Trois maoïstes, dont Gajarla Ravi, membre du Comité central, et Aruna, une dirigeante de haut rang, ont été tués mercredi dans les forêts de Maredumilli, dans le district d’Alluri Sitharama Raju, en Andhra Pradesh par la force spéciale anti-guérilla « Greyhounds ».

Gajarla Ravi, alias Uday, était l’ancien secrétaire du Comité spécial de la zone frontalière de l’Andhra Odisha. Lui et trois de ses quatre frères étaient membres du PCI (maoïste), tout comme leur père, Gajarla Malliah. Ravi, son frère Saraiah, son épouse Prameela, sa belle-sœur Padma et son beau-frère Ramesh ont tous été tués lors de divers affrontements au fil des ans. Ravi était l’un des représentants du PCI (maoïste) engagé dans les négociations de paix avec le gouvernement du Congrès en 2004-2005. Il était connu comme le principal stratège militaire du parti et figurait sur la liste des personnes les plus recherchées par l’Agence nationale d’enquête.

Venkata Ravi Lakshmi Chaitanya, alias Aruna, également membre du Comité spécial de zone de l’AOB, était l’épouse du défunt chef maoïste Chalapathi, tué lors d’un affrontement en janvier. Sa mère, Mavi, et son frère, Azad, ont également été tués lors d’affrontements.

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Le comité du PCI (maoïste) du Telangana a appelé à une grève dans le Telangana et l’Andhra Pradesh pour le 20 juin pour protester contre l’opération anti-maoïste « Kagar » qui s’est soldée par la mort de nombreux militants et présumés militants.

Cinq grands partis de gauche, le Communist Party of India (Marxist), le Communist Party of India, le Communist Party of India (Marxist-Leninist) Liberation, le Revolutionary Socialist Party, et le Forward Block ont écrit une lettre commune, lundi 9 juin, au Premier ministre indien Narendra Modi, exigeant son intervention immédiate pour mettre fin aux exécutions extrajudiciaires en cours dans le centre de l’Inde, et perpétrées sous prétexte de combattre l’insurrection maoïste. Ils ont également exigé le rétablissement de l’État de droit dans la région et la fin du pillage des ressources naturelles.

L’État du Chhattisgarh, dans le centre de l’Inde, et la région environnante, où se produisent la majorité de ces exécutions, possèdent de vastes zones forestières et sont riches en minéraux. La région abrite aussi une grande partie de la population autochtone indienne. Depuis des décennies, la région sert de base au mouvement de résistance armée contre l’État indien, mené par le PCI (maoïste). Ces partis exigent dans leur lettre que le gouvernement central engage des négociations avec le PCI (maoïste), interdit, et trouve une solution politique au conflit, au lieu de poursuivre sa « politique inhumaine de meurtres et d’extermination », à mettre fin à la militarisation de la région et à respecter les droits des Adivasis (peuples autochtones de l’Inde) inscrits dans la cinquième annexe de la Constitution indienne.

En Inde, un dispositif controversé est censé aider à la résolution de certaines affaires policières : le Brain Electrical Oscillation Signature profiling (BEOS) ou « profilage de la signature des oscillations électriques cérébrales ». Les policiers équipent le suspect à l’aide d’un casque à électroencéphalogramme (EEG) et le soumettent à l’écoute de courtes phrases en lien avec le crime. En enregistrant l’activité cérébrale de l’individu, les enquêteurs espèrent assister à l’activation de certaines zones du cerveau permettant de révéler un souvenir et donc, une « connaissance expérientielle » du crime.

La méthode permet en théorie d’analyser plusieurs types d’ondes cérébrales reflétant l’activation de réseaux neuronaux en lien avec la mémoire autobiographique. Autrement dit, il s’agit de savoir si le suspect a réellement vécu le fait qui lui est reproché. Les recours au BEOS se comptent par centaines et ce, depuis son apparition en Inde au début des années 2000 sous l’impulsion du psychologue clinicien Champadi Raman Mukundan et sa société Axxonet. Or, bien que le fruit de cette méthode ne soit pas recevable comme preuve directe depuis 2010 et la parution d’un arrêt de la Cour suprême du pays, l’influence sur les décisions de justice est bien présente. De plus, le BEOS a tendance à dépasser les frontières indiennes depuis quelques années.

