Le 18 mars est, depuis la fondation du SRI en 1922, la Journée internationale du prisonnier révolutionnaire. A cette occasion, une conférence internationale a été organisée à Berlin samedi 19. Trois cents personnes ont écouté les interventions de neuf représentants de forces de soutien aux prisonniers, parmi lesquels un représentant de notre Secours Rouge de Belgique.

Affiche de la conférence de Berlin pour les prisonniers révolutionnaires

Affiche de la conférence de Berlin pour les prisonniers révolutionnaires

Un procureur berlinois a annoncé ce mercredi avoir inculpé Sadi Naci O., 41 ans, d’avoir été un des dirigeants du DHKP-C en Allemagne, en Belgique, en France, aux Pays-Bas et en Autriche entre février 2009 et mai 2010, date de son arrestation. Sadi Naci O. a également été inculpé pour avoir fait pression pour obtenir des contribution financières à l’organisation.

Le rapport présenté le 26 janvier 2011 par le directeur du BKA, Joerg Ziercke, au Comité des Affaires Intérieurs du Bundestag, aborde les opérations d’agents étrangers en Allemagne. Ces opérations sont habituelles contre « l’euro-anarchisme » (sic) et le hooliganisme.
La législation allemande ne traite pas les agents étrangers comme des membres de la police allemande, mais comme « personnes confidentielles », ce qui leur permet d’opérer en toute liberté: ils n’ont par exemple pas besoin d’une autorisation du juge pour pénétrer dans la sphère privée. Mais officiellement il ne leur est pas permis de commettre des délits, même pour soutenir leur couverture.
Chaque mission d’agent étranger doit être annoncée et faire l’objet d’une autorisation. Le cadre légal est un traité bilatéral entre les pays concernés ou l’Article 14 de la « Convention sur l’Aide Mutuelle dans des Matières Criminelles entre les États membres de l’Union Européenne » (la Convention MLA). Les détails sont fixés dans un contrat européen standard nommé « Protocole d’accord » (MoU) qui définit les droits et devoirs (comme l’envoi de rapports réguliers à la police du pays d’accueil).

La communication entre l’agent étranger et les autorités allemandes de police est faite via son agent-traitant (qui accompagne en principe l’infiltré à l’étranger). La police allemande elle-même ne connait pas le véritable nom de l’infiltré étranger. Pour sa part, la police d’État du Land de Berlin avait infiltré cinq agents dans le camp anti-G8 de 2005, à Gleneagles. Ils ont été traités par la National Public Order Intelligence Unit (NPOIU) et la Police de Londres. La NPOIU organise les missions d’agents partout le Royaume-Uni et traite les agents étrangers.

En Allemagne, l’agent Kennedy (« Mark Stone ») a été coatché par des policiers allemands pour faciliter son infiltration dans les mouvements anti-G8 et anti-OTAN. Le BKA a co-organisé avec le Land de Berlin une action pour améliorer la couverture de Kennedy. Dans cette affaire (l’incendie d’une benne à ordure en décembre 2007), Kennedy est passé devant un tribunal berlinois. Le procureur, le juge et la police locale ignoraient qu’il s’agissait d’une mise en scène. (notons quze les incendies de voitures et de bennes à ordures sont fortement réprimées à Berlin fortement criminalisé depuis la campagne militante qui a suivi le G8 à Heiligendamm en 2007). A Heiligendamm, Kennedy était avec son agent-traitant britannique et un agent-traitant allemand. Celui-ci était posté au siège provisoire pour le sommet nommé « Kavala ». C’est « Kavala » qui a délibérément manipulé les tribunaux, jusqu’à la cour constitutionnelle, en produisant des bilans exagéré (500 policiers « lourdement blessé ») et des rapports mensongers d’agents infiltrés, pour obtenir l’interdiction de nombreuses manifestations. Ils y avait plusieurs agents étrangers infiltrés au G8. Ziercke a évoqué deux noms « connus », Boyling et Jacobs, et trois ou quatre autres.

