Jeudi, à l’issue de la manifestation contre la loi travail, trois jeunes de 19 ans et un quatrième, âgé de 24 ans, s’en prennent à la sandwicherie Bagelstein, rue de Bertrand, restaurant ayant une politique de communication reposant sur des blagues homophobes et sexistes. Le patron est intervenu, a été frappé et légèrement blessé. Immédiatement interpellés par la police, les quatre jeunes, qui se réclament du groupe antifasciste de Rennes, ont comparu, ce vendredi soir, devant le tribunal correctionnel qui les a condamné à des peines de un à trois mois de prison ferme. Le mandat de dépôt a été décerné à l’encontre des quatre prévenus, aux casiers judiciaires vierges. Ils sont donc partis directement à la prison de Vezin.

Rassemblement solidaire, devant la sandwicherie, pendant que se déroulait le procès.

Rassemblement solidaire, devant la sandwicherie, pendant que se déroulait le procès.

Plusieurs milliers de manifestants, 5.000 selon la CGT des Bouches-du-Rhône, ont protesté vendredi à l’aéroport de Marseille-Marignane (dont le personnel faisait grève pour l’occasion) contre la criminalisation des mouvements syndicaux et contre la loi travail. Alors que le procès de cinq adhérents de la CGT, jugés pour l’épisode de la chemise arrachée du DRH d’Air France commençait au tribunal correctionnel de Bobigny, les manifestants réclamaient l’arrêt des poursuites judiciaires à leur encontre. L’appel de la CGT d’Air France, qui demande la réintégration des employés licenciés, n’a eu qu’un faible écho dans les autres aéroports français. Les manifestants qui ont défilé autour de l’aéroport avant de pénétrer dans les Halls 3 et 4, se sont dispersés dans le calme en fin de matinée.

Saisie d’une demande de renvoi par les avocats de la défense, poursuivis pour des faits de violences et de dégradations en réunion, la cour a décidé de renvoyer l’affaire aux 27 et 28 septembre, contre l’avis du procureur. L’avocate de la CGT avait plaidé la jonction entre cette affaire et des faits présumés d’immixtion dans un conflit social pour lesquels elle avait saisi la justice sous la forme d’une citation directe contre Air France et un vigile. Elle avait fait valoir qu’Air France, en fermant l’accès au siège où se déroulait le comité central d’entreprise, s’est rendu coupable d’entrave au droit syndical. Le juge a refusé de se prononcer sur la jonction entre les deux affaires, qui seront donc examinées à la rentrée lors d’une nouvelle audience qui sera elle aussi susceptible d’être renvoyée. En revanche il a motivé le renvoi par le fait qu’il était préférable d’examiner le dossier sur deux jours d’audience au lieu d’une seule comme c’était prévu ce vendredi.

La fuite du DRH d’Air France

L’intersyndicale avait appelé hier jeudi à une nouvelle journée nationale de mobilisation, la huitième depuis mars. Dans la capitale, le cortège s’est rassemblé vers 14h place de la Bastille et est arrivé, peu après 16h, place de la Nation (11e). Des dizaines de milliers de manifestants ont défilé dans les rues de la capitale (300.000 personnes mobilisées dans toute la France). A Paris, des vitrines ont été prises pour cibles, taguées voire brisées comme ça a été le cas pour une concession Skoda le long du parcours parisien, et des projectiles ont été lancés contre les forces de l’ordre. La tension est notamment remontée à l’arrivée du cortège place de la Nation, où un imposant dispositif de police a été déployé.

A Nantes, la préfecture a interdit une manifestation non déclarée, alors que des violences ont émaillé les derniers rassemblements. Un millier de personnes ont néanmoins défilé derrière une banderole « Loi travail, 49.3, état d’urgence. Rage, blocage »; il y a eu des incidents. D’importants défilés ont eu lieu à Rennes, à Caen, à Bordeaux ou encore à Clermont-Ferrand. Il y a eu des affrontements entre policiers et manifestants à Tours et à Grenoble. Selon le ministère de l’Intérieur et la préfecture de police de Paris, 77 personnes ont été interpellées, dont 36 dans la capitale, et quinze policiers ou gendarmes ont été blessés.

Des manifestants se sont rassemblés tôt ce matin dans tout l’Hexagone pour gêner ou bloquer la circulation. Une grève a touché le transport aérien et l’approvisionnement en carburant devient de plus en plus difficile, alors que les autorités ont commencé à puiser dans les réserves : un cinquième des stations-service est en rupture totale ou partielle.

Affrontements à Paris hier jeudi

Affrontements à Paris hier jeudi

Une intervention des forces de l’ordre a été menée ce mardi matin pour dégager les accès à la raffinerie ainsi qu’au dépôt de carburants de Fos-Sur-Mer, bloqués depuis lundi par des militants CGT opposés à la loi Travail. Plusieurs centaines de CRS sont passés à l’offensive sans la moindre sommation. Ils ont gazé, tiré au flash-ball et arrosé tout le monde au canon à eau, blessant plusieurs syndicalistes. Les CRS se sont alors fait caillasser, ils compteraient quelques blessés légers. Toutes les raffineries françaises sont maintenant en grève. Hier jeudi, deux syndicalistes ont été blessés, dont un gravement, toujours à Fos-Sur-Mer, par deux forcenés qui ont forcé leur barrage routier.

