La contestation ne faiblit pas au Chili. Hier vendredi, plusieurs milliers de manifestants ont affronté les forces de l’ordre lors d’une manifestation dans le centre de Santiago, la capitale du pays. Par le biais des réseaux sociaux, les manifestants s’étaient réunis vendredi comme à leur habitude Plaza Italia, haut lieu de la contestation depuis le début des manifestations massives contre le gouvernement de Sebastián Piñera. Les forces antiémeute ont pris le contrôle de la place en milieu d’après-midi, à grand renfort d’effectifs pour empêcher tout rassemblement. Elles ont dispersé la foule à coups de jets d’eau et de gaz lacrymogène. Une situation déjà vue il y a une semaine, lorsque de violents affrontements avaient éclaté entre policiers et manifestants (voir notre article). Mais après près de deux heures d’affrontements et un incendie dans un centre culturel voisin, des milliers de manifestants ont finalement réussi à atteindre le centre de la place.

Les affrontements d'hier au Chili

 

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De violents affrontements entre policiers et manifestants ont éclaté vendredi dans le centre de Santiago du Chili, alors que le pays est secoué depuis deux mois par une profonde crise sociale. Des incidents ont notamment éclaté aux alentours de la Plaza Italia, haut lieu de la contestation, qui avait été bouclée et occupée en grand nombre par les forces anti-émeutes pour empêcher toute manifestation. Cela n’a pas empêché les manifestants de tenter d’accéder à la place, la police ripostant à coups de jets d’eau et de gaz lacrymogène. Après une heure d’affrontements, les manifestants ont renversé les barrières métalliques qui bloquaient l’accès à la place et ont débordé les forces de l’ordre, qui ont dû se replier vers les rues avoisinantes. Un autre groupe de manifestants a marché vers le palais gouvernemental de La Moneda, où ils ont lancé des pierres sur la police qui les a dispersés à l’aide de gaz lacrymogène.

Les affrontrements de vendredi à Santiago

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Au Chili le mois passé, des dizaines de manifestants équipés de lasers se sont mis à viser simultanément un drone de la police qui survolait la foule. Peu à peu, l’engin a semblé désorienté et a fini par descendre et terminer sa course dans la foule. Il y a plusieurs explications possible à la défaillance de l’appareil. Il est possible que le pilote, à distance, ait été simplement aveuglé par les lasers. Une deuxième option serait que les lasers ait entraîné un malfonctionnement des capteurs infrarouges, enclenchant un atterrissage automatique. Selon une troisième hypothèse, la chaleur combinée des pointeurs lasers aurait fait fondre le câblage interne de l’appareil ou serait parvenue à décharger la batterie du drone. Les manifestants adoptent de plus en plus les pointeurs lasers pour lutter contre les techniques de surveillance des forces de police: en fait, c’est l’optique des drones qui est visée et qui peut être grillée par les lasers. A Hong Kong aussi, des manifestants ont utilisé des pointeurs lasers sur des logiciels de reconnaissance faciale ainsi que d’autres technologies de surveillance.

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Le drone dans le faisceau de rayons laser

Vendredi 6 décembre, des milliers de personnes ont pris part à une manifestation à Santiago au cours desquels des heurts ont éclaté avec la police. A proximité de la Plaza Italia, des manifestant·es armé·es de pierres ou de cocktails molotov se sont affronté·es à la police qui a tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau. Des manifestant·es ont brandi un énorme drapeau chilien avec un œil fermé dessus pour représenter les quelques 300 personnes éborgnées par des tirs de la police au cours des dernières manifestations (voir notre article).

Au cours de cette manifestation, une personne a été blessée par balle, probablement par un policier en civil. Notons que depuis le début du mouvement de révolte, il y a maintenant 50 jours, 23 personnes ont été tuées. Enfin, on signale l’usage par la police de grenades lacrymogènes spéciales à longue portée qui ont fait de nombreux·ses blessé·es.

Émeutes au Chili (archive)

Émeutes au Chili (archive)

 

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Le président du Chili, Sebastián Piñera, a annoncé dimanche passé que les polices d’Angleterre, d’Espagne et de France conseilleront la police nationale chilienne en matière de maintien de l’ordre. Il affirme que cette collaboration ne consistera pas seulement en un « échange d’expérience » autour des manifestations avec affrontements violents, mais que la police chilienne se formera également aux tactiques et stratégies employées dans ces pays européens pour « rétablir l’ordre public ». Cette collaboration s’inscrirait dans un ensemble de mesures d’intensification de la répression annoncées par le sous-secrétaire chilien à l’Intérieur Rodrigo Ubilla.

Ces annonces ont lieu dans un contexte de manifestations de masse au Chili qui sont violemment réprimées, faisant plus de 2000 blessé·e·s, près de 200 éborgné·e·s et plusieurs mort·e·s (voir nos articles ici).