Pourtant, le protocole de la méthode est assez lunaire. En effet, le BEOS implique l’écoute par le suspect de phrases énoncées par les enquêteurs eux-mêmes, se basant sur leur propre version des faits. Or, il existe un fort risque d’orienter la perception de l’individu et surtout, d’induire chez ce dernier une charge émotionnelle capable d’influer sur son activité cérébrale. Il n’existe aucune preuve que la « connaissance expérientielle » relève d’un vrai souvenir ou d’une confusion mentale. La possibilité de lire électriquement un souvenir est douteuse. Aucun protocole n’encadre la phase de création et d’écoute des fameuses phrases prononcées par les enquêteurs. Surtout, aucune étude digne de ce nom n’a fait l’objet d’une publication dans une quelconque revue scientifique.

Dimanche soir, des guérilleros maoïstes ont incendié une excavatrice dans une entreprise minière dans les environs de Dondra (district de Sukma, état du Chhattisgarh). Lundi matin, ils ont tendu une embuscade contre l’équipe de policiers qui venait procéder à l’enquête. Un commissaire de police adjoint a été tué lors de l’une attaque. Les maoïstes ont pris pour cible le véhicule de police et déclenché un puissant IED. Le commissaire Akash Rao, grièvement blessé lors de l’explosion, a été transporté d’urgence à l’hôpital de Konta, mais a succombé à ses blessures peu après. Plusieurs autres policiers ont également été blessés dans l’embuscade et ont été transférés à l’hôpital de Jagdalpur pour y être soignés.

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Le 28 mai, des combattants maoïstes se sont emparé d’un camion transportant 4 tonnes d’explosifs près de la carrière de pierre de Banko, dans le district de Sundargarh. Cette opération a été déclarée par les autorités  « menace pour la sécurité nationale ». Une équipe spéciale d’enquête (SIT) a été formée et l’Agence nationale d’enquête (NIA) a été mobilisée. Le propriétaire du camion, le chauffeur et le propriétaire de l’entrepôt qui a fourni les explosifs ont été arrêtés. Des opérations de ratissages ont été menées par différentes forces paramiliatiares antiguérilla (CRPF, SOG et COBRA) ont permis de retrouver d’abord 2500kg, puis 700kg ce mercredi 4 juin (photo). Ces explosifs étaient cachés dans la forêt de Saranda, à la frontière entre l’Odisha et le Jharkhand.

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Les forces de sécurité ont appréhendé un maoïste et saisi des armes et de munitions, dont un AK-47, dans le district de Koraput, en Odisha. Kunjam Hidma, originaire de la région de Bijepur, au Chhattisgarh, a été arrêté dans la dense forêt de Petaguda, par la Force volontaire du district (FVD), une unité de police spéciale. Un détachement de la FVD avait remarqué un groupe de maoïstes campant sur la colline et l’a encerclé. Après une fusillade, les maoïstes ont pu disparaitre dans la jungle sauf l’un d’eux. Hidma, membre du comité régional (ACM) de l’organisation interdite, était recherché pour son implication supposée dans sept incidents violents majeurs dans la région.

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Mercredi 21 mai, les forces de sécurité indiennes tuaient le secrétaire général du Parti Communiste d’Inde (Maoiste), Nambala Keshava Rao, le « camarade Basavaraju », et 26 autres guérilleros dans la forêt d’Abujhmad, au Chhattisgarh (voir notre article). La famille de Keshava Rao a immédiatement quitté sa ville natale de Jiyyannapet, dans l’Andhra Pradesh, contre l’avis du commissaire de police, pour réclamer le corps. Le frère cadet de Rao, Nambala Ramprasad a été arrêté par la police qui voulait l’empêcher de faire le voyage vers Narayanpur. La famille de Keshava Rao, ainsi que celle Sajja Venkata Nageshwara Rao, ont fini par arriver à l’hôpital et ont saisi la Haute Cour de l’Andhra Pradesh le 24 mai, qui a ordonné la remise des corps aux familles afin que les funérailles puissent avoir lieu dans leurs villes natales.

Les gouvernements de l’Andhra Pradesh et du Chhattisgarh ont dit accepter cette décision après l’autopsie. Cependant, deux jours après l’ordonnance du tribunal, la police a décidé d’incinérer les corps des deux dirigeants en  tant que « corps non réclamés », alléguant que les familles, qui attendaient depuis trois jours à  l’hôpital, n’étaient pas en mesure de prouver leurs liens familiaux ! La police avait demandé à la famille de produire une « photo de famille récente » du dirigeant maoïste qui vivait dans le clandestinité depuis 50 ans… Les autorités du Chhattisgarh et de l’Andhra Pradesh ont ainsi fait disparaitre les corps, craignant que la commémoration et la célébration des dirigeants maoïstes ne donnent lieu à des manifestations de sympathie.

