La justice française a enfin libéré Nezif Eski, ce militant franco-turc détenu en France pour son soutien au DHKP-C. Le 20 décembre 2012 dernier, le Tribunal correctionnel de Paris l’avait condamné à cinq ans de prison dont quatre ans ferme. Il avait mené une longue grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention, notamment les fouilles à nu continuelles (voir notre article). il est atteint d’une maladie incurable extrêmement douloureuse.

Rassemblement à Bruxelles en 2013 en soutien à Nezif Eski

Rassemblement à Bruxelles en 2013 en soutien à Nezif Eski

A Rennes, plusieurs dizaines de policiers étaient positionnés, hier jeudi, dès l’aube, pour surveiller étroitement l’ensemble des stations de métro de la ville, dans l’intention de surprendre sur le fait un groupe de personnes ayant l’intention de saboter le métro de la ville. À 6h30, 14 hommes et 5 femmes ont été interpellés en flagrant délit. Le sabotage, qui s’est déroulé simultanément dans six stations de métro, était bien coordonné: des groupes de trois à quatre personnes encagoulées avec, à chaque fois, des guetteurs placés aux abords des stations pendant que le groupe neutralisait les bornes de contrôle des titres de transport à l’aide de mousse expansive.

Ce coup de filet fait suite à une enquête ouverte le 12 mai dernier à l’initiative du parquet et confiée à la direction interrégionale de la police judiciaire. Depuis le début de leur garde à vue de 48 heures, les 19 personnes refusent de décliner leur identité et de procéder aux prises d’empreintes. Ils sont accusés d’«association de malfaiteurs et dégradations volontaires de biens destinés à l’utilité publique par des personnes agissant en réunion et dissimulant leur visage pour ne pas être reconnues», un délit passible de sept années d’emprisonnement. Au cours de la manifestation contre la loi Travail qui s’est déroulée plus tard dans les rues de Rennes, cinq autres personnes ont été interpellées, dont deux pour des tirs de projectiles.

Une des bornes visées par le sabotage d’hier

Une des bornes visées par le sabotage d'hier

Un petit millier de manifestants a défilé ce jeudi après-midi dans les rues de Nantes, malgré l’interdiction préfectorale. Un important dispositif policier avait été mis en place, jeudi après-midi dans le centre-ville de Nantes. Selon la préfecture, 500 policiers, CRS ou gendarmes mobiles étaient mobilisés. Peu après 17 h, 8 personnes parmi les manifestants avaient été interpellées quai de la Fosse et place de Jacksonville. À 20 h 30, 66 interpellations pour vérification d’identité et d’éventuels placements en garde à vue sont à signaler. Une importante vague d’arrestations s’est tenue rue Lamoricière, entre le Mémorial de l’esclavage et la place Mellinet. Au total 66 personnes ont été interpellées.

Interpellations à Nantes

Interpellations à Nantes

Un homme de 26 ans a été condamné mardi par le tribunal correctionnel de Lille à dix mois de prison, dont cinq ferme, pour avoir violenté un policier lors d’une manifestation contre la loi Travail, le 31 mars. Le jeune homme, un travailleur précaire, était accusé d’avoir balancé une barrière lors d’une charge de la police. La barrière avait touché un policier, qui s’était vu délivrer une incapacité temporaire de travail de un jour. Le manifestant comparaissait pour « violences volontaires sur agent de la force publique », en récidive car il y a bientôt cinq ans, il avait bousculé un contrôleur dans le métro lors d’une vérification des titres de transport.

Arrestation à Lille lors de la manifestation du 31 mars

Par ailleurs, un homme de 28 ans a été condamné mardi, à Rennes, en comparution immédiate à six mois de prison ferme. Intérimaire, l’homme avait été interpellé pour « violences avec armes sur agent de la force publique » samedi, lors d’une brève tentative de manifestation dans le centre historique de Rennes (voir notre article). Il a été placé sous mandat de dépôt. L’arme en question est une canette de bière…

Arrestation à Lille lors de la manifestation du 31 mars

Une voiture de police a été incendiée mercredi par des manifestants et deux policiers en sont sortis à la hâte près de la place de la République à Paris, lors d’un rassemblement interdit contre les violences policières. Quelque 300 contre-manifestants qui criaient « Flics, porcs, assassins » ou « tout le monde déteste la police » avaient été repoussés par les forces de l’ordre un peu plus tôt avec des gaz lacrymogènes de la place, où se tenait un rassemblement de syndicats de policiers dénonçant la « haine antiflics ».

Place de la République, cet après-midi

EDIT 19/5: Le ministre de l’Intérieur a annoncé quatre interpellations, précisant que trois des hommes concernés avaient « fait l’objet de la part de la préfecture de police de Paris d’une interdiction de paraître dans les manifestations ».