Les autorités allemandes ont annoncé avoir arrêté Unalkaplan D, âgé de 29 ans, ce mardi 1 février. Elles affirment que le jeune turc serait un membre dirigeant du DHKP-C en Allemagne, et ce depuis mai 2003. Elles l’accusent d’abord été chargé de récolter des fonds parmi les membres de l’organisation afin de financer la lutte armée en Turquie, avant de se retrouver à la tête de la section régionale du DHKP-C.

2.000 personnes ont défilé dans le quartier berlinois de Kreuzberg contre l’expulsion de l’immeuble occupé du 14 Liebig Strasse. Quelques centaines de manifestants ont attaqué la police avec des jets de pierres. Environ 20 policiers ont été blessés et 17 personnes ont arrêtées. Vendredi 28, une autre manifestation dirigée contre le sommet international de police à Berlin a été l’occasion d’incidents. Trois voitures de police ont été endommagées.

Un agent de la Police criminelle (Landeskriminalamt LKA) du Baden-Württemberg a été démasqué Heidelberg. Sa cible était de rassembler des informations sur les personnes et les structures de la scène Antifa.
Il était simple policier à Überlingen (une petite ville du Bade-Wurtemberg), avant de commencer une carrière au LKA. Il y relevait de la division I540 (« enquêtes secrète de la sécurité d’État ») et a suivi une formation spéciale. Le fait que cet agent ait été démasqué nous intéresse en ce sens qu’il était présent à Bruxelles du 27 septembre au 3 octobre au No Border Camp.

Lire le dossier sur l’infiltré sur le site du Secours Rouge allemand

policier allemand infiltré

policier allemand infiltré

Le décret d’extradition vient d’être validé par le Conseil d’État. À 77 et 69 ans, Sonja Suder et Christian Gauger sont menacés d’être extradés vers l’Allemagne. Ils y sont accusés d’avoir pazrticipé, il y a 35 ans, aux actions des Cellules révolutionnaires (RZ). Retiré de la militance depuis 22 ans, ils vivaient à Lille sous une fausse identité suisse. Le parquet de Francfort les accuse de trois attentats à l’explosif et incendies criminels, en 1977 et 1978. L’un d’eux a ravagé le château de Heildelberg, les deux autres des sièges d’entreprises. Pour la justice allemande, il s’agit de « crimes imprescriptibles ».

En mars 2001, la cour d’appel de Paris avait rejeté l’extradition, jugeant l’action publique prescrite en droit français. Saisie à nouveau en 2009, elle a cette fois donné un avis favorable. Selon le Conseil d’État, les règles allemandes s’appliquent. Victime de séquelles provoquées par plusieurs accidents cérébraux, Christian Gauger est aujourd’hui sévèrement handicapé.

Après un neuf mois de procès et deux ans d’isolement carcéral, la section de protection de l’État du 6e tribunal régional de Düsseldorf a prononcé de lourdes peines contre trois administrateurs de la Fédération anatolienne, une association œuvrant pour l’égalité des droits entre Allemands et immigrés. Nurhan Erdem (photo), Cengiz Oban et Ahmet Istanbullu avaient également organisé des collectes en faveur des prisonniers politiques et de leurs familles en Turquie.

Pour l’accusation qui s’appuyait sur des enregistrements recueillis au moyen de micros espions et le témoignage d’un agent infiltré travaillant à la fois pour les agents allemands de la BND et turcs de la MIT, les trois militants collectaient des fonds pour la guérilla du DHKP-C et recrutaient des militants et des porteurs de valises. Le procureur fédéral n’a pu fournir aucune preuve matérielle. Aucune arme n’a été saisie lors des multiples perquisitions liées à cette affaire, aucun lien n’a pu être établi entre l’argent collecté et la lutte armée, mais en application du paragraphe b de l’article 129 du Code pénal allemand sur les «organisations terroristes étrangères», Nurhan Erdem, Cengiz Oban et Ahmet Istanbullu ont été condamnés jeudi 16 respectivement à 7 ans et 9 mois, 5 ans et 9 mois et 3 ans et 9 mois de prison ferme. Le procureur avait requis 10 ans contre Nurhan Erdem, considérée comme une «meneuse» et une «responsable du DHKP-C pour toute l’Allemagne», tandis que la défense, invoquant les libertés d’expression et d’association, avait plaidé son acquittement.

