Le 9 janvier 2013, les militantes kurdes Sakine Cansiz, Fidan Dogan (Rojbîn) et Leyla Saylemez étaient froidement assassinées d’une balle dans la tête, dans les locaux du Centre d’Information du Kurdistan à Paris. De nombreux éléments de l’enquête, notamment un enregistrement sonore et un document écrit publiés sur internet un an après le crime, font apparaître que le meurtrier présumé, Ömer Güney, a agi pour le compte des services secrets turcs (MIT). Depuis le début de l’enquête, on observe la volonté des autorités turques et françaises d’étouffer l’affaire. En Turquie, une enquête a été ouverte au lendemain du crime mais, malgré une commission rogatoire internationale, aucune information n’a été partagée avec la justice française. Côté français, le gouvernement a refusé de lever le secret-défense sur les renseignements qui auraient pu permettre l’avancement dans l’enquête judiciaire.

La Coordination Nationale Solidarité Kurdistan et le Conseil démocratique Kurde en France, pour ne laisserons pas le meurtre de Sakine, Rojbîn et Leyla sombrer dans l’oubli, organise une manifestation pour demander à la France de déclassifier tous les renseignements pouvant permettre de faire la lumière sur ces crimes ; de tout mettre en œuvre pour en identifier, interpeller, juger les auteurs et les commanditaires ; de demander des comptes à la Turquie pour ces crimes.

Manifestation demain samedi 9 janvier 2016, à Paris, Gare du Nord, 10h

France: Manifestation demain pour Sakine, Fidan et Leyla

D’importants affrontements ont eu lieu entre les Forces Spéciale de la police et de l’armée et les Yekîneyên Parastina Sîvîl (YPS) – Groupes de Défense Civils – qui défendent les quartiers insurgés. Les affrontements, qui ont durée du matin au soir, ont été violents entre les groupes d’autodéfense des quartiers et les Forces Spéciales. Dans le même temps, les quartiers ont été la cible de tirs d’obus. C’est suite à ces affrontements que 4 membres de Forces Spéciales ont été tués et 9 autres blessés. Avec la tombée de la nuit, des chars ont commencé les tirs sur six quartiers de la ville, principalement les quartiers de Hasırlı et de Fatihpaşa.

Forces spéciales à Diyarbakir

Il y a quelques jours, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD), forces menées par les YPG, traversaient l’Euphrate pour la première fois en arrachant le Barrage de Tichrin à l’occupation de l’Etat Islamique. Ce faisant, l’objectif des QSD est très probablement de prendre la ville de Jarabulus, ville contrôlée par les islamistes et protégée par la Turquie.

Le premier objectif sur la route des QSD était la ville de Manbij, à une vingtaine de kilomètres de Tichrin. Depuis plusieurs jours, les habitants de Manbij se rebellaient contre l’occupant. L’attaque des QSD a finalement eu lieu cette nuit. Ce ne sont pas les YPG/YPJ qui exercent le commandement de cette bataille cette fois-ci, mais la Jaysh al-Thuwar (Armée des Révolutionnaires), un groupe armé syrien qui combat les islamistes modérés et radicaux aussi bien que le régime et qui n’a ni l’appui des USA ni de la Turquie.

On peut voir le trajet des QSD sur cette carte (le barrage de Tichrin y est traduit en « October Dam »)

Objectifs des QSD entre Alep et Kobané.

Un rassemblement a eu lieu ce mercredi devant la résidence de l’ambassadeur de France à Bruxelles pour exiger la vérité et la justice sur l’assassinat de Fidan, Sakine et Leyla, trois militantes kurdes à Paris il y a juste un ans.

En raison des massacres incessant au Kurdistan, et particulièrement de l’assassinat par la contre-guérilla de trois militantes politiques connues dans le district de Silopi : Seve Demir, Fatma Uyar et Pakize Nayir, les manifestants ont improvisés un cortège et se sont rendus devant l’ambassade de Turquie. Les rassemblements des Kurdes et de la gauche révolutionnaire turque sont presque quotidiens ces derniers jours, il y a eu des manifestations à Liège, au siège de RTL-TVi etc.


