Vingt-deux membres de l’Association des avocats progressistes (ÇHD) et du Bureau juridique du peuple (HHB) ont été condamnés à différentes peines de prison par la 18e chambre de la cour d’assises d’Istanbul, lors de l’audience tenue vendredi dans le complexe pénitentiaire de Silivri. Le tribunal a indiqué que sa décision pouvait faire l’objet d’un recours, non pas auprès de la Cour régionale de justice, mais auprès de la Cour de cassation. Les avocats ont été condamnés aux peines suivantes :
Selçuk Kozağaçlı : 12 ans de prison pour « participation à une organisation terroriste », plus 1 an pour « propagande en faveur d’une organisation terroriste ».
Barkın Timtik : 12 ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » et 9 ans et 8 mois pour « propagande ».
Oya Aslan : 10 ans de prison pour « appartenance à une organisation terroriste » et 6 ans pour « propagande ».
Taylan Tanay, Betül Vangölü Kozağaçlı, Güçlü Sevimli et Gülvin Aydın : 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ». L’annonce du verdict pour « propagande » a été reportée.
Güray Dağ, Efkan Bolaç, Serkan Arıkanoğlu, Mümin Özgür Gider, Metin Narin, Sevgi Sönmez, Alper Tunga Saral, Rahim Yılmaz et Selda Yılmaz : 6 ans et 3 mois de prison pour « appartenance à une organisation terroriste ».
Özgür Yılmaz : 1 an de prison pour « propagande », Özgür Yılmaz faisant déjà l’objet d’une condamnation définitive pour « participation à une organisation terroriste », ce chef d’accusation a été abandonné dans cette affaire.
Şükriye Erden : L’annonce du verdict pour « propagande » a été reportée. Şükriye Erden ayant déjà été condamnée pour « participation à une organisation terroriste », cette charge a été abandonnée dans ce procès).
Naciye Demir : L’annonce du verdict pour « propagande » a été reportée.
Les dossiers des accusés Zeki Rüzgar et Günay Dağ ont été dissociés.
Les charges contre Ebru Timtik, avocate décédée en prison en août 2020, après 238 jours de grève de la faim, ont été abandonnées.

L’affaire ÇHD consiste en deux affaires distinctes qui ont été fusionnées. Après le premier procès devant la 37e chambre de la cour d’assises d’Istanbul, la Cour de cassation a annulé les verdicts prononcés à l’encontre de quatre avocats. Elle a confirmé en revanche les condamnation prononcées contre les autres avocats: Özgür Yılmaz, 13 ans et 6 mois de prison ; Behiç Aşçı, 12 ans ; Şükriye Erden, 12 ans ; Engin Gökoğlu, 10 ans et 6 mois ; Aytaç Ünsal, 10 ans et 6 mois ; Süleyman Gökten, 10 ans et 6 mois ; Aycan Çiçek, 9 ans ; Naciye Demir, 9 ans. Le tribunal local avait condamné Ezgi Çakır, avocate des accusés, à 8 ans de prison. La Cour de cassation a jugé que Çakır aurait dû être condamnée pour avoir « aidé sciemment et volontairement l’organisation. » 

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Le leader kurde Abdullah Öcalan s’est vu imposer une nouvelle interdiction de visite de six mois, après que l’interdiction de visite imposée le 13 avril ait pris fin le 18 octobre. Après le 18 octobre, les avocats du leader kurde, qui avaient demandé à rendre visite à leur client au juge d’exécution des peines de Bursa, ont été informés qu’il n’y avait « aucune interdiction de visite ». Mais le 26 octobre, ils n’ont pas pu rendre visite à leur client, le juge ayant déclaré qu’Öcalan avait reçu une nouvelle interdiction de visite de six mois, qui est devenue définitive le 21 octobre. Les avocats ont annoncé qu’ils feraient appel et demandent à rencontrer le leader kurde deux fois par semaine. Cependant, leurs demandes sont systématiquement laissées sans réponse. Dans certains cas, ce sont des mois plus tard que les avocats apprennent que des mesures disciplinaires ont été prises contre Öcalan.