Nurhan Erdem

Nurhan Erdem

Le 3 novembre dernier, un homme a été arrêté à Düsseldorf, accusé d’être membre du LTTE (Tigres de Libération de l’Ilam Tamoul). Plus précisément, les autorités l’accusent d’avoir fait partie de la section étrangère allemande du LTTE entre 2005 et 2009. Elles le soupçonnent d’avoir été la personne responsable de l’organisation pour la région de Berlin et d’avoir acheté du matériel destiné à la lutte armée au Sri Lanka. Cette arrestation est la neuvième visant le mouvement tamoul cette année, toutes effectuées en vertu de l’article 129b du Code Pénal allemand qui punit toute appartenance à une ‘organisation terroriste étrangère’.

Il y a une semaine Amnesty International publiait un rapport intitulé Europe : « Open Secret : Mounting evidence of Europe’s complicity in rendition and secret detention » concernant les détentions secrètes menées par la CIA avec la complicité de certains gouvernements européens. Ces détentions secrètes sont couplées à des disparitions et des actes de torture.

Certaines de ces personnes kidnappées et maintenues secrètement en détention par la CIA, ne sont toujours pas réapparues et on est toujours sans nouvelles de ces disparus. D’autres anciens « kidnappés » ont tous affirmés avoir subi des tortures ou d’autres mauvais traitements.

Déjà les premières enquêtes menées sur le sujet et des procédures judiciaires visant à établir les responsabilités individuelles ou celles d’états ont mis à jours quelques dossiers, parmi lesquels (liste non exhaustive) :

L’Allemagne s’est rendue complice de la détention secrète de Muhammad Zammar, interrogé par des agents allemands alors qu’il était maintenu en détention secrète en Syrie. Les responsables allemands ont reconnu le recours à la torture. Zammar n’a toujours pas obtenu justice, malgré la tenue d’une enquête parlementaire allemande.

L’Italie a inculpé des agents américains et italiens pour l’enlèvement d’Abou Omar à Milan et son transfert illégal vers l’Egypte, où il a été maintenu en détention secrète et torturé. Mais ces affaires, impliquant de hauts responsables américains et italiens ont été classées sans suite, en raison du secret d’Etat ainsi que de l’immunité diplomatique. A l’heure actuelle le gouvernement Berlusconi continue d’utiliser le secret d’Etat pour faire obstruction aux injonctions du Parquet.

La Lituanie a reconnu l’existence de deux prisons secrètes de la CIA sur son territoire. L’action en justice suit son cours.

La Macédoine a participé à la détention illégale, puis à la livraison orchestrée par la CIA vers l’Afghanistan du ressortissant allemand Khaled el Masri, qui a déposé une plainte devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme. Une première dans l’histoire : c’est en effet la première fois que cette cour devra examiner la complicité de l’un des Etats membres du Conseil de l’Europe dans les programmes de la CIA.

La Pologne : la police des frontières a révélé mi-2010 que sept avions de la CIA, transportant des « passagers » ont atterri à l’aéroport de Szymany, près du site d’une prison secrète à Stare Kiejkuty. En septembre 2010, Abd al Rahim al Nasiri s’est vu accordé par le bureau du procureur le statut de « victime », c’est qui est une première dans toute cette affaire.

La Roumanie a hébergé une prison secrète, mais décline fermement toute implication et ce malgré que de nouveaux éléments mis à jour prouve sa participation à ce programme de la CIA.

La Suède est accusée de ne pas avoir enquêter comme il se devait sur sa complicité avec le programme de kidnapping de la CIA concernant Ahmed Agiza et Mohammed al Zari envoyés en Egypte, où ils ont été torturés. Malgré cela, ces hommes ont obtenu de la Suède des indemnisations, sans que celles-ci à l’heure actuelle soient pleines et entières.

Le Royaume-Uni a également mi-2010 reconnu l’implication de responsables britanniques dans le programme de la CIA. Le gouvernement a promis de diligenter une enquête sur ces responsables de mauvais traitements à des personnes qui auraient été détenues à l’étranger aux mains de services secrets étrangers. Le gouvernement britannique a également admis que les Etats-Unis avaient utilisé le territoire britannique pour ces opérations.

Pour accéder au rapport complet (.pdf, en anglais), cliquer ici