Le conseil d’administration de la prison de Korydallos (composé du directeur de la prison, d’un procureur et du responsable du travail social) a rejeté à l’unanimité la demande du jeune prisonnier anarchiste Nikos Romanos d’un congé d’études, et a proposé à la place de « faciliter » ses études par à distances à l’intérieur de la prison. Le conseil d’administration de la prison a affirmé avoir fondé sa sur le fait que le juge d’appel a récemment rejeté la possibilité d’accorder des congés éducatifs à Romanos.
L’Organisation-Milice pour la Justice Populaire, un groupe jusque là inconnu a revendiqué sur Indymedia Athens l’exécution il y a trois mois du gardien-chef de la prison de Domokos. Voir notre précédent article. Cette exécution avait eu lieu à la veille d’une lutte de grande ampleur de la part des prisonniers politiques grecs qui aura eu raison de l’unique prison de haute-sécurité de Grèce (la prison de Domokos, précisément). Makis Galimanis a été abattu lors d’un drive-by devant son domicile, il s’apprêtait à partir à la chasse. L’OMJP a revendiqué cette attaque en accusant Galimanis d’avoir été un ‘bourreau’ et un ‘ennemi du peuple’, dénonçant son habitude à se promener dans la prison avec un bâton de berger.
Il y a quelques jours, la police grecque a mené un raid contre trois anarchistes en clandestinité accusés d’un braquage à 400.000€ l’année dernière. Deux d’entre-eux -Grigoris Tsironis et Spyros Christodoulou- ont été arrêtés, alors que le troisième (Spyros Dravilas) est mort dans ce qui semble être un suicide. Spyros Dravilas était l’un des suspects de l’éxécution de Galimanis. Trois AK47 et 4 pistolets ont été trouvés par la police lors des raids.
Nikos Maziotis et Kostas Gournas, les deux prisonniers de l’organisation ‘Lutte Révolutionnaire’ ont été transférés ce 21 mai au sous-sol de la prison pour femmes de Korydallos, qui sert ‘traditionnellement’ à détenir les membres des organisations armées en procès à Athènes. Le procès d’appel qui a débuté ce 22 mai concerne la première période d’action de Lutte Révolutionnaire (2003-2010). Ces actions ont déjà été jugées en octobre 2011, avant que Nikos Maziotis et Pola Roupa ne repassent à la clandestinité. Vaggelis Stathopoulos et Christoforos Kortesis sont également concernés par ce procès, ils avaient été libérés avec sursis suite au premier procès.
Un procès qui concernera uniquement Nikos et Pola (cette dernière est toujours dans la clandestinité) aura lieu plus tard concernant la seconde période d’action de LR (2012-2014).
Affiche du Secours Rouge International lors du 1er procès de LR.
De violentes émeutes ont éclaté samedi 23 mai dans le centre d’Athènes en marge d’une manifestation contre l’Union Européenne et ses mesures d’austérité. Quatre cents anarchistes ont tenté d’atteindre l’ambassade allemande. Ils ont été stoppés par les forces de l’ordre. Les manifestants se sont alors repliés dans le quartier d’Exarchia où plusieurs dizaines d’entre eux ont affrontés une centaine de policiers anti-émeute avec des jets de pierres, et de bombes artisanales.
Entre le 15 et le 18 avril, 13 membres d’ATIK (Confédération des Travailleurs de Turquie en Europe) ont été arrêtés en Europe à la demande des services de sécurité allemands. 7 personnes ont été arrêtées en Allemagne, 4 en Grèce, 1 en Suisse et en France. Tous sont accusés d’appartenir au TKPML (Parti Communiste Turc – Marxiste Léniniste) pour des actions armées dans le Rojava (partie syrienne du Kurdistan). Aucune action ne vise une action illégale pratiquée en Europe. Lors de la journée de solidarité internationale avec ces 13 militants, une manifestation a eu lieu à Athènes. Le groupe d’extrême-droite ‘Aube Dorée’ a tenté d’attaquer le rassemblement, ils ont rapidement été repoussés.
Dans la région du Pont, la police anti-émeute a attaqué la manifestation de solidarité avec ATIK car une autre manifestation avait lieu devant l’ambassade de Turquie.
