La semaine passée, des militants accusés d’avoir participé à l’occupation des locaux de Turkish Airlines à l’aéroport de Caselle, Turin, en septembre 2015, ont été une nouvelle fois été harcelée à leur domicile par la police. Dix participants à la manifestations de Caselle étaient astreints à pointer au commissariat deux fois par jour. Ils ont déclaré le lendemain de la dernière opération policière (le 22 juillet) de refuser les mesures restrictives.

Ils en donnent deux raisons: « Tout d’abord, parce que – comme indiqué dans l’ordonnance restrictive elle-même – elle nous empêche de réitérer l’attitude en question, à savoir le soutien à la résistance du PKK et du combat révolutionnaire au Kurdistan, soutien aujourd’hui plus nécessaire que jamais et pour lequel, s’il fallait jamais blâmer quelque chose chez nous, ce serait de ne pas en faire assez.
Ensuite, parce qu’il est temps de réagir à ce filet de mesures répressives par lequel ils tentent de réprimer les mouvements qui luttent. Du Val Susa à Turin, on ne comptent plus les personnes soumises à des restrictions. C’est assez! Une réaction collective ne peut plus être reportée, chacun sur la base de sa possibilité. Par conséquent, la plupart d’entre nous ne coopèreront plus à la restriction de leur liberté et n’iront plus au commissariat. Si vous voulez, prenez la responsabilité de nous traîner en prison. Nous sommes ici. Au pire, nous allons aller rejoindre ces camarades – Luca et Giuliano – purgeant encore peine pour leur refus courageux de l’assignation à résidence, et à qui nous saisissons l’occasion d’envoyer une accolade. Si vous pensez à nous faire peur, vous avez attaqué la mauvaise cible. »

La manifestation à l’aéroport de Caselle (Turin)

La manifestation à l'aéroport de Caselle (Turin)

Des militants du mouvement No Tav, masqué, a approché la nuit entre vendredi et samedi, peu après deux heures, la partie du chantier du TAV situé à Chiomonte, débordant les forces policiers, et tirant de nombreux engins pyrotechniques. Des renforts de la police, de l’armée et de la DIGOS (police politique) sont intervenus et les militants se sont retirés. Deux policiers ont été blessés dans les affrontements.

Les affrontements à Chiomonte

Les affrontements à Chiomonte

Des heurts ont une nouvelle fois opposé samedi après-midi à Brenner, petite localité à la frontière italo-autrichienne, les forces de l’ordre à plusieurs centaines de jeunes manifestants qui protestaient contre l’annonce de Vienne de préparer un dispositif anti-migrants. Les manifestants tentaient de rejoindre le territoire autrichien depuis celui de l’Italie, quand ils se sont heurtés à de nombreuses forces de l’ordre, policiers et carabiniers en tenue anti-émeutes.

Les manifestants, qui ont brièvement occupé la petite station ferroviaire dans le bourg de Brenner, sur le col du Brenner, ont lancé des pierres et des fumigènes vers les forces de l’ordre qui ont tiré des gaz lacrymogènes. La police a repris la station mais plusieurs dizaines de manifestants se sont alors dirigés vers l’autoroute voisine, fermée à la circulation, où les forces de l’ordre ont alors utilisé des canons à eau. Deux policiers ont été blessés, un véhicule de police incendié et plusieurs manifestants ont été arrêtés. De semblables affrontements avaient eu lieu il y a deux semaines (voir notre article)

Affrontements au Brenner

Affrontements au Brenner

A Turin, un groupe de manifestants a tenté de faire dévier la manifestation de l’itinéraire autorisé à hauteur de la via Roma, ce qui a donné lieu à des affrontements avec la police. Les policiers ont arrêtés un jeune manifestant porteur d’un marteau. Pendant la manifestation un jeune homme s’est faufilé dans les rangs di contingent du Parti Démocrate et a tenté de frapper avec un tuyau de fer le sénateur Pd Stefano Esposito, vice-président de la Commission Transports, bien connu pour son engagement en faveur du TAV. L’escorte du parlementaire a empêché Esposito d’être atteint, mais l’auteur de tentative a réussi à échapper et est toujours recherchée.

Incidents le 1er Mai à Turin

Incidents le 1er Mai à Turin

La police autrichienne a utilisé, aujourd’hui dimanche au col du Brenner, du gaz lacrymogène et des matraques, pour repousser des activistes italiens qui s’opposent aux contrôles envisagés par l’Autriche dans le cadre de la crise des migrants. Environ 300 policiers ont été déployés au col du Brenner, frontière dans les Alpes entre l’Autriche et l’Italie. Environ 250 personnes, des Italiens en grande majorité, ont protesté contre les projets de Vienne qui entend renforcer les contrôles sur ce point de passage. L’Autriche souhaite renforcer les contrôles si les autorités italiennes n’arrivent pas à mieux contrôler les routes de migration.

