymaniyah, au Sud-Kurdistan (nord de l’Irak). Souffrant d’une maladie grave, Bulut, qui suivait un traitement à Sulaymaniyah, venait de sortir de chez lui pour se rendre à pied dans un hôpital du district de Çarçira, lorsqu’il a été abattu par un commando relevant probablement des services secrets turcs (MIT). Yasin Bulut, également connu sous le nom de Şükrü Serhat, est né en 1957 dans la province de Kars. En 1978, il a rejoint le PKK nouvellement formé. Arrêté suite au coup d’État militaire du 12 septembre 1980, il a été emprisonné dans la prison de Diyarbakir avec de nombreux autres cadres du PKK. Après sa libération de prison en 1991, il a rejoint les montagnes du Sud-Kurdistan. Des milliers de personnes ont assisté à ses funérailles.

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Des affrontements ont opposé jeudi pour la deuxième journée consécutive des manifestants aux forces de l’ordre à Kherrata, le berceau du mouvement antirégime Hirak, dans l’est de l’Algérie. Ces heurts se sont produits à la suite de l’interdiction par les autorités d’une marche de soutien aux prisonniers politiques. Les affrontements de mercredi se sont prolongés jusque tard dans la nuit et plusieurs personnes ont été arrêtées (elles auraient depuis été relâchées). Jeudi, vers 11 heures du matin, des manifestants ont tenté de se rassembler mais des forces anti-émeutes ont été déployées sur le terrain. Des renforts de police sont arrivés sur les lieux depuis Béjaia et la wilaya de Sétif. Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc blessant plusieurs manifestants notamment à cause de tirs tendus.

Deux jours d'affrontements à Kherrata dans le cadre du Hirak

Deux jours d’affrontements à Kherrata dans le cadre du Hirak

Le 16 août, un haut responsable des Unités de résistance de Sinjar, la force d’auto-défense des Yézidis, Saeed Hassan Saeed a été touché par un raid mené par les forces turques dans la région du Sinjar. Il a ensuite été admis dans une ancienne école transformée en clinique, située précisément dans le village de Sekaina. Cette clinique a été visée le lendemain par des drones turcs. Ce raid, qui a fait huit morts et huit blessés, est un crime de guerre puisque la Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre précise, dans son article 18, que « les hôpitaux civils organisés pour donner des soins aux blessés, aux malades, aux infirmes et aux femmes en couches ne pourront, en aucune circonstance, être l’objet d’attaques ».

Précisions/Corrections
Le 16 août, Saeed Hassan Saeed a en fait été tué par le raid turcs. Ce sont d’autres membres des YBŞ, blessés lors de ce raid, qui ont ensuite été admis dans la clinique de Sekaina, visée le lendemain par des drones turcs.

Les huit victimes du bombardement de la clinique

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À quelques jours de la fête du sacrifice, les autorités algériennes ont décidé la libération de 101 détenus incarcérés après la vague d’arrestations qui a frappé les manifestants du mouvement de contestation du Hirak. Le président Tebboune a décrété une grâce au profit de 30 détenus condamnés définitivement dans des affaires d’attroupement et de trouble à l’ordre public. Il a décrété également des mesures de clémence complémentaires en faveur de 71 jeunes détenus condamnés pour les mêmes actes qui seront relâchés dès ce mercredi soir. Le 4 juillet dernier, le président avait déjà décidé la libération de jeunes détenus du Hirak, une grâce traditionnelle à la veille de la célébration de l’anniversaire de l’indépendance. Avant l’annonce de ces libérations, plus de 300 personnes étaient en prison en raison du Hirak.

Depuis le début du mouvement de contestation le 22 février 2019, et sans doute en réponse aux dénonciation de la corruption par les manifestations de masse, le régime a procédé à une vague inédite d’arrestations d’hommes politiques et d’hommes d’affaires accusés pour la plupart de corruption et de détournement de biens publics. Deux anciens premiers ministres, plusieurs ministres, députés et hommes d’affaires sont détenus pour corruption et  détournement d’argent public. En plus de dizaines d’officiers dont 30 généraux de l’armée algérienne qui occupaient de hautes fonctions comme l’ex-secrétaire général du ministère de la Défense, ou l’ex-patron de la Sécurité intérieure, sont en prison actuellement pour enrichissement illicite et abus de fonction.

