Dans une mesure visant à détruire le syndicat indépendant constitué l’an dernier par les travailleurs de l’immense complexe de plantation/raffinerie de sucre de Haft Tapeh dans le sud de l’Iran, un tribunal a condamné le 12 octobre dernier six leaders syndicaux à des peines de prison immédiates sur la base d’accusations portées en octobre 2007. Les sentences prononcées l’an dernier contre trois dirigeants syndicaux condamnés pour activités syndicales et pour avoir ‘mis en danger la sécurité nationale‘ ont été renversées en appel en septembre. Deux dirigeants syndicaux, le président Ali Nejati et l’agent de communications Reza Rekhshah, qui risquent tous deux de lourdes peines d’emprisonnement, attendaient toujours le résultat de leur appel lorsque le tribunal de la ville de Dezful a prononcé les sentences contre les six dirigeants pour les accusations similaires portées en 2007.
Ghorban Alipour, Feridoun Nikoufard, Jalil Ahmadi, Nejat Dehli et Ali Nejati ont tous reçu une peine de six mois d’emprisonnement ferme immédiat, assortie d’un sursis de six mois supplémentaires pour les cinq prochaines années; au cours de cette période, il leur est interdit de se livrer à des activités syndicales. Mohammmad Heydari Mehr a été condamné une peine de quatre mois d’emprisonnement ferme, assortie d’un sursis de huit mois. Ali Nejati doit purger son sursis en prison, ce qui signifie qu’il pourrait passer un an complet en privation de liberté. Si l’appel de sa condamnation de 2008 est rejeté, sa peine d’emprisonnement pourrait atteindre plus de deux ans.
Au cours des dernières années, les travailleurs de Haft Tapeh ont dû recourir régulièrement à des grèves et à d’autres actions syndicales pour obtenir le paiements d’importants arrérages salariaux et protester contre la détérioration de leurs conditions de travail. Le syndicat a été officiellement constitué en juin 2008 après une grève de 42 jours pour obtenir le versement d’arrérages dus depuis longtemps. Le président du syndicat de Haft Tapeh, Ali Nejati, n’a pu reprendre son poste au complexe et son nom a été placé sur une liste noire de l’emploi dans toute la région depuis sa libération en avril, après un mois de mise au secret dans un centre de détention des services de renseignement. Les autres leaders condamnés le 12 octobre ont aussi été forcés de quitter leur emploi et avisés de se présenter à la prison.