Mercredi, il restait à un juge de se prononcer quant à l’extradition de Cesare Battisti vers l’Italie, où il a été condamné à la prison à perpétuité. Réfugié au Brésil depuis 2004, d’abord clandestinement avec de faux papiers, il y a obtenu le statut de réfugié en janvier dernier, déclenchant une crise diplomatique avec l’Italie qui souhaite le retour du militant afin qu’il purge sa peine. C’est donc sous la pression de la péninsule que s’est ouvert en septembre l’examination de son éventuelle extradition par la Cour suprême, examination en passe de se clôturer.

A l’issue d’un premier vote préliminaire mercredi, les juges s’étaient prononcés en faveur de l’extradition par un vote de cinq contre quatre, départagés par le président de la Cour, favorable à l’extradition. Restait à savoir si le président brésilien Lula aurait le dernier mot. En effet, la Constitution brésilienne attribue expressément les relations extérieures à l’exécutif, ce qui lui donnerait le pouvoir de s’opposer à une décision d’extradition. Mais les opposants à cette intervention présidentielle prétendent quant à eux que l’existence d’un traité d’extradition entre le Brésil et l’Italie oblige le chef de l’Etat à respecter la décision de la justice, et donc à renvoyer Battisti.

A l’issue d’un long débat, la Cour suprême, par un second vote à cinq contre quatre, a décidé que le président Lula n’était pas obligé de suivre cette décision d’extradition. Sachant qu’il lui a octroyé il y a quelques mois le statut de réfugié et qu’il a récemment déclaré être opposé au renvoi du militant vers l’Italie, il semblerait que Battisti puisse rester au Brésil. Mais cela reste à confirmer par une déclaration officielle du président Lula.

Le 6 novembre, de nombreuses perquisitions ont visé des militants antifascistes à Florence, avec l’arrestation et la mise en isolement dans la prison Sollicciano d’un militant du CPA (Centro Popolare Autogestito). Les accusations vont de la possession présumées d’explosifs, des rapports de solidarité internationale, les initiatives contre la présence de fascistes dans la ville, les initiatives contre Forza Nuova Rignano Arno. Le même jour, un verdict sévère de la Cour d’appel a rejeté la demande de libération de trois anti-fascistes arrêtés à Pistoia il ya quelques semaines.

Le 9 octobre dernier, la justice italienne a condamné en appel dix inculpés du contre-sommet du G8 de Gênes de 2001. Ils ont reçu, pour ‘destruction et saccage’, de très longues peines de prison ferme (de six à treize ans et demi de prison!). Ce procès arrive 48 heures après celui de 45 policiers où 15 seulement ont été condamnés à des peines très légères. Ont été acquittés le préfet Ganni De Gennaro, alors chef de la police ainsi que d’autres membres de la hiérarchie qui ont dirigé la répression à Gênes en juillet 2001, bien que la justice ait considéré comme illégale la charge de la police ayant engendré les plus violents affrontements. La répression a fait un mort, Carlo Giuliani, 23 ans, tué par balles lors de cette charge, plusieurs centaines de blessés, des violences dont les plus fortes ont eu lieu à l’école Diaz où était installé le centre de média indépendant et où dormaient 307 manifestants qui ont été arrêtés puis séquestrés pendant trois jours dans la caserne du Bolzaneto, subissant sévices et humiliations.

Un appel a été lancé pour qu’une solidarité en actes se manifeste un peu partout contre ces procès intolérables. Assemblée générale contre la répression mardi 10 novembre à 18h au CICP, 21ter rue Voltaire, 75011 Paris.

Plan d’accès au CICP

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Trois jugements à Gênes en début de semaine qui en disent long.

D’abord, le préfet de police Gianni De Gennaro a été totalement mis hors de cause. Ensuite dix membres présumés du ‘Black bloc’ ont été condamnés au total à 98 années et 9 mois d’incarcération. Enfin, les dissociés collabos des Tute bianche ont tous été acquittés et/ou ont bénéficié de la prescription et/ou de la circonstance atténuante d’avoir réagi à une charge illégitime des forces de l’ordre.

La deuxième section de la Cour d’appel a donc condamné Vincenzo Puglisi à 15 ans de prison, Vincenzo Vecchi à 13 ans et 3 mois, Marina Cugnaschi à 12 ans et 3 mois. Des peines pour des bris de vitrines que la justice italienne n’inflige même pas à des meurtriers. Maria Rosaria D’Angelo, présidente du tribunal, a partiellement changé la décision prise en première instance en décembre 2007: par rapport à avant, le total des peines diminue un petit peu (10 années en moins), mais se durcit contre les dénommés ‘Black bloc’. Les juges ont confirmé que la charge des forces de l’ordre via Tolemaide, en début d’après-midi du 20 juillet, était illégitime. Cet assaut contre le cortège des No-global a déchaîné l’enfer où trouvera ensuite la mort Carlo Giuliani, abattu par les flics alors qu’il tentait de défoncer leur jeep. Massimiliano Monai, le jeune qui se trouvait à côté de lui lors de l’attaque contre la jeep des carabiniers avait été condamné en première instance à 5 ans de prison: la prescription a en revanche maintenant définit qu’il n’effectuera pas de peine.

Je m’honore d’avoir participé en homme libre à une journée de contestation contre l’économie capitaliste‘ avait déclaré Vincenzo Vecchi. Carlo Cuccomarino a été condamné à 8 ans, Luca Finotti à 10 ans et 9 mois, Alberto Funaro à 10 ans, Dario Ursino à 7 ans. Antonino Valguarnera, qui avait effectué son service militaire en Bosnie avant le G8 et même décoré, accusé d’avoir jeté des Molotovs, a pris 8 ans.