Le prisonnier anarchiste Spyros Mandylas est en grève de la faim depuis 56 jours. Il a perdu 25% de son poids initial et les médecins qui le suivent préviennent qu’il mourra s’il perd 28% de son poids initial. Il a à présent de fortes migraines et sa pression sanguine est très basse.
Spyros Mandylas est en grève de la faim pour demander sa libération. Il avait été arrêté le 10 mars dernier pour avoir refusé de payer l’amende de 5.000€ à laquelle il avait été condamné le 5 mars, malgré son absence et l’absence de son avocat. Il était absent car il est sous le coup d’un autre procès, celui du Projet Phénix, qui devait faire renaître la Conspiration des Cellules de Feu. Même si Spyros ne fait pas partie de la CCF ou de la FAI, il a refusé de condamner la violence armée.
Malgré la décision du tribunal de commencer le procès malgré son absence et l’absence de son avocat, ses co-accusés se sont présentés au procès.
Bilgehan Karpat a été arrêté en février 2014 à Athènes avec trois autres militants turcs suites à une opération conjointe des services de renseignements grecs et turcs. Ils sont principalement accusés d’être membres du DHKP-C et d’avoir tenté de mettre sur pied une cellule de ce parti en Grèce. Ils sont détenus dans 4 prisons différentes malgré de régulières demandes de rassemblement afin de faciliter les contacts avec leurs avocats et de préparer leur défense.
Il y a 4 jours, Bilgehan a été transféré de la prison de Nafplio après avoir refusé plusieurs fois les fouilles à nu. Ces proches et son avocat sont restés sans aucunes nouvelles durant 3 jours jusqu’à ce qu’il soit finalement autorisé à passer un bref coup de téléphone à son avocat. Il est à présent détenu à Corfou dans une cellule d’isolation sans toilettes. Les matons lui ont dit qu’il resterait en prison « pour toujours » tant qu’il refusera les fouilles à nu. En plus de cette isolation totale, Bilgehan ne parle que le turc (ni grec, ni anglais), ce qui renforce son isolement. On ne sait toujours pas ce qui s’est passé durant les 3 jours sans nouvelles.
Suite à une longue lutte, les prisonniers grecs ont obtenu la libération de Savvas Xiros -Combattant de l’organisation 17 novembre emprisonné depuis 13 ans dans un état de santé très grave. La réaction des Etats-Unis ne s’est pas fait attendre : après avoir réagit à l’annonce de la libération de Savvas XIros, le State Department américain a ajouté Nikos Maziotis sur la liste des ‘Terroristes Internationaux’, pour l’attaque de l’Ambassade Américaine à Athènes au RPG en 2007. Huit ans plus tard -4 jours après le vote de la loi qui libèrera Savvas Xiros- Nikos est ajouté sur cette liste. Officiellement, cette action bloque toutes les propriétés de Nikos au Etats-Unis, ce qu’il n’a bien entendu pas. Officieusement, le rajout à cette liste signifie que si Nikos était un jour libéré, les USA dépenseraient beaucoup d’énergie pour l’amener aux Etats-Unis et lui refaire le procès qu’il a déjà eu en Grèce. Cet ajout paraît assez clairement être une représaille envers Nikos pour le mouvement des prisonniers.
Christodoulos Xiros, le frère de Savvas est également concerné par cette mesure, il est également emprisonné pour les actions de l’Organisation 17 Novembre.
Nikos a très rapidement réagit, extrait de sa déclaration: « Je serais toujours rempli de joie en repensant à quel point Lutte Révolutionnaire les a humilié ce matin de janvier 2007, lorsque nous avons frappé la face de l’Ambassade des Etats-Unis avec un RPG anti-tank, et je me rappellerais toujours avec satisfaction des mots de celle qui était alors Secrétaire d’Etat, Condoleeza Rice, qui a réveillé celui qui était alors maître du monde, George W. Bush, avec ces mots « Monsieur le Président, nous sommes attaqués à Athènes » ».
