Les tensions montent depuis des mois à cause des demandes américaines voulant que le Mexique paie un déficit 35 milliards de litres le 24 octobre pour atteindre son quota d’approvisionnement en eau sur cinq ans. Un traité oblige les États-Unis à envoyer plus d’eau au Mexique qu’ils n’en reçoivent, mais ces paiements circulent ailleurs le long de la frontière, loin du Chihuahua sec, qui fournit plus de la moitié de la part du Mexique. En outre, le Mexique et les États-Unis ne sont pas d’accord sur ce que le Mexique doit encore, et des rumeurs circulent selon lesquelles les États-Unis ont surestimé leur contribution en eau. Les agriculteurs du Chihuahua disent que les paiements supplémentaires consistent à vider les barrages qui stockent l’eau dont ils ont besoin. Avec des précipitations de 30% des niveaux normaux cet été, les agriculteurs du Chihuahua ont averti que la prochaine saison de plantation pourrait être en danger.

La crise est devenue violente ce mois-ci quand environ 2000 manifestants ont envahi le barrage de La Boquilla sur la rivière Conchas et qu’une unité de garde nationale a été envoyée pour les arrêter. Jessica Estrella Silva Zamarripa, d’une famille paysanne, a été abattue par les gardes lors de l’affrontement, mais les manifestants, armés de bâtons et de pierres, ont pu repousser les forces de sécurité et garder le contrôle de la centrale hydroélectrique. Depuis, les tensions se sont intensifiées, les générateurs du barrage ayant été incendiés, provoquant une coupure de courant. 500 gardes supplémentaires ont été envoyés dans la région. Une autre manifestation a éclaté vendredi, à côté d’un pont reliant les villes frontalières de Juarez et El Paso, au Texas. Les manifestants ont dénoncé la mort de Silva et ont exigé que le Mexique cesse d’envoyer l’eau vers le nord.

Les affrontements dans le Chihuahua

Les manifestations BLM et les affrontements ont repris à Portland, dans l’Oregon, à la suite d’une brève accalmie en raison des incendies de forêt qui ravagent l’État. Les affrontements de vendredi 18 septembre ont commencé quand la police a déclaré illégale une manifestation devant le bâtiment de l’Immigration et des Douanes. Les affrontements qui ont suivi ont amené l’arrestation de 11 manifestants. Quelques centaines de manifestants ont à nouveau défilé dans la ville samedi soir, certains d’entre eux brisant des vitrines et taggant des bâtiments. Une banque et un Starbucks faisaient partie des entreprises ciblées. Aucune arrestation n’a été effectuée, mais une enquête a été ouverte.

Les chiffres de la répression des manifestations dans la ville ont été rendus public. Le bureau de police de Portland, la police de l’État de l’Oregon et d’autres agences locales ont arrêté au moins 851 personnes entre le 31 mai et le 1er septembre de cette année. Sur les 851 arrestations examinées par le procureur de district, 249 ont été renvoyées pour accusation de « crime », tandis que 599 autres sont répertoriées comme des simples « délits ». Jusqu’à présent, le procureur de district a porté plainte dans 19 cas impliquant des manifestants. Sur les 19 cas, une seule personne a été condamnée à ce jour après avoir plaidé coupable d’incendie criminel au premier degré. Les agences fédérales ont de leur côté arrêté 98 personnes, parmi lesquelles. 88 font maintenant face à des accusations fédérales, pour « crime » dans 38 cas et « délit » dans 45 autres. Au moins 18 mineurs ont été détenus pendant les manifestations et renvoyés au système de justice pour mineurs du comté.

Intervention des forces fédérales ce vendredi à Portland

 

Les services de police de la région de Denver ont arrêté, jeudi 17 septembre, des militant·es contre les meurtres policiers. Ces arrestations se sont déroulée au cours d‘une opération coordonnée. Certaines personnes ont ainsi été arrêtées dans un parking de « Home Depot », à leur domicile et ou au volant de leur véhicules. On dénombre au moins quatre personnes arrêtées, membres du Party for Socialism and Liberation. Ces militant·es organisaient les manifestations réclamant justice pour Elijah McClain, qui avait été brutalement assassiné par le département de police d’Aurora. Ils sont toujours en prison, à l’exception d’une personne. Ils font face à de multiples accusations de crime (y compris une étrange accusation de kidnapping). Plus d’infos ici.