Ce jeudi matin, 20 octobre, environ 200 personnes se sont rassemblées pour dénoncer l’emploi d’armes chimiques par l’armée turque contre la guérilla au Kurdistan irakien. Les personnes se sont fait nasser place du Luxembourg, près de la Commission européenne. Les forces de l’ordre ont utilisé matraques et gaz lacrymogènes. Au moins une personne a été blessée.

Récemment, des vidéos ont commencé à circuler montrant l’agonie de combattant.es kurdes suites aux attaques aux armes chimiques utilisées par l’armée turque. Depuis plusieurs années, le mouvement kurde dénonce l’utilisation de ces armes chimiques dans les régions du Kurdistan irakien où sont situées les guérillas kurdes. Malgré les preuves d’utilisation d’armes chimiques, l’OPCW (l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques) est toujours restée silencieuse face à ces attaques.

 

Lundi 10 octobre dernier, l’audience d’appel dans le procès contre Andi, secrétaire du Secours Rouge International, à propos de l’attaque du consulat turc de Zurich en 2017, a eu lieu au Tribunal pénal fédéral de Bellinzone. Le verdict vient de tomber: après avoir été condamnée à 14 mois (sans sursis ni possibilité d’aménagement de peine) en première instance en novembre 2021, elle a été acquittée. En première instance le Tribunal pénal fédéral avait prononcé une condamnation sans preuve, ouvertement politique, basé uniquement sur l’histoire politique, l’identité d’Andi et de son organisation (Revolutionarer Aufbau), son influence sur la jeunesse radicale etc. Une large campagne politique avait remplie de plusieurs événements et actions de solidarité dirigée contre le fascisme turc et ses complices avait eu lieu à cette occasion (voir notre article).

 

 

Le Parlement turc a adopté jeudi soir une loi sur la désinformation à l’approche des élections générales de juin 2023, prévoyant jusqu’à trois ans de prison pour la divulgation “d’informations fausses ou trompeuses”. Outre les journaux, radios, télévisions, la loi vise les réseaux sociaux et les sites internet auxquels il sera demandé de dénoncer et de livrer les informations personnelles de leurs usagers accusés de propagation de fausses nouvelles. Débattus depuis début octobre, les 40 articles du texte adoptés jeudi soir, officiellement baptisé “loi sur la presse”, ont fait l’objet de nombreux amendements déposés (en vain) par l’opposition qui dénonce pour sa part une loi de censure. L’article 29, en particulier, prévoit des peines de prison de un à trois ans pour “propagation d’informations fausses ou trompeuses contraires à la sécurité intérieure et extérieure du pays et susceptibles de porter atteinte à la santé publique, de troubler l’ordre public, de répandre la peur ou la panique au sein de la population”. Ce texte avait été déposé en mai par les députés AKP, le parti du président Erdogan, qui briguera un nouveau mandat en juin 2023.

La police de la région à majorité kurde de Hakkari (Colemêrg), en Turquie, a lancé une campagne qui consiste à recueillir les empreintes digitales de toute une population, y compris des jeunes enfants. La campagne est intitulée « Ma boussole, c’est la police », vise à permettre aux citoyens d’être « plus facilement joignables en cas de disparition », a déclaré la direction de la police de Hakkari en annonçant le projet en septembre. Un précédent rapport publié en août par la chaîne publique TRT Haber ne mentionnait que les personnes ayant une capacité mentale réduite comme cible des empreintes digitales. On ignore quand le projet a été étendu aux enfants et aux adultes non handicapés. En outre, le profilage communautaire est évidant: S’il s’agit vraiment d’un projet basé sur la possibilité de disparition d’enfants, pourquoi ne pas le faire dans les trois villes les plus peuplées, Istanbul, Ankara ou Izmir, plutôt que dans la région kurde d’Hakkari? D’autant que loin d’aider à résoudre les disparitions de mineurs kurdes, les forces de sécurité en sont les premières responsables.

