‘Je ne laisserai aucun espace à l’impunité si je suis élu’, avait affirmé Patxi Lopez quelques jours avant son investiture en tant que Lehendakari. Depuis, la voie ouverte par le gouvernement précédent du PNV ne cesse de s’élargir. Hier, le juge Eloy Velasco de la Audiencia Nacional a convoqué quatre personnes pour le mardi 18 août, accusées de refuser de retirer les photos des prisonniers basques.

Cette décision concerne les propriétaires et les responsables de deux bars, Zurgai et Ezpala, de la capitale navarraise, Iruñea. Elle fait suite à la demande du procureur de la Audiencia Nacional. Il avait également exigé la fermeture de ces bars, s’appuyant sur un rapport de la garde civile qui précise que les 3 et 4 août, les responsables de ces deux bars avaient refusé de retirer les photos des prisonniers.

Dans chaque village, ces photos sont accrochées dans des lieux publics ainsi que dans des bars, lors de l’arrestation d’un habitant de la commune ou du quartier. Des arrestations parfois liées à une enquête sur l’ETA ou dans le cadre d’opérations à l’encontre de mouvements ou associations de la gauche nationaliste. Une fois la personne libérée, la photo est retirée. Mais ces derniers mois, le Gouvernement espagnol mène une croisade contre ces signes de solidarité. Avant-hier encore, la police navarraise retirait les photos du bar Arrano de Lesaka.

Dans ce contexte, la Audiencia Nacional a interdit toutes les manifestations organisées en faveur des prisonniers basques à l’occasion des fêtes de Donostia, Aste Nagusia. Malgré cela, le Mouvement en faveur de l’amnistie a maintenu les rendez-vous, notamment celui de samedi après-midi, qui devrait démarrer du Kursaal, à 19 heures. Samedi dernier, la police autonome avait retenu une manifestation de la gauche nationaliste, chargeant contre les manifestants et paralysant pendant quelques heures le centre-ville.

Aujourd’hui 15 août 2009, une nouvelle manifestation de soutien avec les prisonniers basques a été sauvagement réprimée à Donostia (Saint Sébastien)… les images du journal de la TVE montrent la sauvagerie de la police ‘basque’: jeunes femmes et personnes âgées frappées à la tête, un homme de 70 ans la figure en sang. Lors de ces événements, un homme âgé de 85 ans a été atteint d’une balle par la police.

Voir le journal de la TVE (le sujet est à 7 minutes 30 du début)

L’ETA a revendiqué dimanche matin, dans un communiqué, quatre actions contre des cibles de l’Etat espagnol dont celui de la localité basque d’Arrigorriaga le 19 juin (avec une bombe-ventouse qui avait tué l’inspecteur de police Eduardo Puelles) et celui de Palma, dans l’île de Majorque (Baléares), le 30 juillet (avec une bombe-ventouse qui avait tué deux gardes civils). Dans le communiqué, l’ETA précise qu’Eduardo Puelles était le ‘chef des opérations de police contre de nombreux militants arbetzales [indépendantistes] de gauche et contre de jeunes indépendantistes au cours de la dernière décennie, ainsi que le coordonnateur de différentes opérations contre l’ETA. Parfois comme tortionnaire le plus expérimenté et méprisable du commissariat, tantôt dans le rôle du ‘bon flic’, il a aussi été responsable des pressions sur des militants indépendantistes pour qu’ils collaborent, via des menaces’.

Quarante-six personnes ont été légèrement blessées mercredi quand une charge explosive de 200kg installée par l’ETA, a explosé devant une caserne de la Garde Civile à Burgos. L’explosion a balayé une grande partie du mur du bâtiment de 14 étages, et a creusé un cratère qui s’est rempli de l’eau des tuyaux souterrains. 46 occupants de la caserne ont été légèrement blessés.

Attaque de l'ETA à Burgos

Ces derniers temps, les policiers basques s’emploient à ôter systématiquement de l’espace public toute représentation, toute photo des prisonniers de la gauche nationaliste basque. Ils arrachent les affiches des murs ou, comme sur la vidéo ci-dessous, interviennent dans les stands lors des fêtes de rue pour enlever les photos.