Barrage syndical à Fos-Sur-Mer

Barrage syndical à Fos-Sur-Mer

Demain vendredi 27 mai, 16 salariés d’Air France sont traînés devant le Tribunal de grande instance de Bobigny par la direction de l’entreprise. Onze seront jugés pour avoir forcé l’ouverture de la grille du siège et cinq pour faits de violence concernant l’affaire dite « de la chemise ». En conséquence, un rassemblement de soutien est organisé par plusieurs organisations syndicales contre la répression syndicale et la criminalisation du mouvement social.
Déroulé de la journée :
09h00 : Début du rassemblement devant le TGI de Bobigny
10h à 12h : projection du film « Comme des lions » en présence de sa réalisatrice
12h à 14h : prises de parole
14h à 17h : concert de soutien aux 16 d’Air France par Soviet Suprem

La fuite du DRH d’Air France

Depuis le survol par des drones de centrales nucléaires à l’automne 2014, l’État français s’est saisi du problème, lançant des appels d’offre pour des programmes de détection et de neutralisation des drones. Aucun attentat n’a encore été commis par un drone de loisir même si en avril 2015, un drone contenant des produits radioactifs avait atterri sur le toit de la maison du premier ministre japonais Shinzo Abe. Un exercice d’entraînement qui a eu lieu en avril dernier à Saint-Étienne imaginait qu’un drone déverse des produis chimiques dans la foule du stade, qui accueillera trois matchs de l’euro. Pour éviter ce scénario catastrophe, dix stades et 24 centres d’entraînement seront pourvus de zone d’interdiction aérienne et équipés de système anti-drones pendant l’Euro de football. La gendarmerie avait déjà développé un système de drones «renifleurs» capables de localiser grâce à des capteurs à technologie infrarouge le télépilote d’un drone malveillant. Mais il s’agirait là de technologies différentes.

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Environ trois cents personnes ont manifesté pendant près de deux heures, samedi après-midi à Lille. À l’appel de la Confédération nationale du travail (CNT), les participants dénonçaient le traitement policier et judiciaire des sept dernières manifestations contre la loi Travail à Lille : les interpellations de manifestants ; leur jugement parfois en comparution immédiate avec des peines fermes pour plusieurs d’entre eux ; et l’intrusion également des forces de l’ordre dans le local de la CNT. C’était le 20 avril dernier : les policiers y avaient défoncé la porte au bélier, interpellé deux hommes, saccagé une partie du matériel syndical et fouillé les locaux. Sur les banderoles également, le prénom d’Antoine, interpellé mardi avant le départ d’une manifestation anti loi Travail, placé en détention avant son jugement prévu le 9 juin, et qui a entamé une grève de la faim.

La manifestation à Lille

La manifestation à Lille

Manon, étudiante inscrite en licence de Science politique à l’Université de Picardie, a participé le jeudi 28 avril à l’occupation de l’Hôtel de Ville d’Amiens contre la loi Travail, occupation qui s’est terminée par une intervention brutale des forces de police. Alors qu’un manifestant se faisait matraquer, Manon a voulu le défendre et a lancé un micro en direction des forces de l’ordre, sans occasionner la moindre blessure. Elle a été convoquée le 12 mai au commissariat, où après avoir été gardée à vue pendant toute une après-midi et une nuit entière, elle a été déférée devant le Procureur de la République qui a requis 5 ans de prison ferme. Elle a été placée sous contrôle judiciaire, après une perquisition menée à son domicile. Pour ces faits, l’étudiante est accusée de « violence à l’encontre d’une personne dépositaire de l’autorité publique » et de « dégradation de bien public ». Jugement prévu le 10 juin.

L’occupation de la mairie d’Amiens

L'occupation de la mairie d'Amiens

A 6 h 40, ce lundi matin, 70 gendarmes mobiles ont procédé au déblocage du dépôt de carburant de Cournon d’Auvergne (Puy-de-Dôme) occupé depuis six jours par des syndicalistes de la CGT et des militants de Nuit Debout. Après les sommations d’usage, les gendarmes mobiles ont entamé l’évacuation du site et repoussé les opposants à la loi Travail sur un parking voisin. Le déblocage s’est fait sans heurts. Les barricades ont été démontées pour libérer l’accès du site, paralysé depuis mardi dernier.

Intervention des gendarmes à Cournon-d’Auverne

Intervention des gendarmes à Cournon-d’Auverne

Les militants anti-loi Travail qui bloquaient des dépôts de carburant près de Rouen, ont été évacués sous la pression des forces de l’ordre. En milieu d’après-midi ce vendredi, une quinzaine de fourgons de CRS se sont d’abord rendus à l’église Saint-Nicaise de Rouen, avant de partir vers les dépôts Rubis Terminal, au Grand-Quevilly. Sous la pression de nombreux CRS déployés autour du barrage, près de la première entrée du dépôt, les militants ont quitté le point de blocage. Le second point de blocage, rue de l’Ancienne Mare au Petit-Quevilly, a été évacué en début de soirée, sans recourir à l’usage de la force. Lors de l’intervention des CRS, une importante fumée noire, déclenchée par les grévistes, était visible à des kilomètres dans l’agglomération de Rouen.

Près de Saint-Nazaire, les salariés de la raffinerie Total de Donges ont également voté un arrêt de la production de leur entreprise et ce jusqu’au vendredi 27 mai. Même chose, à Feyzin, près de Lyon, où les salariés ont également voté l’arrêt de la raffinerie. Cela signifie que trois des raffineries Total de France, sur quatre, seront à l’arrêt. La dernière, celle de Grandpuits-Bailly-Carrois, près de Melun, est pour sa part bloquée par des manifestants, au moins jusqu’à lundi 23 mai.

Le piquet de grève à la raffinerie Total

Le piquet de grève à la raffinerie Total