Les premières ‘patrouilles citoyennes légales’ ont fait leur apparition la semaine dernière dans les rues de plusieurs villes italiennes. Le gouvernement insiste sur le fait qu’elles sont totalement sous contrôle, et ne peuvent agir seules. Si les patrouilleurs constatent des troubles, ils doivent immédiatement la police. Leur uniforme (chemise kaki, casquette noire arborant un insigne d’aigle et un brassard avec un logo de roue en forme de soleil noir) rappelle furieusement celui de la milice volontaire de Mussolini. De plus, les patrouilles se concentrent essentiellement sur les quartiers immigrés.

Le 25 juillet, les militants de l’Associazione Solidarietà Proletaria ont organisé une patrouille antifasciste à Massa, près de l’endroit où le Parti des CARC (Parti des Comités d’Appui à la Résistance – pour le Communiste) et l’ASP tenaient leur rassemblement national. Il s’agissait de s’opposer à la campagne d’extrême-droite, elle même appuyée par des patrouilles de SSS, dirigée par un ancien sous-officier des Carabiniers. Un fasciste provocateur s’en est pris à des militants du service de sécurité. Au moment où ceux-ci réagissaient, les policiers et la police politique (Digos) ont immédiatement attaqué. Après une bagarre, quatre antifascistes ont été arrêtés: Rinaldo et Alessandro du Parti des CARC, Marco et Samuele de l’ASP. Les assistants au Rassemblement se sont alors rendu à la caserne de Carabiniers et aux siège de la police. Trois antifascistes ont été relâché, mais on reste sans nouvelle d’Alessandro, le secrétaire du Parti des CARC pour la Toscane. Les manuifestants se sont rendus à la gare où ils ont bloqué les trains. Des manifestations de solidarité – et un blocage de la gare – ont eu lieu à Naples où se tenait la fête de Resistenza, le journal du parti des CARC.

Les détails de l’affaire sur le site de l’ASP (en italien)

Le matin du 23 juillet, le consulat italien a été bombé, deux containers-poubelles en feu ont été poussé contre la façade de l’Office flamand de l’Emploi (VDAB) et une agence Argenta (sponsor du Vlaams Belang) a été attaquée avec des bombes de peinture. Ces actions ont été menées en mémoire du meurtre de Carlo Guiliani à Gênes, il y a 8 ans, et en réponse à la politique répressive de l’Etat italien.

Il y a deux semaines a eu lieu en Italie une vaste opération médiatico-policière (une quarantaine de perquisitions et l’inculpation de 37 personnes pour ‘organisation et participation à une association subversive d’inspiration anarcho-insurrectionnaliste visant à commettre des actions criminelles à finalité de terrorisme et de renversement de l’ordre démocratique‘). Finalement, deux militants anarchistes restent en prison. Il y a 16 mois, ils avaient été contrôlés par les carabiniers non loin d’une voie ferroviaire et ceux-ci ne les ont alors pas arrêtés, afin de pouvoir continuer à les surveiller. A défaut de pouvoir reprocher aux deux incarcérés d’avoir effectivement saboté des caténaires, on les accuse d’avoir eu l’intention de le faire.

Vous pouvez écrire aux deux militants italiens incarcérés à l’adresse suivante: Sergio Maria Stefani, Alessandro Settepani; Via Maiano 10; 06049 Spoleto (PG)

Couvertures en feu, distributeurs de billets barbouillés de peinture et vitrines de deux banques endommagées. C’est le bilan d’un raid la nuit de samedi à dimanche au terme duquel la police a arrêté deux anarchistes, Mattia De Santis, 22 ans, et Robert Ferro.

La police est arrivée sur place suite à un appel signalant un incendie. Au milieu de la rue, les agents ont trouvé une dizaine de pneus enflammés, et tout près, deux vitres de l’Istituto di Credito Carisbo cassées, quatre autres de la banque Unicredit au n°83, et là aussi un distributeur recouvert de peinture noire. Plusieurs témoins ont précisé aux agents qu’ils avaient vu un groupe d’une quinzaine de jeunes vêtus de noir et de cagoules, occupés à étendre une couverture sur les pneus en l’imbibant de liquide (certainement incendiaire), tout en endommageant les vitres de deux banques avec des masses et autres objets contondants. Une patrouille a intercepté un groupe de quatre jeunes à vélo qui, à la vue de la patrouille s’est divisé en deux. La police a réussi à en arrêter deux, retrouvant dans leur sac des cagoules, habits noirs et gants imbibés de liquide nauséabond. Les deux arrêtés ont été inculpés de ‘dégradations aggravées en réunion, dégradations suivies d’un incendie, jets de peinture‘. Tous deux sont bien connus de la Digos de Bologne: Ferro a plusieurs antécédents pour rébellion à agent assermenté, violence, dégradation, manifestation non autorisée; De Santis a plusieurs antécédents en matière d’ordre public.

Ce mardi 7 juillet s’est tenu au tribunal de Monza le procès contre les quatre miltiants arrêtés le 14 février 2007 et accusés de ‘provocation au crime’. La justice bourgeoise reproche à ces quatre camarades leur solidarisation avec les 15 militants communistes récemment condamnés à Milan. Un procès semblable s’est déroulé il y a quelques mois à Rieti contre deux militants qui avaient déployé une banderolle de solidarité avec les camarades prisonniers.

Les transferts de ces derniers se poursuivent. Si Claudio Latino et Davide Bortolato se trouvent toujours détenus à la prison d’Opera, Andrea Scantamburlo, Alfredo Davanzo, Bruno Ghirardi, Massimiliano Gaeta, Salvatore Scivoli, Massimiliano Toschi, Vincenzo Sisi se trouvent quant à eux à Sienne. Voici l’adresse de la prison: Casa Circondariale, Via Tre Fontane 28 – 88100 Siano – Italie.