En décembre, Alaa Abdel Fattah, 40 ans, avait écopé de cinq ans de prison pour « diffusion de fausses informations » et son ancien avocat Mohamed al-Baqer et le blogueur Mohamed Ibrahim, alias Oxygen, de quatre ans. Condamnés par un tribunal d’exception, ils n’ont pas le droit d’interjeter appel. Après avoir publié « You Have Not Yet Been Defeated », en octobre 2021, avec la complicité des siens, le militant de gauche âgé de 40 ans, qui a passé depuis 2013 l’essentiel de son temps en prison, a mené, lundi 23 mai, son cinquante-deuxième jour de grève de la faim. Transféré mercredi 18 mai depuis la prison de haute sécurité de Tora, au Caire, il conduit désormais cette lutte dans le nouveau centre de détention de Wadi Natroun, présenté comme un modèle par les autorités.

Ces prisonniers ont été emprisonnés en raison de leurs protestations ou opinions anti-guerre.

Anastasiya Levashova est une étudiante qui, le premier jour de la guerre, le 24 février, a rejoint la manifestation anti-guerre et a lancé un cocktail Molotov contre la police. Elle a été condamnée à deux ans de prison pour usage de la violence contre des représentants de l’État.
Vladimir Sergeev a été arrêté lors d’une action anti-guerre le 6 mars 2022. Des cocktails Molotov ont été découverts dans son sac à dos. Lors de son arrestation, Vladimir a fait une tentative de suicide. Il s’est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est été accusé de « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Il se trouve actuellement dans la tristement célèbre prison de Butyrka, à Moscou.
Anton Zhuchkov est un ami de Vladimir Sergeev, ils ont été arrêtés ensemble lors de l’action anti-guerre du 6 mars. Lors de son arrestation, Anton a fait aussi fait une tentative de suicide et s’est rétabli après avoir passé plusieurs jours dans le coma. Il est aussi accusé de  « préparation au terrorisme » et pourrait être condamné à une peine de 10 ans de prison. Anton n’a pas de famille, et il a grandi dans des institutions.

Zakhar Tatuyko a été condamné à 1 an et 4 mois dans une colonie pénitentiaire pour avoir empoigné un représentant des forces de l’ordre lors d’un rassemblement anti-guerre à Saint-Pétersbourg.
Valeriy Valerevich Dubenyuk a été accusé d’avoir poussé un officier de police lors d’une action anti-guerre à Saint-Pétersbourg, et condamné à un an de colonie pénitentiaire.
Igor Aleksandrovich Maltsev est accusé d’avoir participé à une action au cours de laquelle un soldat factice a été brûlé à Saint-Pétersbourg.
Les prisonniers et prisonnière suivant(e)s sont accusé(e)s de « Diffusion de fausses informations sur l’utilisation des forces armées russes », une nouvelle loi interdisant de parler de la guerre en Russie: Vladimir Kara-Murza ; Alexei Gorinov ; Richard Rouz ; Aleksandra Skochilenko ; Mariya Ponomarenko ; Mikhail Afanasev ; Altan Ochipov ; Aleksandr Nozdrinov ; Sergey Mikhaylov ; Bulat Saylaevich Shumekov ; Olga Smirnova ; Viktoriya Petrova ; Boris Romanov;

Vadim Aleksandrovich Ignashov est un marin ukrainien qui a été enlevé par le service de sécurité russe FSB à bord d’un navire battant pavillon portugais dans le port de Vladivostok. Est accusé d' »appels à des activités extrémistes ».
Kirill Martyushev est accusé d’avoir maintenu un canal Telegram avec une évaluation négative de « l’opération militaire spéciale » en Ukraine, et a appelé les habitants de Tyumen à descendre dans la rue. Est accusé d' »appels à des activités extrémistes ».
Andrey Boyarshinov est accusé d' »appels à des activités terroristes » dans le canal Telegram « Protesting Kazan ».
Aleksey Rozhkov est accusé d’avoir lancé un cocktail molotov dans un centre d’appel militaire dans la banlieue de Yekaterinburg, et inculpé de « tentative de meurtre ».
Aleksey Nechushkin est accusé d’avoir écrasé une voiture contre la barrière de police lors d’une manifestation anti-guerre le 27 février, puis d’avoir mis le feu à la voiture. La voiture était peinte des mots « Peuple, soulève-toi » et « C’est la guerre ». Il est accusé de « hooliganisme ».
Mikhail Markovich Kavun voyageait en Ukraine avant la guerre avec une moto et faisait des dons aux organisations locales de défense des droits de l’homme.
Vitali Koltsov est accusé d’avoir lancé un cocktail molotov en direction d’une voiture de police et est inculpé de « tentative d’atteinte à la vie d’un agent des forces de l’ordre ».