 

La répression qui s’accroit contre les manifestants du mouvement de protestation populaire à l’approche du rendez-vous électoral du 12 juin. Pour la seconde semaine consécutive, les autorités algériennes ont réprimé, vendredi 21 mai, les marches hebdomadaires du mouvement pro-démocratie du Hirak à Alger et dans plusieurs villes du pays. Près de 500 personnes ont été interpellées dans une quinzaine de wilayas [préfecture], en majorité à Alger. La plupart des manifestants interpellés ont été relâchés en fin de journée, et les autres placés en garde à vue. Ils risquent des peines d’emprisonnement ferme.

Deux manifestants ont été tués par balle et plusieurs dizaines de personnes blessées à Bagdad lors d’affrontements à l’issue d’un rassemblement mardi à la mémoire de militants prodémocratie récemment assassinés. Vingt-huit protestataires ont été blessés par des tirs de gaz lacrymogènes des forces de police qui tentaient de disperser le rassemblement ayant attiré des milliers de personnes dans la capitale. Sous le slogan « Qui m’a tué ? » et arborant les photos des victimes, les manifestants s’étaient rassemblés sur les trois principales places de la capitale, Tahrir, Ferdaous et al-Nossour, au milieu d’un important dispositif policier. Ils étaient venus de Bagdad mais aussi de Kerbala, Najaf et Nassiriya où les crimes ont été commis. Jeunes pour la plupart, ils scandaient : « Avec notre âme et notre sang, nous nous sacrifions pour toi, Irak », « Le peuple veut renverser le régime », et « Révolution contre les partis ».

Le 9 mai, à Kerbala, des tueurs ont abattu le militant Ehab al-Ouazni, coordinateur des manifestations antipouvoir dans la ville sainte, qui dénonçait les groupes armés et la mainmise de l’Iran sur son pays. Le lendemain, Ahmed Hassan, un journaliste de la chaîne al-Fourat, a aussi été visé par un attentat et se trouve depuis dans le coma. Depuis le début de la révolte populaire inédite d’octobre 2019, plus de 70 militants ont été victimes d’assassinats ou de tentatives d’assassinat, tandis que des dizaines d’autres ont été enlevés brièvement. Personne n’a revendiqué ces attaques attribuées à des tueurs connus des services de sécurité et liés à l’Iran.

A ce jour, 17 groupes ont appelé au boycott des élections législatives prévues en octobre et censées ramener la paix civile après des mois de manifestations contre la corruption et contre la classe politique. Ils avaient pourtant chacun présenté des listes pour les élections, estimant bénéficier d’un fort soutien populaire pour pouvoir changer le système par les urnes. Mais la donne a changé avec l’assassinat de Ouazni et l’attentat contre le journaliste Ahmed Hassan.

De nombreuses arrestations ont eu lieu, avant-hier, à Alger et dans d’autres wilayas, en amont des marches hebdomadaires du hirak (117e journée) dont la tenue a été brutalement empêchée par les forces de l’ordre. Sur les 1000 interpellations qui ont eu lieu vendredi, une cinquantaine de manifestants sont placés en garde à vue en attendant leur présentation devant le procureur. Parmi les nombreuses arrestations dans le pays, parmi lesquelles des figures du hirak, des avocats et des opposants. De nombreux journalistes et photographes de presse  ont été interpellés. Ils ont été ensuite relâchés à l’exception de la journaliste Kenza Khatto qui a été placée en garde à vue et sera présentée, aujourd’hui, devant le procureur du tribunal de Sidi M’hamed (Alger).