Place de la République, cet après-midi

Antoine, un brancardier de Vichy, militant de la Cellule Antifasciste Révolutionnaire d’Auvergne et à la CGT, avait été placé en détention provisoire après avoir refusé la comparution immédiate. Il avait participé à l’occupation du Conseil Municipal de Clermont-Ferrand vendredi 29 avril dernier (voir notre article). Au procès qui a eu lieu lundi 2 mai, Antoine a refusé la comparution immédiate. Il est placé en détention provisoire jusqu’à son procès le 26 mai prochain et une solidarité se déploie: manifestation, nombreux tags, pavés balancés dans la voiture de fonction du maire de Clermont-Ferrand, raid contre le siège du PS local, etc.

Solidarité avec Antoine

Solidarité avec Antoine

A Lille la police a procédé à des fouilles et des contrôles sur les personnes qui se rendaient à la manifestation contre la loi Travail. Certaines et certains ont été contrôlé plusieurs fois. Alors que la manifestation démarrait des policiers ont attaqué le cortège et ont procédé à deux arrestations ciblées, sans raisons apparentes : Corentin, du Syndicat étudiant et lycéen (SEL-CGT) sur Douai, et le camarade Antoine, militant actif à la CGT du Valenciennois. Corentin a été libéré au bout de plusieurs heures, mais Antoine est toujours en garde à vue.

A Lille, hier

A Lille, hier

La sixième journée de mobilisation nationale contre la loi travail à eu lieu dans plusieurs villes dans le cadre d’un dispositif sécuritaire énorme. Effectifs nombreux à Paris avec fermeture de station de métro et fouille systématique aux abords du périmètre de la manifestation. Les slogans étaient «Résistance !», «Tous ensemble tous ensemble grève générale !», «Retrait, retrait, de la loi El Khomri!»… Mais aussi «SO, collabos !»: un SO imposant avec casques et casse-têtes est démonstrativement présent. Peu avant 16 heures, de premiers débordements éclatent. Des projectiles (dont des engins incendiaires) sont lancés par des manifestants sur des CRS, à l’angle du boulevard Raspail. Lacrymogènes, affrontements, grenades de désencerclement (qui blessent au moins un manifestant). Des manifestants quittent le cortège principal et empruntent une petite rue mais sont ramenés vers la foule, évacués par des gaz lacrymogènes de CRS. 12 personnes auraient été interpellées.

Affrontements à Paris

Affrontements à Paris

Depuis samedi 14 mai, des dizaines de manifestants reçoivent des interdictions de manifester le 17 mai. Ces arrêtés sont administratifs, c’est-à-dire qu’ils ne relèvent d’aucune procédure judiciaire et ne viennent donc sanctionner aucun comportement délictueux avéré ou même supposé. Le seul fondement de ces lettres de cachet sont les notes blanches de la DGSI et le ciblage politique de manifestants qui s’organisent contre la Loi Travail. Au prétexte de la lutte antiterroriste et grâce aux pouvoirs exceptionnels de l’état d’urgence, le ministre de l’Intérieur s’octroie donc le droit de décider de qui est autorisé ou non à manifester. Les personnes « interdites » de manifestation sont menacée de 6 mois d’emprisonnement.

Manifestation contre la loi Travail

Manifestation contre la loi Travail

Les forces de l’ordre, venues en nombre, ont empêché samedi quelque 700 manifestants de défiler dans le centre de Rennes pour protester contre les violences policières, au lendemain d’une soirée d’incidents. Un dispositif très lourd de quelque 500 hommes a encerclé la vaste esplanade Charles-de-Gaulle, tout près de la gare, faisant usage de gaz lacrymogènes et de lanceurs de balles de défense pour empêcher les manifestants qui s’étaient rassemblés vers 13H00 de partir en cortège dans la ville.

Ce samedi après-midi à Rennes

Les manifestants ont lancé des projectiles en direction des forces de l’ordre en criant
« La police mutile, la police assassine ». Les manifestants étaient autorisés à quitter la place après avoir montré le contenu de leur sac-à-dos aux policiers. Les forces de l’ordre ont veillé à empêcher que des petits groupes se reconstituent dans le centre-ville. Elles étaient appuyées par deux hélicoptères, n’ont pas eu à faire usage des quatre canons à eau qui avaient été prépositionnés. Avant la manifestation, les forces de l’ordre avaient effectué 22 contrôles d’identité auprès de personnes qui se rendaient sur l’esplanade. Quatre ont été placées en garde à vue, dont une qui aurait été en possession d’un marteau et trois autres qui ont refusé de se soumettre à des prises d’empreintes.

Ce samedi après-midi à Rennes