Des manifestants en colère contre l’inflation et la détérioration des conditions économiques en Syrie ont pris d’assaut dimanche le bureau du gouverneur de la ville méridionale de Sweida et incendié des parties du bâtiment au milieu d’un échange de tirs nourris. Auparavant, les manifestants s’étaient rassemblées autour du bâtiment dans le centre de la ville à majorité druze, scandant des slogans appelant au renversement du président syrien Bashar Assad. Les affrontements auraient fait deux morts.

La Turquie a lancé une vague d’attaques aériennes sur le Rojava à 22h00 heure locale samedi soir. Les autorités autonomes kurdes font jusqu’ici état d’au moins 29 morts – 11 civils, 15 soldats syriens, deux gardiens d’un silos de blé et un combattant kurde, mais les pertes pourraient être plus graves. Les frappes ont visé principalement la ville de Kobané (nord) et ses environs, près de la frontière turque, notamment des silos à grains près d’Al-Malikiyah (nord-est) et une centrale électrique située dans une zone sous contrôle des Forces démocratiques syriennes (FDS).

De nombreuses manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes pour dénoncer les bombardements turcs et la provocation des services secrets turcs voulant faire passer le PKK pour responsable de l’attentat d’Istanbul. A Hambourg, les forces de police ont attaqué la manifestation parce qu’on y brandissait des drapeaux YPG et YPJ dont l’interdiction fait en Allemagne l’objet de nombreux procès (avec des décisions en sens divers).

Koçero Batman (nom de guerre d’Hasan Demirtaş) est né en 1983 dans la province kurde du nord de Batman. En 2001, il a rejoint le mouvement de libération kurde. En tant que combattant de la guérilla, il a séjourné dans de nombreuses régions différentes, des montagnes de Zagros au Dersim. Lorsque le Daesh a attaqué Kobanê en 2014, il a fait partie des combattants expérimentés du PKK venu au Rojava et a défendu la ville contre les islamistes. Après la bataille de Kobanê, il a participé en tant que commandant aux offensives de libération à Raqqa, Manbij, Ain Issa et Tabqa. Combattant courageux, il a été blessé à plusieurs reprises. Il commandait les forces des YPG du canton de Kobane.

Alors que la peine de mort est interdite en Turquie, elle est appliquée à Afrin, région kurde du nord de la Syrie occupée par Ankara depuis plus de quatre ans. Le tribunal militaire d’Azaz, petite ville du nord de la Syrie occupée par la Turquie, a condamné un habitant d’Afrin à la peine de mort, et plusieurs membres de sa famille à la prison. Enlevé il y a plus d’un an dans la ville d’Afrin occupée par Ankara depuis 2018, le jeune Hisên Yusif, 22 ans, a été condamné à la peine capitale. Son frère Izedin (20 ans), son père Yusif, son cousin Mistefa (24 ans) et l’épouse de ce dernier, Zeyneb (29 ans), ont été condamnés à des peines de réclusion allant de 3 à 13 ans. D’après l’oncle du condamné à mort, il est reproché à celui-ci et à ses proches emprisonnés d’avoir été en contact avec les structures qui administraient ce canton kurde avant l’invasion turco-jihadiste. Les intéressés, ainsi que trois autres membres de leur famille, avaient été enlevés à Afrin par les services de renseignement turcs (MIT) durant l’été 2021 et détenus au secret pendant plusieurs mois.

La prise d’Afrin par les forces turques et jihadistes

Hier, quatre personnes ont été tuées et d’autres blessées dans une frappe de drone sur la route de Hîzam dans le nord de Qamishlo, au Rojava. Plus tôt, quatre personnes avaient été tuées dans une attaque de drone dans le quartier résidentiel de Sîna à Qamishlo. Parmi les blessés qui ont été hospitalisés figure Yusif Mehmud Rebanî, membre du commandement du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK). Il est décédé des suites de ses blessures. Rebanî était venu au Roajva pour voir sur le terrain les réalisations de la révolution et rencontrer la population. Le PJAK quiu mène la résistance en Iran a été créé 2004. Depuis 2007, il fait partie de la structure faîtière organisationnelle de la Koma Civakên Kurdistan (« Union des communautés du Kurdistan »), au même titre que le PKK, le PYD, le Parti de la solution démocratique du Kurdistan irakien, ainsi que de nombreuses autres organisations de la société civile kurde.

