Le symbole des gilets jaune a été repris en Irak par les manifestants anti-corruption (voir notre article). Six manifestants ont été abattus et de nombreux autres blessés lorsque des manifestants ont pris d’assaut un bâtiment du gouvernement local à Bassora mardi, à l’issue d’un cortège en l’honneur d’un manifestant tué la veille par la police. Au moins 39 personnes ont été blessées, dont des forces de sécurité. Un couvre-feu a été imposé à travers la ville mardi soir alors que les autorités tentaient de reprendre le contrôle.

Bassora, le principal centre pétrolier irakien, a été le berceau des nombreuses manifestations qui ont eu lieu depuis cet été (voir notre article). Les manifestations ont commencé par des pénuries d’électricité et ont rapidement visé la corruption, la pauvreté et le manque d’emplois. La province souffre aussi d’une eau « potable » polluée et salée. Les hôpitaux ont signalé plus de 17 000 cas liés à de l’eau potable contaminée le mois dernier.

Les affrontementsc d’hier à Bassora

Les affrontementsc d'hier à Bassora

Comme chaque année se tenait ce week-end la « Semaine Culturelle Kurde » de Bruxelles. Cette année, l’événement avait lieu sur la Place des Musées, adjacente au Mont des Arts. Plusieurs stands étaient installés dont ceux du mouvement de libération kurde et du Secours Rouge.

Ce samedi soir, une commémoration à la mémoire de Sarin Awaz, guérillera du MLKP tuée le mois dernier au Kurdistan Sud (Irakien) lors d’affrontements avec les forces turques. Des camarades et amis de Sarin Awaz ont pris la parole pour rappeler la sa mémoire, des interventions ont également été faites par le Secours Rouge, par Halk Evi, et par Sosyalist Kadinlar Birligi. Une trentaine de personnes étaient présentes.

À la semaine kurde

Commémoration pour Sarin Awaz

À la semaine kurde
Commémoration pour Sarin Awaz

Des centaines de manifestants irakiens ont lancé des pierres et tenté d’entrer par effraction dans la ville pétrolière de Bassora, dans le sud du pays, pour réclamer de meilleurs services publics et lutter contre la corruption. Certains manifestants ont également mis le feu à des pneus de véhicules à l’extérieur du bâtiment et il y a eu des escarmouches avec la police anti-émeute qui ont tiré des gaz lacrymogènes pour contrer la manifestation.

Les manifestations de vendredi étaient particulièrement liées à la forte salinité de l’eau potable à Bassorah, ce qui, selon les habitants, les rend impropres à la consommation. L’infrastructure de la ville souffre d’années de négligence et d’investissements médiocres, ce qui a suscité un ressentiment généralisé alors que la population compare sa situation à la richesse pétrolière fournie par les caisses de la province du gouvernement fédéral.

Les incidents de Bassora

Les incidents de Bassora

Ce mercredi 15 août, l’armée turque a attaqué la région de Shengal (dans le nord de l’Irak). Les véhicules de trois unités d’auto-défense de Shingal (YBS) ont été touchés par des bombes larguées par l’aviation turque. Les attaques ont été confirmées par l’armée turque. Koma Civakên Kurdistan (Groupe des communautés du Kurdistan) a confirmé la mort de Zeki Shingali, membre du conseil executif du KCK ainsi que celle de 4 combattants YBŞ. Haval Mazlum, le commandant général des YBS aurait été blessé lors de cette attaque.

L’attaque s’est déroulé le lendemain de la visite du Premier ministre irakien Haider al-Abadi à Ankara, où il a rencontré le président turc Recep Tayyip Erdogan. Abadi avait déclaré lors de sa rencontre avec Erodgan que l’Irak ne permettrait à aucun groupe de menacer la Turquie voisine en utilisant le territoire irakien.

Le 15 août, la communauté Yezédi commémorait le massacre de Kocho, un village de la région de Shengal. Le 15 Août 2014, l’EI a attaqué le village, qui se trouve à 25 km au sud de Shengal et où vivaient 1738 habitants. Près de 700 femmes et enfants ont été kidnappés par les combattants de l’EI. Les femmes ont été vendues comme esclaves sexuelles et certains enfants ont été pris pour en faire des enfants soldats. Le reste du village a été massacrés. Très peu ont survécu à cette attaque.

Une des voitures transportant des combattants YBŞ après l’attaque par la Turquie

Zeki Shingali

Une des voitures transportant des combattants YBŞ après l'attaque par la Turquie
Zeki Shingali

Ce 3 août commémorait les 4 ans du génocide contre le peuple yézidi au Mont Shengal, perpétré par l’État Islamique avec la complicité de l’État turc et la passivité du régime de Barzani au Kurdistan irakien. Le Mont Shengal est situé dans le nord-ouest del’Irak, dans la vallée de Ninive, prés de la frontière du Kurdistan syrien. Il abrite les Yézidis, un peuple kurdophone à la religion zoroastriste, régulièrement persécuté au long de son histoire. Le bilan de ce « 74e génocide » est de 4.000 personnes massacrées, 10.000 (majoritairement des femmes et des jeunes filles) enlevées et vendues sur les marchés aux esclaves de Daesh, et 500.000 déplacés. Ce génocide a également été l’occasion d’une immense résistance. Devant la capitulation des troupes kurdes irakiennes, les peshmergas, ce sont les guerrileros et guerilleras du PKK et des YPG-YPJ qui avaient secouru les Yézidis assiégés avant d’organiser des milices autonomes, les YBŞ-YJŞ et de se retirer afin de leur laisser le seul contrôle de la montagne il y a quelques mois. C’est aujourd’hui la Turquie qui menace la région, et le Secours Rouge International mène une campagne de solidarité avec les combattantes de Shengal en envoyant des pansements militaires Celox aux YJŞ.