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Le mercredi 21 mai, au lendemain de l’élimination de 15 commandos C-60 par des naxalites dans le district de Gadchiroli, Maharashtra, le Parti Communiste d’Inde (Maoiste) a perdu son secrétaire général, Nambala Keshava Rao, et 26 autres guérilleros lors d’un affrontement avec les forces de sécurité dans la forêt d’Abujhmad, au Chhattisgarh. L’opération a été menée conjointement par la District Reserve Guard (DRG), la Central Reserve Police Force (CRPF) et le Commando Battalion for Resolute Action (CoBRA), après 70 heures de randonnée dans la jungle, une zone connue des guérilleros sous le nom de « Mad ». Au cours de l’affrontement, un policier a été tué et un soldat a été blessé par les guérilleros.

Au total, 214 cachettes et bunkers des Naxalites ont été détruits au cours de l’opération. Parmi les objets saisis figurent 450 engins explosifs improvisés, 818 obus BGL, 899 paquets Codex, plusieurs détonateurs et d’autres matériaux explosifs. En outre, environ 12 tonnes de nourriture ont été récupérées. Cette opération a eu lieu après la conclusion de l’Opération « Forêt sombre » (voir notre article) et fait partie d’un plan plus large du parti BJP au pouvoir visant à « éliminer le naxalisme » en Inde d’ici le 31 mars 2026. Ces opérations ont été largement condamnées en raison de la militarisation intense des communautés adivasi et des assassinats extrajudiciaires d’adivasis et de communistes qui ont amené le PCI (Maoïste) à déclarer un cessez-le-feu unilatéral dans le Telangana le 5 mai.

Nambala Keshava Rao (alias Basavaraj) a rejoint le mouvement naxalite dans les années 1970, et a commencé à s’entraîner à la guérilla dans l’Andhra Pradesh pendant cette période, devenant rapidement un commandant d’une cellule de l’ancien Communist Party of India (Marxist-Leninist) People’s War en 1980. En 1987, il a formé des combattants des Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul (LTTE) au Sri Lanka et s’est ensuite fait connaître comme un maître des engins explosifs improvisés. Après la formation du PCI (Maoïste), il a été responsable d’un certain nombre d’attaques de grande envergure contre l’armée indienne, notamment l’embuscade de Dantewada en avril 2010, au cours de laquelle 76 policiers indiens ont été tués par les maoïstes. L’embuscade du mardi 20 mai à Gadchiroli serait la dernière action qu’il a organisée.

Basavraj est devenu secrétaire général du PCI (Maoïste), en novembre 2018 lorsque le premier secrétaire général du parti, Muppala Lakshmana Rao (alias Ganapathy), s’est retiré en raison de son âge avancé. Il a vécu dans la clandestinité de 1986 jusqu’à la fin de sa vie. Il avait 68 ans et faisait l’objet d’une prime de 18 500 000 roupies.

Le 7 mai, Rejaz Sydeek, journaliste indien et membre de l’organisation communiste « Democratic Student Association » a été arrêté par la police de la ville de Nagpur en vertu de l’UAPA (Unlawful Activities Prevention Act), alors qu’il se rendait à une conférence de presse à New Delhi pour soutenir les journalistes incarcérés en Inde. L’UAPA est un projet de loi composé d’une série de lois « antiterroristes » introduites en 1967, année de la révolte de Naxalbari. Plus de 97 % des personnes arrêtées en vertu de l’UAPA sont restées en prison sans que leur culpabilité ait été prouvée. Le gouvernement indien l’accuse de diffuser de la propagande anti-nationaliste, citant comme preuve sa possession d’un certain nombre de textes et de pamphlets révolutionnaires, ainsi qu’un poste Instagram dans lequel il condamnait le bellicisme de l’Inde dans le Cachemire occupé. L’un des documents trouvés en possession de Rejaz était une brochure du magazine maoïste Nazariya, qui condamne l’opération Kagaar menée par l’Inde contre les Naxalites. Il est actuellement encore détenu à Maharashtra, où il a été placé en détention provisoire jusqu’au 2 juin.

Rejaz Sydeek

Samedi 10 mai, des membres de la campagne BDS dans la ville indienne de Pune se sont rassemblés devant Domino’s dans le quartier de Karve Nagar pour appeler à son boycott dans le cadre de la mobilisation contre les entreprises complices du génocide en cours en Palestine. Rapidement, une foule de 50 à 100 personnes s’est rassemblée sous l’impulsion de dirigeants du BJP pour dénoncer leur présence. Parti d’extrême droite, le BJP est membre de la coalition au pouvoir NDA qui est alliée à Netanyahu. Les militants pro-palestiniens ont été agressés, menacés de viol et de meurtre, et leurs vêtements ont été déchirés.

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