 

 

L’armée turque et ses mercenaires islamistes poursuivent leur politique de persécution des Kurdes et des yézidis pour les faire quitter la région d’Afrin. Depuis le début de l’année, dix civils ont été assassinés et 96 personnes, dont onze femmes et cinq mineurs, ont été enlevées par les forces d’occupation. En outre, neuf maisons ont été détruites et plus de 5 000 oliviers ont été abattus. Les enlèvements, les exécutions, les tortures, les pillages et les expulsions font partie du quotidien des habitants. Près de 8 500 personnes originaires d’Afrin ont été enlevées depuis le début de l’invasion il y a quatre ans. Environ la moitié d’entre elles sont toujours portées disparues. Les enlèvements sont devenus un modèle économique pour les islamistes d’Ankara, générant des revenus lucratifs. Dans le même temps, cela augmente la pression pour déplacer la population kurde et la remplacer par les familles des jihadistes chassés des zones reprises par le régime.

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Le quartier général des forces d’occupation dans le centre de Jindires, dans le canton d’Afrin, a été dévasté samedi par une violente explosion. Deux membres de la faction al-Mu’tasem, liée au Front Syrien de libération, financé et armé par la Turquie, ont été tué et plusieurs autres ont été blessés. Les miliciens jihadistes multiplient les exactions à Afrin: arrestations arbitraires (580 pour la seule ville d’Afrin l’année passée), enlèvements, rackets, assassinat, provoquant l’exode de la population kurde et son remplacement par des réfugiés arabes venus de Turquie. Selon les dernières statistiques (2020), la population kurdes dans la région d’Afrin n’était plus que de 34,8 %, alors qu’ils représentaient auparavant 97 % de la population.

 

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Les forces de sécurité turques et les jihadistes qui leurs servent d’hommes de main continuent à faire régner la terreur dans le canton d’Afrin, envahi par la Turquie en mars 2018. Le cadavre d’un civil âgé a été retrouvé dimanche dans le district de Jindires (photo). Le corps, retrouvé dans une oliveraie, porte des traces de torture. Les mercenaires de Faylaq al-Sham soutenus par la Turquie ont enlevé un civil nommé Beşar Xelîl Cûtî du village de Fefertînê. D’autre part, le groupe de mercenaires Muhamed El-Fatih a enlevé deux civils du village de Mist Eşûra. Cela porte à plus de 300 le nombre des enlèvements enregistrés à Afrin, dont 25 femmes, ces deux deux derniers mois. Au moins six civils ont été tués.

Souvent, les personnes enlevées sont torturées par des jihadistes ou le MIT et libérées après avoir payé des rançons. Cependant, les personnes enlevées sont à plusieurs reprises torturées à mort et leurs corps jetés dans des champs ou d’autres endroits. Cela crée un climat de terreur et fait fuir la population kurde. Pour obtenir le déplacement de celle-ci, des mesures « économiques » sont aussi prises comme l’arrachage des oliviers, la principale ressource de la région.

Les forces de sécurité turques et leurs auxiliaires jihadistes continuent leurs exactions dans les régions kurdes occupées par la Turquie du nord de la Syrie. C’est ainsi que ces derniers jours, les forces d’occupation ont enlevé 10 civils du village de Mamila, dans le canton d’Afrin. L’État turc a établi un régime de terreur dans ce canton qu’il occupe depuis mars 2018. Les services turcs s’appuient pour cela sur divers groupes jihadistes, recyclant de nombreux membres et responsables de l’État islamique. C’est à Afrin que Abou Zaki al-Taybani, l’ancien dirigeant de l’État islamique pour la région de Hama, a été tué par un drone de la coalition. Les enlèvements avec demandes de rançon, les pillages et les déplacements de populations sont devenus quotidiens. 300 enlèvements ont été recensés à Afrin au cours des deux derniers mois. 25 des personnes enlevées étaient des femmes. Au moins six civils ont par ailleurs été exécutés.

L’occupation turque à Afrin

Can Dündar a été condamné à 27 ans de prison. Le journaliste avait été à l’origine des révélations sur les livraisons d’armes d’Ankara à des groupes islamistes en Syrie. Can Dündar, qui vit en exil en Allemagne, a été reconnu coupable d’aide à un groupe terroriste et d’espionnage pour avoir publié en 2015 une enquête, images à l’appui, sur ces livraisons d’armes par les services secrets turcs, dans le quotidien d’opposition Cumhuriyet dont il était le rédacteur en chef.

En mai 2016, Can Dündar, 59 ans, avait été condamné à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d’État. Mais ce verdict avait été annulé en 2018 par une haute cour qui a ordonné un nouveau procès contre Can Dündar pour des accusations d’espionnage comportant une peine plus lourde. Dans les attendus du verdict rendu mercredi, le tribunal a précisé que Can Dündar a été condamné à 18 ans et six mois de prison pour « divulgation d’informations confidentielles et espionnage » en lien avec la publication de l’enquête sur les livraisons d’armes, et à huit ans et neuf mois de prison pour « aide à une organisation terroriste », en l’occurrence le réseau du prédicateur Fethullah Gülen.

Can Dündar

 

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