Gino a été arrêté cette semaine en France, à Paris, en vertu d’un mandat d’arrêt européen. Son extradition est réclamée par les autorités hongroises, qui l’accusent d’être impliqué dans les éventements survenus à Budapest en février 2023, lors d’une mobilisation antifasciste qui s’opposait à la dite « Journée de l’honneur », célébrée par des néonazis. Il est actuellement détenu à la prison de Fresnes, en attente de la décision d’un juge français sur son extradition.

La militante antifasciste italienne Ilaria, sous procès et menacée de prison en Hongrie car accusée d’avoir attaqué des néo-nazis, sera bientôt libre grâce à l’immunité obtenue en étant élue eurodéputée. Ilaria était assignée à résidence à Budapest après de longs mois en détention, a obtenu plus de 160.000 voix lors des européennes en Italie et siègera désormais au Parlement européen.  “L’antifascisme n’est pas qu’une valeur humaine ou une vision politique, c’est aussi une communauté de résistance et de solidarité. Nous avons démontré que la solidarité n’est pas un mot vide de sens mais quelque chose de concret et de tangible. Une puissance qui, stimulée par la foi et la volonté, peut réellement améliorer le monde”, a-t-elle réagi. “Alors que la droite radicale progresse à travers toute l’Europe, il devient nécessaire de se battre pour changer radicalement les choses. Moi, je suis prête à faire ma part”.L’enseignante était la candidate d’un petit parti, Alleanza Verdi e Sinistra (Alliance des Verts et de la gauche), qui a obtenu près de 6,7% des voix. Elle a obtenu 127.137 voix de préférence, un score inimaginable pour une nouvelle candidate, largement supérieur, par exemple, à celui de l’ancien président du Parlement européen et actuel ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani. Une fois officiellement proclamée députée, son avocat nous demandera aux juges hongrois sa libération. La législation européenne prévoit “l’exemption de toute forme de détention et la suspension des poursuites pénales” pour les parlementaires.

Six mois après le premier jour du procès de Budapest contre trois antifas d’Allemagne et d’Italie, la peine pour Tobi a été fixée, en deuxième instance, à 22 mois de prison. En plus de Tobi, une autre camarade allemande est accusée de faire partie d’une association de malfaiteurs ayant pour but d’attaquer des nazis et Ilaria est accusée de participation à un crime et elle risque, dans le pire des cas, une période de détention à deux chiffres. Tobi, comme Ilaria, est en détention préventive depuis près de seize mois.

Lors d’une procédure préliminaire, le premier jour du procès, Tobi a accepté le chef d’inculpation, sachant qu’aucun procès équitable ne lui serait assuré. Ensuite, il y a eu un désaccord entre le tribunal, le procureur et son avocat défenseur à propos de la durée de la peine pour Tobi. Au tribunal, une peine de trois ans de prison a été prononcée, contre laquelle l’avocat de Tobi a fait appel. Le procureur, en revanche, a exigé une peine plus élevée. Le jugement d’aujourd’hui est donc, de facto, bien en deçà de ce qu’on pouvait craindre. Comme Tobi a déjà purgé plus des deux tiers de sa peine, lors d’une longue détention préventive, il y a une chance qu’il puisse demander une libération conditionnelle. La décision appartient à un autre tribunal hongrois.

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Le lundi 6 mai, à partir de 8 heures, dans le quartier de Gostenhof, à Nuremberg, il y a eu une perquisition domiciliaire, dirigée par la LKA (la police judiciaire) du Land de Saxe, avec le soutien de la police anti-émeute bavaroise. La raison est que le Parquet fédéral accuse l’antifasciste Hanna de participation à une association de malfaiteurs, qui aurait mené des attaques contre des néonazis à Budapest. En plus de cette participation, elle est accusée d’avoir pris partie à deux des attaques de Budapest. Peu de temps après le début de la perquisition, des camarades et des voisin.es se sont rassemblé.es pour manifester leur solidarité avec l’antifasciste concernée. La perquisition a duré en tout plus de sept heure. La police a bloqué plusieurs rues et ne laissait plus passer les passant.es et les riverain.es. Déjà au mois d’octobre, des perquisitions domiciliaires avaient eu lieu à Nuremberg, aux dépenses de plusieurs jeunes antifascistes. Là aussi, l’accusation était la constitution d’une association de malfaiteurs, dont l’objet du délit n’auraient été que des tags, que le Parquet de Munich qualifie de « glorification de l’Antifa ».

Étant donné que c’est le Parquet fédéral qui enquête sur cette affaire, après la longue perquisition de son appartement, Hanna a été emmenée à Karlsruhe, où le juge d’instruction a ordonné son placement en détention préventive. Cette décision a été motivée, entre autres, par le risque de fuite, par la grande solidarité, en Allemagne, envers les clandestin.es et par l’importance de la peine encourue. Depuis le 6 mai, Hanna se trouve dans la maison d’arrêt de Nuremberg. Tout comme Maja, Hanna aussi risque d’être extradée vers la Hongrie.

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Ce matin (28 mars), le tribunal de Budapest a rejeté la demande des avocats d’Ilaria d’être assignée à résidence en Hongrie. Ilaria est encore une fois apparue au tribunal avec des menottes aux mains et aux pieds ainsi que tenue en laisse par un policier. Les avocats, le traducteur ainsi que des personnes venues soutenir Ilaria (dont faisait partie le dessinateur Zero Calcare) ont été menacé et filmé en plein tribunal par un groupe de militants d’extrême droite. Pour rappel Ilaria est poursuivie dans le cadre des affrontements entre des néo-nazis célébrant leur « jour de l’honneur » (voir notre article). Elle est emprisonnée en Hongrie depuis 13 mois. La prochaine audience est prévue le 24 mai.

