Jeudi 21 novembre, des manifestations massives étaient annoncées en Colombie pour protester contre les mesures d’austérité du gouvernement d’Iván Duque. Celui-ci avait pris des mesures répressives préventives (dont le déploiement de 4000 policiers dans la capitale) (voir notre article). Malgré ce déploiement policier, plus de 250.000 personnes ont manifesté dans le pays ce jour-là. Dans la capitale, Bogotá, la police anti-émeute colombienne (Esmad) a dispersé violemment des manifestant·es à l’aide gaz lacrymogène sur la Plaza de Bolívar alors que celles et ceux-ci bloquaient des routes à la fin de la manifestation. La police a fait de même dans le district densément peuplé de Suba où des manifestant·es bloquaient une station de métro.

Au total, trois manifestant·es ont été tué·es dans les manifestations de jeudi : deux lors d’une action dans un centre commercial situé dans la municipalité de Buenaventura et une autre dans la municipalité de Candelaria dans le département du Valle del Cauca. En outre, selon les chiffres officiels 122 manifestant·es auraient été blessé·es, le chiffre réel étant très probablement bien plus élevé. Enfin, on dénombre 98 arrestations.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogota, le 21 novembre.

Des manifestant·es contre le gouvernement Duque à Bogotá, le 21 novembre.

Jeudi 21 novembre, une manifestation de masse est prévue à Bogotá pour protester notamment contre des mesures d’austérité annoncées par le gouvernement de Ivan Duque. Au vu des vagues d’émeutes récemment vécues dans différents pays d’Amérique latine, celui-ci a décidé de prendre des mesures afin d’éviter de perdre le contrôle de la situation. Ivan Duque a ainsi annoncé une fermeture des frontières du pays jusque vendredi matin, ainsi que des mesures permettant aux autorités locales d’imposer des couvre-feux et d’interdire la vente d’alcool. Dans la capitale, des escadrons de police antiemeute étaient visibles en dehors de plusieurs universités. De nombreuses entreprises fermeront leurs portes pendant que les écoles demanderont au personnel et aux étudiants de rester chez eux. Enfin, la police a perquisitionné mardi 27 maisons de personnes soupçonnées d’être impliquées dans des manifestations antigouvernementales d’octobre (voir notre article).

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

Affrontements entre policiers et étudiant·es en octobre en Colombie

 

 

Samedi 9 novembre, le corps sans vie de Carlos Arenas, un militant du parti FARC (un parti issu des Forces armées révolutionnaires de Colombie) a été retrouvé dans la municipalité de Santa Isabel à Tolima. Le même jour, le parti FARC dénonçait l’assassinat d’un autre de ses militants, Diego Fernando Campo, dans le département du Cauca, au sud-ouest du pays. Les assassinats de FARC démobilisés sont courants dans le pays (voir notre article), constituant l’une des raisons qui amène de nombreux membres et dirigeant·e·s à reprendre les armes aux cotés d’autres combattant·e·s FARC qui avaient refusé l’accord de paix (voir notre article).

Diego Fernando Campo militant du parti FARC assassiné

Diego Fernando Campo militant du parti FARC assassiné

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Mercredi 16 octobre, Un soldat de l’armée colombienne a fait défection avec son fusil de dotation et du matériel de guerre dans le département d’Arauca, à la frontière avec le Venezuela, et a rejoint l’ELN. Le déserteur, identifié comme étant Luis Carlos Carrillo, apparaît dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux dans laquelle il déclare s’être engagé en 2018 dans le 18ème groupe de cavalerie mécanisée de l’armée, basée à Saravena dans la département d’Arauca.

Selon Carrillo, au cours de sa période au sein de l’armée colombienne, il n’a pas appris « quoi que ce soit de bon » mais avait découvert la corruption dans l’armée ainsi que les mauvais traitements infligés aux soldats par les officiers de haut rang. Dans la vidéo, il déclare que pendant son temps à l’armée des supérieurs lui avaient parlé de soutenir les groupes paramilitaires pour « défendre la patrie » mais qu’en réalité la patrie qu’il défendait était « la patrie des riches ».

Le soldat Carrillo déserte et rejoint l'ELN

Le soldat Carrillo déserte et rejoint l’ELN

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Hier jeudi 10 octobre, des étudiants des universités publiques et privées de Bogotá sont descendus dans les rues pour exiger du gouvernement qu’il respecte les accords économiques négociés en 2018. A Bogota, la manifestations commencée dans le calme a tourné à l’affrontement suite à l’attaque de banques et d’infrastructures publiques par des manifestants masqués. Les plus grands affrontements ont eu lieu au Palais de justice, où les cortèges de toutes les universités se sont retrouvées. Les policiers ont été caillassés, les escadrons anti-émeutes sont intervenus brutalement et ont nappé la place de gaz lacrymogène.