Plus d’information (adresses des lieux de détention, moyen de soutenis les prisonniers, etc.)

 

La nuit du 21 avril, un engin incendiaire-explosif a complètement détruit un véhicule de police dans le quartier d’Ambelókipi, dans le centre d’Athènes. L’action a été revendiquée en solidarité avec le prisonnier anarchiste Vaggelis Stathopoulos, dont le procès en appel a commencé le 18 mai. Vaggelis Stathopoulos, qui avait déjà été détenu pendant deux ans et demi, a été condamné en première instance à 19 ans pour avoir recueilli et soigné, Dimitris Chatzivasileiadis, un membre de l’Organisation d’Autodéfense Révolutionnaire (voir notre article).

banderole de solidaité avec de Vaggelis Stathopoulos

Deux premiers inculpés de l’affaire dite 27-F, Ermann et Emanuele, ont été libérés. Il s’agit d’anarchistes arretés suite aux nuits de manifestations inusrrectionnelles ayant suivi l’arrestation de Pablo Hasel en février 2021. Il leur est particulièrement reproché l’incendie d’un fourgon de la police catalanne le 27 février.  La caution a été réduite à 15 000 euros par personne et les inculpés ont décidé de payer la caution, avec l’aide de leurs proches et des caisses de solidarité. Reste à payer les cautions de Danilo, Albo et Beppe (le dernier à avoir été emprisonné début mars, après avoir été arrête par la police espagnole, en collaboration avec la PAF française, au moment de traverser la frontière entre le deux pays). Danilo a décidé de partir après le 3 juin, parce qu’il ne veut pas rater les examens à l’université. Albo reste avec lui, dans le même module, et l’attend. On espère que la solidarité remplira les caisses avec l’argent qui manque pour les libérer.

 

 

La semi-liberté a été octroyé jeudi à Pierre Alessandri, condamné en 2003 à la perpétuité pour l’exécution en Corse du préfet Erignac et détenu depuis 23 ans. Cette décision du tribunal d’application des peines antiterroriste (Tapat) rendue jeudi devait être effective à partir du 13 juin. Cette décision devait lui permettre de travailler dans la journée dans une exploitation agricole, à l’extérieur de la prison de Borgo (Haute-Corse), où il est détenu depuis le 11 avril avec Alain Ferrandi, autre membre du commando Erignac. Le parquet national antiterroriste a fait appel, ce qui suspend immédiatement la décision. Arrêtés en 1999, Pierre Alessandri et Alain Ferrandi, avaient été condamnés en 2003 à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 18 ans. Ils sont libérables depuis mai 2017.

C’est la troisième fois que Pierre Alessandri, 63 ans, demandait à bénéficier du régime de semi-liberté. En réponse à ses deux premières demandes, en octobre 2019 puis en juillet 2021, le tribunal d’application des peines antiterroriste avait déjà donné son feu vert, mais le parquet national antiterroriste (Pnat) avait contesté la décision, qui avait ensuite été infirmée en appel dans les deux cas. La décision de semi-liberté était attendue en Corse, après l’agression mortelle en prison le 2 mars d’Yvan Colonna.

Alain Ferrandi et Pierre Alessandri

Jeudi 5 mai, l’anarchiste emprisonné Alfredo Cospito a été informé qu’on lui avait imposé le régime de détention 41 bis. Ce régime, particulièrement dur, a pour but d’empêcher toute forme de communication. Il prévoit l’isolement, l’interdiction de tout moment en commun entre détenus et de toute activité interne à la prison, le silence, la censure du courrier, une heure de parloir par mois, séparés par une vitre par un interphone et avec l’enregistrement des dialogues, dix minutes d’appels téléphoniques par mois avec une membre de la famille qui a reçu une autorisation et qui est obligé d’appeler à partir d’une caserne des Carabinieri. Les détenus ont l’interdiction de recevoir des journaux et des livres, la majorité du courrier est bloqué de manière préventive, ils n’ont pas la possibilité d’acheter des journaux et ont des fortes limitation quant aux objets qu’ils peuvent garder dans leur cellule (il y a un nombre maximale de livres, d’habits, de nourriture, de papier et de stylos).

Ce n’est pas la première fois que ce régime de détention est appliqué à des révolutionnaires : il a été décrété contre quatre prisonniers des Brigades Rouges PCC. Une des prisonnière s’est depuis suicidée, les autres restent détenus sous ce régime. Ce qui est particulier en ce cas, c’est que le 41bis est demandé contre Alfredo… après dix ans d’emprisonnement. Alfredo Cospito avait participé à la jambisation du PDG d’Ansaldo Nucleare. Le fait que l’État n’a pas réussi à isoler Alfredo ni à faire taire sa contribution révolutionnaire, a été une épine dans le pied pour la magistrature et la police. Cela a mené, ces dernières années, à d’autres mesures répressives à son encontre.

