Au cours de la semaine dernière, une opération de l’armée colombienne aurait fait huit morts et 17 blessés dans les rangs de la dissidence des FARC dans la région du Cauca. Les combats ont eu lieu dans le canyon del Micay, territoire de montagnes enclavées dans le département du Cauca et l’un des bastions de l’État-major central, la principale dissidence des FARC rejettant l’accord de paix de 2016. Le 17 mars, le gouvernement avait annoncé la suspension dans trois départements du pays de la trêve conclue avec ce groupe, après plusieurs incidents impliquant l’EMC. Cette fin de semaine, l’armée a annoncé le lancement d’une vaste offensive, baptisée « opération Mantus », comportant le déploiement de 32 000 militaires dans les trois départements voisins concernés par la fin de la trêve, tous trois le long de la côte du Pacifique.

Jeudi  après-midi, des affrontements ont eu lieu à proximité de l’université nationale, qui ont provoqué d’imenses embarras de circulation à Bogota Les forces anti-émeutes ont dégagé les axes routiers bloqués par les manifestants, mais ceux-ci ont à bloqué ces axes. Depuis des semaines, différents secteurs étudiants et académiques ont exprimé leurs désaccords concernant les candidats et la procédure de sélection du nouveau recteur. Les membres de la communauté universitaire dénoncent un processus électoral opaque et non démocratique. Cette élection est rejettée par la communauté étudiante. Cependant, la situation s’est aggravée ce jeudi suite à l’élection du nouveau recteur de l’université pour la période 2024-2027.

Des manifestations étudiantes ont eu lieu en raison du processus d’élection du nouveau recteur de l’Université d’Antioquia. Les étudiants dénoncent un processus antidémocratique et miné par des intérêts politiques et clientélistes. Les manifestants cagoulés ont lancé des projectiles sur les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogènes pour les disperser. Quelques manifestants ont volé une des voitures de patrouille de la police et l’ont incendié.

Les marches du 8 mars se sont d’abord déroulées dans le calme dans la capitale colombienne. Plusieurs grands carrefours et cinq stations de transports en commun ont été bloqués par les manifestantes, notamment à côté des Universités, du Centre de Mémoire Historique et de la Mairie. Les forces anti-émeutes sont alors intervenues brutalement en tirant des gaz lacrymogènes. Les policiers ont essuyés des jets de projectiles et il y a eu des dommages occasionnés aux infrastructures.

 

 

Le gouvernement de Colombie et l’Armée de libération nationale (ELN) ont annoncé lundi à La Havane la reprise de leurs pourparlers de paix. Le 20 février, l’ELN avait annoncé le gel des pourparlers de paix en accusant les autorités de Bogota de ne pas avoir respecté des règles convenues au démarrage des discussions (voir notre article), ce que le gouverne a depuis contesté. Début février, les deux parties avaient annoncé à La Havane une prolongation de six mois du cessez-le-feu, avec l’engagement de la part de la guérilla de mettre fin à sa pratique des enlèvements. Plusieurs cycles de négociations avec l’ELN ont déjà eu lieu au Venezuela, au Mexique et à Cuba, qui jouent le rôle de garants avec les gouvernements du Brésil, du Chili et de la Norvège. À ces pays s’ajoutent l’Allemagne, l’Espagne, la Suède et la Suisse, qui accompagnent les pourparlers, ainsi qu’un représentant du secrétaire général des Nations Unies.

Combattantes de l'ELN

Combattantes de l’ELN

Alors que des manifestations ont lieu dans tout le pays contre le gouvernement, un incident isolé a été signalé à proximité de l’université pédagogique. Des manifestants cagoulés ont affronté les forces de sécurité à cet endroit. Au cours d’une manifestation intitulée « Pour nos morts, pas une minute de silence », des manifestants cagoulées ont affronté des policiers anti-émeute.

Ludivia Galindez Jiménez, 50 ans, membre du Parti communiste colombien, était une défenseuse des droits humains en Colombie. Elle a été lâchement assassinée le 23 février chez elle dans la ville de Florencia, Caquetá. Ludivia Galindez Jiménez, 50 ans, en plus d’être présidente d’Asojuntas de La Montañita, a fait partie de l’Association des femmes pour la paix et la défense des droits humains des femmes colombiennes, et elle était membre de la direction régionale du Parti communiste colombien et une ancienne candidate lors des dernières élections. Cela porte à 24 le nombre de dirigeants politiques et sociaux qui ont été assassinés depuis le début de l’année.

L’ELN a annoncé le gel des pourparlers de paix et une « crise ouverte » avec le gouvernement, dénonçant des violations des règles convenues dans le cadre des négociations lancées en 2022. L’ELN Elle accuse les autorités de Bogota de ne pas avoir respecté des règles convenues au démarrage des discussions qui se déroulent actuellement à Cuba, avec notamment la mise en place d’un dialogue avec le gouverneur du département de Narino (sud-ouest) en parallèle des pourparlers en cours. La semaine dernière, l’ELN avait pourtant donné un gage de bonne volonté en suspendant une grève armée qu’elle avait décrétée dans l’ouest du pays pour dénoncer la complaisance de la force publique avec des groupes paramilitaires.

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Combattant·e·s de l’ELN

Le mercredi vers 13 heures, des affrontements ont éclaté à trois endroits de Bogota : sur l’avenue Circunvalar et la 26e rue, sur l’avenue Circunvalar et la 12e rue, et sur l’avenue Villavicencio et la rue Gaitán Cortés, juste en face de trois campus de l’université du district. Des manifestants cagoulés sont sortis sur l’avenue Villavicencio et ont attaqué un bus zonal du SITP. Les vitres du véhicule ont été brisées et des tags ont été tracés. La police métropolitaine de Bogota est alors intervenue. Les manifestations de la 26e rue et de l’avenue Circunvalar ont pris fin quelques minutes plus tard. Cependant, les heurts se sont poursuivis aux deux autres points.