Savvas Xiros pourrait être libéré très rapidement suite au vote d’une loi allant dans ce sens. Emprisonné depuis 13 ans dans un état de santé grave suite à l’explosion de sa propre bombe, les prisonniers grecs en grève de la faim avait fait de sa libération une revendication prioritaire.
Savvas Xiros était membre de l’Organisation Révolutionnaire du 17 Novembre, organisation marxiste armée née en 1973. Active durant 30 ans, 17N est l’une des seules organisations armées issues des années 1970 à avoir survécut aussi longtemps sans qu’aucun de leurs membres ne soient arrêtés. En 2002, la bombe que portait Savvas Xiros explose prématurément le laissant gravement blessé. Des agents du FBI dépêchés sur place pour démanteler l’organisation avant les jeux olympiques l’interrogeront alors que sa vie est en danger et qu’il a été drogué. L’agent du FBI qui a interrogé Savvas dans cet état a d’ailleurs été grassement décoré. En prison, l’état de santé de Savvas s’est encore aggravé : il est aujourd’hui aveugle, paralysé et handicapé à 98%.
17-N avait frappé durement les intérêts américains et turques en Grèce durant sa période d’activité, exécutant plusieurs agents de la CIA, anciens collabos, diplomates et militaires impérialistes. Les gouvernements américain et turque ont donc réagit rapidement à l’annonce de la libération prochaine de ce prisonnier révolutionnaire. Une rencontre doit avoir lieu prochainement entre John Kerry -Affaires Etrangeres US- et le ministre des affaires étrangères grec, la libération de Savvas sera probablement à l’ordre du jour.
Après 48 jours de grève de la faim des prisonniers politiques grecs, le gouvernement grec vient de valider une série de lois en lien avec les revendications du DAK (Réseau des Combattants Emprisonnés). La victoire la plus significative st évidemment l’abolition des prisons de type-C, les prisons spéciales de haute-sécurité pour prisonniers politiques et rebelles. La loi « anti-capuche » voit son cadre rétrécir puisque le port d’un masque ne sera une circonstance aggravante que pour les vols à main armée. Pour ce qui concerne l’utilisation de l’ADN : un expert indépendant sera désigné à chaque fois que du matériel génétique sera utilisé. Enfin, l’autre victoire significative des prisonniers est la loi qui permet aux prisonniers condamnés à perpétuité, ayant purgé 10 ans de leur peine et invalides à plus de 80% de terminer leur peine à domicile avec un bracelet électronique. Savvas Xiros, handicapé à 98% et emprisonné depuis 13 ans devrait donc pouvoir quitter la prison très prochainement.
Le DAK (dont 8 prisonniers étaient toujours en grève de la faim) a annoncé mettre un terme à sa grève de la faim qui durait depuis le 2 mars suite à l’annonce du vote.
D’autres lois concernant le monde carcéral ont également été votées ce vendredi en Grèce : concernant l’enfermement des mineurs (le cadre le permettant est réduit), concernant l’enfermement en général, et concernant les centres fermés pour illégaux. 3.500 personnes sans documents d’identité vont être libérées.
Les revendications non-acceptées des prisonniers sont l’abolition des lois anti-terroristes 187 et 187A, que les élus Syriza avait pourtant dénoncé lorsqu’elles avaient été votées au début des années 2000…
Depuis la prise de pouvoir de Syriza le 25 janvier dernier, le mouvement anarchiste grec a multiplié les actions pour soutenir les revendications des prisonniers grecs dans la rue. Récemment encore, la nuit du 12 au 13 avril, l’ELF (Earth Liberation Front, qui en Grèce est une cellule de la FAI-IRF) avait incendié un abattoir à volailles, revendiquant cette action en solidarité avec les prisonniers politiques en grève de la faim.
Extrait du communiqué du DAK « C’est également un résultat positif pour le combat global contre le patronat et le nouveau totalitatisme qu’ils imposent, c’est aussi un pas de plus vers une société sans classes. Notre but est d’utiliser cette victoire et le nouveau territoire conquis pour devenir plus dangereux encore envers le pouvoir. Nous partageons les flammes de la victoire avec tous ceux qui ont vu en cette lutte une cause commune et ont prit part dans notre combat ».