Alfredo Cospito

Alfredo Cospito

Le Comité contre la torture de l’ONU (CAT) a condamné le Maroc pour des faits de torture et de mauvais traitements sur Mohamed Bourial, un prisonnier politique sahraoui du groupe de Gdeim Izik. Mohamed Bourial avait été arrêté le 8 novembre 2010, le jour du démantèlement du campement pacifique de protestation de Gdeim Izik dans la banlieue de Laâyoune au Sahara occidental (voir notre article). Il a été condamné par une Cour militaire en 2013 et confirmé en appel en 2017, à 30 ans de prison. C’est la troisième fois que cette instance de l’ONU condamne le Maroc, la première décision concernait Naâma Asfari, lui aussi prisonnier du groupe de Gdeim Izik, (décision prise le 16 novembre 2016) et la deuxième Omar N’dour (décision prise le 19 novembre 2021).

Détenus depuis 12 ans sur base de procès fondés sur la torture, la situation des prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik est encore plus difficile depuis le dernier procès en appel de juillet 2017. Au nombre de 19, ils sont dispersés dans 6 prisons, loin de leurs familles. Ils ont été privés de toute visite familiale pendant les deux ans du Covid, mesure toujours en vigueur à ce jour. Deux prisonniers, Hassan Dah et Zaoui Elhoussine, ont entamé une nouvelle grève le 1er avril pour réclamer leur droit au transfert auprès de leurs familles, ce que les prisonniers demandent depuis 2017, date de la fin du procès en appel.

Le 22 avril, le tribunal a prononcé le verdict pour l’affaire dite « Pramen ». Aliaksandr Bialou, Jauhen Rubashka et Artsiom Salavei ont été condamnés à 5 ans de prison, un anarchiste qui s’appelle lui aussi Artsiom Salavei a été condamné à 4 ans et demi. Le chef d’accusation est inconnu, puisque le procès a été tenu à huis clos. Aliaksandr et Jauhen ont été arrêtés le 29 juillet 2021 et accusés d’avoir participé aux manifestations de 2020 suite à la réélection de Loukachenko, en août 2020. Les deux Artsiom Salavei, des homonymes, ont été arrêtés une semaine plus tard. Au cours de l’enquête, le collectif qui administre le média anarchiste Pramen, son site web et ses comptes sur les réseaux sociaux a été désigné comme étant une formation extrémiste. En 2020-2021, tous les prévenus avaient déjà été arrêté à la suite de différentes manifestations et emprisonnés pendant des courtes durées. Jauhen a déclaré avoir été torturé, avec des sachets en plastiques sur la tête et des passages à tabac, pendant sa détention.

Le 14 novembre 2021, il y a eu une attaque au cocktail Molotov contre la police, au Pirée. A quelques kilomètres de là, à Fáliro, les policiers ont mis en place un barrage, en essayant en vain d’arrêter une moto avec deux personnes à bord. Une voiture de police a pris en chasse la moto et l’a délibérément percutée à une vitesse élevée. Fotis D. et Iasona R. ont alors été arrêtés et amenés au commissariat central d’Athènes, où ils ont été détenus, sans aucune possibilité de contacter un avocat ou leurs familles. Le lendemain, tôt dans la matinée, leurs maisons étaient perquisitionnées pour essayer de trouver des preuves les liant à l’attaque du Pirée. Aucune preuve n’a pu être trouvée mais les deux anarchistes sont poursuivis pour tentative d’homicide, incendie criminel, incendie criminel en concours avec autrui, fabrication d’engins explosifs et possession de matériaux incendiaires et explosifs. Jeudi 12 avril, des manifestants solidaires de Fotis D. et Iasona R.  ont bloqué la rue Patission et attaqué avec des pierres, des extincteurs, de la peinture les voitures de police qui passaient et leurs escadrons qui approchaient.

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Alors que les audiences des prisonniers basques Ion Parot et Jakes Esnal se tiendront dans un peu moins d’un mois, les forces solidaires annoncent une action de blocage de tout le Pays Basque Nord pour cet été. Cette annonce a été faite le 19 avril, dans la perspective des audiences de Ion Parot et Jakes Esnal, respectivement les 13 et 19 mai prochains. Des rassemblements sont prévus à ces deux dates : le 13 à Bayonne et le 19 à Saint-Jean-de-Luz  afin que soit enfin accordée la libération conditionnelle à ces prisonniers âgés de plus de 70 ans. Une manifestation est également organisée le 11 juin à Lauga, à la veille des délibérés d’audiences. Après quatre actions de désobéissance civile, d’autres sont promises, plus impactantes et plus importantes, dans les semaines à venir. Ion, Jakes et Unai sont détenus depuis 32 ans et ils auraient déjà pu être libérés si des mesures d’exception ne leur avaient pas été appliquées.

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