Ilaria Salis au tribunal de Budapest

Ilaria Salis au tribunal de Budapest

Le procès contre trois antifascistes pour les heurts avec les néo-nazis durant le Jour de l’honneur 2023, devrait commencer le 29 janvier, à Budapest. Deux d’entre elles, Tobi et Ilaria, se trouvent toujours en détention préventive en Hongrie. Deux sont maintenant accusé.es de la préparation d’un acte délictueux et d’appartenance à une association de malfaiteurs. La troisième (Ilaria) est accusée d’avoir participé à au moins un délit et d’appartenir à une association de malfaiteurs. Pour cela, le procureur exige actuellement une peine d’onze ans de prison dans le cas qu’elle fasse des aveux le premier jour de procès, sinon elle risque jusqu’à 16 ans de prison. Le chef d’inculpation originel de « violence contre un membre de la communauté » ne tenait visiblement plus débout dans cette affaire, parce qu’il s’agit d’un paragraphe de la loi hongroise sur la protection des minorités. Le procureur a dû conclure que les nazis ne constituent pas une minorité digne de protection. Les autorités en charge de l’enquête construisent donc une prétendue organisation criminelle internationale qui est censée être derrière les attaques contre les nazis.

La Hongrie a présenté une demande d’extradition à l’Allemagne pour Maja, arrêté.e en décembre dernier à Berlin (voir notre article). Comme elle l’a déjà fait pour l’antifasciste italien Gabriele détenu à Milan. Dans les prochaines semaines, la Cour d’appel de Berlin décidera si Maja sera extradé.e vers la Hongrie. 13 antifascistes sont encore recherchés en Europe par les autorités. La répression et les tentatives de briser la solidarité par rapport à cette affaire continuent aussi en Allemagne. Le 10 janvier, juste après un parloir avec Maja, deux de ses proches ont vu leur domicile perquisitionné par la police judiciaire du Land de Saxe. Pendant sept heures (de 20 heures à 3 heures du matin), « chaque page a été feuilletée, chaque pierre a été retournée ».

Lundi 11 décembre, Maja,  a été arrêté.e à Berlin dans le cadre des enquêtes sur différents affrontements contre des néonazis, pendant la période du « Jour de l’honneur » de 2023, à Budapest. Des milliers de néonazis s’étaient rassemblés dans la capitale hongroise et certains d’entre eux avaient été attaqués. Ilaria et Tobias sont en détention à Budapest depuis février, accusés d’avoir participé à ces actions, et Gabriele est actuellement détenu à Milan. Certain.e.s camarades allemand.e.s visé.e.s par d’autres mandats d’arrêt européens pour les mêmes faits sont en fuite depuis plusieurs mois. Lors de son interpellation, Maja a été jeté par les agents de police à travers une porte vitrée, ce qui lui a causé plusieurs coupures et écorchures. Juste après l’arrestation, il y a eu plusieurs perquisitions domiciliaires chez ses proches. Un mandat d’arrêt national allemand et aussi un mandat d’arrêt européen, produit par l’Hongrie, avaient été émis contre Maja. Le mandat d’arrêt allemand a été mis en exécution lors de l’audience de validation de l’arrestation et depuis Maja se trouve en détention préventive. Dans les semaines à venir, le tribunal décidera si le procès contre Maja aura lieu en Allemagne ou s’il y aura une extradition en faveur des autorités judiciaires hongroises.

Le même jour, à Milan, l’audience pour l’extradition de Gabriele, interpellé le 21 novembre par les Carabinieri, suite à un mandat d’arrêt européen émis par un juge hongrois, a été reporté une nouvelle fois. Le juge a décidé de poser des questions au gouvernement hongrois sur les conditions de détention et d’exiger de celui-ci des garanties quant au déroulement du procès et à l’indépendance de la justice. La prochaine audition à ce sujet aura lieu le 16 janvier.

Depuis la semaine dernière, plusieurs opposants hongrois ayant critiqué le régime de Viktor Orban se sont fait arrêter. La police les accuse de propager de fausses informations. Les personnes ont été arrêtées, leur téléphones et ordinateurs ont été saisis. La police a diffusé une vidéo de l’arrestation d’une de ces personnes. Il s’est alors avéré qu’à travers tout le pays, la police a lancé 87 procédures pour « diffusion de fausses informations » et 23 autres liées à l’article sur la « menace à la sécurité publique ». Selon les dispositions de l’état d’urgence en vigueur depuis fin mars dans le cadre de l’épidémie de Coronavirus, le premier délit est puni de trois ans de prison et le second, de cinq ans (voir notre article).

Viktor Orban

Viktor Orban

Lundi 30 mars, le parlement a voté une loi octroyant des pouvoirs exceptionnels à durée indéterminée à Viktor Orbán, premier ministre, qui pourra légiférer par ordonnances dans le cadre d’un état d’urgence, au motif de lutter contre le nouveau coronavirus. Le gouvernement peut dorénavant « suspendre certaines lois par décret, s’écarter des dispositions statutaires et introduire d’autres mesures extraordinaires » par ordonnances gouvernementales, dans le but de garantir « la santé, sécurité personnelle et matérielle des citoyens, ainsi que l’économie ». La diffusion de « fausses nouvelles » sur le virus ou les mesures du gouvernement pourrait coûter jusqu’à cinq ans de prison. Cette disposition vise spécifiquement la presse indépendante du pays.

Vikto Orban au parlement le 30 mars 2020