Les organisations en France du mouvement kurde appellent samedi à une grande manifestation en soutien aux 216 prisonniers politiques kurdes qui sont actuellement en grève de la faim en Turquie (voir notre article). Depuis le 15 février, des prisonniers politiques ont entamé une grève de la faim pour dénoncer la torture et l’isolement carcéral, notamment celui d’Abdullah Ocalan, ainsi que le climat de répression générale en Turquie.

Manifestation le 15 avril, 17h, de République à Bastille

La prison de Sincan, dans la périphérie d’Ankara

La prison de Sincan, dans la périphérie d'Ankara

L’explosion survenue dans le QG de la police à Diyarbakir, que les autorités turques avaient d’abord présentée comme « accidentelle » (voir notre article) était en fait le résultat d’une attaque du PKK. Les membres du PKK ont creusé un tunnel partant de l’extérieur de l’enceinte jusqu’au coeur du QG, y ont placé des explosifs, et les ont fait détonner. Deux occupants du QG ont été tués, un technicien travaillant pour la police et un policier. Douze blessés étaient toujours hospitalisés ce mercredi matin.

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Une personne aurait été tuée et quatre autres blessées, aujourd’hui mardi, dans une explosion survenue près d’un QG de la police à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie. L’explosion a eu lieu dans le quartier de Baglar, dans le centre de Diyarbakir, où une voiture piégée avait explosé et fait des dizaines de blessées en novembre. Le bruit de l’explosion, dont les causes n’étaient pas connues dans l’immédiat, a été entendu dans toute la ville. L’explosion survient à cinq jours d’un référendum crucial sur le renforcement des pouvoirs du président Recep Tayyip Erdogan, alors que la Turquie est en état d’alerte. D’après des sources officielles, un véhicule blindé des forces de l’ordre, alors en réparation, aurait explosé accidentellement.

Le bouclage du périmètre à Diyarbakir

Le bouclage du périmètre à Diyarbakir

Dans 9 prisons, les grève de faim “illimitée” de 87 prisonniers, et dans les autres “en alternance” se poursuivent depuis plusieurs jours. A la prison de Şakran, la grève dure depuis 50 jours, à Sincan 41, à Menemen 29, à Tekirdağ 28, à Van 27, à Bolu 9 et à Hatay depuis 4 jours… Et les détenus de Balıkesir et Antalya ont rejoint ces grèves de la faim, depuis hier. A Şakran, les détenus qui ont été les premiers débuter la mobilisation, au bout de 50 jours de grève de la faim, sont très affaiblis et leur état de santé s’aggrave.

La grève est une protestation contre les violations des droits des prisonniers, les placements en cellule d’isolement et les transferts d’une prison à une autre. De nombreuses initiatives et démarches ont été entreprises afin de faire entendre les revendications des grévistes et finir les grèves de la faim avant il n’y ait des morts, aucun résultat n’a été obtenu à ce jour. Le HDP avait sollicité le Ministère de justice pour un entretien, par l’intermédiaire des députéEs du HDP, Sırrı Süreyya Önder et Pervin Buldan. Mais l’entretien a été “reporté”.

La prison de Sincan, dans la périphérie d’Ankara

Une vaste opération policière a eu lieu hier, au même moment à Istanbul, Ankara, Izmir, Aydin, Izmir, Antalya, Adana, Diyarbakır, Malatya, Elazığ et Tunceli. Elle visait le HBDH et notamment le PKK, le TKP/ML TIKKO et le MLKP. 86 personnes étaient visées, 65 ont été effectivement arrêtées. Parmi les personnes arrêtées, un dirigeant de l’ESP.
Le HBDH le « Mouvement Révolutionnaire d’Unité Populaire » (Halkların Birleşik Devrim Hareketi) avait été fondé en mars 2016 lorsqu’une dizaine de groupes révolutionnaires de Turquie et du Kurdistan Nord avaient annoncé l’établissement d’une force armée commune (voir notre article).

