Le président Erdogan a nommé par décret Melih Bulu, un ancien candidat de son parti aux élections de 2015, recteur de l’université de Bogazici à Istanbul, l’une des plus grandes universités du pays. Cette décision a conduit à des manifestations d’étudiants et d’universitaires dénonçant le caractère antidémocratique de cette nomination, et exprimant leur rejet d’un recteur désigné par le pouvoir pouvoir pour servir le pouvoir. Erdogan s’est attribué le pouvoir de nommer directement les recteurs d’université après le coup d’État raté de 2016. Des centaines d’étudiants ont porté des pancartes appelant à la démission de Bulu et reprenant des slogans tels que «Melih Bulu n’est pas notre recteur» et «Nous ne voulons pas d’un recteur nommé par l’État». La police est intervenue et des affrontements ont eu lieu.

Meeting de protestation des étudiants de l’université Boğaziçi

 

Le 9 janvier 2021 est la date anniversaire de l’assassinat en plein de cœur de Paris, il y a 8 ans, de trois responsables du mouvement kurde,  Sakine Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Soylemez, par un agent aux liens avérés avec les services secrets turcs. En raison des restrictions liées au covid, la grande manifestation parisienne « Justice pour Sakine, Fidan et Leyla » est remplacée par des mobilisations décentralisées. Voici les rendez-vous pour la France, la Suisse et la Belgique ce samedi 9 janvier.

France
PARIS: Gare du Nord, 14h (arrivée place de la République)
MARSEILLE: Réformés – Canebière, 13h
TOULOUSE: Gare de Matabiau – Métro Esquirol, 13h30
BORDEAUX: Place de la Bourse – La Victoire, 13h30
RENNES: Dalle du Colombier, 14h
STRASBOURG: Place Kléber, 14h

Suisse
BÂLE: Parc de-Wette à 13h30

Belgique
BRUXELLES : Porte de Namur, 13h

Le 6 octobre 2014, après 21 jours de résistance des forces kurdes YPG/YPJ, les djihadistes de Daesh avaint réussi à pénétrer dans la ville de Kobane. Le Parti démocratique des Peuples (HDP) avait alors appelé en Turquie à manifester dans tout le pays pour dénoncer le soutien du régime turc à Daesh. Au cours des mouvements de protestation qui ont eu lieu les jours suivants, il y a eu des affrontements entre les forces de sécurité turques et les manifestants dans de nombreuses villes. Le nombre de personnes tuées, des manifestants pour la plupart, est estimé entre 46 et 53. 682 personnes ont été blessées pendant les manifestations et au moins 323 arrêtées. 108 personnes, pour la plupart des dirigeants et membres du HDP et d’organisations de la société civile kurde, sont depuis accusées de crimes terroristes. 27 personnes sont détenues dans cette affaire, dont Selahattin Demirtaş et Figen Yüksekdağ, anciens coprésidents du HDP. Six autres accusés sont sous contrôle judiciaire et 75 personnes sont recherchées.

Le parquet général d’Ankara a soumis à la Cour criminelle un acte d’accusation concernant ces 108 personnes. Il demande leur condamnation pour « atteinte à l’unité de l’Etat » et d’autres chefs d’accusation. Demirtaş est accusé d’être « le principal instigateur des incidents des 6 et 8 octobre 2014 », le procureur le tient responsable de 37 meurtres, 29 tentatives de meurtre, 3777 dégradations matérielles, 395 vols, 15 pillages, 308 intrusions dans des locaux commerciaux et résidentiels, 13 destruction du drapeau turc et de coups et blessures contre 326 membres des forces de sécurité et 435 civils.

Les anciens coprésidents du HDP Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, ils sont détenus depuis novembre 2016

 

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags: ,

Le 17 novembre, deux réfugiés politiques de Turquie, Ali Can Albayrak et Huseyin Sahin ont été placés en détention en Grèce, alors qu’ils apportaient une aide à des demandeurs d’asile politiques. Militants du Parti Socialiste des Opprimés (ESP), Albayrak et Şahin ont été arrêtés à plusieurs reprises en Turquie, soumis à des pressions et à des violences, et finalement forcés de fuir à Lesbos. Là, ils luttent pour que les réfugiés, et en particulier les demandeurs d’asile politiques, puissent mener une vie digne en Grèce. C’est pour avoir aidé d’autres réfugiés politiques venus de Turquie que les deux hommes ont été arrêtés puis détenus dans la prison de l’île de Chios.

Banderole de solidarité à Lesbos avec Albayrak et Sahin

Dossier(s): Grèce Tags: ,

Can Dündar a été condamné à 27 ans de prison. Le journaliste avait été à l’origine des révélations sur les livraisons d’armes d’Ankara à des groupes islamistes en Syrie. Can Dündar, qui vit en exil en Allemagne, a été reconnu coupable d’aide à un groupe terroriste et d’espionnage pour avoir publié en 2015 une enquête, images à l’appui, sur ces livraisons d’armes par les services secrets turcs, dans le quotidien d’opposition Cumhuriyet dont il était le rédacteur en chef.