Les militantes assassinées à Silopi
Le rassemblement à Bruxelles

La police est intervenue violemment ce mardi après-midi, lors d’une manifestation non autorisée de militants kurdes à l’aéroport de Genève. Un policier a été blessé. Des dizaines de manifestants se sont rassemblés dès 15 heures aux Arrivées de l’aéroport, peu avant l’atterrissage d’un avion de Turkish Airlines en provenance d’Istanbul. Des tensions ont éclaté entre eux et des familles turques qui attendaient leurs proches. Les forces de l’ordre ont repoussé les militants kurdes sur le parking des taxis. Quatre personnes ont été interpellées. L’une d’entre elles est prévenue d’opposition aux actes d’autorité et a été conduite au poste de l’aéroport, où elle sera entendue.

A l'aéroport de Genève ce mardi

Comme nous vous l’annoncions il y a quelques jours, les YPG/YPJ (Unités de Protection du Peuple/des Femmes, milices progressistes kurdes en Syrie) et la coalition qu’ils mènent, les Forces Démocratiques Syriennes (QSD) ont franchit le fleuve Euphrate, pénétrant ainsi dans la province d’Alep, avec pour objectif probable la ville de Jarabulus (et le rattachement de la province de Afrin au reste du Rojava), occupée par les islamistes et protégées par les troupes turques. Cette traversée s’est faite par la libération du barrage de Tichrin.

A 12 kilomètres au nord-ouest de ce barrage, la ville kurde de Manbij attend avec impatience les YPG et manifeste depuis samedi contre l’Etat Islamique qui administre actuellement la ville par la force. Cette nouvelle opération militaire kurde a semé la panique dans les rangs de Daesh qui a dans un premier temps fait venir des troupes de sa capitale, Raqqah. Il semble à présent que les combattants réactionnaires soient en fuite vers Alep. Désespérés, les islamistes ont procédé avec la barbarie qu’on leur connaît en arrêtant de nombreux militants et en kidnappant des femmes.

La libération de Manbij devrait avoir lieu dans les prochaines heures ou prochains jours.

Manifestation à Manbij

Le maire de la ville kurde de Van (400.000 habitants) a été condamné lundi à quinze ans de prison pour appartenance au PKK, sur fond de violents affrontements entre l’armée et les insurgés kurdes. Bekir Kaya, 38 ans, avocat de formation et co-maire depuis 2009, a été reconnu coupable par un tribunal de sa ville de « complicité et appartenance à une organisation terroriste ». Membre du HDP, Bekir Kaya, avait déjà été emprisonné pendant dix mois de 2012 à 2013 dans une précédente procédure visant les ramifications du PKK dans sa ville. Ce verdict intervient alors que le Kurdistan se trouve depuis plusieurs mois en état de quasi-guerre civile.

Bekir Kaya

Les « Faucons pour la Libération du Kurdistan » (TAK), un groupe séparatiste kurde indépendant du PKK ont mené une action de représaille contre l’agression turque au Nord-Kurdistan en attaquant l’aéroport Sabiha Gökçen d’Istanbul, le second de la ville. L’action consistait en une attaque au mortier contre les pistes d’atterrissage. Cinq avions ont été endommagés par l’obus, selon le communiqué de l’organisation qui félicitait également la résistance des populations civiles face à l’occupation militaire turque.

Une vitre endommagée par l'explosion.

La Confédération des syndicats progressistes (DISK), la Confédération des syndicats de fonctionnaires (KESK) et l’Union des ingénieurs et des architectes turcs (TMMOB) ont tenu une conférence de presse mardi pour protester contre le couvre-feu dans la province de Batman. Après la conférence, des militants et sympathisants des syndicats, du HDP et du DBP se sont réunis au parc Atatürk pour protester contre le couvre-feu. La foule est ensuite partie en manifestation et les affrontements ont commencés avec la police – jets de pierres contre gaz lacrymogène. Une personne a été blessée et sept autres arrêtées.

Les affrontements à Batman