Cet après-midi au col du Brenner

Cet après-midi au col du Brenner

Billy, Costa et Silvia avaient été condamnés en 2011 en Suisse pour des actions revendiquées par l’ELF. La justice italienne tentait de les faire condamner à nouveau pour les même faits. Le tribunal a accepté le principe « Ne bis in idem » qui interdit de juger deux fois une personne pour les même faits.

Soldiarité en Suisse avec Billy, Costa et Silvia

Dans la nuit du 25 au 26, une manifestation d’opposants à la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin se sont dirigés vers le chantier de la galerie de reconnaissance de la Maddalena, à Chiomonte, près de Suse. Ils ont lancé des pétards sur les forces de l’ordre (police, carabiniers, armée) qui veillent jour et nuit sur la zone, entièrement clôturée. Les policiers ont répondu à l’aide gaz lacrymogènes. Les militants No TAV ont mis eux-mêmes en ligne une vidéo des affrontements. Ils revendiquent d’ailleurs cette « attaque » contre le chantier. Un conseiller régional du Piémont a déclaré que « Ces fauteurs de troubles font dépenser des millions d’euros au contribuable italien pour maintenir un dispositif de sécurité qui est totalement absent à quelques dizaines de kilomètres de là, sur le chantier français ».

Affrontements de Pâques en Val de Suse

Affrontements de Pâques en Val de Suse

Une lourde opération policière a eu lieu le 18 février dernier à Padoue contre le mouvement pour le droit au logement. De nombreuses perquisitions ont eu lieu et ont résulté en 11 mesures de contrôle, en la saisie du siège de l’association « Nicola Pasian ». Les principaux accusés sont issus du « Comité de Lutte pour la Casa », identifié comme une « association de malfaiteurs » après avoir empêché 32 expulsions de logements et avoir soutenu 8 occupations de bâtiments. Les crimes qui leur sont reprochés sont « résistance », « refus d’obtempérer » et « interruption d’un service public ». La web-radio « Radiazione » est elle aussi désignée comme une association criminelle. Des manifestations de soutien ont eu lieu le 27 février dernier sous la banderolle « La lutte pour la Casa ne s’arrête pas ».

La Lutte pour la Casa ne s’arrête pas.

La Lutte pour la Casa ne s'arrête pas.

La dernière session du procès a eu lieu le 2 mars au tribunal de Turin. Les procureurs et les avocats de la défense ont présentés réquisitoires et plaidoiries. Les procureurs ont demandé 5 ans et 8 mois pour Costa (Costantino Ragusa), 5 ans et 4 mois pour Silvia (Silvia Guerin) et Billy (Luca Bernasconi). Le verdict sera rendu le 23 mars. Billy, Costa et Silvia avaient purgé quelques années de prison en Suisse pour avoir été accusés d’avoir planifié une action de sabotage contre un centre de nanotechnologie d’IBM. Ce procès est le volet italien de l’affaire : les trois sont accusés d’association criminelle, d’avoir ’conspiré’ et illégalement obtenu les matériaux nécessaires à l’assemblage d’engins explosifs et de l’avoir passé à travers la frontière italo-suisse. Tous les chefs d’inculpation sont aggravés par la circonstance de ’finalité terroriste’. (lire notre précédent article sur ce procès)

Soldiarité en Suisse avec Billy, Costa et Silvia

L’année dernière, la boite d’espionnage informatique privée Hacking Team avait fait parler d’elle en se faisant déposséder de tous ses fichiers par des hackers plus malin qu’elle. Voir nos précédents articles. Apparemment, ce piratage n’aura pas été fatal pour la firme italienne, puisqu’un nouveau spyware dirigé contre Mac OSx a été découvert via la plateforme antivirus de Google « VirusTotal« . La signature numérique correspond à celle de Hacking Team et a été faite trois mois après la grande fuite de données, ce qui indique non seulement que ce n’est pas un bout de code utilisé par quelqu’un qui aurait récupéré ceux de Hacking Team, mais également que la société continue d’utiliser son ancienne plateforme vérolée.

Selon les quelques ingénieurs qui se sont penchés sur le spyware uploadé sur VirusTotal, le code n’a rien d’impressionant, il utilise quelques techniques de dissimulation supplémentaires que celles utilisées auparavant. Le spyware a déjà été rajouté dans les bases de données de plusieurs antivirus (19 sur les 55 contrôlés par VirusTotal).

La fiche dédiée chez VirusTotal.

La fiche dédiée chez VirusTotal.