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a confirmé, mardi 30 juin, à Strasbourg, la décision de la justice espagnole qui, en 2003, avait déclaré ce parti illégal. Et non seulement la CEDH n’a pas jugé que le Tribunal suprême espagnol avait violé la Convention européenne des droits de l’homme en prononçant leur dissolution, mais elle dit que cette décision ‘répondait à une nécessité sociale impérieuse‘. Pour l’instance strasbourgeoise, ‘un parti politique dont les responsables incitent à recourir à la violence ou qui propose un projet ne respectant pas les règles de la démocratie ne peut recourir à la protection de la Convention européenne des droits de l’homme‘. Pour les mêmes motifs, les juges ont rejeté à l’unanimité les recours de candidats au Parlement de Navarre et aux élections européennes déclarés inéligibles. Avec ces décisions s’éteignent les derniers espoirs de la gauche nationaliste d’être représentée électoralement. Lors des élections européennes du 7 juin, la liste de la gauche nationaliste radicale, un temps interdite puis finalement autorisée à se présenter, a recueilli 116.000 votes au Pays-Basque, soit environ 16% des suffrages exprimés. En Guipuzcoa, la province de Saint-Sébastien, près d’un électeur sur quatre (23,4%) avait voté pour elle.

Des peines allant de 18 mois à 16 ans de prison ont été prononcées merdredi soir contre huit membres présumés d’ETA jugés par la cour d’assises spéciale de Paris après la découverte en 2004 d’une des plus importantes fabriques d’armes de l’organisation indépendantiste basque. La plus lourde de ces peines, toutes en deçà des réquisitions qui allaient de 5 à 20 ans de prison, a été infligée à Felix Ignacio Esparza Luri (photo), 46 ans, condamné à 16 ans de réclusion criminelle avec une peine de sûreté des deux tiers et une interdiction définitive du territoire français.

Esparza Luri avait été condamné en décembre 2008 à 19 ans de réclusion en tant qu’ancien chef de l’appareil logistique d’ETA. La cour d’assises spéciale de Paris a condamné Luis Enrique Garate Galarza, 51 ans, et Jose Ceberio Aierbe, 44 ans, des cadres présumés de l’appareil logistique, à 15 ans de réclusion avec une sûreté des deux tiers et une interdiction définitive du territoire français. Une peine de 14 ans de réclusion a été prononcée à l’encontre d’Ibon Elorrieta Sanz, 32 ans. Jean-Marie Saint-Pée, un agriculteur de 55 ans chez qui avait été installé un atelier clandestin de l’ETA, à Saint-Michel, a écopé de 11 ans de prison. Jon Gonzalez Gonzalez, 35 ans et Jon Kepa Preciado Izarra, 33 ans, ont été condamnés à 10 ans d’emprisonnement tandis que Diego Ibarra, 37 ans, a été sanctionné de trois ans de prison dont 18 mois ferme. Comparaissant libre et ayant déjà effectué huit mois de détention provisoire, Diego Ibarra a été laissé en liberté.

L’atelier clandestin d’ETA renfermait 185 détonateurs, 590 kilos de matériel entrant dans la fabrication d’explosifs, 14 roquettes, 61 grenades, deux mortiers, une mitrailleuse lourde, de nombreuses armes de poing ainsi que des éléments de missile sol-air. Des plans de vol concernant des déplacements du roi d’Espagne avaient en outre été trouvés dans ce qui a été considéré comme une des plus importantes bases de l’ETA depuis celle dissimulée dans la cave d’une maison, en 2002 dans les Landes. A l’énoncé du verdict, les accusés et leurs proches dans le public ont crié ‘Gora ETA’ (vive ETA) et entonné le chant traditionnel du soldat basque (Eusko Gudariak), hymne de la l’organisation indépendantiste.

Entendre l’Eusko Gudariak

Esparza Luri

Deux membres présumés d’ETA ont été arrêtés dans la localité d’Usurbil, au Pays Basque espagnol (Nord), ont affirmé mardi plusieurs médias espagnols citant des sources proches de la lutte anti-terroriste. Ils ont été arrêtés alors qu’ils se trouvaient dans un entrepôt industriel à Usurbil, aménagé en logement, selon les mêmes sources. Cette arrestation intervient quatre jours après la mort d’un policier espagnol dans un attentat à la voiture piégée attribué à ETA, à Arrigorriaga, au Pays-Basque espagnol. Selon les médias espagnols, l’arrestation n’a cependant aucun lien avec cette affaire. Les deux membres présumés d’ETA sont soupçonnés d’avoir organisé plusieurs attentats contre des entreprises et des chantiers, notamment celui du TGV.

Jon Anza a disparu depuis le 18 avril, alors qu’il se rendait à un rendez-vous à Toulouse et avait pris le train en gare de Bayonne.