Ce quatrième anniversaire a été commémoré dans de nombreuses villes dont Bruxelles où quelques dizaines de manifestantes et manifestants se sont rassemblés devant la Gare Centrale (voir la photo). Vous pouvez retrouver l’intervention du Secours Rouge et de la campagne de soutien aux combattantes de Shengal ici (PDF).

Rassemblement à Bruxelles en solidarité avec Shengal

Rassemblement à Bruxelles en solidarité avec Shengal

Le 8 juillet, des manifestations ont éclaté dans la province d’Al-Basra (Bassorah) et se sont étendues par la suite dans des provinces du sud du pays et à Bagdad. Les manifestants dénonçaient principalement le chômage, les services publics médiocres et la corruption gouvernementale généralisée, mais réclamaient aussi l’amélioration de l’accès à l’eau (dessalée), un meilleur accès à l’électricité et d’autres services essentiels. Les forces de sécurité irakiennes ont brutalement réprimé les manifestants avec gaz lacrymogènes et canons à eau et en tirant à balles réelles sur les manifestants, tuant 13 personnes et en blessant 47. Au total, 81 personnes ont été arrêtées.

Le 23 juillet, Jabbar Mohammed Karam al-Bahadli, un avocat travaillant pour la libération des manifestants arrêtés, a été tué à Bassorah par des coups de feu tirés depuis une voiture.

Manifestations réprimées en Irak

Manifestations réprimées en Irak

Une manifestation populaire a eu lieu vendredi aux pieds du mont Qandil, dans le Kudistan irakien, base arrière de l’insurrection kurde, régulièrement bombardée par la Turquie. Dans la localité de Qardiah, les manifestants portaient des banderoles où on pouvait lire « Qandil ligne rouge » et scandaient des slogans fustigeant le président turc Recep Tayyip Erdogan, affirmant leur solidarité avec les combattants du PKK implantés dans cette région depuis une vingtaine d’années. Outre des bombardements massifs et répétés (par chasseurs-bombardiers F-16 et par drones), l’armée turque a multiplié au cours des dernières semaines les incursions terrestres dans la région, pénétrant de 30 km à l’intérieur du Kurdistan irakien.

Bombardement turc à Qandil

Bombardement turc à Qandil

Trois militaires turcs ont été tués et un autre blessé lors d’une attaque à la roquette réalisée dimanche par des combattants du PKK dans la région montagneuse de Hakkari (frontalière de l’Irak et de l’Iran). Cette opération intervient dans le contexte d’une campagne de harcèlement allant crescendo, menées par les guérillas du PKK, et visant notamment les forces de police dans la province de Hakkari. Par ailleurs, deux autres militaires turcs ont été tués sur le territoire du Kurdistan irakien ou les forces armées turques mènent des opérations visant le PKK.

Opération anti-PKK au Kudistan nord

Opération anti-PKK au Kudistan nord

Le PKK, en guerre contre l’Etat turc depuis 1984, a établi depuis plusieurs dizaines d’années leur base arrière dans les montagnes de Qandil, à la frontière entre l’Irak et l’Iran. L’armée turque a récemment multiplié les bombardements contre Qandil. A ces attaques aériennes, régulières, s’ajoute cette fois, à l’envoi de forces terrestres dans la région.

Selon l’agence de presse kurde Rudaw et des témoins locaux, des commandos turcs ont récemment pénétré sur une profondeur d’environ 20 kilomètres en territoire irakien, établissant plusieurs avant-postes et consolidant les routes dans la zone de Sidekan, sur les contreforts des monts Qandil. L’armée turque, qui dispose, grâce à la complicité du clan Barzani et de son PDK, de bases dans le nord de l’Irak depuis le milieu des années 1990, s’est toujours arrogé une grande liberté de manœuvres dans la région. Des milliers de militaires turcs − représentants des forces spéciales, agents du renseignement – y sont présents.

Meetin,g du PKK à Qandil pour le nouvel an kurde (archive)

Meetin,g du PKK à Qandil pour le nouvel an kurde (archive)

À l’occasion des trois ans de la mort d’Ivana Hoffmann, la première internationaliste tombée en combattant Daesh et en défendant la révolution au Rojava, nous avons rendu visite au Cercle des Amis d’Ivana à Duisbourg, sa ville natale. Nous avons ainsi pu réaliser une série d’entretiens avec la mère et les ami.e.s d’Ivana. Comme résultat de cette rencontre, nous avons réalisé la vidéo suivante, elle a déjà été projetée lors de l’hommage rendu à Ivana et aux martyrs internationalistes le 7 mars dernier lors d’une soirée au Sacco-Vanzetti. Cette soirée avait également été l’occasion de lancer la campagne de solidarité avec les femmes combattantes de Shengal et du Rojava, vous pouvez en apprendre plus sur cette nouvelle campagne sur le site shengal.xyz

Une seconde vidéo a été réalisée par la campagne de solidarité avec les femmes combattantes de Shengal et du Rojava, elle présente l’histoire récente des femmes de Shengal, qui après avoir subies une tentative de génocide et avoir été réduites en esclavage par Daesh se sont auto-organisées dans des unités d’auto-défense.

Soutenez les femmes combattantes au Rojava et à Shengal !