Belgrade, samedi 15 mars, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté contre le pouvoir, les autorités auraient employé un canon sonique, une arme de dissuasion. Cette arme déjà testée en Grèce pour chasser les migrants (notre article ici), achetée par les Etats-Unis à l’occasion du Sommet de l’Otan à Chicago en 2012 (article ici) et acquérie par plusieurs pays pour doter leurs forces de l’ordre, émet des sons de plus de 160 décibels. Alors que les manifestants observent 15 minutes de silence en hommage aux victimes de Novi Sad, une ville serbe touchée par l’effondrement d’un toit dans une gare, la foule panique et se rabat sur les bords de la chaussée, fuyant une explosion, suivie d’un souffle chaud. Selon l’avocat Ivan Ninic, l’implication du régime ne fait aucun doute : « Cette arme spéciale n’a pu être utilisée que par l’armée ou la police. Il s’agit d’un canon à son importé d’Israël en 2022. Cette arme est interdite en Serbie. Elle est non létale mais émet des fréquences qui peuvent provoquer d’importants problèmes de santé ». De nombreuses personnes se sont rendues aux urgences depuis samedi pour des malaises, des brûlures, des problèmes de migraines ou d’audition. Certains pour signaler des dysfonctionnements de leurs pacemakers, d’autres pour des blessures, jusqu’ici 700 personnes ont contacté les urgences.

Photo illustration: canon sonique déployé par la police canadienne.

La société d’informatique légale (forensics) israélienne Cellebrite a récemment annoncé qu’elle empêchait désormais la Serbie d’utiliser sa technologie. Fin 2024, la police serbe avait en effet déverrouillé les téléphones de dizaines de journalistes et d’activistes grâce à ses outils avant, dans certains cas, de les infecter avec le logiciel espion Novispy pour continuer à les surveiller. Développée pour les forces de l’ordre et les entités gouvernementales, la suite de produits Cellebrite UFED permet d’extraire des données de divers appareils mobiles, même sans disposer des codes d’accès de l’utilisateur (voir nos articles). Dans son communiqué, Cellebrite explique qu’elle se conforme aux sanctions imposées par les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni « et d’autres réglementations et contrôles à l’exportation » qui interdisent de faire des affaires avec certaines nations

Fin 2024, une investigation numérique a démontré que les autorités serbes avaient illégalement installé des logiciels espions IMSI-catchers, achetés aux Suisses pour une valeur de deux millions de francs suisses en 2023, sur des dizaines de téléphones appartenant aux opposants. Amnesty International parle d’une surveillance systématique, probablement menée à grande échelle contre la société civile. Ces logiciels ont permis d’aspirer des photos, des messages et d’activer caméras et micros pour espionner les cibles.

Des activistes et des journalistes ont été convoqués par la police pour des entretiens dits «informatifs », les opposants étaient interrogés sans motif clair. Les personnes convoquées devaient remettre leur téléphone portable à l’entrée. Pendant les entretiens, la police installait des logiciels espions sur les appareils. Selon le rapport d’Amnesty International, le produit israélien Pegasus et le logiciel de surveillance Novispy développé par la Serbie ont été utilisés.

Samedi 10 juillet, des groupes de défense de l’environnement ont organisé une manifestation à Belgrade qui a rassemblée près de 40.000 personnes (24 à 27.000 selon la police). La manifestation s’est organisée pour dénoncer l’accord du gouvernement Serbe de la relance de l’exploitation d’une mine de lithium. Rio Tinto est le nom du géant anglo-australien qui a reçu le droit d’exploitation et dont il espère extraire chaque année quelque 60 000 tonnes de lithium et assurer la production de 1,1 million de voitures électriques en Europe.

Les gisements avaient été découverts en 2004. En 2021, des semaines de manifestations massives avaient forcé les autorités à interrompre le projet (voir notre article ici). En juillet, le tribunal constitutionnel serbe a cassé la décision gouvernementale d’interdire l’exploitation du lithium en Serbie permettant la relance de l’exploitation de la mine.

Lors de la manifestation de samedi, 19 personnes ont été interpellées, accusées d’avoir bloqué les voies dans la principale gare ferroviaire de Belgrade. Elles seront relâchées finalement le dimanche matin. Les organisations environnementales ont informé que la mobilisation se poursuivrait.

Arrêté un première fois le 24 juin 2021 à la demande de la Turquie pour une extradition, une longue procédure s’est enclenchée menant Ecevit Piroğlu a entamé une première grève de la fin en en juin 2022. En janvier 2023, une décision de la cour le libère, la cour confirmant qu’il ne peut être extradé. À peine libéré, il sera arrêté à nouveau. Il entamera une deuxième grève de la faim, début 2024, qui le mènera à l’hôpital. (voir nos articles précédents ici)

Il a été libéré ce mardi 9 juillet sous condition de ne pas quitter le territoire Serbe.