 

Né en février 2019 du rejet massif d’un 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika, impotent et reclus, le Hirak réclame un changement radical du système en place depuis l’indépendance, en 1962, synonyme à ses yeux de corruption, de népotisme et d’autoritarisme. Comme chaque vendredi, les protestataires ont lancé le 26 mars des slogans hostiles au pouvoir et à l’armée, le pilier du régime. Ils ont fustigé la décision du président, Abdelmadjid Tebboune, d’organiser des élections législatives anticipées le 12 juin: « Pas d’élections avec la bande [au pouvoir] », ont scandé les manifestants. Pour ce 110e vendredi du Hirak, il y a eu des dizaines d’interpellations dans plusieurs wilayas [préfectures] à Alger, Blida, Tiaret et Relizane. La plupart des personnes arrêtées ont été relâchées en fin de journée. A Alger, le militant hirakiste Mohamed Tadjadit, un ex-détenu, et trois étudiants ont été arrêtés à la fin de la manifestation qui a rassemblé des milliers de personnes. Par ailleurs, les forces de l’ordre ont dispersé, en faisant usage de spray de gaz liquide, les manifestants à Oran (nord-ouest) ainsi que dans la ville voisine de Mostaganem dès le début du défilé. Des marches ont également eu lieu à Tizi Ouzou, Bouira et Béjaïa, villes de Kabylie (nord-est), ainsi qu’à Constantine et Annaba (est). Les rassemblements sont en principe interdits en raison de la pandémie de Covid-19.

 

 

 

Des émeutes ont éclaté dimanche 28 février au soir dans plusieurs quartiers de Ouargla, dans le Sud algérien, après la condamnation à une lourde peine de prison d’un militant du mouvement de protestation populaire, accusé d’«apologie du terrorisme». Les manifestants ont bloqué plusieurs axes routiers et fait brûler des pneus après que le tribunal criminel local a condamné Ameur Guerrache, un blogueur, à sept années de prison ferme. Les jeunes ont lancé des pierres en direction de policiers, au milieu de gaz lacrymogène. Le parquet avait requis 10 ans de prison ferme.

Arrêté chez lui le 1er juillet 2020, Ameur Guerrache, 31 ans, présenté comme un militant et poète, est l’un des principaux animateurs de la protestation à Mekhadma depuis plusieurs années. Le mouvement Mekhadma tire son nom d’un quartier déshérité de la ville de Ouargla, où en juin dernier des centaines de personnes avaient protesté pacifiquement contre leurs conditions de vie ainsi que leur marginalisation et exclusion du développement local. Ouargla est la capitale d’une région riche en hydrocarbures, mais c’est aussi une ville où le taux de chômage des jeunes est élevé. 59 détenus d’opinion ont été libérés après l’annonce d’une grâce accordée par le président Abdelmadjid Tebboune le 18 février, mais, dans le même temps, les condamnations se poursuivent à un rythme soutenu devant les tribunaux. Quelque 700 personnes ont été interpellées en Algérie lors des marches du mouvement de protestation populaire du Hirak vendredi avant d’être toutes relâchées.

Les manifestants ont tenté jeudi de se rassembler devant le bâtiment du gouvernorat à Nassiriya pour exiger le renvoi du gouverneur dans un contexte de dégradation des services publics. Ils ont jeté des pierres et les forces de sécurité sont intervenues. Un manifestant de 25 ans a été tué, et 26 autres manifestants et plusieurs membres des forces de sécurité ont été blessés. Ces nouveaux heurts ont lieu trois jours après un rassemblement similaire lundi devant le siège du gouvernorat, lors duquel un jeune manifestant avait également été tué. Des décennies de conflits, de corruption et de faibles investissements ont laissé l’Irak avec des services publics déficients et des pénuries récurrentes d’électricité et d’eau. Fin 2019, la colère de la population face à la corruption et le chômage endémique avait débouché sur un soulèvement dont la répression a fait 600 morts et 30.000 blessés à travers le pays. Les manifestations s’étaient quasiment éteintes en 2020, mais elles reprennent à Nassiriya.

manifestation à Nassirya (archives)