Le président du Chili Sebastián Piñera

Le président du Chili Sebastián Piñera

La protestation, déclenchée le 18 octobre par une augmentation du prix du ticket de métro à Santiago, s’est vite étendue à des revendications plus larges, débouchant sur la plus grave crise sociale que le Chili ait connue en trois décennies. Des troubles insurrectionnels se sont ainsi produits jeudi à Santiago et dans d’autres villes comme Valparaiso, Viña del Mar, Arica, Antofagasta et Concepcion. Un adolescent a été tué sur une barricade érigée avec des pneus sur la route qui relie Arica, près de la frontière péruvienne, au reste du pays. Un automobiliste a voulu foncé dans le barrage, tuant l’adolescent et blessant grièvement un adulte qui l’accompagnait. Outre ce 23e décès, le bilan officiel des incidents de jeudi a été de 128 blessés et 767 arrestations. A Santiago, en particulier, et dans plusieurs quartiers périphériques de la capitale comme Puente Alto, Quilicura ou Maipu, la nuit de jeudi à vendredi avait été marquée par des attaques contre des commerces, un poste de police et une station-service.

Des milliers de personnes se sont de nouveau rassemblées vendredi sur la plaza Italia (rebaptisée place de la Dignité), dans le centre de la capitale, pour la cinquième « plus grande marche du Chili », une manifestation convoquée chaque vendredi sur cette place depuis le début du mouvement. Dans les environs, des manifestants encagoulés affrontaient la police, qui dispersait la foule avec du gaz lacrymogène et des camions lanceurs d’eau. Pendant les neuf premiers jours du mouvement, le président chilien Sebastian Piñera avait déployé l’armée dans les rues et décrété un couvre-feu. Mais à présent la police (et la police militarisée, les carabiniers) est seule à tenter de rétablir l’ordre. La police a annoncé mardi qu’elle suspendait l’utilisation de ces munitions spéciales qui ont rendu borgnes ou aveugles des centaines de manifestants (voir notre articles).

Des manifestants se protègent face aux forces de l'ordre à Santiago, hier vendredi

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Pour le quatrième vendredi de manifestation, des milliers de personnes se sont rassemblées sur la place d’Italie, rebaptisée place de la Dignité par les manifestant.e.s qui la considèrent comme un symbole des manifestations. Ce jour-là, un jeune homme est mort d’un arrêt cardiaque suite à l’utilisation massive, par les forces de l’ordre, de gaz lacrymogène sur la place de la Dignité. L’équipe médicale qui tentait de le ranimer a  été attaquée par la police avec les autopompes, du gaz lacrymogène et également des tirs de balles en caoutchouc blessant à la jambe un des médics qui soignait le manifestant. Celui-ci venait de Maipú, commune de la banlieue de Santiago.

Manifestante arrêtée place de la dignité (ancienne place d'Italie)

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Selon un organisme public indépendant, 197 personnes ont subi des blessures oculaires depuis le début de la contestation le 18 octobre au Chili, principalement causées par des tirs de « chevrotines » de caoutchouc.  Parmi elles, 35 risquent de perdre totalement la vue. Au moins vingt personnes sont mortes depuis le début de la crise chilienne, et plus de 2.000 ont été blessées, selon les chiffres officiels. A cela s’ajoutent d’autres traumatismes comme les agressions sexuelles contre les manifestantes arrêtées: 93 plaintes ont été déposées, dont 23 pour des agressions sexuelles commises par des policiers sur des mineures.

1er novembre, en mémoire de celles qui ont été tuées, torturées et violées.

 

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Alors qu’une mobilisation sociale inédite est férocement réprimée par l’armée et la police au Chili (voir notre article), une énorme fuite de données vient d’avoir lieu. Les informations personnelles de tous les policiers chiliens ont été rendues accessibles sur le site pacolog. Sur une carte du Chili, chaque petite icône représente un agent chilien et son lieu de résidence. Il est possible de zoomer pour obtenir l’adresse exacte. En cliquant sur l’icône, le profil du policier apparaît, avec son nom complet, numéro d’identité, matricule, adresse personnelle, mail et GSM. On y trouve aussi parfois un profil Facebook, le lieu de travail, le grade, et le détachement.

Plus d’infos ici.

Capture d'écran du site PacoLog

Capture d’écran du site PacoLog

 

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La tension ne redescend pas au Chili. Alors que le gouvernement de Piñera a annoncé quelques mesures sociales pour enrayer le mouvement, le mouvement social est entré dans sa troisième semaine. Une foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes, parmi lesquelles de nombreux étudiants, s’est rassemblée lundi soir à Santiago, sur la plaza Italia, lieu emblématique du mouvement de colère initié le 18 octobre. Les manifestations dans la capitale ont été émaillées de nombreux affrontements. Des heurts ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants et plusieurs bus ont été incendiés. Alors qu’un cortège tentait de s’approcher du palais présidentiel de la Moneda, la police a dispersé la foule en faisant usage des lances à eau et de gaz lacrymogènes. Révoltés par les inégalités sociales, les manifestants réclament notamment une réforme du système de retraites et une révision de la Constitution, tous deux hérités de la période de la dictature, ainsi que de profondes réformes du modèle économique ultralibéral chilien. La crise sociale, provoquée le 18 octobre par une augmentation du prix du ticket de métro (depuis annulée), a fait 20 morts et 1 305 blessés.

manifestant au Chili

 

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