Les forces militaires et policières ont pénétré vendredi dans une région du nord-ouest de la Colombie paralysée depuis plus d’une semaine par des mineurs illégaux, tandis que les autorités ont décrété un couvre-feu. Les routes sont bloquées par des mineurs qui protestent depuis le 2 mars contre la destruction par les forces de sécurité des dragues qu’ils utilisent pour extraire de l’or illégalement. La semaine dernière, ils ont tenté d’incendier la mairie de Caucasia (voir notre article) et, jeudi, ils ont détruit une banque dans la même municipalité. Selon le gouvernement, les mines clandestines financent cartels et guérillas.

Le gouvernement colombien et l’ELN se sont engagés à entamer les pourparlers en vue d’un cessez-le-feu, au terme, hier vendredi, du deuxième cycle de négociations de paix au Mexique. « Le cadre du pacte à venir sera le droit international humanitaire », annonce le texte lu par une membre de la délégation du gouvernement colombien. « Cela implique des actions et des dynamiques humanitaires afin de diminuer l’intensité du conflit, faciliter la participation de la population à ce processus de paix et générer des garanties pour que cela soit possible dans les zones où la crise humanitaire est la plus grave ». Des délégués du gouvernement colombien et de l’ELN sont en pourparlers au Mexique depuis le 13 février. Mercredi, ils ont annoncé la tenue à Cuba d’un troisième cycle de négociations, sans toutefois préciser la date à laquelle ce nouveau cycle aurait lieu. Les pourparlers entre le gouvernement colombien et l’ELN avaient débuté en 2018 à La Havane sous le gouvernement du président Juan Manuel Santos (2010-2018), auxquels son successeur, Ivan Duque (2018-2022), avait mis fin en 2019 à la suite d’une attaque de la guérilla contre une école de police à Bogota, qui avait fait 23 morts.

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Plusieurs municipalités de la région du Bajo Cauca d’Antioquia ont été le théâtre d’affrontements en raison de la grève minière commencée vendredi 3 mars. Dans la municipalité d’El Bagre, des mineurs ont pénétré dans les bureaux des chantiers de l’Empresa Mineros Aluvial en signe de protestation. Dans la municipalité de Caucasia, des manifestants encagoulés ont causé des dommages à la Casa de la Cultura, à la Casa de la Justicia, à la Personería municipale, à la succursale de Bancolombia et à divers bureaux municipaux tels que les secrétariats de la Santé, des Finances et du Trésor. La société Mineros Colombia a publié un communiqué dans lequel elle annonce suspendre ses opérations faute de sécurité.

Un paysan et un policier ont été tués jeudi lors d’affrontements qui ont eu lieu pendant une manifestation contre une compagnie pétrolière dans le sud-ouest de la Colombie. Les incidents ont éclaté jeudi 2 mars à Los Pozos, près de San Vicente del Caguan, à environ 500 km au sud de Bogota. Des protestataires ont lancé des cocktails molotov sur les installations de la compagnie Emerald Energy, filiale du groupe d’État chinois Sinochem, et ont affronté la police. Des vidéos ont montré un incendie et des groupes de manifestants armés de bâtons traînant au sol un policier qui les supplie de ne pas le passer à tabac. Les manifestations contre Emerald Energy ont commencé en novembre. Les protestataires reprochent à l’entreprise de ne pas avoir tenu certaines promesses faites aux habitants de la région, comme des constructions d’infrastructures et de routes.

Dans l’après-midi du jeudi 23 février, deux manifestations ont eu lieu dans différents quartiers de Bogota, dans deux des institutions éducatives les plus connues de la capitale : l’Université nationale et le Colegio Mayor de Cundinamarca. La première de ces manifestations a eu lieu très près du centre de Bogota, dans le secteur de la Macarena. Les étudiants du Colegio Mayor de Cundinamarca protestaient contre l’expiration des polices d’assurance des étudiants et le manque d’entretien de la structure de l’école. Des manifestants cagoulés ont lancé des objets contondants et incendiaires sur la police. À un autre endroit de la ville, sur la 26e rue, au niveau du campus principal de l’Université nationale, des manifestants cagoulés ont détruit le portail d’entrée de l’université.

Neuf membres présumés de la guérilla de l’ELN ont été tués par l’armée colombienne lors d’une opération menée par la marine colombienne. L’opération a eu lieu les deniers jours de janvier dans une zone rurale de la municipalité de Buenaventura (sud-ouest). Un militaire colombien a été blessé lors de ces affrontements, et est décédé des suites de ses blessures. L’Armée de libération nationale, d’inspiration guévariste négocie depuis fin 2022 avec le gouvernement de gauche du président Petro.

 

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Le gouvernement colombien et l’ELN ont déclaré samedi qu’ils avaient surmonté les tensions causées par la déclaration erronée du président Gustavo Petro selon laquelle l’ELN avait accepté un cessez-le-feu. Celui-ci reste cependant l’objectif des négociateurs qui ont convenu de négocier un tel cessez-le-feu dès la reprise des pourparlers officiels au Mexique le 13 février. Les négociateurs se sont mis d’accord sur un « corridor humanitaire » qui a permis à une centaine d’observateurs indépendants de se rendre dans une région de l’ouest de la Colombie touchée par la guerre pour y inspecter la situation humanitaire. Par ailleurs, le gouvernement a provisoirement accepté les cessez-le-feu entrés en vigueur le 1er janvier avec quatre autres forces armées: deux dissidences des FARC (Bloc du Sud-Est et Segunda Marquetalia), les paramilitaire de l’AGC, et le groupe mafieux Los Pachencas. L’éventuelle démobilisation de l’AGC et de Los Pachenca est délicate car elle pourrait révéler les liens entre les paramilitaires et les trafiquants de drogue avec les forces de sécurité et les élites colombiennes.

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Combattant·e·s de l’ELN

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Lundi vers 16h30, des manifestants se sont rassemblés devant le Palacio de Liévano, siège de la mairie de Bogota et d’autres entités du district pour exiger des explications sur les manifestants disparus. Des affrontements ont lieu entre la police anti-émeute (ESMAD) et les manifestants du groupe « Première Ligne », qui, outre la question des disparitions présumées, ont exprimé leur rejet de la nomination du nouveau secrétaire à la sécurité, le général Óscar Gómez Heredia. Ils ont bloqué un grand carrefour. Trois personnes ont été arrêtées pour avoir jeté des objets sur le bureau du maire.

Le plus grand groupe de combattants n’ayant pas accepté l’accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) en 2016, l’EMC (État-major central des) FARC, a décrété un cessez-le-feu unilatéral jusqu’au 2 janvier. Cette semaine, l’Armée de libération nationale (ELN) avait annoncé une trêve, alors que des négociations de paix avec le gouvernement colombien étaient en cours à Caracas. Les deux organisations ont promis de cesser les attaques contre les forces publiques jusqu’au 2 janvier.

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