Vendredi 25 septembre, le parquet d’Ankara a ordonné l’arrestation de 82 personnes visant principalement des membres du HDP. Ils sont accusés d’ «incitation à la violence» dans le cadre des manifestations de soutien à Kobane en octobre 2014. L’enquête ouverte il y a près d’un an, nommée « Opération PKK / KCK », est la même qui a menée à l’arrestation des anciens coprésidents du HDP Figen Yüksekdağ et Selahattin Demirtaş en septembre 2019. Tous les membres du HDP détenaient, à l’automne 2014, des postes dirigeants (maires, députés ou cadres dirigeants du parti). Des affrontements avec les forces de sécurité avaient eu lieu lors des manifestations de 2014, mais aussi entre groupes politiques rivaux. Le parquet d’Ankara accuse notamment les suspects d’avoir «appelé à de nombreuses reprises le peuple à descendre dans la rue dans le but de mener des actions terroristes».

Arrestation d'un membre du HDP le 25 octobre 2020

Arrestation d’un membre du HDP le 25 octobre 2020

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Mehmet Yalcin est originaire de la ville de Varto, au Kurdistan nord. Il avait été incarcéré en 2005 en Turquie, puis libéré en attente de son procès instruit pour fait de « propagande en faveur d’une organisation terroriste ». Des procès qui se terminent immanquablement par de lourdes condamnations. C’est pourquoi Mehmet Yalcin, à ce moment-là, a choisi la voie de l’exil et arrive en France, à Bordeaux, en 2006 avec son épouse et ses trois enfants. Malgré ses demandes d’asile, il n’a eu de cesse de subir le harcèlement des autorités françaises et plus particulièrement de la préfecture de la Gironde. Alors qu’il devait être expulsé le 28 août dernier et se trouvait dans un centre de rétention, à Bordeaux, le tribunal administratif de cette ville ordonne sa libération, considérant que Mehmet ayant fait une nouvelle demande d’asile, son maintien en rétention était illégal. La préfecture devait alors lui délivrer une attestation de demande d’asile lui donnant le droit de rester sur le territoire jusqu’à ce que la Cour nationale des droits d’asile (CNDA) rende son avis. En lieu et place, il reçoit une assignation à résidence. Une décision préfectorale là encore cassée par le tribunal administratif.

Depuis le 13 août, Mehmet Yalcin se trouvait donc chez lui, attendant la fin de la procédure du CNDA. Jusqu’à ce que ce mardi 15 septembre, à 6 heures du matin, une vingtaine de policiers ne viennent l’appréhender. La raison officielle était un entretien administratif. En réalité, une fois au commissariat de l’aéroport de Mérignac et un interrogatoire sur sa situation administrative et son droit de séjour, il a été transféré, en voiture, jusqu’au centre de rétention du Mesnil-Amelot, près de l’aéroport de Roissy, en région parisienne. Aucune procédure n’a été respectée et personne n’avait plus la trace de Mehmet Yalcin: ni ses défenseurs, ni les organisations qui s’occupent des demandeurs d’asile et encore moins sa famille. Il a été expulsé par un vol vers Istanbul où la police d’Erdogan l’attendait.

Mehmet Yalcin

 

La nuit de samedi à dimanche 14 septembre, un jeune d’origine Kurde a été passé à tabac dans son propre appartement de la rue Paul Pastur, à Quaregon, par un groupe de huit fascistes d’origine turques. La victime avait dû feindre la mort pour que les agresseurs cessent les coups et quittent les lieux, après quoi il avait pu trouver de l’aide et être pris en charge médicalement. Il souffre d’une commotion cérébrale et de multiples hématomes, à tel point que son visage est totalement déformé. Les fascistes s’en sont pris à lui à la suite de la publication d’une de ses vidéos sur les réseaux sociaux en faveur de la cause kurde. Trois mandats d’arrêt ont été délivrés hier, mardi 15, à l’encontre de trois personnes impliquées dans l’agression.

L’appartement de la rue Pastur

Du 7 au 9 septembre dernier, l’armée turque a lancé une vaste attaque de drones dans la région de Dersim. Deux combattants du TKP/ML TIKKO ont été tués durant cette offensive : Erol Volkan Ildem (dit Nubar) et Fadime Çakil (dite Rosa). Nubar était actif dans la guérilla depuis 2009 et il était membre du comité central du TKP/ML. Rosa était une jeune militante de 24 ans devenue la plus jeune membre de la TIKKO en la rejoignant en 2013.

À l’appel de la communauté kurde de Toulouse, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées pour exiger la libération d’Abdullah Ocalan et celle de tou·te·s les prisonniers politiques de Turquie. À cette occasion, le Secours Rouge Toulouse a rappelé sa solidarité avec le mouvement kurde et a affirmé son soutien à l’Ezilenlerin Sosyalist Partisi qui fait face à la répression de l’Etat fasciste turc (voir notre article).