En mai 2016, Can Dündar, 59 ans, avait été condamné à cinq ans et dix mois de prison pour divulgation de secrets d’État. Mais ce verdict avait été annulé en 2018 par une haute cour qui a ordonné un nouveau procès contre Can Dündar pour des accusations d’espionnage comportant une peine plus lourde. Dans les attendus du verdict rendu mercredi, le tribunal a précisé que Can Dündar a été condamné à 18 ans et six mois de prison pour « divulgation d’informations confidentielles et espionnage » en lien avec la publication de l’enquête sur les livraisons d’armes, et à huit ans et neuf mois de prison pour « aide à une organisation terroriste », en l’occurrence le réseau du prédicateur Fethullah Gülen.

Can Dündar

 

Dossier(s): Turquie-Kurdistan Tags: ,

Environ 50 personnes, dont le journaliste kurde Nuri Akman, ont été arrêtées lors d’un raid de la police roumaine dans un hôtel de Timisoara le 13 novembre. Les détenus ont été emmenés dans un centre de détention à Timisoara, où leurs empreintes digitales ont été relevées. Cinq jours plus tard, 35 personnes, malgré leur demande d’asile, ont été livrées à la Turquie. Les policiers les ont fait monter de force, en les matraquant, dans l’avion pour la Turquie. Le journaliste Nuri Akman est jugé en raison de ses activités journalistiques en Turquie et risque une centaine d’années de prison. Akman a dû quitter la Turquie en raison de la répression à laquelle il a été confronté et a rejoint la Grèce. Il y a demandé l’asile politique mais, bien qu’il soit resté longtemps dans le pays, le gouvernement grec n’a pas donné de réponse positive à sa demande d’asile. Nuri Akman, Serbest Derin et Lokman Coşkun, attendent toujours à l’aéroport après avoir refusé l’embarquement dans l’avion. L’avocat qui s’est rendu à l’aéroport hier soir n’a pas été autorisé à entrer et aucune information ne lui a été donnée.
 

Du 30 octobre au 9 novembre, plusieurs drones de l’armée turque ont mené des bombardements intensifs dans la région de Dersim contre des unités de la TIKKO (branche armée du TKP/ML). Cumhur Sinan Oktlamaz (Deniz), membre du commandement régional de la TIKKO Dersim, a été tué durant ces attaques. Ces derniers mois, plusieurs membres de cette guérilla maoïste sont tombés au combat face à l’État fasciste turc (voir nos articles ici et ici).

 

Une amende de 10 millions de livres turques (un peu plus d’un million de dollars) a été imposée aux réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram, Twitter, Periscope, Youtube et TikTok, qui n’ont pas nommé un représentant en Turquie avant la date limite légale. La nouvelle loi, entrée en vigueur en octobre en Turqui, (voir notre article) oblige les réseaux sociaux ayant plus d’un million de connexions par jour, tels que Twitter ou Facebook, à déclarer un représentant en Turquie et à respecter les tribunaux lorsqu’ils sont tenus de retirer une publication dans les 48 heures.

Si elles ne se conforment pas à ces exigences, les plateformes peuvent être sanctionnées par des amendes , une interdiction des revenus publicitaires et une réduction significative de leur bande passante. En outre, elles doivent assumer la responsabilité des « dommages causés » si elles ne retirent pas le contenu dans les 24 heures suivant une décision de justice. De plus, ces réseaux sociaux doivent s’assurer que les données des utilisateurs turcs sont stockées sur un serveur situé en Turquie, un aspect qui a été controversé en raison des craintes que cela puisse faciliter l’accès de la police turque à des données confidentielles. L’année dernière, la Turquie a bloqué l’accès à 408 000 sites web et a forcé la suppression de 40.000 tweets, 10.000 vidéos Youtube et 6.200 publications sur Facebook. Wikipédia, fermé pendant trois ans, n’a été rendu accessible qu’après un avis de la Cour constitutionnelle.

Un jeune prisonnier kurde est mort, selon sa famille, des suites des tortures qu’il a subies dans une prison de la province de Kırıkkale, en Anatolie centrale. Serkan Tumay, originaire de la province de Bitlis, purgeait une peine de deux ans. Tumay avait été gravement maltraité par les gardiens de la prison de type F de Kırıkkale il y a environ un mois, et que ceux-ci lui avaient notamment cogné la tête contre le mur. Suite à ces violences, le victime aurait eu plusieurs fractures aux os et au crâne. La famille de Tumay suppose qu’il s’agissait de représailles des gardiens, car le jeune homme de 27 ans avait dénoncé à plusieurs reprises les conditions de détention inhumaines dans la prison de haute sécurité, notamment de la brutalité du personnel pénitentiaire. Après que les proches de Serkan Tumay aient été informés des récents mauvais traitements qu’il avait subis, Hakan Tumay, un frère du défunt, a fait une réclamation auprès du procureur général de Manisa qui a transmis un rapport aux autorités concernées à Kırıkkale. La famille a été informée, dimanche 18 octobre, du décès de Serkan survenu la veille. La famille du défunt a porté plainte contre l’administration pénitentiaire de Kirikkale pour torture ayant entraîné la mort. Ses parents, Hasibe et Kazım Tumay, ont appelé à la solidarité.

Serkan Tumay