En début de semaine, ETA affirmait dans une note ‘qu’elle n’avait aucun doute. Derrière cette disparition, comme au temps du Gal, se trouvent les forces de polices et la collaboration française. Jon Anza est militant de l’organisation et la police le sait, puisqu’elle avait découvert des empreintes dans une cache trouvée par la Police. Cependant la Police cacha cette prise.‘ Et d’informer que Jon Anza avait rendez-vous à Toulouse avec ETA, pour remettre une somme d’argent. Un rendez-vous auquel il ne se rendra jamais.

Les proches de Jon Anza indiquent que si la semaine dernière, toutes les pistes étaient ouvertes, les éléments nous dirigent vers un nouvel épisode de la guerre sale.

En décembre dernier, Juan Mari Mujika avait été séquestré pendant deux heures, victime d’un enlèvement de la part de la police espagnole. Cela est impossible sans l’aide directe de la police française. Il convient encore de rappeler les disparitions encore à ce jour non élucidées: celles de Popo Larre, Naparra et Pertur.

Une manifestation a eu lieu aujourd’hui, samedi à Hendaye et le mouvement pro-amnistie Askatasuna a constitué des groupes de personnes, qui ce même jour referont en train le trajet emprunté par Jon Anza le 18 avril, de la gare de Bayonne à celle de Toulouse . Ils apposeront des affiches, avec la photo du militant, et ce afin de recueillir des indices. Sans parler des crimes commis par le BVE( Batallon Vasco Español), l’époque sanglante du GAL qui débuta en 1983 est encore présente dans bien des mémoires. Joxi Lasa et Joxean Zabala furent les premiers de cette liste macabre dressée par le GAL. Ils furent enlevés le 16 octobre 1983 dans un parking du Petit-Bayonne. Leurs dépouilles seront enfin identifiées en 1995 à Alicante, douze années plus tard.

L’ancien prisonnier politique basque Peio Fagan a été arrêté le 10 février à son domicile de Bidart, où la police française a effectué une perquisition, dans ce qui semble être la suite de ‘l’enquête’ sur les bars de la gauche nationaliste. Il a été emmené au commissariat de Bayonne peu après 8h. Par ailleurs, au moins 6 personnes sont convoquées cette semaine au commissariat de Bayonne dans le cadre de la même procédure, la plupart d’entre elles ayant déjà été soit convoquées, soit arrêtées pour répondre aux mêmes questions.

Près de 90 personnes ont déjà été soit arrêtées, soit convoquées (et une bonne partie d’entre elles mises en garde-à-vue aussitôt), en tout cas interrogées sur toute la militance basque au prétexte de questions sur la gestion des bars. La théorie de départ selon laquelle Batasuna financerait la lutte armée par le biais de ces bars s’étant effondrée – le Procureur Jean-Claude Marin lui-même l’a reconnu en novembre dernier, déclarant qu’aucun élément n’avait prouvé le lien entre ETA et Batasuna – , les autorités françaises ont retourné l’hypothèse, cherchant maintenant à prouver que c’est la lutte armée qui finance ces bars! Il apparaît de plus en plus clairement que le Parquet est à la recherche de n’importe quel prétexte dans un but politique: criminaliser un mouvement politique, harceler ses membres et leurs proches, et détourner ces militants de leur travail quotidien, les obligeant à se justifier et à se débattre dans des procédures arbitraires.

Au sujet des bars: il s’agit de projets largement soutenus, de lieux populaires, euskaldun, ouverts à toutes les associations et partis, instruments indispensables à la mobilisation et à la solidarité. C’est en cela aussi qu’ils sont dans la ligne de mire d’un pouvoir qui préfère largement le modèle individualiste du chacun chez soi. Des dizaines et des dizaines de personnes sont aujourd’hui inquiétées et parfois maltraitées pour un simple chèque de soutien! Au sujet des méthodes: la convocation est de plus en plus utilisée, et est présentée par la police comme une faveur, leur demandant s’ils préfèreraient être arrêtés et perquisitionnées à 6h du matin par trente agents. Ce n’est pas une faveur, c’est un chantage. Ces interrogatoires servent à un fichage massif et à préparer les prochains montages policiers et judiciaires.

Il faut ajouter à cela le véritable harcèlement auquel sont en train de se livrer la police et la gendarmerie française ces dernières semaines: contrôles incessants, présence étouffante; interrogatoires politiques à l’occasion de soi-disant contrôles d’alcoolémie; convocations de jeunes sous des prétextes ridicules (comme par exemple: ‘nous avons retrouvé votre portefeuille devant un graffiti’ avec prises d’empreintes, ADN et centaines de questions); contrôle d’une militante de SEGI avec fouille de son véhicule ‘sur ordre du procureur’; etc.