Affrontements à Denver

Michael Reinoehl, un militant antifasciste a été abattu jeudi à Lacey, dans l’État de Washington, par des policiers venus l’arrêter. Il a été tué par 13 balles tirées par des policiers fédéraux, alors qu’il venait de quitter un appartement et de grimper dans une voiture. Michael Reinoehl, un habitué des manifestations Black Lives Matter (BLM) à Portland, était soupçonné d’avoir abattu un militant d’extrême-droite au cours d’un affrontement. Celui-ci était membre des « Patriot Prayer » et était impliqué dans des attaques contre les manifestation BLM (voir notre article).

Michael Reinoehl, un militant antifasciste assassiné par la police

Michael Reinoehl, un militant antifasciste assassiné par la police

Alors que la violence s’intensifie de la part de la police, des officiers fédéraux et des groupes fascistes à travers les États-Unis (et le monde), le site internet Crimethinc a décidé de développer une série de guide visant à améliorer la sécurité des manifestant·es. Le premier guide concerne l’utilisation des casques en manifestation. Il explore une large gamme de casques de protection, détaillant les avantages et les inconvénients de chacun, afin que vous puissiez choisir ce qui vous convient le mieux. Lire le guide ici.

Un casque a sauvé la vie d'un manifestant délibéré touché à la tête par une grenade flash-bang

Un casque a sauvé la vie d’un manifestant délibéré touché à la tête par une grenade flash-bang

Plusieurs centaines de voitures conduites par des partisans du président américain, avec drapeaux et signes pro-Trump, ont convergé de façon organisée en file sur Portland samedi, y compris dans le centre-ville où se trouvent les manifestants du mouvement Black Lives Matter. Des affrontements ont eu lieu entre manifestants et contre-manifestants» et des policiers sont intervenus et ont procédé dans certains cas à des arrestations. Des tirs ont eu lieu à 20 h 45 (heures locales), environ, dans le centre-ville, et un homme est mort dans circonstances encore ignorées. Selon des photographies, l’homme décédé portait une casquette «Patriot Prayer», un groupe local d’extrême droite actif contre les manifestations antiracistes qui occupent la ville depuis trois mois. Dans les deux heures qui ont suivi la fusillade, des manifestants se sont rassemblés au centre-ville et il y a eu des combats sporadiques. Dix personnes ont été arrêtées.

Un partisan de Trump tué à Portland

Un partisan de Trump tué à Portland

 

Un calme précaire régnait jeudi à Kenosha où des policiers fédéraux et des soldats de la Garde nationale ont été dépêchés après des violences qui ont fait deux morts et un blessé grave suite à des tirs d’un jeune suprémaciste blanc. Pour rendre hommage à ces victimes, des centaines de personnes ont encore défié mercredi soir malgré le couvre-feu imposé par les autorités. La nuit a été plus agitée à Oakland, en Californie, où un tribunal a été pris pour cible, ou à Minneapolis, dans le Minnesota, où une vingtaine de commerces ont été pillés et vandalisés alors que circulait une rumeur de nouvelle bavure policière. 192 personnes ont été arrêtées.

A Minneapolis toujours, quatre hommes ont été inculpés par un grand jury pour leurs rôles présumés dans l’incendie du poste de police du troisième quartier de la police le 28 mai. Des actes d’accusation ont été émis contre Dylan Shakespeare Robinson, 22 ans; Davon De-Andre Turner, 24 ans; Bryce Michael Williams, 26 ans; et Branden Michael Wolfe, 23 ans. Les quatre hommes sont originaires du Minnesota, et chacun est accusé d’un chef de complot en vue de commettre un incendie criminel.