Depuis plusieurs jours, le mouvement de la jeunesse kurde manifeste pour la liberté d’Abdullah Öcalan en réalisant une marche de plusieurs jours de Hanovre à Hambourg. Des Kurdes et des internationalistes de plusieurs pays européens y participent. Jeudi 10 septembre, des militant·es ont été arrêtés dans le train sur le chemin entre leur logement à Lunebourg (où ils avaient passé la nuit précédente) et le point de départ de l’étape d’aujourd’hui à Winsen-Luhe à la gare de Bardowick. Notons qu’auparavant, avait tenté de faire pour modifier l’itinéraire de la manifestation alors qu’il avait été préalablement approuvé. De plus les portraits d’Abdullah Öcalan restent interdites. Plus d’infos ici.

La police arrête des militant·es kurdes qui manifestaient pour la libération d'Öcalan

La police arrête des militant·es kurdes qui manifestaient pour la libération d’Öcalan

Le 7 septembre, une opération policière a visé en Turquie les membres et les responsables du Parti Socialiste des Opprimé-e-s (Ezilenlerin Sosyalist Partisi) et des Assemblées des femmes socialistes (SKM) qui sont des composantes du HDP (Parti démocratique des peuples). Dans le cadre de cette attaque, 17 maisons dans 7 villes ont été perquisitionnées. Les militant.e.s ont été emmené-e-s aux postes de police d’Istanbul et d’Amed pour y être interrogé-e-s. Au total, 14 militant.e.s sont actuellement en détention. En raison des restrictions apportées aux dossiers, les avocats des personnes placées en détention ne peuvent obtenir aucune information à l’heure actuelle et ils/elles ne peuvent pas non plus rencontrer leurs clients.

Pour dénoncer le régime fasciste turc, pour dénoncer la répression et pour appeler à la libération des prisonnniers politiques, un rassemblement solidaire aura lieu  demain 10 septembre à 17H devant le consulat général de Turquie, 4 rue Montoyer, métro Trône.

visuel du SR de Toulouse

A près le décès de l’avocate Ebru Timtik suite à sa grève de la faim (voir notre article), c’est l’avocat Aytaç Ünsal qui en est à un stade critique, ainsi que deux militants révolutionnaires, Didem Akman et Özgür Karakaya. Un rassemblement aura lieu demain mardi 1er septembre à 17H00, devant l’ambassade de Turquie, 4 rue Montoyer, à 1000 Bruxelles (métro Trône). Appel cosigné par l’Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés AIDL, le Comité pour la liberté d’expression et d’association (CLEA), le Centre démocratique kurde-Belgique, le Secours Rouge, l’Union des femmes socialistes (SKB), le Front Populaire en Belgique, Partisan, et l’Union des travailleurs immigrés d’Europe.

Ebru Timtik

Ebru Timtik

Ebru Timtik et Aytac Ünsal faisaient partie d’un groupe de 18 avocats du Bureau juridique populaire (HHB), accusés d’entretenir des liens avec le DHKP-C. L’acte d’inculpation affirmait ainsi que le HHB a été établi sur la base d’instructions de la direction du DHKP-C. Le 15 octobre 2019, la deuxième chambre pénale de la Cour régionale de justice d’Istanbul a rendu son verdict. Les 18 avocats ont été condamnés à des peines allant de trois à dix-huit ans de prison pour terrorisme. Six avocats spécialisés en droits humains étaient déjà détenus pendant le procès. Ebru Timtik et Aytac Ünsal s’étaient mis en grève de la faim respectivement en janvier et février 2020 pour réclamer leur libération.

Ebru Timtik est morte jeudi soir à son 238e jour d’une grève de la faim, elle ne pesait ne pesait que 30 kilogrammes au moment de sa mort jeudi soir. Les amis et partisans de Timtik avaient craint que son corps ne soit enterré en secret, et environ 300 personnes se sont rassemblées devant le centre médico-légal lorsque la nouvelle de sa mort. La police a utilisé des gaz lacrymogènes tout en dispersant de force une centaine de ses partisans alors qu’ils tentaient d’accéder à son corps à l’extérieur du laboratoire médico-légal d’Istanbul vendredi matin. La cérémonie funéraire a eu lieu dans un lieu de culte alévi. La police a bouclé la zone et déployé plusieurs camions canons à eau tandis qu’un hélicoptère de la police tournait au-dessus.

La police a tiré des salves de gaz lacrymogène alors que les amis et les partisans de Timtik s’approchaient d’un cimetière à la limite nord d’Istanbul où son corps a été enterré. Des policiers plus tôt, soutenus par des véhicules blindés, se sont affrontés avec les partisans de Timtik à travers différentes parties d’Istanbul dans des scènes chaotiques alors qu’un hélicoptère de la police planait au-dessus. Le ministre de l’Intérieur a déclaré qu’il déposerait une plainte personnelle contre des membres du Barreau d’Istanbul pour avoir déployé une bannière « d’une organisation terroriste » depuis son balcon. La bannière représentait une image de Timtik…

Ebru Timtik

Ebru Timtik

Le cercueil portée par ses consoeurs