En janvier 2024, Ecevit Piroğlu avait été libéré de la prison après 32 mois d’incarcération suite à une demande d’extradition de la Turquie (voir nos articles ici et ici). Lors de cette incarcération, Ecevit Piroğlu avait suivi une grève de la faim de 136 jours. Malgré la décision de la Cour suprême serbe selon laquelle il ne peut être extradé vers la Turquie, le 12 janvier 2024, il a de nouveau été arrêté. Celui-ci a entamé en février une nouvelle grève de la faim pour dénoncer l’acharnement politique et judicaire envers lui. Cela va faire 3 ans qu’Ecevit Piroğlu est en prison. Il entame le 100ème jour de grève de la faim et son état de santé se dégrade.

Dans la procédure d’extradition d’Ecevit Piroğlu de la Serbie vers la Turquie, la décision finale doit être prise le 18 janvier. Actif politiquement depuis 1992, Piroğlu a été emprisonné à plusieurs reprises en Turquie. En 2021, il a demandé l’asile politique en Serbie après avoir été accusé de terrorisme en lien avec le soulèvement de Gezi en 2013. Avant de partir pour la Serbie, Piroğlu a combattu contre l’État islamique au Rojava. Le 24 juin 2021, il a été arrêté à l’aéroport en Serbie. Cela a marqué le début d’une procédure qui dure depuis 18 mois. Sa demande d’asile n’a pas reçu de réponse positive. Ecevit Piroğlu a fait une grève de la faim pendant 136 jours contre la procédure illégale et le retard dans le traitement de sa demande d’asile. Mercredi 18 janvier, la Cour d’appel entendra à nouveau l’affaire d’extradition et annoncera la décision finale. Des manifestations auront lieu partout dans le monde.

Rassemblement lundi 16 janvier à 15H30 devant le consulat de Serbie à Bruxelles (Bd du Régent 53, métro Madou) à 15h30

Ecevit Piroğlu milite en Turquie depuis 1992. Il a été arrêté pour cette raison à plusieurs reprises et après sa dernière incarcération, il a été contraint de quitter la Turquie pour échapper à de nouvelles persécutions. Ecevit doit être jugé, entre autres, pour son rôle dans le soulèvement de Gezi en 2013. Pour cette seule raison, il risque 30 ans de prison. Il a également combattu le Daesh au Rojava, ce qui lui vaut d’être poursuivi en Turquie comme « membre d’une organisation terroriste armée ».

Le 25 juin 2021, Ecevit s’est envolé pour la Serbie et a été arrêté après avoir atterri à l’aéroport Nikola Tesla de Belgrade et est en détention depuis lors. Le 2 juin 2022, Piroğlu a entamé une grève de la faim illimitée contre son extradition. Des mois plus tard, il a perdu un poids considérable et perd ses forces et sa conscience. Il est désormais détenu à l’isolement et sa vie est en danger. Une audience du tribunal s’est tenue à Belgrade vendredi passé, et l’audience non publique a été ajournée sans verdict. La prochaine date du procès n’a pas été mentionnée.

Des milliers de Serbes sont descendus dans la rue. Ils rejettent la nouvelle loi sur les expropriations et la nouvelle loi sur le référendum, qui selon eux sont des instruments pour faire passer en force des projets industriels nocifs pour l’environnement. A Belgrade et en province, ils ont bloqué des centre-villes et des axes principaux. Le passage en force de deux lois favorisent un projet de mine de lithium mené par Rio Tinto qui cristallise les oppositions depuis plusieurs mois. Alors que des élections générales sont prévues en 2022, la manifestation est aussi l’occasion de s’opposer au pouvoir. À Belgrade, le blocage a cessé dans le calme, mais dans d’autres villes, il y a eu des bagarres lors de l’intervention de la police et des arrestations. À Sabac, la foule a fait le siège du commissariat et obtenu la libération des siens. Pour contrer les interventions policières contre le blocage (illégale) des rues, en plusieurs endroits, les manifestants ont organisés des flux denses traversants et retraversant inlassablement la rue, obtenant la paralysie du trafic sans tomber sous le coup de la loi.

Après deux jours de forte contestation et de violences, le gouvernement serbe a annoncé ce jeudi 9 juillet renoncer à mettre en place un couvre-feu le week-end. Mais en contrepartie, il interdit les rassemblements de plus de 10 personnes, et donc les manifestations. Car chaque soir, à Belgrade, des milliers de manifestants se retrouvent devant le Parlement. Le déclencheur de la colère a été le projet de couvre-feu le week-end envisagé face au retour massif du coronavirus dans le pays. En juin dernier, le gouvernement a accéléré la levée du confinement pour organiser les élections législatives, que le Parti serbe du progrès (SNS), parti du président, a alors aisément remporté. Depuis, la Serbie dénombre près de 300 nouveaux cas par jour contre 50 il y a un mois.  Le pays se retrouve désormais dans une situation catastrophique: les hôpitaux sont saturés et le gouvernement a décrété l’état d’urgence sanitaire dans de nombreuses villes, dont Belgrade. Depuis, les Serbes manifestent contre le gouvernement qu’ils jugent être responsable du rebond de l’épidémie. Mardi 7 juillet, ils ont fait irruption dans l’enceinte du Parlement. La police a alors lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule qui a répondu en jetant des projectiles. De nombreux blessés sont à répertorier du côté des forces de l’ordre et des manifestants.Les affrontements à Belgrade