Caillassage des policiers protégeant le palais de justice

 

Lundi 7 octobre, une commandante du 18ème Front (une organisation des dissident·e·s des FARC refusant l’accord de paix) portant l’alias « La Reina » a annoncé que ses forces rejoignaient Iván Márquez dans son projet de reformer les FARC (voir notre article) et le reconnaissaient comme commandant en chef. La Reina précise donc que son front suivra désormais les directives de la guérilla formée par Márquez, Seuxis Pausias Hernández, alias « Jesús Santrich et Hernán Darío Vélez, alias « El Paisa ».

Le 18ème Front compte au moins 120 combattantes et combattants. Il est positionné dans la partie occidentale de la Colombie (dans le nord-ouest du département d’Antioquia et dans le sud du département de Cordoba). Cela en fait un allié stratégique pour Márquez qui est, lui, présent dans la partie orientale du pays à la frontière avec le Venezuela. Cette première fusion pourrait laisser présager des progrès dans la réunification des FARC.

Le 18ème Front rejoint Ivan Marquez

Le 18ème Front rejoint Ivan Marquez

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Mardi 1er octobre, le procureur général de Colombie a ordonné l’arrestation de trois dirigeants de l’ELN pour meurtre. Il s’agit des trois membres du commandement central de la guérilla (Nicolás Rodríguez Bautista, alias »Gabino », Israël Ramírez Pineda, alias « Pablo Beltrán », et Eliécer Herlinton Chamorro Acosta, alias « Antonio García ») qui sont bloqués à La Havane depuis l’échec des négociations pour l’accord de paix (voir notre article). Ils sont accusés d’avoir ordonné l’assassinat de deux journalistes dans la municipalité de Segovia (dans le département d’Antioquia) en 1991 qui auraient été confondus avec des agents du renseignement militaire. L’ELN, en revanche, accuse le gouvernement de ce meurtre. Le gouvernement cubain n’a pas répondu à la demande d’extradition.

Par ailleurs, le 3 octobre, une attaque a visé un convoi de la deuxième division de l’armée colombienne transportant le général Mauricio Moreno. Une charge explosive a été activée sur l’une des routes de la municipalité d’Aguas Claras, Ocaña, au nord du département de Santander, au moment où le convoi passait. Aucune personne n’a été blessée durant l’attaque mais un véhicule de l’armée a été détruit. L’opération a été attribuée à l’ELN qui, à ce stade, ne l’a cependant pas revendiquée.

Combattant·e·s de l'ELN

Combattant·e·s de l’ELN

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Des dizaines de manifestants masqués ont affronté les forces de police qui tentaient de reprendre le contrôle de Circunvalar Avenue, aux environs du siège de l’université, dans le quartier de La Macarena, au centre-ville de Bogota. Les affrontements ont commencé à la fin des manifestations d’enseignants du Magistère, qui dénonce les attaques contre eux et  la violation d’accords signés entre l’État et les éducateurs. Dans un premier temps, la police a réagit au blocage de l’avenue en détournant la circulation, puis sont intervenues les forces anti-émeutes (ESMAD) et les affrontements ont commencé, les manifestants lançant des pierres, des bâtons et des bouteilles, tandis que les policiers utilisaient des gaz lacrymogènes et des bombes assourdissantes.

Les affrontements de Bogota

Dans le week-end du samedi 31 août et du 1er septembre, l’armée colombienne a mené plus de quarante opérations de contre-guérilla pour réagir à l’appel fait par Ivan Marquez, ex-commandant en second des FARC, à reprendre les armes (voir notre article). Le président Ivan Duque a notamment autorisé des raids aériens dans le sud du pays. Douze hommes ont été tués au cours de ces bombardements. Par ailleurs, le commandant en chef des forces armées, le général Nicasio Martinez a donné une conférence de presse samedi 31 août, entouré de tout le haut commandement. Il a annoncé la constitution d’une force spéciale pour mettre la main sur Marquez et ses camarades.

Combattants des FARC (archive)

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Dimanche 1er septembre, le front Domingo Laín Sáenz de l’ELN a mené une attaque contre un convoi de l’armée qui venait de réaliser une fouille d’une cachette de la guérilla dans le village de Caracoles dans une zone rurale du département d’Arauca, à la frontière avec le Venezuela. Un soldat a été tué dans l’explosion d’un engin explosif. Au cours des combats, quatre autres soldats ont également été blessés et un guérillero a été tué. Les camions l’armée ont ensuite été incendiés.

Combattantes de l'ELN

Combattantes de l’ELN

 

 

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