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Ecevit Piroğlu milite en Turquie depuis 1992. Il a été arrêté pour cette raison à plusieurs reprises et après sa dernière incarcération, il a été contraint de quitter la Turquie pour échapper à de nouvelles persécutions. Ecevit doit être jugé, entre autres, pour son rôle dans le soulèvement de Gezi en 2013. Pour cette seule raison, il risque 30 ans de prison. Il a également combattu le Daesh au Rojava, ce qui lui vaut d’être poursuivi en Turquie comme « membre d’une organisation terroriste armée ».

Le 25 juin 2021, Ecevit s’est envolé pour la Serbie et a été arrêté après avoir atterri à l’aéroport Nikola Tesla de Belgrade et est en détention depuis lors. Le 2 juin 2022, Piroğlu a entamé une grève de la faim illimitée contre son extradition. Des mois plus tard, il a perdu un poids considérable et perd ses forces et sa conscience. Il est désormais détenu à l’isolement et sa vie est en danger. Une audience du tribunal s’est tenue à Belgrade vendredi passé, et l’audience non publique a été ajournée sans verdict. La prochaine date du procès n’a pas été mentionnée.

Koçero Batman (nom de guerre d’Hasan Demirtaş) est né en 1983 dans la province kurde du nord de Batman. En 2001, il a rejoint le mouvement de libération kurde. En tant que combattant de la guérilla, il a séjourné dans de nombreuses régions différentes, des montagnes de Zagros au Dersim. Lorsque le Daesh a attaqué Kobanê en 2014, il a fait partie des combattants expérimentés du PKK venu au Rojava et a défendu la ville contre les islamistes. Après la bataille de Kobanê, il a participé en tant que commandant aux offensives de libération à Raqqa, Manbij, Ain Issa et Tabqa. Combattant courageux, il a été blessé à plusieurs reprises. Il commandait les forces des YPG du canton de Kobane.

Le plus récent drone turc « HALE » (Haute altitude Longue endurance) de type Akıncı a été repérée au-dessus du Nord de la Syrie. L’Akıncı est équipé d’un radar actif à balayage électronique [AESA] et dispose d’un système de communication par satellite et d’un atout ISTAR+C3 (permettant une connexion directe avec le commandement turc, sans que la communication ne passe par des satellites étrangers ou des pays tiers). L’Akıncı semble fondamentalement destiné à l’observation (il peut intercepter des signaux électroniques), mais il peut transporter tous les types de missiles ainsi que des bombes dites de précision guidées par GPS/INS.  Deux turbopropulseurs ukrainien Ivchenko-Progress lui garantissent une vitesse de pointe de 361 km/h et une vitesse de croisière d’au moins 240 km/h. Son altitude optimale est d’un peu plus de 9 000 mètres, bien qu’il puisse voler à plus de 13 000 mètres. Avec un plein de carburant, le drone parcourt 7 500 km. À l’heure actuelle, 12 unités de ce drone sont au service de l’armée turque.

La Turquie a annoncé dimanche le lancement d’une nouvelle opération militaire visant les guérillas du PKK. L’opération d’automne-hiver « Blocus d’Eren » a été lancée par environ 1.600 militaires soutenus par l’aviation. Par ailleurs, deux combattantes du PKK et un policier ont été tués devant le poste de police du district de Tece, dans le district de Mezitli à Mersin la nuit dernière. Les combattantes kurdes ont ouvert le feu sur le commissariat, blessant deux policiers, dont un mortellement. Un groupe de quatre policiers sont alors intervenus et la fusillade a repris. Les combattantes ont été blessée et l’une d’elle, Dilşah Ercan a fait exploser la bombe qu’elle transportait dans son sac à dos. Les policiers ont arrêté une personne qu’ils soupçonnent d’avoir transporté le commando.

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