La fondation du HBDH, le 11 mars 2016

La fondation du HBDH, le 11 mars 2016

Au moins quatre fascistes turcs ont attaqué des Kurdes devant l’ambassade de Turquie à Bruxelles. Ils étaient armés de couteaux et voulaient intimider les Kurdes et les Turcs de gauche venus voter « non » au référendum visant à étendre les pouvoirs d’Erdogan. Plusieurs blessés ont dû être emmenés à l’hôpital. Une dame de 60 ans a été poignardée à plusieurs reprises. La scène a été qualifiée « d’affrontement » par la presse. Au moins l’un des assaillants s’est retranché dans l’ambassade de Turquie. Les représentants de la communauté kurde à Bruxelles ainsi que des représentants du HDP ont à plusieurs reprises communiqué leurs inquiétudes sur une possible attaque le jour du vote, mais les réactions de la police, de l’ambassadeur et des représentants AKP étaient au mieux nulles, au pire hilares. Notons que les réunions visant à préparer cette journée de vote ont exclus le HDP: réunissant l’AKP (Erdogan, islamistes), le MHP (Loups Gris, fascistes), et le CHP (sociaux-démocrates, kémalistes).

Une dame de 60 ans poignardée en allant voter à Bruxelles.

Une dame de 60 ans poignardée en allant voter à Bruxelles.

Dimanche matin, dans la région montagneuse de Kutudere, dans le Dersim, les forces spéciales de la Gendarmerie turque (les Jandarma Özel Harekat ou JÖH) ont engagé un groupe de guérillero du PKK. Quatorze guérilléros ont été tués et parmi eux le responsable du groupe, Yusuf Doğan. Les militaires turcs ont trouvé de nombreux équipements et des provisions en tout genre dans des abris souterrains. Parmi l’équipement des guérilleros un lance-roquette antichar SAAB M136 AT4 du type de ceux fournis aux peshmargas irakiens. Un gendarme a été blessé dans l’affrontement.

L’équipement et les provisions retrouvées par les militaires


Le lance-roquette suédois que possédaient les guérilleros

L'équipement et les provisions retrouvées par les militaires
Le lance-roquette suédois que possédaient les guérilleros

Ebru Firat est emprisonnée en Turquie pour appartenance au PKK. Ebru est née à Toulouse et y a passé son enfance. En 2008, à ses 17 ans, elle s’envole vers le Kurdistan pour rejoindre le PKK. Elle suit plus d’un an une formation d’infirmière avant de servir sur les lignes. Sa famille n’aura pas de nouvelles pendant sept ans. En 2015, le père, la mère et les frères d’Ebru Firat partent s’établir à Diyarbakir.

En juillet, alors qu’elle était au Bakur, Ebru décide de partir vers le Rojava, toujours en tant qu’infirmière. En février, elle quitte le Rojava par le nord de l’Irak où est elle emprisonnée deux mois par les autorités du PDK. En avril 2016, elle peut enfin rentrer en France, à Toulouse où vit encore sa tante. L’été venu elle part chez ses parents à Diyarbakir où elle se marie avec un jeune Syrien rencontré au Rojava. En septembre 2016, elle est arrêtée à Istanbul, puis condamnée en novembre à 22 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste », assortis d’une année de semi-liberté. Ebru et son avocate multiplient les démarches pour obtenir son transfert en France.

Ebru Firat

Ebru Firat

La célébration du Newroz (une fête commune aux Kurdes et aux Iraniens) a été interdite dans de nombreuses villes et localités du Rojhelat (Kurdistan iranien). Les villes étaient complètement quadrillées militairement par les forces répressives et anti-émeutes du régime. Lundi 20 mars, alors que la population de la ville de Merivan commençait à se rassembler, la police iranienne a brutalement chargé la population, en essayant de diviser et de nasser la foule présente dans les rues. De violents affrontements s’en sont suivis et ont continué jusqu’à minuit. De nombreux coups de feu ont été entendus dans plusieurs quartiers de la ville. Malgré l’interdiction, les populations ont réussi malgré tout à célébrer le Newroz dans plusieurs ville et villages du Rojhelat.

Kurdistan iranien: Affrontements pour le Newroz

La police turque a arrêté Eduardo Izarzugaza, un internationaliste membre d’une délégation du Pays-Basque envoyée à l’occasion du Newroz (« nouvel an kurde et perse »). Il a été arrêté à un barrage routier à Amed (Diyarbakir), la « capitale » du Kurdistan turc où a traditionnellement lieu la plus impressionnante célébration du Newroz. Il a été remis à la police anti-terroriste.

Comme chaque année, des milliers de Kurdes rassemblés à Amed pour le Newroz

Comme chaque année, des milliers de Kurdes rassemblés à Amed pour le Newroz