Les manifestations s’intensifient depuis un mois au Pérou (voir notre article). Mercredi 15 octobre, des milliers de personnes ont à nouveau défilé à Lima, Arequipa, Cuzco et Puno pour protester contre les assassinats et le racket imputés au crime organisé, mais aussi pour dénoncer la corruption du gouvernement. Des affrontements à Lima ont fait un mort et plus de 100 blessés dans la nuit de mercredi à jeudi, après une grande manifestation de la jeunesse pour dire son ras-le-bol de la classe politique et du crime organisé. Le nouveau gouvernement péruvien a annoncé jeudi son intention de déclarer l’état d’urgence dans la capitale Lima, après cette mobilisation.

Samedi 27 septembre au Pérou, au moins 19 personnes ont été blessées durant des affrontements avec la police lors d’une manifestation anti-gouvernementale. Une nouvelle marche était prévue dimanche dans le centre-ville de la capitale péruvienne, organisée notamment par le collectif de jeunes « Génération Z » pour protester contre la corruption et la violence.

Samedi 20 septembre à Lima, des centaines de personnes ont participé à une manifestation contre la politique du gouvernement. Organisé par le collectif de jeunesse de la « Génération Z », la police a utilisé du gaz lacrymogène lorsque que la foule s’est approché des sièges de l’Exécutif et du Congrès, dans le centre de la capitale péruvienne. Des groupes de personnes ont répliqué par des jets de pierres et de bâtons. Plusieurs personnes ont été blessées selon des témoignages.

Ce 13 septembre à Lima, la répression d’une manifestation a fait plusieurs blessés et une arrestation après des affrontements avec le PNP (Police  National du Pérou). Les manifestants s’opposent à la modernisation du système de prévoyance et notamment du nouveau système de fonds de pension, l’AFP (Administradoras de Fondos de Pensiones). Alors que le cortège tentait de se rendre devant le Congrès, des affrontements ont eu lieu avec les forces de l’ordre, qui ont utilisé des bombes lacrymogènes et des charges policières pour disperser les manifestants. Une partie de ceux-ci s’est temporairement retirée mais après quelques minutes, ils ont repris le cours de la manifestation. Deux contingents de la police nationale ont été déployés dans le but d’empêcher la mobilisation d’atteindre le bâtiment du congrès.

Les autorités péruviennes ont décidé, mercredi 13 août, d’accorder l’amnistie aux membres des forces armées et de la police accusés ou condamnés pour crimes contre l’humanité pendant le conflit armé contre le Parti Communiste du Pérou et différentes guérillas des années 1980 à 2000. De leur côté, plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent une insulte aux milliers de victimes alors que cette loi pourrait également mettre fin à près de 600 procès encore en cours contre des forces armées et des policiers.

Hipolito Quispehuaman, défenseur de l’environnement luttant contre la déprédation de l’Amazonie a été abattu ce samedi 26 juillet dans la jungle péruvienne. Les attaques contre les défenseurs de l’environnement se sont multipliées dans les régions amazoniennes du Pérou, où les peuples indigènes sont confrontés à la présence de trafiquants de drogue et à l’exploitation minière illégale. Hipolito Quispehuaman a été tué alors qu’il conduisait un véhicule de transport de marchandises sur un tronçon de la route interocéanique dans le secteur de Santa Rosa de la région de Madre de Dios. « L’hypothèse préliminaire retenue par le bureau du procureur est que ce meurtre aurait été commis en représailles au travail de défense qu’il effectuait », a déclaré la procureure locale, Karen Torres. La victime était membre du comité de gestion de la réserve nationale de Tambopata et luttait contre la déprédation de la forest amazonienne. Au moins 54 défenseurs de l’environnement ont été tués au Pérou depuis 2012, dont plus de la moitié étaient des membres des peuples indigènes.

Le Commandement spécial de la vallée des rivières Apurímac, Ene et Mantaro (VRAEM) et Direction de la lutte contre le terrorisme de la Police nationale péruvienne ont annoncé qu’une opération antiguérilla avait eu lieu le 11 mai près de la ville d’Alto Mantaro, où les forces de l’ordre se sont affrontées aux combattants du Parti communiste militarisé du Pérou (un héritier dudit « Sentier lumineux », dirigée par le « camarade Fernando »). Du matériel explosif et des équipements militaires auraient été saisis après cette confrontation, mais la contre-guérilla ne se prévaut d’aucune perte dans les rangs maoïstes.

La deuxième Chambre pénale collégiale nationale de la Cour supérieure nationale de justice pénale spécialisée a condamné Juan Santos Romero à huit ans de prison pour le délit d’apologie du terrorisme, commis par le biais de médias numériques. Juan Santos Romero a été accusé d’avoir dirigé une organisation secrètement dirigée par le Parti communiste du Pérou « Sentier Lumineux »: Voluntad Transformadora. En octobre 2023, la police nationale péruvienne avait arrêté sept membres de cette organisation à Trujillo, parmi lesquels Juan Santos Romero. Celui-ci avait posté sur les réseaux sociaux « Vive le président Gonzalo, leader du Parti et de la Révolution, disciple de Marx, de Lénine et du président Mao, garant de la victoire jusqu’au communisme », ce qui a contribué à sa condamnation. En plus de la peine pénale, il devra verser 10 000 S/ à titre d’indemnisation civile à l’État.

Une séance plénière juridictionnelle de la Cour supérieure nationale abordera le crime d' »apologie du terrorisme », perpétré à travers les réseaux sociaux et d’autres outils technologiques. La réunion portera sur la modalité aggravée de ce crime, commis à travers les technologies de l’information et de la communication. Seront abordés les critères pour évaluer si le contenu diffusé constitue une exaltation, une justification ou une exaltation de personnes reconnues coupables du crime de terrorisme. La propagande en faveur du Parti communiste du Pérou et de son défunt dirigeant, Abimael Guzman, le « président Gonzalo », mort en prison en septembre 2021, sont dans le collimateur.

Au Pérou, la justice a ordonné la dissolution du Movadef, (Movimiento por Amnistía y Derechos Fundamentales) au motif qu’il serait la façade du Parti communiste du Pérou (« Sentier lumineux »). Le tribunal a condamné 25 de ses dirigeants pour « terrorisme », dont six à 35 ans de prison, Parmi ces six, Elena Iparraguirre, ancienne dirigeante du PCP (et épouse du défunt fondateur du PCP Abimael Guzmán, le « Président Gonzalo »). Elena Iparraguirre est en prison depuis 1992, et a déjà été condamnée à la prison à vie. C’est d’ailleurs parce que le tribunal a indiqué qu’il y avait une impossibilité d’imposer une deuxième peine à perpétuité qu’il avait fixé une peine de 35 ans. Vingt-neuf autres accusés ont été condamnés à des peines de prison allant de 15 à 16 ans. La justice péruvienne affrime que la décision de fonder le Movadef a été pris depuis la prison par la direction du PCP.

Elena Iparraguirre