Quand à Jacob Blake, ce père de famille de 29 ans qui a été touché, dimanche à Kenosha, de plusieurs balles dans le dos tirées à bout portant par un policier blanc, il restera paralysé. L’auteur des tirs, l’agent Rusten Sheskey, a été mis à pied, mais n’a pas été arrêté ni inculpé. La justice fédérale a toutefois annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête en parallèle de celle menée par la justice locale. Le crime a suscité une onde de choc et une mobilisation sans précédent des sportifs américains, enclenchée par l’équipe de basket-ball des Milwaukee Bucks. Ses joueurs ont boycotté un match et contraint la NBA à reporter plusieurs autres rencontres. Assez pour que le président Donald Trump accuse la NBA d’être une « organisation politique » et de moquer leurs « très mauvaises » audiences.

La Garde nationale a été déployée à Minneapolis

La Garde nationale a été déployée à Minneapolis

Cette nuit, des dizaines de suprémacistes pro armes et pro police sont sortis dans la ville de Kenosha pour s’opposer aux manifestants Black Lives Matters et aider la police. Un de ces suprémacistes a tiré sur plusieurs manifestants, tuant au moins deux personnes et en blessant plusieurs grièvement. Le terroriste s’appelle Kyle Rittenhouse.  Sur les réseaux, il affichait son soutien au mouvement Blue Live Matters, un groupe de soutien à la police né en 2014. Plusieurs vidéos de lui circulent sur les réseaux dans lesquelles on le voit lourdement armé en train de discuter avec la police. Après avoir tiré, il s’est même permis permet même d’approcher à nouveau de policiers et de discuter avec eux.

La révolte continue dans la ville de Kenosha où des manifestant·es ont incendié et détruit un bâtiment de l’administration pénitentiaire du Wisconsin. C’est dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres au sud de Milwaukee que la police a tiré dimanche 24 août à plusieurs reprises à bout pourtant sur Jacob Blake  (voir notre article). Plus d’infos ici.

Kyle Rittenhouse

A Kenosha, une ville de 170.000 habitants au bord du lac Michigan, un couvre-feu a été décrété pour la nuit de lundi à mardi, à partir de 20 heures, après une nuit d’affrontements entre manifestants et forces de police. Le gouverneur a annoncé que 125 militaires de la Garde nationale seraient déployés dans la ville afin d’y faire respecter l’ordre. De nouveaux affrontements ont pourtant eu lieu lundi soir. C’est dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres au sud de Milwaukee que la police a tiré dimanche 24 août à plusieurs reprises à bout pourtant sur Jacob Blake. Comme pour George Floyd, la tentative d’interpellation de ce père de famille qui n’était pas armé a été filmée par un témoin. Les images montrent l’Afro-américain de 29 ans suivi par deux policiers ayant dégainé leurs armes alors qu’il contourne une voiture. Au moment où il ouvre la portière, le policier fait feu atteignant Jacob Blake de plusieurs balles dans le dos. La victime a été opérée d’urgence dans un service de soins intensifs de la ville de Milwaukee, où son état restait critique. Les deux policiers ont été suspendus de leurs fonctions et une enquête a été ouverte.

Nuit d'émeutes à Kenosha

 

Des manifestants anti-police ont envahi le centre-ville de Denver, au Colorado, allumant des feux et brisant des vitres, les forces de sécurité ayant été débordées. Des policiers en tenue anti-émeute ont du protéger le quartier général de la police de Denver samedi soir 22 août, mais ailleurs dans le centre-ville, des groupes de manifestants révolutionnaires et BLM ont érigés des barricades enflammées et affrontés la police, notamment à l’aide de feux d’artifices. La police a procédé à 13 arrestations. Les affrontements font suite à un appel public à « Give ‘Em Hell », partagé sur les réseaux sociaux au cours de la semaine dernière, appelant à un «Une action et une manifestation à la suite de la décision du conseil municipal de priver les habitants de Denver du droit de façonner leur communauté et de voter pour l’abolition de la police ».

Affrontements à Denver